Vivons heureux en attendant de souffrir notre race.

Aïoli les sapiens,

Nous nous étions quittés sur une académie fumant encore de la déroute infligée par les hordes nantaises. Profondément meurtri, notre amour propre devait s’en remettre plus rapidement que Bafétimbi Gomis, blessé et indisponible pour plusieurs semaines.

De nombreux facteurs d’optimisme sont venus balayer ces douloureux souvenirs : le printemps revient, mon crapaud Gianluigi pointe le nez dehors, et surtout nous recevons une équipe de Rennes très entreprenante, en tout cas au sens où le collectif breton mène tambour battant son entreprise d’auto-démolition annuelle. Voilà bien de quoi quitter sans remords la caresse du soleil pour se terrer en quête d’un lien pas trop dégueulasse et suivre plein d’espoir la rédemption de nos protégés. La composition d’équipe vient néanmoins nous rappeler quelques détails que nous voulions omettre, et qui tempèrent lourdement tout optimisme abusif. Non seulement Gomis, blessé, est remplacé par Njie, mais en outre Fanni et Sakai sont suspendus, soit une authentique ablation de notre côté droit défensif replâtré par Sertic au centre et Zambo Anguissa à droite. Sans non plus refuser toute confiance aux remplaçants, cette reconfiguration forcée présente alors le risque d’entraîner les mêmes conséquences sur notre jeu que la mastectomie sur la branlette espagnole, c’est-à-dire un déséquilibre relativement handicapant.

L’équipe

Plutôt imbitable et d’une absence de rigueur certifiée, l’animation ci-dessus mérite quelques éclaircissements. Dans les 20 premières minutes, le 433 se déforme avec un Maxime Lopez se plaçant très haut, tandis que Sanson se positionne davantage à hauteur de Vainqueur. Du reste, pendant la majeure partie de la rencontre un joueur offensif se porte aux côtés de Njie pour le soutenir dans les attaques comme dans le pressing. On peut saluer la manière de soutenir ainsi le Camerounais dans son rôle d’avant-centre de fortune, mais on peut surtout se demander pourquoi les Olympiens n’agissent pas de même quand Gomis est titulaire et le laissent la plupart du temps se démerder seul.

Retranscrits ici à la gacha empega, les positions de notre ligne offensive sont données à titre symbolique, les permutations s’étant de toute façon avérées très fréquentes.

 

Le match

Alors que nous nous sommes fait violence pour nous arracher à ce radieux soleil et aller voir le match, les Rhénais ont quant à eux décidé de prolonger leur sieste de quelques minutes. Evra profite de leur engourdissement pour adresser une longue ouverture pour Njie, parti à la limite du hors-jeu. Avec un bon quart d’heure d’avance sur la défense, Clinton a tout le temps de s’appliquer pour ajuster son lob sur Costil. Le ballon finit à côté du but et nous regardons alors le chronomètre : en nous basant sur une absence de six semaines, soit 60480 minutes à compter du coup d’envoi, il nous reste donc à ce moment-là 60478 minutes à attendre le retour de Bafétimbi Gomis. Autant dire : une éternité.

Payet y va ensuite de son tir sur la barre, tandis qu’en face Chantôme et Amalfitano sont remplacés pour blessure avant la 20e minute. Le début de match a donc tout du calvaire pour les Bretons, un départ idéal pour nous à peine troublé par l’absence de but et une relance slipocide de Sertic et Pelé. A l’approche de la demi-heure, Rennes reprend ses esprits et nous fait retomber dans nos errements : âpreté au duel très insuffisante, mouvements désordonnés et repli aléatoire. Sans se procurer de grosse occasion, Rennes occupe notre camp et nous empêche de développer notre jeu.

Le retour des vestiaires nous donne à voir une jolie surprise : nos joueurs sont décidés à se sortir les doigts. Les récupérations sont en effet nettement plus autoritaires, ce qui était le préalable obligé pour repartir de l’avant. Passes longues, combinaisons, contre-attaques… l’OM montre une variété assez intéressante. Payet adresse ainsi une passe tranchante à Maxime Lopez, dont la tentative de talonnade est contrée et aboutit à Njie. A la différence de sa première action gâchée, Clinton ne prend pas le temps de solliciter son cerveau au-delà de l’arc-réflexe primaire : ballon => grosse lourde de volée => but (1-0, 59e). Tout ceci vous paraît peu esthétique ? Vous n’êtes pas très « instinct du buteur » ? Vous voulez de l’action léchée, du cérébral, du raffiné ? On en a. Bon, d’accord, tout débute par une perte de balle un peu neuneu d’un Rhéné dans le rond central, mais rendons grâce à Sanson de s’être trouvé où il faut et d’avoir fait le geste qu’il faut pour récupérer la balle. Sur sa lancée, Morgan perfore plein axe, pendant que Thauvin débute une course croisée dans son dos. Le premier trouve le second d’un amour de talonnade puis, le temps pour lui de se placer idéalement, Florian adresse une frappe splendide au ras du poteau d’un Costil n’ayant même pas pris la peine de plonger, sans doute handicapé par l’érection soudaine qui n’a pas manqué de le saisir à la vue d’une si belle action (2-0, 64e).

A l’exception d’une grosse occasion, Rennes se montre plutôt résigné à la suite de ces deux buts encaissés coup sur coup. Marseille gère son avantage avec autorité, que ce soit au milieu ou en défense, où contre toute attente Zambo Anguissa et surtout Sertic rendent inutiles ce lot de 12 slips de rechange acheté en prévision de la rencontre. L’entrée de Cabella pour les dix dernières minutes nous redonne un supplément de dynamisme, bien que de trop nombreuses incompréhensions entre les attaquants nous privent du troisième but. Malgré un relâchement certain en fin de match, l’OM achève la partie sans trembler.

Les joueurs

Pelé (2+/5) : Passé à quelques centimètres d’une inscription immédiate et définitive au panthéon de la honte olympienne, avec ce 6 mètres joué en une-deux foireux avec un défenseur pressé, et sauvé d’un tacle faisant rebondir par miracle le ballon à côté de la cage. Heureusement qu’il a eu cette fantaisie pour s’occuper, d’ailleurs.

Evra (3/5) : Privé d’une belle passe décisive du fait des facultés psychomotrices aléatoires de Njie. Pas au sommet physiquement, il s’est ensuite montré prudent, et rarement pris en défaut, en capitaine exemplaire.

Doria (75e) : Lorsque les contre-attaques marseillaises se sont faites plus précises, on a bien senti qu’il était motivé pour partir à l’abordage et refaire aux Rennais le coup de la salière de Botafogo. Tant mieux ou tant pis, la raison a supplanté l’envie et il s’est cantonné à ses tâches défensives, très bien exécutées au demeurant.

Rolando (3/5) : Après plusieurs sorties délicates, il s’est rassuré face à des Rhénés qui lui ont peu posé de problèmes. Quand j’étais petit nous avions un dogue allemand : statique, il était impressionnant, mais à chaque fois qu’il courait on avait peur qu’il meure d’une torsion d’estomac. Je retrouve un peu de lui en Rolando, la bave en moins.

Sertic (4-/5) : La bonne surprise du jour. Son transfert curieux, son passé forcément suspect puisque girondin et ses traits aléatoires avaient-ils biaisé mon jugement ? Hormis cette relance suicidaire, passée à quelques centimètres de lui garantir le statut durable de tête de Turc qui lui était promis, Grégory a réalisé un match impressionnant, tout en duels dominateurs et anticipations bien senties.

Zambo Anguissa (3-/5) : Concentré et appliqué, avec de temps à autre des moments d’enflammade totalement azimutés sans doute destinés à relâcher la pression. Visuellement, je ne suis pas certain que le résultat contribue beaucoup à la promotion du football, mais cela garde un je-ne-sais-quoi de rafraîchissant. Reste encore à deviner quel poste son sort de titularisation éternelle va lui permettre d’occuper contre Paris (éléments de réponse un peu plus bas).

Vainqueur (3/5) : On l’a connu plus flamboyant mais l’essentiel est assuré, avec notamment quelques récupérations précieuses. Moins le voir est peut-être un signe que le milieu fonctionne mieux collectivement ?

Sanson (4-/5) : Une première mi-temps plutôt délicate sans doute due à une vessie trop pleine, qu’il a soulagée en urinant pendant les 45 minutes restantes sur tout ce qui portait un maillot rouge et noir. Ce n’était certes pas parfait, mais les promesses sont réelles.

Lopez (2+/5) : Pour justement modérer l’enflammade naissante sur Morgan Sanson, prenons l’exemple de ce jeune joueur en ce moment plus effacé qu’il ne le fut. Pour autant, on relèvera que même en méforme relative, Maxime est parvenu à se rendre utile avec sobriété mais non sans élégance : l’exact inverse des académiciens de Horsjeu, qui ne sont jamais aussi inutiles, débauchés et grossiers que lorsqu’ils sont en pleine forme.

Cabella (79e) : Très remuant et percutant, à défaut de se montrer totalement efficace.

Payet (3/5) : On l’espère encore plus influent dans le jeu, ou en tout cas plus constant. Toujours est-il que Dimitri s’est fendu de plusieurs beaux gestes nous laissant entrevoir le meilleur.

Thauvin (3+/5) : Dans la lignée de ses précédentes apparitions, une partie encore plus que délicate. Du moins, c’est ce que j’avais écrit sur mon carnet de notes avant son but de la 64e minute, à la suite de quoi j’ai déchiré la page pour m’en servir comme Sopalin.

Sarr (86e) : Une épaule laissée sur le terrain au bout de trois minutes de jeu. Pour qu’une blessure si improbable se produise, le forfait est signé : c’est Bouna qui sera cette fois-ci la victime du sort de titularisation éternelle de Zambo Anguissa. Le problème est que l’absence de Sarr ne suffira pas à faire entrer André-Frank contre Paris : il faudra aussi un incident concernant un autre joueur offensif, qui forcerait à faire monter Lopez ou Sanson pendant que le protégé d’Erzulie prendra place au milieu. C’est pourquoi, à la place de Cabella, Thauvin ou Payet, je m’intéresserais fissa aux rites de protection vaudous dans la semaine qui nous sépare du match. CQFD.

Njie (3+/5) : Son but importantissime m’interdit d’être désobligeant à son sujet, d’autant qu’à l’heure où nous écrivons ces lignes il nous reste encore 59943 minutes à le choyer en tant que seul avant-centre valide.

 

L’invité zoologique : Benoît Cosquille Saint-Jacques.

Prendre onze coquilles. En couper les gonades que l’on broiera ensuite au mixer, en les faisant chauffer avec un peu de vin blanc et de crème fraîche. Déguster en se disant que oui, la coquille Saint-Jacques est vraiment l’invité approprié pour évoquer chaque saison du Stade Rennais.

Les autres : Ce n’est pas qu’ils soient mauvais, mais on se demande quel est leur projet dans cette Ligue 1. C’est peut-être vraiment la 14e place, après tout.

Le classement : Allez, virons notre cuti : dans deux semaines, nous aurons au pire six trois points de retard sur la 5e place, en ayant dépassé tous les principaux écueils de la saison. Ne nous cachons plus.

Les images : Les buts sont ici, le petit gag de Sertic et Pelé est là.

L’organigramme : qui est Albert Valentin, ce proche de Zubizarretta recruté dans l’encadrement du club ? Omforum nous en dit plus.

– La page abonnement : Pour que vive l’Alterfoot cananal historique.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook et sur Twitter. Georges Trottais remporte le concours zoologique, conformément à notre stratégie d’endormir la vigilance des parisiens en flattant plus que de raison leurs réussites actuelles.

 

Bises massilianales,

Blaah.

7 thoughts on “OM-Rennes (2-0), La Canebière académie emmagasine

  1. Mais alors il est vraiment aspiré ce putain de h de « horsjeu »…vous deviez croire que je me moquais, mais pas du tout, j’étais dans le déni le plus strict ! Oui, je crois en Pablo Correa, ne vous étonnez donc pas.

      1. Oui d’ailleurs, il est aspiré parce qu’il n’est pas muet, contrairement à ce que j’ai écrit. La confusion la plus totale s’est emparée de moi sur ce sujet, je vous félicite.

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