Analyse du non match des bleus.

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Du crêpe et des quiches…

Du crêpe et des quiches

1ère mi temps

  • Domenech semble obsédé par l’idée d’utiliser Evra d’où un schéma de jeu façon Manchester… Après  avoir cherché un Lampard en Toulalan et tenté de copier un schéma « à la Mourinho « , il s’essaie à cette animation « blitz » mise au point par Ferguson. Le problème c’est l’impossibilité du travail quotidien de club en sélection et le profil des joueurs sélectionnables. Anderson, Scholes sont d’anciens meneurs de jeu avec des qualités physiques et/ou une combativité « à l’anglaise » (tout comme Fletcher,Carrick et Park).  La percussion et l’impact du milieu de Manchester ne sont ni dans les capacités (Vieira) ni dans la culture (Diarra) du milieu français. Idem pour la ligne offensive française où les manques de combativité et de culture tactique ne permettent pas un schéma similaire à celui de Manchester , construit sur la permutation, le pressing et les combinaisons dans les petits espaces.
  • Tout cela pour profiter des qualités d’Evra mais Patrice se soucie peu de défendre, il bouffe la craie et annule donc son milieu (Ribéry) qui se voit réduit à lui servir de point d’appui ou à trouver refuge dans l’axe. Evra est complémentaire avec un milieu centreur lent (souvenez vous de la doublette monégasque avec Rothen qui soit dit en passant doit bien la moitié de son salaire de « star » aux jambes d’Evra)
  • En conséquence, le triangle de droite est sobre mais sans plus, il ressemble même parfois à un pentagone, les joueurs permutant sans communiquer (voir l’action au cours de laquelle Benzema tape dans Anelka et amène le but nigérian) . le triangle de gauche est déconstruit puisque Diarra communique très peu avec Evra et Ribéry, et que Ribéry repique dans l’axe ou regarde passer Evra qui ne défend plus.
  • Donc Escudé et Diarra (en gueule de bois?) sont condamnés à couvrir  quasiment toutes les attaques du Nigéria qui font suite aux longs ballons dans le dos d’Evra.
  • Anelka et Benzéma sont eux condamnés à des actions individuelles dont ils n’ont pas les moyens. Cette équipe n’a aucune colonne vertébrale, c’est une équipe en U.
  • L’équipe B du Nigéria qui a battu les bleus est composée de bons Taiwos (lui ne jouait pas) encadrés par Kanu et Odemwingie (les seuls joueurs ayant une culture tactique européenne…Kanu jouait milieu relayeur à l’ajaxienne lors des JO 96). Il semble que les Nigérians ont l’intelligence d’utiliser leurs meilleurs joueurs à des postes clés, indépendamment de leur poste en club. L’équipe est la même qu’aux JO 2008, avec ce Uche qui avait fait la misère au Brésil de Ronaldinho.
  • Vieira a du mal
  • Mandanda ressemble de moins en moins à un international. On pouvait lui accorder le bénéfice du doute et du rebond après le match contre l’Argentine, mais sa prestation d’hier confirme qu’il faut essayer Loris.

2ème mi temps

  • Domenech revient au fondamentaux, un 4/5/1 avec un axe fort (Toulalan/Gourcuff) servant de rampe de lancement (jeu long de Toulalan) ou de point d’appui (déviation de Gourcuff) aux hommes de couloirs (Ribéry – Rémy) pendant que l’avant-centre fixe la charnière centrale. 4/4/2 c’était ridicule, 4/5/1 c’est le néant.
  • L’équipe retrouve son identité: un bloc solide et physique, véritable socle d’une animation créative. Le schéma est maîtrisé mais les joueurs n’ont pas tous les qualités créatives nécessaires à l’animation. La culture de jeu est le véritable problème. Si le schéma de la première mi-temps correspond à un tentative d’acculturation liée à la réussite de certains joueurs dans des clubs étrangers et des schémas « à la mode », la seconde mi-temps rassemble l’équipe sur ses fondamentaux mais illustre la difficulté de moderniser un schéma qui repose avant tout sur le génie du meneur de jeu et de ses lieutenants. Gourcuff est un peu léger (et fatigué) tandis que Ribéry est sorti. Pourquoi ne pas les avoir fait jouer ensemble alors qu’il représente l’avenir de l’équipe ?
  • Govou et Rémy illustrent ce profil de joueurs dont les qualités surpassent la fonction. Pas de poste défini, disciplinés mais sans génie, de rares éclairs qui justifient leur présence sans jamais les installer dans l’équipe type. Le génie ne se cultive pas en centre de formation et la rigueur qui avait permis à l’équipe de France 98 de disposer du meilleur bloc défensif de la décennie a contaminé l’animation offensive, produisant des attaquants « pleins de qualités » mais sans l’esprit à la française, esprit initié par Kopa, relayé par la bande de Platini et incarné par Zidane et Djorkaeff en leur temps.
  • Et l’on revient à notre point de départ, à savoir cette tentative de Domenech de copier le jeu de Manchester et des grands  clubs anglais. Cette tentative consistant par exemple à essayer de faire de Toulalan un Lampard (s’il continue de forcer sa frappe, il va finir par se flinguer les abducteurs), illustre la recherche d’un système dans lequel ces nouveaux profils trouveraient leur plénitude.
  • L’échec de l’Euro avait mis à jour des tensions générationnelles. L’équipe de France 98 s’est construite sur l’enrichissement du traditionnel « french flair » par la rigueur défensive et la culture de la gagne importée d’Italie. La réussite du projet actuel ne se fera pas en éludant cette question: quelles sont les valeurs communes à ces joueurs et à ce sélectionneur permettant d’assumer l’héritage mais également d’enrichir, de moderniser l’identité du jeu français? Cette question en entraîne naturellement d’autres: qui sont ces joueurs ? Ces valeurs anglo-saxonnes sont-elles compatibles avec l’esprit latin du jeu à la française? C’est à Domenech de nous apporter des réponses.
  • Gignac tente beaucoup et apporte de l’énergie. C’est déjà ça. La seule satisfaction de la soirée.
  • Vieira galère.

Si vous avez des remarques editeur@horsjeu.net

5 thoughts on “Analyse du non match des bleus.

  1. Parfait.

    Comment faites-vous votre promotion? Il serait fort dommage de ne plus vous voir dans les prochains mois.

    Amicalement,

    PA

  2. Dit donc, C’est pourri cette nouvelle présentation chez Riolo
    Tout ça pour afficher plus de pub…

    C’est interessant ton site, original et tout.
    Je sais pas du tout ce que c’est une animation « blitz », tu peux m’expliqué ?
    C’est vrai que Domenech veut jouer à l’anglaise, mais en bétonnant comme les italiens, ça peut pas marcher. En tout cas, s’il a voulu copier Ferguson, c’est pas une réussite.

  3. Merci Phiro. On essaie de bien faire tu sais.
    Je ne suis pas l’auteur de cette analyse, mais je vais essayer de te répondre.
    Le blitz, c’est la formation sans attaquants (en terme de positionnement sur le terrain) qu’a inventée Ferguson. En gros, il y a des attaquants mais ils déboulent de partout. Rooney, Ronaldo et Tevez sont ainsi parfois positionnés en milieux et font partir les attaques de loin.
    Ca marchait surtout quand il n’avait plus d’avant centre remiseur comme Berbatov, mais il a essayé de la mettre en pratique en finale de ligue des champions avec le résultat qu’on connaît. Ce que les médias décrivait comme un 4/3/3 pour la finale peut aussi bien être assimilé à un 4 / 6 pour schématiser.

  4. OK, j’ai tout compris, merci
    Effectivement, en théorie c’était une bonne tactique contre le Barça, et en théorie Ribery collerait bien à cette façon de jouer.
    Mais comme vous l’expliquez très bien, on a pas les milieux de terrain pour faire ça.
    Sinon encore bravo pour votre boulot ici.

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