A poil l’arbitre – Que faire si un joueur court avec le ballon coincé entre son ventre et sa bite ?

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Pour bien comprendre le jeu, il faut bien comprendre les règles. Et le constat est clair: Vous ne connaissez pas les règles de votre sport favori. Vous êtes nuls.


Bonjour.

Vous voulez le sifflet ?

Par mon expérience internationale en tant qu’arbitre de district reconnu, je reviendrai en temps voulu sur une règle, un fait de jeu marquant, litigieux ou non, et répondrai aussi aux questions les plus pertinentes des Horsjeunautes.

Pour lancer cette rubrique, répondons à la question d’un jeune homme de Rennes :

« Que faire si un joueur court avec le ballon coincé entre son ventre et sa bite ? »
Mauricio V.

Je vous remercie Mauricio pour cette question remarquable, d’autant plus que j’ai connu une situation similaire. Quelle coïncidence n’est-ce pas ?

Il y a quelques années, par un beau dimanche matin printanier, en avril… ou septembre… Peut-être septembre car il y avait de l’ambroisie. Mais les pruniers autour du terrain semblaient en fleur…

Nous sommes en avril-septembre, j’ai le sifflet, je suis dans mon match entre les bleus et les rouges.

En fin de première mi-temps, l’attaquant bleu vient gêner le dégagement du gardien adverse (je le précise car en district il n’est pas rare qu’un attaquant gêne son propre gardien) et se prend le ballon plein panier. Étalé au sol, ivre de douleur et de son samedi soir encanaillé, le jeune homme se relève titubant, et se touchant beaucoup les parties.

Je fais la part des choses et ne lui adresse pas une sanction administrative, mais attention mon garçon, je n’aime pas trop qu’on se tripote sur le terrain.

Le jeu reprend, je garde un œil sur lui et constate une déformation au devant de son short. Je m’approche pour lui demander si tout va bien et s’il peut cesser ces attouchements, mes deux doigts s’approchant discrètement de ma poche à cartons, prêts à dégainer :
– Je bande tout seul Monsieur l’arbitre !
– Le match est plaisant, il fait beau mais calmez vos ardeurs 9 bleu !
– C’est le ballon que j’ai pris dans les couilles, je contrôle rien là…je…je bande !

Dans ces situations imprévues, on a beau chercher dans la Loi 4 relative à l’équipement des joueurs, rien n’est explicité en cas de chapiteau. Je ne peux lui donner aucune sanction administrative. Que faire ? Le joueur est en règle mais il faut l’exfiltrer avant que tout le monde ne remarque son érection et sorte du match.

Pourquoi le sortir ?
Pour préserver l’intégrité physique des joueurs. J’en suis responsable et il est hors de question qu’un joueur se prenne un coup pénien accidentel, occasionnant par la même un risque de blessure pour le propriétaire dudit pénis.

Comment agir discrètement ?
La diversion. A la première occasion, je siffle pénalty pour les bleus, même sur un accrochage imaginaire, peu importe. La sécurité avant tout. Le but de la manœuvre est de créer une cohue, ordonner au 9 de sortir pour tremper son bazar dans de la glace ni vu ni connu, pendant que je concentre sur moi la haine de l’équipe rouge et l’incompréhension des bleus. Un bon arbitre sait prendre ces décisions difficiles, accepter une bousculade et mettre l’honneur de sa chère maman de côté quand l’évènement l’exige.

Je profite donc d’un corner pour siffler pénalty sur un contact limite perceptible, sans réaliser de suite le risque énorme que je prends !

« Si un penalty est accordé et que c’est le tireur attitré qui a été victime de la faute, ce dernier pourra rester sur le terrain pour se faire examiner/soigner et ensuite exécuter le penalty« . La Loi 5 peut mettre en l’air mon plan si c’est lui le tireur.

Fort heureusement, mon risque est payant, le 9 tout dur n’est pas le tireur attitré. Entre deux insultes, je le fais sortir du terrain pour qu’il débande. J’encaisse le poids des mots sur le dos et le choc des doigts raidis de rage sur l’épaule. J’adresse un carton rouge à un défenseur rouge qui a parlé de corruption et de coït. Ma mère d’accord, mais mon honnêteté, c’est non. Il y a des limites.

Mission accomplie, la trique du 9 est passée inaperçue.

Je suis sûr d’avoir pris la bonne décision car j’ai préservé l’intégrité physique des joueurs. Et j’ai peut-être évité le pire. Imaginez, l’attaquant, en manque d’afflux sanguin au niveau supérieur, pris de panique, baisse son short et court avec le ballon coincé entre l’abdomen et l’attribut érectile.

On arrive à la question de notre charmant lecteur. Que faire si un joueur court avec le ballon coincé entre son ventre et sa bite ?

Loi 9 point 1, j’arrête le jeu et reprise par une balle à terre ?

Non, vous êtes tombés dans le panneau. Je vous rappelle que notre joueur a baissé son short et court les roupettes à l’air, le ballon sur le trombone. L’individu est armé et potentiellement dangereux, on ne sait pas s’il veut simplement aller au but ou a d’autres revendications.

Tout est une question de contexte et d’interprétation.

Que dit la Loi 4 point 2 concernant l’équipement du joueur ?

« L’équipement obligatoire de tout joueur comprend chacun des équipements suivants :
un maillot avec des manches ; un short ; des chaussettes – tout ruban adhésif ou matériau appliqué ou porté à l’extérieur doit être de la même couleur que la partie de la chaussette sur laquelle il est appliqué ou qu’il couvre ; des protège-tibias – ils doivent être en matière adéquate pour offrir un degré de protection raisonnable et doivent être recouverts par les chaussettes ; des chaussures.
Un joueur ayant perdu accidentellement une chaussure ou un protège-tibia doit les remplacer le plus vite possible et au plus tard lors du prochain arrêt de jeu. »   

C’est valable pour le short mais dans notre cas, notre joueur n’a pas perdu « accidentellement » son short. Notre exhibitionniste a l’intention manifeste de courir avec le ballon posé sur la quéquette.

On saute à la Loi 12 point 3 sur les propos ou gestes blessants, injurieux et/ou grossiers.

L’acte est délibéré mais son attitude est-elle belliqueuse ? Veut-il nuire à autrui et si oui, à qui ? L’intentionnalité n’est pas à prendre en compte ici, mais on est bien curieux de savoir pourquoi, non ? Et a-t-il a un bel outil, bien proportionné avec de belles veines bleues bien dessinées ?

Ces questions annexes peuvent influencer l’arbitre, déterminer la couleur du carton et l’état de sévérité du rapport d’après match. La difficulté pour l’arbitre est d’analyser à chaud toutes ces données.

Courir en érection avec le ballon coincé de manière involontaire et non grossière. Coup franc indirect.

Courir en érection avec le ballon coincé de manière involontaire mais grossière. Coup franc indirect et carton rouge.

Courir en érection avec le ballon coincé de manière involontaire mais grossière, plus de 50 mètres à allure soutenue. Coup franc indirect et carton jaune car cette performance mérite clémence.

Courir en érection avec le ballon coincé de manière volontaire mais non grossière. Coup franc indirect et carton jaune.

Courir en érection avec le ballon coincé de manière volontaire, grossière, belliqueuse et hérétique. Carton rouge, évacuation du stade, appel immédiat à la gendarmerie et on s’enferme tous dans le vestiaire en attendant les renforts.

Exemple d’un joueur qui court avec un ballon sur la bite
Exemple d’un joueur à l’attitude belliqueuse, limite démonique



J’espère Mauricio vous apporter une réponse claire, satisfaisante et que vous penserez à moi le jour où vous serez témoin de cette situation. Témoin… ou protagoniste principal ? Peut-être posez-vous la question pour connaître les risques ? Je ne juge pas et vous conseille de le faire avec le sourire. Ou d’assurer en tenant le ballon sur une longue distance. Et si en plus vous avez une belle bite, ça peut vous garantir de rester sur le terrain. Mais n’oubliez pas que c’est toujours soumis à interprétation de l’arbitre, qui est un homme ou une femme, avec ses forces, ses faiblesses, ses joies, ses peines, ses doutes et sentiments.

Dans les commentaires, je devine la question suivante: « Que faire si une joueuse coince le ballon entre son menton et ses gros nichons ?« . Au lieu de répondre à cette question, organisons une course entre cette joueuse et mon attaquant priapique. Vive le sport !

Pour finir mon anecdote, l’attaquant va bien mais n’est pas revenu sur le terrain. Le pénalty n’a même pas été tiré, j’ai arrêté le match. Un des rares spectateurs m’a balancé une canette de bière dans le dos et quelques insultes. Inacceptable pour la figure d’autorité que je suis, la ligue que je représente, et les valeurs du sport que je défends.

Loi 5 bafouée, un grand classique : « un arbitre, un joueur ou un officiel d’équipe est touché par un objet lancé par un spectateur. L’arbitre peut alors laisser le match se poursuivre, l’interrompre, le suspendre ou l’arrêter définitivement en fonction de la gravité de l’incident.« 

Il s’en est suivi un rapport salé. L’équipe rouge a eu une amende, le match perdu sur tapis vert et 4 points de pénalité. Le défenseur rouge qui m’a insulté a pris six mois, et le club a été relégué en fin de saison. Hé, il y a des règles à respecter, merde.

Au plaisir de vous lire et vous répondre pour mieux vous faire connaître les règles.

7 thoughts on “A poil l’arbitre – Que faire si un joueur court avec le ballon coincé entre son ventre et sa bite ?

  1. Voilà pourquoi je viens sur ce site, de l’analyse de qualité et sans concession.

    Merci!

  2. Merci pour ces précisions qui mettent fin à l’interrogation légitime de monsieur M. qui semble être un fin connaisseur de la chose footballistique même si je le soupçonne d’avoir des penchants un peu chelou, je dirais MLS comme ça au débotté. Mais je ne juge pas.

  3. La constance dans la qualité des montages photo de ce site me provoque le même  »problème » que le 9 bleu. De là à courir ? Déconnons pas non plus.

    Sinon je trouve que Mauricio V. se pose les bonnes questions et non je ne veux pas le sifflet, démerdez-vous avec.

  4. Merci pour ces délicieux éclaircissements qui nous permettent de mieux comprendre toute la finesse de l’art de l’arbitrage dans le football.
    Je me demande dans le cas où le joueur sus incriminé serait mineur, si le fait d’utiliser la VAR pour regarder l’action au ralenti pourrait valoir aux arbitres 15 ans de prison et la déchéance de nationalité ?

  5. Splendide. Je comprends désormais un peu mieux les tenants et aboutissants techniques et tactiques du film « Didier », et je mesure son influence manifeste sur les préceptes de jeu d’un Klopp ou d’un Génésio.

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