TFC-Bordeaux (2-0): La Scapulaire Académie n’avait pas faim
Place au championnat
La vie, sans forcément être monotone, est souvent routinière. Les évènements s’enchaînent à une vitesse folle. Les jours, les semaines, les mois défilent. Il y a des hauts, des bas. Et pendant ce temps, on fait au mieux pour gérer et on se garde quelques plaisirs qui nous permettent de faire face lorsque les périodes sont plus difficiles… Le football pour les uns, la cuisine pour les autres. Pourquoi ces exemples? Parce qu’on est tous différents et qu’en théorie ces deux disciplines sont assez éloignées. Et a priori incompatibles, puisque certains ont organisé le match de Coupe Moustache Toulouse- Bordeaux à 18h45. Bon, assez divagué, revenons au (plat) principal:
La préparation:
17h45: Les légumes débarquent sur l’aire de jeu. A peine arrivés, ils sont déjà rincés. Ils s’attendaient à être taillés en pièces, mais il n’en est rien. Les bidochards, eux, observent tranquillement sur le côté.
17h50: Les cucurbitacées débutent leur échauffement. Quelques minutes à haute intensité, juste de quoi être cuites avant même de commencer. C’est une technique comme une autre.
18h00: Il faut laisser retomber la pression. La sueur dégouline, les volutes de vapeur partent dans les airs. Nos courges sont serrées les unes aux autres, prêtes à en découdre. On peut lire leur solidarité, leur détermination. C’est magique, presque mystique: quand le brouillard se lève, les rayons du soleil n’ont plus qu’à illuminer nos cœurs et cela réchauffe le mien. C’est beau comme un édito du journal « L’épique ».
18h10: Étape cruciale. Il faut leur permettre de se vider, d’évacuer toute la tension accumulée. Choisir un récipient. Transférer l’influx. Un peu comme un psychiatre qui reçoit les peurs ou les angoisses de ses patients, les libérant ainsi, avant de jeter le trop-plein dans le siphon de l’oubli.
18h15: Les légumes sont prêts. La bidoche tend ses bras, les enveloppe afin de former une sorte de cocon protecteur. C’est elle qui encaissera la sauce. Elle se sait destinée à la recevoir de pleine face. Ensemble, ils seront plus forts. Le gratin fait son apparition. Comme toujours, au dernier moment. Il se sait supérieur à tous les autres. Que sa position rend légitime sa volonté de tout gouverner. Il met les pieds dans le plat et peut déverser son fiel. Et tous observent le poivre et sel finir le travail, dispersant ça et là ses petits riens, ses petits grains.
18h20: Les minutes qui arrivent conditionneront la suite. De retour au chaud, ça palpite, ça crépite, ça bouillonne. La concentration est à son comble.
18h45: La garnison sort enfin. Disposés tout autour du rectangle, les individus affamés les attendaient avec impatience. On peut donc commencer.
Mais avant cela, petit rappel de la composition des courgettes au jambon:
Cinq courgettes de taille moyenne
Dix tranches de jambon cuit à l’étouffée
300 grammes de sauce béchamel
125 grammes de gruyère râpé
Sel, poivre
La confrontation:
J’ai bien cru que cette fois, c’était la bonne.
Une telle préparation, avec passion, détermination et surtout, avec amour… Tout était parfait, tout! Et puis, au bout de deux minutes, patatras! Dès la première incursion, la fourchette de ma benjamine dérape. Je la croyais pourtant capable de la mettre au fond!
Dix minutes plus tard, c’est ma cadette qui se met en évidence. Elle qui pensait avoir concrétisé, elle se met à recracher, suite à un très léger mauvais goût. Avantage à sa défense, il est vrai que j’ai utilisé de la béchamel en boîte. Je m’en excuse, mais les repas en semaine, c’est pas toujours simple à préparer, on n’a pas le temps de bien travailler…
Le repas est catastrophique. Entre une qui tombe de sa chaise, une autre qui me balance directement une boule de pain destinée à son frère… C’est du grand n’importe quoi. Les enfants se mettent à crier des « Papa, démission! », mais qu’est-ce que j’y peux moi, j’ai fait avec ce que j’avais sous la main!
C’est au bout d’une demi-heure (oui, cela semble toujours plus long quand on s’ennuie) que Legrandfrère décide de se lever et de courir après sa sœur. Elle le nargue, puis se prend les pieds dans le tapis et s’écroule. Elle affirme qu’on l’a fait trébucher. Aux yeux de tous, c’est un vil stratagème pour en tirer les bénéfices. Enfin, aux yeux de tous, sauf ceux de ma femme. Cela me met hors de moi, mais je ne peux rien y faire, c’est elle qui a le pouvoir de décision.
Ils m’ont touché. Ils ont marqué un point. Puis deux, quand, après une courte pause, ils ont doublé la mise en se servant une seconde fois rien que pour me chambrer. Ils ont rapidement su que je n’avais aucun moyen de les ramener à la raison.
Oh, j’ai bien tenté deux ou trois réajustements au cours du repas pour limiter les déchets, mais je dois bien avouer que je m’y suis pris trop tard. C’est un cuisant échec. Un de plus!
L’heure de la fin du repas a sonné. Chacun quitte la table la tête basse, conscient que tout cela aurait pu (du?) mieux se passer. C’est malheureusement un éternel recommencement.
La digestion:
Une fois les enfants au lit, j’aime faire un débriefing de la journée. Je prends le temps d’analyser ce qui a fonctionné ou non. Ce soir, je ne trouve rien de positif. A tel point que je n’ai même pas envie de noter ce qui vient de se dérouler. Je ressens un poids dans l’estomac. Serait-ce mon ulcère qui revient ou seulement une indigestion? Je redoute le moment de l’élimination. Je dois semblé soucieux car ma femme, qui me connait bien et qui sait me réconforter, est venue vers moi en disant:
« Nausée chéri, je te sens triste. Pour te changer les idées, tu n’aurais pas un match de foot à regarder ce soir? Les Girondins n’ont pas une rencontre? »
Elle avait raison. L’enregistrement de la Coupe Moustache m’attendait. Mais le déroulement du repas résonnait toujours en moi. Je ne me sentais pas capable d’enchaîner sur un autre désastre. Je l’ai vue se rapprocher de moi. J’ai senti sa main flirté avec la mienne. Alors j’ai répondu:
« Non merci, je n’ai plus très faim. »
Elle a compris que je ne parlais que de football et c’est aussi pour cela que je l’aime… Et c’est ainsi que pour la première fois depuis longtemps, j’étais heureux lors de l’échange des maillots…
Encore une fois…. j’adooore!!
Merci beaucoup! Je ne savais pas, sinon je t’aurais invitée à manger.
Alors, les gastronomes, on se console en savourant des ortolans ? Mais il faut une plus grande serviette … Et la bouteille pleine n’est pas crédible, on devine que ce n’est pas la première.
La boulimie est un moyen de combler le vide émotionnel. Mais elle n’est pas suffisante pour nous autres girondins. D’où l’accumulation de bouteilles (offertes par Mathieu Chalmé) et une dépendance assumée à l’alcool. Vous avez l’œil, en tout cas!