A la découverte de Botosani, Stefanescu et 6è journée de Liga I avec la Tuica

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Hommage, résultats, et interview

Après un été pantouflard, la Tuica a décidé de repartir à la découverte du football roumain. Au programme : hommage à un grand nom du football roumain, la 6è journée de Liga I et interview avec un supporter du promu surprise Botosani. Pofta buna.

Hommage à Costica Stefanescu

Une figure du football roumain, Costica Stefanescu, s’est donnée la mort la semaine dernière. Alors qu’il combattait depuis de longs mois un cancer, il s’est jeté du 5è étage d’un hôpital de Bucarest. Cette nouvelle a choqué le microcosme du football roumain qui a unanimement salué le « Ministère de la Défense ».

Stefanescu a débuté en 1969 au Steaua sous les ordres du grand Stefan Kovacs. Titulaire pendant deux saisons au Steaua, il quitte la capitale en 1973 ayant perdu sa place suite à une grave blessure. Il quitte l’armée (sergent major) et le Steaua et signe à l’U Craiova où il ne fut pas titulaire directement : « Quand il est arrivé, il était milieu de terrain mais jouait peu. Il était très lent, préférait les passes longues, les ouvertures en profondeur sans se soucier de leur réussite. Il jouait comme un ‘poète’ » déclara1 Corneliu Stroe, son mentor à Craiova.

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Le poste où il excella fut celui de libéro, qu’il découvrit par hasard. Stefanescu expliqua à la fin de sa carrière : «  C’était un match amical, à l’été 1976 et il y eut un conflit entre l’entraîneur Teasca et le joueur Deselnicu. Ce dernier était accusé de ne pas respecter les consignes tactiques. Sur le banc de Craiova, à côté de Teasca dont il était proche, il y avait le poète Adrian Paunescu. Le poète a dit au coach : « Sors ce Deselnicu ! » Teasca lui répondit : « Et pour mettre qui à la place ? » « Stefanescu » répondit Paunescu. Et Teasca confirma plus tard que c’est ainsi que je devins libéro, par accident. »

Au poste de libéro, il gagna le surnom de « Ministre de la Défense ». Ses qualités techniques, d’anticipation, de sang-froid en firent un incroyable libéro qui fit les beaux jours du Craiova et de l’équipe nationale.

Il fit partie du Craiova Maxima2 pendant 13 ans, gagnant 3 titres de champion et 4 coupes de Roumanie et participant à l’épopée de 1983 jusqu’en demi-finale de Coupe UEFA. Stefanescu était le capitaine et leader de cette équipe. « La période à Craiova est celle qui m’a consacré comme footballeur et j’ai eu un peu de ma part de gloire dans les résultats remarquables que nous avons eus. Tous les trophées du Craiova Maxima sont aussi, un peu, mes trophées » déclara Stefanescu.

Il devint aussi rapidement capitaine de la sélection roumaine après avoir débuté en 1977. Il participa d’ailleurs à l’Euro 1984 où il fut le meilleur joueur roumain. Il jouera 66 fois avec le maillot de la Roumanie.

A l’annonce de sa mort, de nombreux anciens footballeurs lui ont rendu hommage comme Mircea Lucescu : « Il était respectueux et correct envers ses collègues, adversaires et arbitres ; un joueur extrêmement altruiste qui soudait un groupe et était respecté de tous. Il a commencé comme milieu/attaquant puis s’est reconverti en défenseur, il faut une très grande sagesse pour agir ainsi. Malheureusement, il fit partie d’une génération qui ne pouvait évoluer dans une équipe d’Europe de l’ouest. Il aurait été titulaire dans n’importe quel grand club, Stefanescu était un footballeur parfait, un très grand professionnel. »

Aurel Ticleanu, son ancien coéquipier à Craiova, déclara pour sa part : « Il est l’un des Roumains desquels notre pays peut être fier. »

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Son enterrement a eu lieu à Craiova et un hommage lui a été rendu au stade où gloires du Craiova et anonymes se sont succédés pour dire adieu au grand Stefanescu.

 

6è journée de Liga I Bergenbier :

Sageata 3-1 Viitorul

Le club de Gheorghe Hagi continue son parcours catastrophique avec un 3è revers en 5 matchs. Viitorul a perdu logiquement sur le terrain du promu Sageata. Les joueurs de Tibor Selymes ont profité des talents de Mihai Roman, auteur d’un doublé, et des errements défensifs du Viitorul. Le premier but est symptomatique avec un défenseur du Viitorul qui dégage dans un de ses coéquipiers et des marquages inexistants. Du coup, Hagi a décidé de reprendre les choses en main en s’occupant des entraînements et en étant sur le banc pour les prochains matchs…

FC Brasov 2-1 Poli Timisoara

Finalement une victoire pour Brasov ! Contre le bon promu Timisoara, les joueurs d’Aurel Ticleanu ont souffert jusqu’en fin de match avant d’obtenir les trois points. Brasov avait bien commencé mais en début de seconde période, Seroni égalisait pour les visiteurs. Le but de la victoire viendra des pieds d’un nouveau venu à Brasov : Cristea, ancien du Dinamo. L’action se déroule à la 93è ; sur un long ballon en profondeur, le gardien de Timisoara sort sans aucune raison à la rencontre de l’attaquant de Brasov alors que des défenseurs étaient à proximité. Cristea crochète et marque dans le but vide. 2-1. Pour Timisoara, c’est la deuxième défaite de suite. Ticleanu déclarera après match : « J’ai senti l’aide de Stefanescu de là-haut. Et le ciel a pleuré pendant tout le match. »

Dinamo 6-0 U Cluj

Le carton du jour pour la bande à Gigi Multescu. L’entraîneur jouait sa tête et ses joueurs l’ont bien aidé. Contre un moribond U Cluj, les joueurs du Dinamo menaient déjà 3-0 à la mi-temps avec notamment deux pénos inscrits par Grigore. Le Dinamo ajoutera trois buts en seconde mi-temps avec une grosse influence du vétéran Danciulescu, titulaire pour ce match. Il fut l’auteur d’une superbe remise en talonnade pour le but de Curtean. Le jeune Rotariu inscrira son 3è but en championnat à la suite d’un bel enchaînement dans la surface.

Le Dinamo, sans ses Français tous remplaçants, souffle un peu alors que les noms des successeurs de Multescu commençaient à faire les gros titres en Roumanie. Pour l’U Cluj, c’est la 5è défaite en 6 matchs et honnêtement, personne ne sait comment Ganea va pouvoir s’en sortir.

Ceahlaul 2-0 Otelul

Le Ceahlaul enchaîne en ce début de saison. Va comprendre ce qui arrive à la troupe de Vasile Miriuta… J’essaierai de gratter pour en savoir plus dans une prochaine académie. Toujours est-il que le Ceahlaul est à 11 points en 6 matchs.  Le capitaine bosnien Golubovic a encore marqué.

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Gaz Metan 2-2 Steaua

Après le résultat mitigé contre le Legia (1-1) en barrages de LDC, Reghecampf avait décidé de faire tourner pour ce match de championnat. Seuls Tatarusanu, Gardos et Pintilii gardaient leur place dans le onze de départ.

Le Gaz Metan qui avait faim, n’ayant gagné aucun match cette saison, a mieux commencé et menait 2-0 après 27è avec deux coups-francs directs dont un sur lequel Tatarusanu s’est troué. Mais le deuxième buteur, l’Anglais Robertson, a fait l’erreur d’enlever son maillot dans un moment de joie et de bêtise digne de Chamakh, lui valant un second carton jaune. Jouant à 11 contre 10 pendant une heure, les joueurs du Steaua ont réussi à faire leur retard grâce à un doublé de Filip.

Le Steaua reste invaincu et a préservé ses titulaires pour mardi (où on espère le retour de Chiriches pour son dernier match avant son départ à Tottenham) alors que le Gaz Metan peut s’estimer heureux d’avoir joué contre la B du Steaua. Malgré tout, ils auraient sans doute gagner à onze contre onze.

Botosani 1–0 Vaslui

Dans ce derby de Nord-Est, tout proche de la Moldavie, les promus de Botosani ont encore fait montre de leur solidité. Grâce à un but de Codoban, suite à une action bien construite, Botosani gagne le droit de squatter la place de leader après 6 journées. Comme la Tuica a le nez creux, vous pouvez en savoir plus sur ce magnifique promu en fin d’académie.

Concordia 1–5 Pandurii

Le Pandurii a très bien joué contre Braga jeudi mais a perdu 0-1 à domicile. Du coup, les coéquipiers d’Eric étaient énervés et voulaient se mettre en confiance avant le retour au Portugal. Le Concordia a donc pris une danse, encaissant 4 buts dans les 35 dernières minutes. Ce bon résultat replace le Pandurii dans le peloton de tête et donne aux Gorjeni une bonne dose d’espoir pour le barrage retour d’Europa League.

Du côté du Concordia, c’est la première défaite de la saison. Les joueurs de Chiajna sont tout simplement tombés sur plus fort. Cela va sans doute remettre les pieds sur terre aux locaux qui s’enflammaient après leurs deux victoires liminaires.

Astra 1–2 Petrolul

C’était le choc de cette journée entre deux Européens malheureux. Le Petrolul a pris 5-1 à Swansea, sans contestation possible – même si le but de Grozav est le plus beau du match ; alors que l’Astra a déçu en Israël, perdant 2-0 sur le terrain du Maccabi Haïfa.

Du coup, l’Astra avait laissé son meilleur joueur Budescu à la maison pour ce match de championnat, sans que l’on sache si c’est une sanction ou une mise au vert. Le Petrolul avec son équipe-type l’a emporté après avoir maitrisé la première mi-temps grâce aux excellents Grozav, Priso et Hamza. La seconde période fut plus disputée avec la réduction du score de l’Astra mais les locaux ont malgré tout dû concéder leur première défaite de la saison après 4 victoires consécutives.

Il se dit que l’entraîneur du Stade Rennais Philippe Montanier était en Roumanie pour superviser Gaman et finaliser son transfert avec des officiels du club français.

CFR Cluj 1–0 Corona

Pour son premier match à domicile, coach Grigoras a souffert mais a gagné ! Un but de Derick Ogbu avant la mi-temps. Mais à la fin de match, Corona chope un penalty pour une main dans la surface. 85è : une chance unique pour le promu d’accrocher un second point cette saison. Neasca tire trop mollement et Minca arrête facilement sa tentative… La guigne pour Corona et trois points de plus pour un CFR en reconstruction.

A noter que la minute de silence pour Stefanescu a eu lieu à la mi-temps, les officiels ayant oublié de la faire avant-match. Et pendant celle-ci, les lumières se sont éteintes : tout le monde a cru que le courant avait sauté mais le mec en charge des lumières a simplement expliqué qu’il voulait créer une atmosphère plus intime pour ce moment particulier…

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A la découverte du FC Botosani

Botosani est la grande surprise de ce début de saison. Je voulais donc en savoir plus sur ce petit club. Ciprian Redinciuc, administrateur de la page Facebook du club, nous parle de sa ville et de son club.

Comment est la ville de Botosani?

Botosani est la capitale du département qui porte le même nom. La ville compte environ 100 000 habitants et c’est une des villes les plus pauvres du pays. Malgré tout, nous avons enfanté des figures de l’histoire roumaine comme Mihai Eminescu, notre poète national, George Enescu, le plus grand compositeur roumain de tous les temps, Nicolae Iorga, un de nos plus grands historiens, ou Stefan Luchian, un peintre renommé pour ses natures mortes et paysages. On ne peut pas dire que Botosani n’a rien à offrir. Malheureusement, à cause d’un manque d’investissement dans la région, la qualité de vie est très basse même si la ville réussit à conserver une image coquette, avec des parcs et boulevards dans l’ombrage de grands arbres. Il y a quelque chose de romantique à Botosani malgré ses imperfections.

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Botosani, au Nord-Est du pays, près de la Moldavie

Qu’est-ce que vous pouvez nous dire sur le club de Botosani ?

Botosani est un petit club si vous regardez son histoire. C’est notre première apparition en Liga I et nous en sommes très fiers. Le club a été fondé en 2001 mais le football à Botosani était jadis représenté par des clubs comme le CS Botosani, le club où Nicolae Dobrin3, un des plus grands joueurs roumains de tous les temps, a terminé sa carrière. Puis dans les années 90, il y a eu l’Unirea Botosani qui fut remplacé par d’autres clubs mais aucun n’a réellement eu de résultats.

Puis en 2001, un club qui était basé en dehors de Botosani est monté en 3è division et a été transféré au Municipal, notre stade actuel. La première saison fut incroyable pour nous, nous avons fini deuxièmes et en construisant sur cette saison, nous sommes parvenus à monter deux ans plus tard. Après 9 ans en Liga II, nous avons réussi à monter une équipe solide et avec Cristian Popovici sur le banc, nous sommes montés en Liga I.

C’est la première de Botosani en Liga I et cela commence très bien. Attendiez-vous de tels résultats ?

Personnellement non. Mais je peux vous dire que j’étais conscient qu’hormis 4-5 clubs, les autres équipes de Liga I sont faibles même si elles ont plus d’expérience que nous à ce niveau. Cristian Popovici a réussi à créer une équipe compacte et très ambitieuse qui se donne à 100% à chaque match et le mérite des résultats actuels lui revient, autant qu’à la détermination des joueurs sur le terrain.

Ces derniers matchs, j’ai découvert une équipe très bien organisée avec un excellent esprit d’équipe. Pouvez-vous nous présenter l’équipe de Botosani cette saison ?

Nous avons une défense très bien organisée. Les joueurs défensifs dans notre équipe sont d’un niveau très proche, donc l’émulation est au rendez-vous pour gagner sa place dans le onze de départ. Si vous ajoutez à cela le fait que ces joueurs évoluent ensemble depuis plus d’une saison, vous comprenez que l’équipe est très solide et difficile à bouger. Les quelques joueurs qui ressortent du lot sont Vasvari, Tincu et peut-être Carjan.

Popovici semble être le grand atout du club. Qu’en pensez-vous ?

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Comme je l’ai dit précédemment, il est celui qui a donné ce style de jeu à notre équipe et l’artisan principal de notre montée historique en Liga I. C’est une personne très humble qui réussit à tirer le meilleur de ses joueurs. Ce n’est pas sa première fois à Botosani ; il y a quelques années, il fut sur le banc pendant une moitié de saison et nous avions déjà eu de merveilleux résultats. L’année dernière, il a gagné le prix du Fair-Play en Liga II et c’était totalement mérité.

Nous découvrons le président Iftime avec ses déclarations récentes (voir Tuica précédentes). Il semble être un homme avec un certain humour et son franc-parler. Est-il apprécié à Botosani ?

Oui, tout à fait. Les gens l’apprécient pour ses investissements dans le club. Il est l’un des rares présidents dans le football roumain à avoir un diplôme universitaire – d’où son délicieux sarcasme.

Qu’attendez-vous pour cette saison ?

L’objectif reste le même : le maintien. Les joueurs doivent garder les pieds sur terre et tirer le meilleur possible de chaque match. Plus haut nous finirons, plus beau ce sera.

Merci à Ciprian pour ces réponses ! Multumesc mult !

 

Bien entendu, cette semaine sera européenne. On espère que le Steaua4 parviendra à se qualifier en Pologne mardi ! Et pour jeudi, quelques espoirs subsistent pour le Pandurii et l’Astra alors que les joueurs du Petrolul essayeront juste de démontrer qu’ils valent mieux que le 5-1 encaissé à Swansea.

Tristan Trasca

1 Les citations sont principalement issues de l’article de Daniela Mitroi-Ochea  pour la Gazeta de Sud

2 On avait écrit un article sur l’U Craiova la saison dernière: http://horsjeu.net/academies/la-tuicacademie-file-a-craiova-a-la-recherche-de-luniversitatea/

3 Jean-Nic Surdu-Mutu avait écrit sur Nicolae Dobrin. Vous pouvez relire ce portrait de l’esthète : http://horsjeu.net/fil-info/la-tuikacademie-se-souvient-de-nicolae-dobrin/

4 Tu peux aller lire ton serviteur sur un site dédié au foot polonais qui discute du match à venir : http://ekstraklasareview.wordpress.com/2013/08/26/interview-steaua-still-the-better-team/

2 thoughts on “A la découverte de Botosani, Stefanescu et 6è journée de Liga I avec la Tuica

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