Salut les p’tits beurres.

Hier soir, à chaud, l’académie était déjà écrite. Zéro pointé à tout le monde. Et ce matin, passée la gueule de bois et la déception liée à la prestation catastrophique des Canaris, il reste un seul sentiment. Un goût amer dans la bouche, un mélange de sable, de pelouse anglaise et de sueur suédoise.

Il n’y a plus de championnat de L1. Paris, et Monaco dès l’an prochain, sont trop forts. A voir hier Chaker Alhadhur, au FC Nantes depuis les débutants, lutter 90 minutes avec Cavani, Lavezzi, Lucas et Van der Wiel, on avait la sensation d’un combat perdu d’avance. Il n’y a plus de championnat de L1. Plus de suspense, d’enjeux sportifs, d’identités de club, d’identités de jeu. Il n’y a désormais que des équipes qui arrivent au Parc des Princes avec les appareils photos, se battant presque entre eux pour quémander le maillot de Cavatruc ou Ibrachose. Lorsque Thiago Motta veut souffler, c’est Pastore qui rentre. Lavezzi a un caillou dans sa chaussure ? Entre ici Lucas Moura. Et quand Marco Verrati a un lacet défait, Laurent Blanc fait rentrer un adolescent qui vaut à lui tout seul trois fois l’effectif nantais. Ce PSG-là ressemble à un gigantesque cheat code : joueurs illimités, salaires illimités, argent illimité, on se demande même si leurs joueurs sont toujours mortels… Nantes ne pouvait pas lutter, et ne le pourra sans doute plus jamais, à moins qu’un jour les voitures ne roulent au muscadet… Alors, oui, on me dira que Montpellier a pu coiffer le PSG au poteau en 2012. Qu’il arrive à Paris de perdre à Evian, ou de se voir contraint au nul par Ajaccio. Mais maintenant que le chantier qatari est quasiment terminé, qu’Ancelotti a posé les fondations et que Blanc fignole la déco du salon, qui peut douter que cette équipe, lorsqu’elle est au point physiquement et motivée, puisse être battue sur la durée ?

Les médias, eux, préfèrent se palucher devant une branlée infligée par un effectif à 500 millions à un autre dont la somme des talents remplirait à peine les burnes de Cavani. On nous explique que l’on devrait fermer nos gueules face à l’inégalité des moyens entre ces clubs milliardaires et les autres. Que quand même, c’est une chance de voir Ibrahimovic démolir nos défenseurs passés parfois par le monde amateur. Le monde médiatico-sportif est en train de faire accepter à tout le monde ce nouvel état de fait et on en vient presque à se dire qu’on devrait déjà se satisfaire de pouvoir jouer contre ces mecs-là. D’aucuns osent même une comparaison avec l’OL dominateur des années 2000, en oubliant que si Jean-Michel Aulas est un des pires pantins de notre paysage footballistique, sa réussite fut en grande partie due à un vrai projet sportif entamé 15 ans auparavant. Rien à voir donc avec un club sponsorisé par un pays qui s’achète une Coupe du Monde et qui règle les scandales financiers, sociaux et environnementaux de 2022 à coups de biftons et de putes de luxe.

Evidemment, inutile de compter sur la LFP pour substituer à la bataille économique une véritable compétition basée sur l’équité sportive (cf. l’affaire du siège social de Monaco). On accueille à bras ouverts des QSI, des Mammadov et des Rybolovlev, aux fonds opaques et aux méthodes de financement sujettes à caution. Certains appellent même de leurs vœux d’autres richissimes investisseurs étrangers pour relancer la compétition. Au lieu d’encadrer la guerre du pognon, on filera même les planches à billets. Rien à branler que les clubs de L1 perdent petit à petit leurs meilleurs joueurs pour permettre à Newcastle de fonder un deuxième club. Rien à branler que Monaco ou Paris ne recrute pas en L1, et ne fassent jouer leurs meilleurs jeunes que lorsque Falcao pète une crise d’hystérie. Rien à branler que l’horizon sportif et bientôt financier (cf. la situation de nombreux clubs de Liga) des clubs moyens de L1 soit obscurci pour une bonne décennie. Rien à branler que le seul espoir du FC Nantes d’être champion de France avant 2040 soit d’être racheté par un fond d’investissement indien.

Rien à branler, on a Ibra.

C’est une chose de contempler la toute-puissance qatarie depuis la lointaine lorgnette de la Ligue 2. C’en est une autre de la voir se déchaîner un dimanche soir sur son équipe. Et cela nous force à regarder notre propre club, ce qu’il est devenu. Avec Coco Suaudeau aux commandes, on en a pris des branlées à Paris. Mais toujours dans l’optique de les emmerder, jusqu’à parfois leur mettre la tête sous l’eau. Hier soir, face à la défaite, Michel Der Zakarian n’avait pour seule réponse que l’impact physique défaillant de ses protégés. Alors que la seule façon de bousculer les mercenaires du PSG serait de construire un collectif bien mieux huilé que le leur. Sans la Socpresse, puis Waldemar Kita, le FC Nantes aurait peut être pris les 15 dernières années à faire comme d’habitude : former des jeunes, développer des principes de jeu et améliorer année après année son collectif pour faire la nique aux gros une année. Puis tout recommencer. Aujourd’hui, même si le groupe de joueurs actuel est franchement sympathique et nous fait vivre de belles choses, les fondations du club canari sont quasiment réduites à leur plus simple expression : formateurs à la botte de Waldemar Kita, équipes de jeunes qui ne sont plus que des pâles copies de leurs cousines bordelaises ou rennaises, plus aucune identité de jeu,… Si, il y a bien Loïc Amisse (avec la CFA) qui tient à peu près debout, mais c’est trop peu…

On savait que le grand FC Nantes était mort, mais on a reçu le faire-part hier soir. En plein dans la gueule.

Le seul rayon de soleil de cette soirée fut le comportement du nouveau public parisien. Autant les anciens Ultras possédaient leur lot de connards patentés, autant les nouveaux footix abreuvés de divertissement, de talonnades et de pétro-dollars ont sans doute fait honte à leurs aînés interdits de stade. Chanter « équipe de merde » à une équipe promue qui prend sa rouste annuelle, c’est très classe. Chanter « On est chez nous » lorsque le match se joue au Parc, c’est très con. On passera sur les applaudissements moqueurs pour Fabrice Pancrate (comme si nous on ovationnait ce gros nul de Capoue quand il revenait à la Beaujoire…) et sur le stade en train de se vider à 10 minutes de la fin. Quel contraste avec leurs homologues nantais (ceux qui n’avaient pas boycotté le match, pour protester contre les conditions d’accueil et le prix des places)…

Si la victoire était parisienne, au moins la dignité était-elle nantaise. Même avec une manita dans le cul.

Câlins beurrés

Raynald Dunoeud

19 thoughts on “PSG – Nantes (5-0) : la Canaris Académie dénonce

  1. Merci à toi de parler autant du PSG, ça m’évite de pondre une énième académie, et de coller encore une fois des 4 et des 5/5 au Z, à Edi, Marco, et les autres.

  2. Mouais, mouais, oui et non… bref.

    Sinon comme Blaaaah, c’est quand meme beau le désarroi :-)

  3. « Nantes ne pouvait pas lutter, et ne le pourra sans doute plus jamais, à moins qu’un jour les voitures ne roulent au muscadet »

    J’en ai recraché mon café, super crachat pour une super académie

  4. Tu as très bien fait de la rédiger cette académie. Elle sonne juste: c’était mieux avant.
    Je suggère à ceux qui évoquent le temps de la bougie, de se la mettre profond avant d’allumer.
    Toute évolution n’est pas progrès.
    Prenons les fourches! Vive le football vrai!
    Vive le muscadet! Certains y roulent déjà.

  5. Fort contestable sur plusieurs points mais trébeau. Non moi non plus j’ai pas envie d’ouvrir le débat après vos fesses.

  6. Pour la premiere partie je ne suis pas franchement d’accord avec toi, Paris a toujours attiré les grands joueurs a coup de millions (j’ai toujours a travers le cul les transferts de Loko, Cauet ou Casagrande) et Monaco également. aujourd’hui tout s’internationalise. Mais si on compare les deux epoques le PSG s’est toujours construit la dessus (remember Pauleta ce qu’il nous mettait dans la gueule);
    Je préfere d’ailleurs me prendre des buts d’Ibra que de Nouma …
    Par contre la ou je pense tu as raison c’est sur ce que tu dis sur le FCN et comparer Der Zak à Suaudeau, bah t’as tout dis c’est nous qui avons sacrément régréssé c’est tout …
    Un promus qui se prends une manita a Paris c’est pas un drame mais que l’équipe se paluche la dessus … Bref pas envie d’incriminer nos nantais la dessus…

  7. Your tears are delicious

    Plus sérieusement plutôt que de chouiner après une rouste qui a en premier lieu comme raison le manque d’application des canaris vius feriez mieux de vous rappeler dans quel état la l1 se trouve.
    Nous sommes la risée des championnats étrangers, chaque année en c1 on se fait rouler dessus.
    Maintenant nous avons 1 club qui fait (presque peur) aux équipes qui se moquaient de nous sur la scène européenne. Réjouissez vous pour l’indice UEFA ainsi que pour les droits télés touchés par nos clubs.

    Seule vérité dans cette article le niveau des supporters au stade … Entre les chansons de footix 98 , les chansons qui appartiennent à d’autres clubs et les olé les anciens ultra doivent souvent
    avoir la nausée..

  8. @Chris la pignole : je suis d’accord avec toi, sauf que Monaco a toujours été (en plus) un excellent club formateur. Bien sûr que Paris et l’OM nous ont toujours piqué nos meilleurs joueurs, mais étaient-ils du niveau de Cavani, Ibrahimovic ou Sirigu ? Bref, il ya un mon sens un monde entre le PSG de 94 et celui de 2014. Pareil pour Nantes tu me diras.

    @Héhé : C’est exactement ce que je disais, on se réjouit d’avoir un championnat comme la Liga, avec deux gros qui écrasent tout, parce que sur la scène européenne, la France a plus de chance de gagner la C1. Je ne partage pas cet avis, surtout si c’est au détriment de l’intérêt sportif du championnat national. Quant aux droits TV et à l’indice UEFA, ça mériterait un gros débat, mais là encore je ne suis pas certain de la profitabilité d’un championnat à deux vitesses pour les petites et moyennes équipes.

  9. ça m’éclate presque une couille de devoir le dire, mais je me sens assez d’accord avec le Nantais.

    Enfin au moins avec les 3 premiers paragraphes :

    – La L1 a perdu beaucoup de son intérêt. Les remplaçants et les réservistes seraient sûrement champions de France. Très content pour Paris que l’équipe puisse être brillante en C1, il n’empêche que la principale qualité de la L1 était jusqu’à présent son suspense et son homogénéité. Au rythme où ça va, on va se retrouver avec une sous-Bundesliga, les stades remplies et la ferveur populaire en moins.

    – Les équipes en face sont de plus en plus impressionnantes de passivité. Un match de coupe de France entre une L1 et une équipe de CFA2 est devenue plus regardable.

    – Tout ce qu’espèrent les média et la ligue, c’est plus de nouveaux PSG, Monaco et Lens. Autrement dit plus de clubs riches, qui payent de plus en plus chers les joueurs afin de pouvoir gagner des trophées, qui vont leur permettre de s’acheter des joueurs encore plus chers pour pouvoir espérer regagner les mêmes trophées. L’évolution du foot est préoccupante, présente de plus en plus de limites dans les championnats modèles que sont la Liga et la PL, mais on continue à nous servir la soupe d’un « c’est bien pour la ligue 1 », avec le fameux argument du « ça fait progresser les autres équipes ».

    Pourtant, le résultat immédiat est qu’on n’a jamais été aussi nul que cette année en coupe d’Europe… La seule analyse qui en est faite dans les média : « heureusement que le PSG est là… »

    J’en viens presque finalement à souhaiter qu’ils fassent leur championnat entre eux, genre Dream Football League, pour qu’on me rende à côté un truc qui ressemble aux compétitions qui me plaisaient et qui m’ont fait aimer ce sport.

  10. Je dis merci.
    On a beau retourner le problème dans tous les sens, je ne vois pas comment on peut prétendre défendre un foot qui ne soit pas l’apologie du business et du fric tout en acceptant qu’une équipe emblématique de notre championnat puisse être à la botte d’un émirat esclavagiste et ultralibéral. Et arrêtez de nous les briser avec l’indice UEFA et la Champions League, c’est la même logique que les agences de notation. Et puis je préfère un championnat moyen avec des stades remplis et chaleureux que des équipes de stars avec des tocards en tribunes à 50 balles la place et des stuarts qui te foutent à la porte si tu élèves la voix ou te grattes les couilles.

  11. Vous me faites rire. Le problème de votre chouinage, c’est que les club genre Paris ou Monaco ne répondent à aucune logique économique. C’est des gouffres à fric pour milliardaires. En revanche, quand je vois des aulas, des kita ou des ferry, et leurs clubs plus ou moins petits, là je vois la logique capitaliste…

    Le reste, le foot business, vous y échapperez pas…

  12. Moi ce que je vois c’est que quelqu’un reconnait enfin le bon travail de gestion de JMA. Il y a 20 ans…

  13. Je valide le propos global du Nantais. Après, je rajoute comme mon collègue Roazh que les adversaires sont de plus en plus passifs, voire résignés. Faut pas occulter le fait que le FCNA a fait un match atroce.

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