OM-PSG (2-2) : La Canebière académie se demande pourquoi tant de cruauté

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Mieux vaut Sarr que jamais, croyaient-ils.

L’important, c’est pas toujours les trois points.

Ce matin Marseille s’est levée comme Louis XVI au matin du 21 janvier, attendant avec appréhension une sentence qui, à moins qu’un inexplicable miracle survînt, s’annonçait comme un très mauvais moment à passer. Face à l’invincible armada de Nasser El-Balkany, pétrisseur de dollars et enculeur de lois, nous étions promis à l’atroce. Dernière confrontation contre ces monstres ? Une humiliation.  Dernière confrontation contre un autre des grands de ce pays ? Une humiliation. Dernière confrontation contre un faire-valoir mille fois plus inoffensif que ces sauvages ? Trois buts encaissés.

Au réveil, on se prend à espérer que les joueurs aient peuplé leurs nuits d’autres rêves que les nôtres – personnellement, j’ai rêvé que nous ne perdions « que » 2-1, mais parce que le PSG nous avait manqué de respect en alignant son équipe de jeunes. Y croire est trop gros, alors même si tout au fond de nous subsiste une étincelle d’espérance, la raison nous dicte profil bas. Mais parce que c’est Marseille dont on parle, il faut respecter les formes, et bien que n’étant pas dupes du rapport de force, notre ferveur a dû s’exprimer. Elle s’est exprimée dans les tintamarres nocturnes, dans les banderoles, dans les messages envoyés dès le matin de tous les endroits du globe où brille la passion olympienne.

La ferveur s’est exprimée dans le cortège qui a embolisé, aïolisé, oaïfié les artères menant à l’arène. Il faut se forcer à y croire, parce que nous demandons à nos joueurs d’y croire. Dans l’espoir d’un grandiose miracle, dans l’attente plus modeste d’un comportement honorable, dans la crainte irrépressible d’une débandade, y croire pour gagner le droit de dire à nos enfants, quand les lendemains chanteront à nouveau : en ce temps nous marchions vers la honte, oui, mais en chantant haut et fort.

L’équipe

Pas de fioriture défensivo-pleutre de notre stratège, qui se tient à l’équipe-type. Abdennour achève sa révision dans les ateliers de Pagès Motoculture, Patrice Evra se donne du temps libre pour peaufiner une vidéo Instagram à la hauteur de l’affiche, et Sertic n’est même pas là quand il y a besoin que quelqu’un se sacrifie pour casser une jambe de méchant, quitte à prendre douze matchs de suspension. Bref, si le banc se dégarnit, le onze de départ est bien le meilleur que Rudi Garcia puisse composer :

Mandanda

Sakai – Rami – Rolando – Amavi

Luiz Gustavo – Zambo Anguissa

Thauvin (Sarr, 83e)  – Payet (Sanson, 76e) – Ocampos

Mitroglou (Njie, 66e)

 

Le match

Après une minute de jeu, le score est toujours de zéro partout, ce qui en soi représente déjà un premier écueil évité. Kurzawa puis Cavani maintiennent certes le slipomètre à un niveau d’alerte convenable, mais cela n’empêche pas de se rendre à l’évidence : l’OM produit un premier quart d’heure honorable, marqué par un pressing intense et efficace au milieu de terrain. Eux qui par le passé avaient, contre bien moins puissant, cédé à la tentation suicidaire de se replier en abandonnant le ballon, voici que les Olympiens semblent livrer le match de guerrier que l’on attendait d’eux. Rami se fend ainsi d’une sortie autoritaire et envoie la balle dans le camp parisien. Payet en profite pour servir Luiz Gustavo aux trente mètres, qui allume une lourde flottante. Aréola est battu, non sans se réserver une place de choix dans les rayons de la quincaillerie Empereur tant il devrait plaire à ceux qui aiment payer trop cher un ustensile bon à égoutter les pâtes (1-0, 16e).

La bombe atomique qui explose alors dans les tribunes, les cœurs et les slips ne suffit pas à balayer le scénario que l’on croit écrit d’avance : le PSG va profiter de nos erreurs pour égaliser, puis nous marcher dessus. Au moins ce premier quart d’heure nous aura-t-il procuré rêves et enseignements pour la suite. Aussi est-ce avec un certain fatalisme que nous accueillons l’égalisation de Neymar, lâché par cause d’une saute de concentration fatale de Zambo Anguissa. Servi en retrait par Rabiot, le Brésilien adresse une frappe sans contrôle qui bat Mandanda avec l’aide du poteau (1-1, 33e).

Pour autant l’OM ne recule pas et, s’il peine à proposer du jeu, du moins contient-il sans trop de peine les balbutiantes offensives parisiennes. A la mi-temps, ce match de guerriers montre que nos hommes ont su aller chercher l’honneur ; il leur reste alors à atteindre le rêve.

Pourtant, le retour des vestiaires laisse planer la crainte, tant le PSG se montre plus libre de faire circuler le ballon. Celui-ci sort peu de notre camp, et le maintien du score semble alors un objectif plus raisonnable. Le coup passe près lorsque, après avoir éclaté notre côté gauche sur un une-deux, Mbappé est repris in extremis par un superbe tacle d’Amavi. Le jeune prodige, dont la maturation en tête à claques semble chaque jour de plus en plus aboutie, récolte un jaune pour pleurnicheries arbitrales, avant que le ralenti ne nous montre l’objet de son caprice : dans la foulée du tacle, Jordan a sans aucun complexe stoppé le ballon de la main, avant de se relever comme si de rien n’était. Un probable pénalty oublié, et assorti d’un jaune pour l’attaquant qui se plaint : l’opération « match de vicieux » que nous appelions de nos vœux semble bien en cours ; et si, pour une fois, les éléments jouaient en notre faveur ?

Le temps passe, et nous nous crispons à attendre une accélération du PSG qui ne vient pas. Comme un chat castré repu de friandises trop caloriques, le PSG tend mollement la papatte pour faire semblant de saisir les souris qui s’agitent devant lui. En fait de souris, c’est plutôt la horde de rats, affreuse, organisée, agressive et pleine de miasmes qui vient croquer le bourgeois venu l’embêter de trop près. Balalin, balalan, la rencontre arrive pépère dans son dernier quart d’heure, à peine perturbée par quelques dons en nature à Neymar à l’occasion des corners (papiers divers, bouteilles, gobelets que l’on espère remplis de pisse, etc.). Un corner, en voici un en notre faveur, d’ailleurs, conquis par le nouvel entrant Clinton Njie dans son style aléatoire. Thauvin s’applique à bien dépasser le premier poteau, pour une fois, tant et si bien que le Camerounais récupère la balle à la limite de la surface, côté opposé. Le talent au dribble de Clinton étant ce qu’il est, Rabiot traite la tentative tout en gardant une main dans le slip pour se faire du bien en pensant à la publicité Nivea, ou à sa mère, ou à sa mère dans une publicité Nivea, que sais-je. Oui, mais ce que Bouclette n’a pas saisi, c’est que Njie est certes laid, mais il est aussi déterminé. Rabiot finit par être agacé par cette bestiole qui gigote, qui le taquine, qui ne le lâche pas : véritable lémur d’Adrien, Njie pousse celui-ci à la perte du ballon, et s’empresse de centrer fort avant que le ballon passe la ligne. Surgissent alors des tréfonds du Lacydon la force de Protis, la générosité de Belsunce, l’opportunisme de Samia Ghali, tout ce qui symbolise la grandeur de notre cité à travers les âges s’empare du corps et de l’âme de Florian Thauvin pour le porter devant Thiago Silva et, dans un rugissement collectif couvrant le sifflement du vent et les fracas de la Méditerranée, rendre l’irréel enfin possible : nous sommes bel et bien en train de niquer leurs mères (2-1, 79e).

Sous l’ovation des siens, Florian est remplacé par Sarr, plus frais pense-t-on alors. Erreur fatale ! Dans ce parcours quasi-parfait, ô destin cruel ! tu avais choisi de t’appeler Bouna. C’est tout d’abord cette estocade ratée alors que le géant vacillait de ce coup reçu. Le Goliath gazier, abreuvé jusqu’à l’aveuglement d’hydrocarbures et de sang de Népalais, menaçait de tomber du haut de sa suffisance quand toi, Bouna, échouas à le terrasser. Repoussée par Aréola, la frappe de notre ailier revient à Morgan Sanson qui, pris d’une panique coupable, adresse un tir encore plus pitoyable et qui vient mourir à trois bons mètres de la cible.

Prétentieux comme des gamins contrariés, les Parisiens  s’énervent et déjouent, Neymar venant récolter un premier carton jaune pour un mauvais geste. C’est l’instant magnifique choisi par Ocampos pour mettre en pratique ses acquis de l’école des catins argentines, avec cette faute de pute qui achève de faire dégoupiller la starlette : coup d’épaule de Neymar, carton pour les deux joueurs, et donc sortie prématurée pour la groupie n°1 de Jésus-Christ en France depuis la retraite de Christine Boutin.

Tous nous est donc favorable jusqu’à cette 93e minute, ô cruel destin ! où tu t’empares de Bouna Sarr pour lui faire commettre une faute dispensable sur un Cavani qui n’attendait que cela. Idéalement placé, le coup-franc est converti par l’Uruguayen d’une barre rentrante, immense frustration qui ne rendra les exploits futurs que plus savoureux (2-2, 93e).

Les notes :

Mandanda (2/5) : Pas de franche erreur sur les deux buts, mais que le moment était pourtant bien choisi pour qu’Il Fenomeno accomplisse l’un de ses prodiges.

Sakai (3/5) : Les Parisiens se gobergeaient de lui à l’avance comme des voleurs à la tire d’une croisiériste chinoise débarquant sur le Vieux-Port. Hiroki s’est défendu avec ses armes, crachats et coups de pieds dans les burnes, pour repartir inviolé et nanti de ce que quelques imbéciles arrivaient encore à lui refuser : le respect.

Rami (4/5) : Malmené par les rustres de Strasbourg et Guimares, Adil a pourtant éteint les attaquants trois-étoiles d’en face : la classe du smicard qui trouve un billet de 100 dollars et choisit de se torcher avec.

Rolando (4/5) : Et que dire de lui, alors, le diesel du Cabo Verde, l’effaroucheur de zombies, le sparring-partner des infirmes moteurs cérébraux, le semi-remorque sans direction assistée, promis aux pires sévices et qui pourtant pose ses couilles sur les astres supposés les plus scintillants de la galaxie Football.

Amavi (3+/5) : Ardent et peu dépassé, si ce n’est sur cette action à l’issue de laquelle il pose sa main sur le ballon comme un clochard pose la sienne au cul de la baronne : si ce n’est pas élégant, c’est quelque part un moyen de faire progresser la lutte des classes.

Luiz Gustavo (5/5) : Saint-patron du milieu de terrain, omniscient, omniprésent, omnipotent. S’est tellement démultiplié qu’il finira sans doute la nuit au lit avec la femme de chaque milieu de terrain parisien.

Zambo Anguissa (3-/5) : Aussi habile avec ses pieds que Jean-Claude Gaudin avec une tenue de majorette, et fautif sur le but de Neymar. Je m’en voudrais cependant d’incriminer ce rouage essentiel de notre machine à broyer des vilains.

Thauvin (5/5) : Aurait préféré vendre sa mère que de laisser passer un parisien sur son aile. Du tacle, du tacle et encore du tacle, et pour couronner le tout ce but classé 8 sur l’échelle de Richter et 29 sur l’échelle de Rocco.

Sarr (83e) : Maillon faible. Si seulement c’était un antipathique qui avait merdé, Sertic au hasard, j’aurais pu l’insulter sans retenue, mais là non, Bouna me ferait plutôt de la peine.

Payet (2/5) :  Nous voulions du sale, du vice et du mollard, et nous en avons eu. Dans cette fange, Dimitri devait être notre joyau, la parcelle de grâce qui rattacherait notre équipe de soudards à une certaine notion de créativité. Las, Dimitri a déposé nombre de souillures footballistiques sur le terrain, à tel point que longtemps après le match des gabians le suivaient encore, au cas où il lui serait resté quelques déchets à distribuer.

Sanson (76e) : Entrée passable mais dont l’on retiendra surtout cette spectaculaire liquéfaction au moment de tenter le tir définitif.

Ocampos (3+/5) : Célèbre en mondovision pour être celui qui aura fait passer Neymar pour un abruti. Trophée somme toute secondaire, mais qui récompense une partie jouée avec des couilles grosses comme un permissionnaire des Baumettes.

Mitroglou (2-/5) : Impuissant dans un rôle ingrat. Ce sera vite oublié, pourvu qu’il martyrise des sous-fifres dans les semaines à venir.

Njie (66e) : Malhabile, empoté, risible, ce qui rend d’autant plus méritoire la combativité déployée pour aller chercher cette passe décisive. Et que celle-ci fût obtenue aux dépens de cette tête de nœud d’Adrien Rabiot donne à la chose un tour franchement jouissif, un peu comme une paire de claques donnée à un gosse de riche.

 

L’invité zoologique : Le Vier Neymarin

Monsieur Lapin s’étant décommandé pour d’évidentes raisons de poussée gonadique inattendue chez nos joueurs, c’est un autre habitué qui s’invite dans nos colonnes. Le concombre marin, ou holothurie ou, donc, vier marin, reste cet animal étonnant, fantastique par bien des aspects, parfois outrageusement esthétique sous certaines latitudes, et qui finit sous la pression par se dégonfler en chiant ses propres intestins. Notre échinoderme favori était donc bien l’invité approprié pour parler de ce match contre ces vulgaires.

– les autres : suffisants, y compris après le match avec les grotesques déclarations anti-arbitrales d’un Mbappé en pleine crise d’hydrocéphalie. Hélas, comme à chaque génération ou presque chez ces enculés, il s’en trouve toujours un pour faire preuve d’un peu plus de classe que les autres, ce dont il profite pour nous emmancher avec le sourire. Cavani est de cette trempe, mais ces cons ne savent même pas l’apprécier.

– le classement : 5e place honorable, mais l’essentiel sera de bonifier ces promesses en éclatant les équipes à notre portée, c’est-à-dire potentiellement toutes celles restant à affronter.

– l’émotion : après cette bouillante affiche, le calendrier nous offre la semaine prochaine un autre grand moment d’émotion, consistant en nos retrouvailles avec Bielsa. Marcelo, sache que je savoure ce moment à l’avance, y compris la perspective – que dis-je, c’est notre devoir – d’enfoncer un peu plus sous l’eau ton équipe de merde. N’y vois rien de personnel.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter. Atmane A. remporte un concours zoologique de haute tenue.

 

Bises massilianales,

Blaah.

12 thoughts on “OM-PSG (2-2) : La Canebière académie se demande pourquoi tant de cruauté

  1. Excellent comme toujours. Ça en ferait presque relativiser la défaite, tiens. Et puis placer Pagès Motoculture dans ton article, c’est beau. C’est pas bieng, mais c’est beau.

  2. Edinson Cavani vient de rejoindre Éder au rang des grands couillons sympathiques qui nous crucifie au dernier moment et qui ne méritent donc pas de vivre

  3. Moi le Mitroglou j’ai bien aimé.
    Le gus a occupé la défense centrale adverse pdt tout son match. Du coup ils ont pas trop eu l’occasion d’aller aider leur potes du milieu de terrain qui prenaient l’eau face à notre doublette « coupe des confédérations ».
    Bref, il a pas été décisif mais il a vraiment pas mal joué sur son placement.

  4. Le lémur d’Adrien… #Respect
    Sinon, blague à part, c’est une des premières fois que nos joueurs ont un jeu sans ballon très intéressant (à l’image de Mitroglou, Thauvin…)

  5. Très cher camélidé, je conçois que vous ne vous infligiez point nos matches (je viens moi-même de découvrir votre équipe, ils sont rigolos), mais dire que les cons que nous sommes effectivement n’apprécient pas le Cavani, ah non hein. Mais je vous aime quand même.

  6. C’est quand on s’y attend le moins que cela arrive le plus. On était à 2 doigts de conclure, Cavani a tout foutu en l’air. Ce match aura eu le mérite de révéler le potentiel de cet OM et de dévoiler les faiblesses de cette petite équipe de starlettes qu’est le PSG. Il suffit donc de leur rentrer dans le lard, c’est pourtant pas compliqué. Et avec 11 joueurs concernés sur le terrain c’est quand même plus facile de jouer ensemble. Bravo à Rudi Garcia qui a réussi là où plus grand monde l’attendait. A confirmer durant les prochaines semaines et avec la manière !!!

  7. D’accord avec les deux commentateurs qui ont apprécié le travail de sape fourni par Mitroglou. Quant à Payet, il me semble avoir tout de même été utile à la conservation du ballon, du moins davantage que Sanson.

  8. « Luiz Gustavo (5/5) : Saint-patron du milieu de terrain, omniscient, omniprésent, omnipotent. S’est tellement démultiplié qu’il finira sans doute la nuit au lit avec la femme de chaque milieu de terrain parisien. »
    Je crois que la maman de Rabiot a également vu sa moustache de très près.

  9.  » Rabiot traite la tentative tout en gardant une main dans le slip pour se faire du bien en pensant à la publicité Nivea, ou à sa mère, ou à sa mère dans une publicité Nivea, que sais-je.  »

    j’en pleure encore, encore une très belle plume qui fait relativiser de cette 94eme minute.

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