Dunkerque – Nancy (2-3) : La Chardon à Cran Académie jubile
merde à toi, Albert

Quand soudain. Le miracle. Un éclair de lucidité traverse la tête de la bonne personne au bon moment et tout s’anime. Ou alors, c’est le résultat d’un travail de sape long comme un jour sans pain, une œuvre collective abstruse et obstinée mue par les forces conjuguées d’innombrables besogneux anonymes. Ou peut-être n’est-ce que ce qu’a voulu obtenir l’auteur lui-même dans sa fuite créatrice, l’aboutissement d’une quête que l’on pensait éternellement aporétique qui finit par exploser à la face du monder en parousie décomplexée que seul un grossier personnage disparu des internets pourrait verbaliser en disant « ah, vous voyez, j’avais raison. Depuis le temps que je vous dis qu’il n’y en a qu’un en qui on peut croire et qu’il s’appelle Pabl… » mais on lui fait vite fermer sa gueule de teignard ivrogne parce qu’il gonfle tout le monde.
Peu importent, au fond, les modalités de l’avènement de Benoît Pedretti à la tête de l’équipe professionnelle (au moins sur le papier) de l’AS Nancy-Lorraine. Que l’éviction du Grand Satan soit l’effet de quelque événement solitaire ou collectif que ce soit, il convient de se satisfaire d’une perspective enfin réjouissante au milieu de ce marasme impénétrable : celle d’effacer une fois et pour toujours le nom maudit de l’impur fils de pute qu’un parcours épique aux confins de la honte avait mené à diriger nos joueurs.
D’une part, nous ne pouvons exprimer notre joie d’une manière plus bruyante et mauvaise qu’en pointant du doigt l’intrus, en lui claquant le cul à l’aide de la serviette sale qu’on vient de trouver sur le plateau de tournage d’un porno zoo-urophile ou en lui jetant à la figure le premier objet radioactif qui nous passe à portée de main. D’autre part, nous devons vite reprendre nos esprits et concentrer ce qui nous reste de haine (et il en reste beaucoup) sur la figure ingrate et suant la morgue du lâche qui avait placé le traître précité là où il était : Gauthier Ganaye, dit l’Infâme, surnommé le Pue-la-merde dans les travées du stade Marcel Picot, dénoncé comme le capitaliste ultime dans cette colonne, traité de pétard mouillé par toute la profession et authentique réclame pour la contraception par tous les moyens quitte à gicler sur la joue à maman, parce que putain, pitié tout mais pas ça. On va t’attraper, on va te faire jouer au powerslap avec Marcelin Albert sans possibilité de riposter et on va mesurer la sincérité de tes excuses à l’aide des décibels, mon salaupiaud.
Le match
On a bien vu que ce n’était pas l’affaire ni les volitions d’un seul homme, dans un sens comme dans un autre. Ben Ped, que l’on peut nommer, lui au moins, hérite d’un groupe de peigne-zizis comme on n’en fait plus beaucoup, surtout avec l’esprit d’équipe d’un cryptoboy et le mental d’une pelouse des années 90 face à cet hiver de merde. Le sort favorable du match doit en grande partie au fait qu’en face, c’est pas Gijon ni Valladolid mais c’est pas non plus beaucoup mieux qu’un Dunkerque ou un Châteauroux. Renseignement pris, il s’agit d’ailleurs bien de Dunkerque. Rapidement, un défenseur adverse craque son slip et manque faire de même avec le tibia de Lamine Cissé. Rouge mérité, on joue la 18e minute. Ajoutez à cela la blessure salvatrice (désolé connard, mais toi je peux pas) de l’homme-estafette, remplacé par un jeune latéral gauche nommé Tayot et vous comprendrez qu’on parte soudain à l’assaut sabre au clair (c’est gratuit).
Le jeune entrant se met immédiatement en évidence, non avec une frappe de sourd-muet comme son presque homonyme qui jouait à Marseille savait être l’auteur, mais avec un centre parfaitement ajusté au second poteau pour Nangis, qui plutôt que de tirer façon âne bâté comme auraient fait la plupart de ses coéquipiers, remet intelligemment à mieux placé que lui. Et quand on parle de quelqu’un de bien placé, on trouve évidemment Neil El Aynaoui, capitaine et vrai chef de cette équipe.
Nangis s’illustre une seconde fois en début de deuxième mi-temps par une belle percée façon buffle échaudé dans la plaine et tant pis pour la ferme du pionnier qui se dresse devant sa course. Il a tout de même la lucidité supérieure du footballeur sur l’animal et trouve le bon moment pour lever la tête, voir Cissé lancé au second poteau et lui adresser le bon centre pour la finition pied-dans-le-plat-sécurité qui fait du bien : 2-0. Bien évidemment, on s’efforce rapidement de juguler tout joie en concédant un but sur coup-franc qui avorte notre avantage de deux buts, car il est absolument inévitable que le moindre scenario favorable se passe sans que nous devions produire une flaque d’huile sous notre siège. On aime tellement se faire peur que l’on reproduit d’ailleurs ce schéma en fin de match en marquant puis encaissant un but dans la foulée, ce qui porte le score à 3-2 en notre faveur. On pouvait rêver meilleur scenario mais on ne pouvait que difficilement espérer plus douce conclusion.
Les notes
Sourzac 3/5
Un des rares qu’on identifie et dont on pense avec ce qui approche d’une certitude qu’on l’aime bien, alors sans plus d’égard pour les deux buts encaissés sur lesquels il n’est peut-être pas aussi innocent qu’on l’aimerait, voici la moyenne.
Bouzar 2/5
Et voilà, à peine aventuré chez les joueurs de champ, le chroniqueur infect ne sait plus de qui on parle, si l’intéressé est à son poste, s’il s’agit bien d’une créature vertébrée et bipède ou d’une vélocimarmotte égarée entre hautes herbes et terrier enneigé. On pourrait croire que le chroniqueur engagé est donc rémunéré par un grand quotidien sportif ou Vincent Bolloré mais non : il fait toujours ça gratos, ce gland.
Mendy 3/5
Match relativement neutre compte tenu du fait qu’il n’y avait rien à faire dans le jeu après l’expulsion du Dunkerquois et tout à prouver en défendant sur coup de pied arrêté. Un échec parfait, en somme.
Pellegrini 3/5
Agressif et concerné lorsqu’il s’agit de répandre des fragments d’os et de ligaments sur le terrain, beaucoup moins quand il faut se placer à l’aide d’une bonne observation du jeu. Paraît que ça s’apprend.
Bussmann 5/5
Homme du match : sa judicieuse blessure, que l’on espère plus grave que toutes celles cumulées par Vincent Muratori dans son entière carrière nancéienne, arrive au bon moment pour nous débarrasser de ce tocard d’une part et envoyer sur le terrain le jeune Tayo, qui est à l’origine de notre premier but.
Ndoye 2/5
On aimerait bien échanger avec lui un de ces quatre pour tenter de démêler par le dialogue qui de nous deux possède l’idée la plus précise de ce qu’il fout là.
Deaux 3/5
Recrue récente mais pas encore convaincante ; cette victoire nous laisse indulgent, la sanction n’en sera que plus dure quand on aura réellement observé son œuvre.
El Aynaoui 5/5
Un autre qu’on arrive à identifier, comme quoi il y en a, et c’est pour en parler en bien, en plus ! Heureusement qu’il est là, le jeune.
Nangis 4/5
Deux passes décisives avec au moins une sur laquelle on dirait qu’il a fait exprès : on aime.
Cissé 3/5
Si même lui se met à marquer, on doute que l’euphorie nous quitte de sitôt. C’est quoi la prochaine étape, Thomas Robinet qui plante ?
Robinet 3/5
IL A PLANTÉ !
Marcel Picon