Manchester, Chelsea: nouvelles collections
Le footballologue revient avec ses analyses détaillées, complexes et digressives.
En ce dimanche de Community Shield, France 2 a eu la bonne idée de pirater le streaming d’une chaîne saoudienne afin de nous proposer un grand classique Kick Off : les bleus contre les rouges. Et si d’aucun –esprits chagrins- regretteront que dans sa quête de respectabilité, le service public se soit cru obligé de faire doubler le commentaire en langue arabe par un duo bretono-bredouillant – sans aucun doute les mêmes qui préfèrent ne rien comprendre aux débilités des Beatles que d’écouter Obispo -, force est de constater que ce dimanche devant Chelsea – Manchester ne fut pas sans rappeler ces insomnies d’hiver durant lesquelles l’onirique présence de Viviane Blassel suffisait à rendre la haute couture légitime aux yeux hagards d’un footballologue privé d’Agar.
Chelsea collection 2009-2010 :
La jeune franchise anglaise poursuit sa quête de reconnaissance, emmenée cette saison par le styliste italien Carlo Ancelotti, débauché de la grande maison milanaise. Dans le plus pur style italien, d’une sophistication que seule la conviction du modèle appelle élégance, Chelsea se drape d’une combinaison bleue que ne renierait aucun des 4 fantastiques. Pour la tactique, la version officielle annonce un 4-4-2 que la crise veut « losange » plutôt que « diamant », audace stratégique ayant coûté la tête du précédent styliste portugais Felipe Scolari.
– Défensivement, Chelsea s’appuie sur une ligne de 4 à laquelle s’ajoutent 3 milieux axiaux tandis que la tête du diamant ainsi que les deux attaquants se chargent du pressing. Le 442 s’anime donc comme un 433, et il faut vite admettre que cet « art de faire parler les chiffres » dont se prévalent kabbalistes et journalistes sportifs afin de justifier leur existence n’engage que ceux qui y croient.
– Offensivement, les Marvel Comics londoniens explosent plus facilement qu’ils ne planifient. Le bloc de 7 chargé de la récupération compte sur un cerveau-moteur axial chargé de transmettre les ballons à la ligne des trois offensifs bientôt rejointe par les latéraux-ailiers. A défaut de Pirlo, et face aux difficultés de Obi-Mikel et de Essien, cette « explosion latérale » devait être assurée (un bien grand mot tant le système est peu adapté aux profils des joueurs à disposition) par les milieux excentrés. La paire gauche Malouda-Cole fonctionna une fois (30ème minute, Malouda? Cole?tête de Essien), l’improbable côté droit Essien-Ivanomachinic ne s’illustrant que sur le but du non moins improbable Nani, tandis qu’en deuxième période, Bosingwa ne quitta jamais sa zone. Et l’on s’aperçoit que jusqu’ici il n’a pas encore été question du trio offensif Lampard-Anelka-Drogba… Les deux derniers décrochèrent souvent, surtout en deuxième mi-temps, se battirent toujours, furent même intelligents dans leur placement (Anelka ailier gauche pour –enfin- gêner O’Shea sur la deuxième mi-temps), en un mot compensèrent le bordel par une débauche d’énergie dont le suidé-céphale italien ne peut que les féliciter. Mais que dire du sort réservé à Lampard, véritable « homme-équipe » dans la lignée d’un Gerrard et – pour cette saison espère Wenger – de Fabregas, à la fois milieu-meneur-buteur, sacrifié sur l’autel du 10 « à l’ancienne », dont il faut faire son deuil…ou entraîner en Ligue 1. « Trop haut ! » crie un Xavier Gravelaine s’imaginant entraîner Chelsea…tout est dit.
Envisager réglages, mises en places et autres « combinaisons travaillées à l’entraînement », semblent une gageure tant cette franchise bâtie par Mourinho paraît inadaptée au système d’un stratège italien prié de faire avec un matériau si peu adapté à son projet (Pirlo ne devrait pas venir, Kaka s’est engagé au Real, Ribéry n’apporterait pas grand-chose dans ce système et idem pour Pato.) Orphelins de leur mentor, les Marvelous sauce italienne pourraient très rapidement manifester leur saudade par un fado dont Scolari, du fin fond de la « citadelle de pierre » ouzbek, doit encore se souvenir…Mourinho blues.
Manchester United, collection 2009-2010 :
Si ManU se maintient au niveau d’excellence de ces dernières saisons, l’ « humanité occidentale » s’accordera à dire, Mlle Agnès en tête, que ce maillot est une « formidable expérience négligé-chic » pleine d’ « audace » dans un contexte où « on a tous envie de dire fuck la crise ! »…si ManU perd, l’unanimité unanime s’accordera à dire, et Mlle Agnès derecouvrechef, qu’il ne fallait pas vendre Cristiano Ronaldo. Quoiqu’il en soit, ce truc scapulaire copie d’un maillot bordelais « made in Pakistan » délavé au soleil d’un souk tunisien ne va pas sans évoquer les plus belles pièces Zara à destination du marché gay-friendly parisien. Peut-être faut-il y voir une manœuvre de Ferguson pour attirer Laurent Blanc, ce qui expliquerait également la raison de ce 442 si « présidentiel. » Quoiqu’il en soit, le ManU de ce Community Shield se présente « kabbalistiquement » parlant dans une version beaucoup plus classique que le « blitz » cristiano ronaldien des saisons précédentes. Mais si le « clown à Yoyo » est parti, d’autres « freaks » tout aussi effrayants sont restés et Fergie, entre deux liftings, orchestre toujours avec le même talent cette monstrueuse parade. A gauche, Evra le Hobbit, running man monomaniaque du sprint, aussi Park que Park est l’Evra de droite, tandis qu’il faut s’arrêter net tant Edith Cresson a tout dit sur ces deux là * . Et puis…et puis…y’a l’Rooney…c’lui qui a une sale gueule qu’on croit qu’il est boxe-sœur…alors qu’c’était son père…celui-là même ki l’a fini à ‘l canette…non pas sa sœur…suivez un peu…faut dire qu’chez ces gens-là monsieur…on n’parle pas…non non non…on n’parle pas monsieur…on vomit. Et tandis que d’aucuns juge-pénitencent sur les canaux d’Amsterdam, sœur Fergie compose son équipe autour de ces trois freakazoïdes de l’ère post-nucléaire, non sans quelques difficultés. Ainsi, Evra « Brown Bunny » lapin-gloutonne tout joueur placé dans son couloir. Nani la nina du Tage –« faïve youroz, your cock in maï maouf »- en a fait les frais, même si s.a.f, conscient du problème, ne lui a sans doute pas donné autre chose comme consignes que de revenir dans l’axe pour frapper de son pied droit (droitier à gauche = tirer…cf Anelka.) Mais outre cet exploit, Nani ne servit à rien, tant Evra est auto suffisant tout comme Rooney, dont les décrochages sont aussi monotones (je décroche dos au but, je pivote à gauche pour me mettre sur mon pied droit, j’ouvre côté opposé pour Berbatov ou Park) qu’efficaces. Côté droit, O’shea s’annonce comme le négatif de Evra : lent, lourd, maladroit. Il se place très – trop – haut en raison de sa lenteur mais aussi pour se muer en milieu défensif droit afin de compenser le faux milieu droit qu’est Park, constamment dans l’axe jusqu’à occuper le poste d’avant-centre (occasion de la 17ème minute) cédé volontiers par un Berbatov désaxé côté droit pour profiter des centres de Evra ou des ouvertures de Rooney. 442 « blitzé », ou tout simplement la raison pour laquelle par-delà les chiffres seule importe l’animation (comme dirait Raymond…pas « la Science », l’autre…Raymond « la honte » …infoutu de gagner un Euro espoir en 10 ans mais « logiquement » devenu sélectionneur national, dans la « continuité » de l’ « action de la DTN. ») Bien évidemment, ce « blitz » ne va pas sans quelques risques, Evra doit sans cesse être couvert sous peine de but nigérien de Uche ou de sprint rageur de Carvalho pour l’égalisation. Idem pour O’shea, quand celui-ci ne parvient pas à faucher son joueur au passage (magnifique « faute tactique » sur Malouda à la 20ème minute…pas de carton, bien sûr…) De plus, ce même O’shea, incapable d’apporter le surnombre, se révèle être un handicap lorsqu’il est placé derrière un véritable ailier, comme ce fut le cas avec Valencia en seconde période. Son remplacement par Fabio, latéral « brésilien » (= offensif) peut être interprété comme une réponse à ce problème, notamment quand il faut absolument marquer. Enfin, les mancuniens se voient condamnés à imposer un rythme soutenu à leur adversaire, rythme imputable aux freaks susmentionnés, rythme cœur de leur système aussi bien défensif qu’offensif. Une équipe moins bien physiquement devient de suite vulnérable car les joueurs semblent avoir les pires difficultés à défendre, Fletcher et Carrick passant leur temps à colmater les brèches de ces faux latéraux.
Manchester post-CR ne semble pas souffrir outre mesure du départ d’un joueur autour duquel tout devait tourner. Le 442 de base surprend, mais son animation rappelle celle mise en place les saisons précédentes. Toutefois, les matchs amicaux ont permis de tester une animation très équilibrée, proche du 433 mourinhesque, avec Berbatov en pointe, Ronney-Evra sur la gauche et Valencia formidable ailier droit couvert par un milieu défensif et bénéficiant du soutien d’un latéral. Sans doute une variante Ligue des Champions, comme le faisait Hiddinck la saison passée (2 pointes en championnat, 1 en LdC.) A vérifier…
Conversation dans un jardin anglais…
Les entraîneurs se parlent, communiquent par joueurs interposés…et quand Ballack entre, c’est un peu de la bataille d’Angleterre dont ils discutent. Théoriquement, rationnellement, tous les systèmes fonctionnent, se neutralisent, condamnant chacun à préparer des stratégies de rupture chères, jadis à Clausewitz, aujourd’hui à nos Médéfiens. La première mi-temps fut celle du « coup de Park. » Ferguson annonce un milieu droit mais le fait jouer troisième attaquant. Et si le but vient sur une frappe de Nani, faux ailier gauche mais vrai droitier, l’occasion de Park (17ème) illustre le « petit quelque chose » préparé par l’écossais et destiné à contrer le fabuleux côté gauche des blues, quasi aphone durant l’ensemble de la rencontre. Tactiquement, le but apparaît comme une blague indigne de ce niveau et liée à l’inexpérience des joueurs composant le couloir droit (Essien et Ivanovic ne jouent pas à leur poste même si le serbe a déjà « dépanné » avec d’ailleurs peu de succès au poste de latéral.) Casser la force de l’adversaire jusqu’à en faire un faiblesse, comme l’a fait Ferguson, relève du savoir-faire d’un entraîneur de haut niveau et sonne comme un défi à l’adversaire…défi bien entendu relevé par Ancelotti.
Ainsi, l’italien s’attaque en seconde période à la force de ManU…le côté gauche. Park s’agite mais sans ce côté gauche bi-freaksé, et avec Cole, Malouda et bientôt Essien sur le dos, il ne peut rien. Aussi, Bosingwa vient verrouiller le côté droit mais, surprise, ne monte pas. Il sert d’appât pour Evra, qui fonce dans le piège, se découvre tandis que, de façon plus que délirante, Carvalho fonce dans son dos pour se place ailier droit. Egalisation. Entrée de Ballack, premier contact clair : mission « Evra » (66ème.) Ballack ne bouge pas de sa zone, tout comme Bosingwa. Deuxième contact : une Schumacher qui débouche sur le second but. La « science tactique » italienne alliée à l’efficacité germanique…. Les commentateurs français, annonçant le remplacement de Evra, capitulent déjà …pas l’anglais. Le britannique répond à l’Axe en acceptant le combat et en invitant le français à faire de même. Evra reste sur la pelouse, focalisant Bosingwa et Ballack, tandis que Ferguson règle le problème O’shea – dépassé par Anelka (75ème) -, amène de la vitesse en remplaçant les fatigués, met Giggs à gauche face à des adversaires verrouillés sur leur proie. Passe décisive de Giggs pour Rooney côté droit. Egalisation, Ancelotti renfrogne sa trogne. Son Chelsea n’est pas – encore ?- italien tandis que Fergie rime bien avec Winnie…
* « En privé, elle aurait déclaré « la majorité des hommes [dans les pays anglo-saxons] sont homosexuels – peut-être pas la majorité – mais aux USA il y en a déjà 25 %, et au Royaume-Uni et en Allemagne c’est bien pareil. Vous ne pouvez pas imaginer ça dans l’histoire de France… Je considère qu’il s’agit d’une sorte de faiblesse. » En outre, face à un journaliste et alors qu’elle est au téléphone elle déclare « la bourse, j’en ai rien à cirer ». De plus, on lui prête des propos privés sur les japonais assimilés à des « fourmis jaunes ». ref wikipedia
un lyrisme de « toute bottée »…
à propos de la photo…c’est un portrait du « footballologue » ou l’état de la dernière personne à avoir voulu comprendre ce « truc »?
Bravo Edith!