Salut les moches,
J’ai quitté ce pays de cons. J’ai jeté l’éponge, j’ai lâché l’affaire, j’ai, du haut de ma couardise arrogante, totalement abandonné.

Le ventre mou, les stades à moitié vide, Tony Chapron, les gens qui pensent que le Roudourou est un chaudron, c’est devenu trop pour moi. J’étais limite nervous breakdown. C’est donc tout naturellement que pour me ressourcer, je suis parti vivre dans un pays où les gens sont encore plus des faces de capotes ; vous comprenez c’est important de se sentir supérieur dans la vie de tous les jours. Me voilà donc travailleur précaire dans la ville la plus chère du monde, dont l’atout gastronomique principal est un morceau de hareng pané servi avec des frites pas cuites. Mais le petit plaisir que c’est de se dire « ah putain quel peuple de pervers attardés avec les dents de traviole, c’est pas en France qu’on verrait ça* » chaque matin en voyant la couverture du Sun, ça vaut tous les fish & chips à 10 boules du monde.

*Valeurs actuelles ça compte pas, sinon ça nique mon intro alors ça va hein

L’avantage non négligeable de ce trou à cons qu’est Londres, c’est que ça manque pas de stades. Et que les stades, Laezh Dour, il aime plutôt bien ça. Comme le groundhopper auto-proclamé prétentieux que je suis, au lieu de passer mon premier weekend sur place à batifoler avec Mme Dour dans les rues de Westminster, je suis allé me les peler en virage dans un match de Championship anodin entre deux équipes banales. C’est une certaine idée du bonheur. Décryptage.

 

DU MÉTRO AU STADE : 5/5

Y’a rien de tel que la marche de l’arrêt de bus, de métro, de tram de tout ce que vous voulez jusqu’au stade. La silhouette du stade à l’horizon, l’odeur de graillon des vendeurs de bouffe ambulants, la foule qui se déplace lentement dans un silence religieux, comme un seul homme. Des fois, c’est un banal et ennuyeux décor de quartier résidentiel (je balancerai pas mais ça rime avec Veaujoire), des fois c’est un petit bout de paradis vert dans l’immensité de la ville.

Pourtant, ça n’augurait rien de tel. En sortant de la station Putney Bridge, dans l’Ouest de Londres, tout ce qu’on voit c’est un quartier londonien caricatural : de la brique rouge sur de la brique rouge à côté de la brique rouge. Iconique oui, mais globalement plutôt dégueulasse. Et puis on traverse la rue. La Tamise sur notre gauche. Une abbaye multi-centenaire sur la droite. Et pendant 15 minutes, un pittoresque décor forestier. Y’a pas à dire. Ça claque du slibard. On démarre par un sans faute.

Mashallah

 

LA GUEULE DU TRUC : 5/5

Bon c’est connu, Craven Cottage, c’est pas crade. C’est le stade anglais dans sa forme la plus pure : quatre tribunes bien séparées, ça sent la tôle et la rouille, le football du début du siècle dernier, avec des ballons en vessie de porc et des types avec des moustaches impeccables. On pourrait dire que les colonnes de ferrailles supportant le poids des gradins peuvent avoir comme conséquence désagréable d’obstruer la vue des spectateurs, mais vous n’y comprenez rien, ça fait partie du charme archaïque du stade, alors pouêt-pouêt. Quoi qu’il en soit, une fois à ma place en haut de la Hammersmith End, j’ai une vue sur les toits de Fulham d’un côté et sur la rivière de l’autre. C’est poétique, et même si j’aime bien jouer les cyniques qui n’aiment jamais rien, on en prend quand même plein les yeux. Reste à voir si on en prend pleins les oreilles.

 

Ah c’est sûr que ça pète un peu plus que le Matmut Atlantique

 

L’AMBIANCE : 1/5

Alors soyons très clairs, loin de moi l’idée de dénigrer la possibilité de chanter « Allez les Blancs » en toute impunité sans me faire reprendre par les islamo-bobo-gauchistes que vous êtes ; mais il y a une chose absolument inacceptable dans tous les stades de tous les sports. Un objet qui mérite d’être banni dans les profondeurs les plus douloureuses de l’enfer footballistique ; un artefact dont l’invention même est une insulte à tous les amoureux des stades. LES PUTAINS DE CLAP CLAP DE TA RACE DU CON DE TES MORTS. Ça fait mal aux oreilles, le bruit que ça produit est bien plus désagréable que les tapements de mains, et pas franchement plus impressionnant. Il n’y a donc absolument aucune raison pour son existence.

Et puis c’est pas comme si l’ambiance sortait de l’ordinaire de toute manière. Un ou deux « Fuck Chelsea » qui ne sont pas pour déplaire à tout humain normalement constitué, des interprétations plutôt correctes de Diana Ross et un petit London Calling à la mi-temps mais rien qui casse trois pattes à un canard.

Côté visiteurs, c’était les pécores de Barnsley, vu qu’ils viennent du fond du trou du cul de nulle part, tu t’attendrais à ce que ça claque pas mal en tribune parce que techniquement ils ont pas grand-chose d’autre à foutre de leur vie. Jusqu’à ce qu’ils prennent un but on entrapercevait comme une once de quelque chose. Après plus rien. Pignoufs.

+1 point parce que j’ai pu regarder le match debout sans que personne m’emmerde. C’est pas acquis ici.

 

Maintenant j’ai un vrai téléphone je prends des photos panorama et tout la classe

 

LE MATCH : 4/5

La déontologie m’oblige à dire que le match était loin d’être chiant, quoi que pas vraiment équilibré. Fulham a fait preuve d’une domination totale. Beaucoup de jeu stérile sur les ailes de la part des Londoniens, mais une pression constante sur la surface de Barnsley avec une paire de saltimbanques sur les côtés qui foutait pas mal le feu aux poudres. En première période, ça péchait énormément sur l’avant dernière passe et ils sont passés pas loin de se faire attraper par la patrouille en contre plus d’une fois. Un péno un peu généreux juste avant la mi-temps les mettra un peu à l’abri.

La seconde mi-temps elle est à 100% pour Fulham, même pas l’ombre d’un contre pour nourrir l’enthousiasme des visiteurs. Un très joli deuxième but viendra sceller le sort du match. Fulham peut encore croire à la course aux playoffs, mais n’est clairement pas dans les favoris à l’heure actuelle.

 

LE POINT GUIDE DU ROUTARD : 2/5

Le stade c’est bien, le foot c’est cool, la ripaille c’est mieux. Niveau binouze y’a le classique du bas de gamme pour satisfaire le péquin moyen et un peu de locale pour le hipster en cavale. Sauf que la locale c’est la Camden Town Brewery et que tout ce qu’ils sortent c’est de la pisse de gnou. Et en plus c’est cher.

Niveau bouffe, on s’est adapté à la tambouille du Perfide Albion et on s’est pris une petite tourte au poulet. Solide, pas trop chère, et délicatement assaisonnée. C’est exactement ce qu’on recherchait à ce niveau là.

 

C’est laid mais c’est bon

 

En bref, Craven Cottage ça se fait parce que clairement c’est pas moche. Si vous voulez des ambiances débridées londoniennes il faudra repasser. Je pointerai mes sabots du côté de Millwall ou QPR prochainement.

Cheers,

Laezh Dour

8 thoughts on “J’ai testé pour vous : Craven Cottage

  1. Bravo mon petit-fils préféré (enfin ! l’un d’eux) ! Ça c’est de la prose ! Je m’y suis cru, la bouffe en moins. Continue tu es sur le bon tremplin ! Grosses bises ! Gp

  2. Selhurst Park est le plus près de chez moi et celui qui me tente le plus (et qui deviendra sûrement mon stade titulaire dans le futur), mais ils faut être membre et adhérer pour £25 avant de pouvoir acheter la place (qui est vers £20 pour des petits matches) ; comme la saison est pdéjà bien entamée et que j’ai pas des thunes qui me sortent par la raie (tout du moins pas encore) je préfère attendre la saison prochaine.

  3. Très belle rubrique, cher Laezh. Hâte de lire les autres, apparemment QPR c’est pas mal d’ailleurs.

  4. J’ai l’impression d’y être. En écrivant ce commentaire, j’ai même le goût de la tourte au poulet dans la bouche. Saisissant.

  5. J’ai l’impression d’y être. En écrivant ce commentaire, j’ai même le goût de la tourte au poulet dans la bouche. Saisissant.

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