FC Metz – AS Nancy (3-0) : La Metz Que Un Club Académie vous apprend le bonheur

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La Lorraine est Grenat.

Prenez une bonne vieille rade des familles, un mardi soir. Un soir de pluie si possible d’ailleurs, celui où les badauds se ruent vers le coin de zinc le plus proche pour s’en mettre un derrière la cravate et mieux faire passer une journée dégueulasse. Une bonne vieille rade, qui fait PMU, bar, brasserie et éventuellement garage à scooter. On y sent la bière tiède, la clope froide, la cacahuètes grillées et peut-être même l’huile de vidange.

Il y a tout pour passer un moment de franche camaraderie, une vraie tranche de vie. Un vieux mobilier en bois, qui réveille vos hémorroïdes après plus de vingt minutes dans la même position. Des murs en béton brut. Un carrelage aux motifs aussi improbables qu’appréciés. Un patron avenant qui fait des vieilles vannes clichées, et sert des pintes à 6€. Trois vieux accoudés au comptoir comme s’ils y avaient fait leur vie, qui enchainent leur petit blanc avec une cadence d’alcoolique.

Le patron, qu’on appellera Salim parce qu’il s’appelle Salim, est moitié amusé, moitié surpris qu’on lui demande s’il passe le match un mardi soir pluvieux. Qui serait assez con pour venir s’imposer ce genre de supplice ? Un supporter affirmé, pardi. On s’installe donc dans un coin, pinte houblonnée en main, carnet de note à proximité, et on attend. On attend le coup d’envoi, et on observe la vie de PMU miteux du mardi soir. Il s’y passe toujours des moments délicieux. Comme ce petit couple de vieux qui s’installe à la table d’à côté. Madame, de quinze ans l’ainée de Monsieur, s’enorgueillira de commander un monaco quand Monsieur s’exclamera que « c’est pas de l’alcool ça bordel ». Fantasque clin d’œil quand on sait que c’est notre club qui, il y a de cela une semaine, buvait Monaco.

Et quand s’approche le coup d’envoi, c’est un énarque de comptoir au bonnet militaire, qui est tout heureux de venir échanger ses cinq minutes de connaissance sur la Pizza Ligue. A sortir tous les poncifs éculés qu’on se plait à tartiner lorsqu’on arrive au deuxième gramme d’alcoolémie, notre gentilhomme viendra nous secouer la pogne en gage de respect avant de s’évanouir dans la nuit, nous laissant sur un sourire circonspect. Le bonheur, on vous dit.

« Oh Capitaine, Capitaine,
C’est le moment de rappeler
Que Grenat est notre Lorraine
Et ce pour l’éternité. »

Et enfin, voici le match. Celui que l’on attend. Celui qui nous fait trépigner, trembler, rêver, jurer, venir, brûler, partir, vociférer. Le derby. Au diable toutes les considérations de classement, de rapports de force, de forme du moment, de météo, de sens du vent ou de pubis rasé. Le derby ne se joue pas, il se gagne. Surtout contre l’ASaNaL.

19e journée de Ligue 2 : Metz – Nancy

Dans la continuité d’une fabuleuse sortie monégasque, on retrouve Hein et ses bouclettes d’or au milieu, et Ibou Niane en Dieu et place d’Habib Diabolo. Caution sexyness totale pour cette compo.

Metz Que Un Derby

Nous qui pensions passer le match seul dans notre coin, nous sommes surprenamment rejoints par deux autres confrères grenats. Les souvenirs des purges et autres charlatans recrutés au club pleuvent comme les occasions sur les buts Nançois, et le houblon dans nos estomacs.

Si les coups de boutoirs de Delaine côté gauche font rapidement trembler les gros culs rouges et blancs, c’est un Nançois qui viendra briser la glace. Dembélé, visiblement en mal d’amour, viendra lancer sa rotule droit dans les gonades d’un Boye qui n’en demandait pas tant. L’arbitre se charge de lui dire que ça ne se fait pas dès le premier soir, et le renvoie à la douche (19e). Déjà pas bien vaillants, les banlieusards du sud se recroquevillent dans leurs favelas défensives, à attendre que la mort les prenne. Cette dernière, tantôt clémente tantôt taquine, viendra les chercher par une banderille catatonique de la part de Niane. A 25 mètres, un contrôle et un missile enchainé du guerrier ébène viendront perforer le clapet fécal Nançois. 1-0, 41e.

La lancinante mélopée du manque d’efficacité viendra à nouveau endormir nos souhaits éhontés de fessée déculottée. Gakpa, Niane et Diallo accorderont en effet leur partition pour nous réciter un nouveau couplet de diarrhée offensive, ne nous faisant cependant pas craindre de retour adverse tant l’opposition proposée ne dépasse pas la volonté d’un petit rat musqué asthmatique. Et c’est enfin Maïga qui aura l’inspiration de couper tout espoir Nançois en même temps que le corner de Gakpa au premier pour doubler le score, avant de se jeter à corps et à cul perdu dans la tribune ouest. 2-0, 75e.

Comment décupler sa popularité en une leçon.

Notre quatrième pinte de la soirée permettra enfin de trinquer au calice remplit jusqu’à la lie par le doublé de Niane, trouant pour la troisième et ultime fois de la soirée un fondement désormais plus rouge que blanc. Bien servi par Diallo, Ibou enchaine cette fois contrôle et frappe en pivot, et demande l’addition. 3-0, 81e.

Il ne reste désormais plus qu’à vider les verres, saluer Salim en réglant la note, se dire qu’on reviendra et que le football est une fête, surtout lorsque l’on pose ses testicouilles sur le nez de notre meilleur ennemi. Nos regards houblonnés peuvent enfin se porter vers le haut, vers des envies de Ligue 1, et de ferveur retrouvée. Vous voyez, c’est pas plus compliqué que ça, le bonheur.

Metz Que des Glorieuses Notes

Oukidja, 3/5 :
A atteint ce soir le niveau 357 sur Candy Crush.

Delaine, 4/5 :
Diététique de l’effort.

Boye, 4/5 :
A gagné tous ses duels mais perdu sa virilité. John Girl.

Sunzu, 4/5 :
Habitué aux coups, il nous a rappelé que Nancy était un prénom de femme.

Balliu, 3/5 :
Comme le X5 sur l’autoroute qu’on a dans le rétro, il a la dalle mais on aimerait qu’il (dé)double un peu plus vite.

Cohade, 4/5 :
DAB : Distributeur Automatique de Bonheur.

Gakpa, 4/5 :
Qu’il l’utilise un peu plus souvent cette frappe de balle, c’est létal.

Maïga, 5/5 :
On aimerait tous au moins une fois un jour se faire sauter comme Habib a sauté cette barrière vitrée après son but.

Nguette, 3/5 :
On ne sait plus s’il est tout-droit ou dribbleur. Ses chaloupages enchantent autant qu’ils agacent.

Remplacé par Boulaya (52e), 3/5 :
Difficile pour un soliste de ne pas perturber l’harmonie de l’orchestre.

Hein, 3/5 :
En dessous de sa prestation monégasque, ça n’en fait pas moins plaisir de le voir titulaire pour un derby.

Remplacé par Diallo (64e), 3/5 :
Il a gratté la passe dé’, c’est tout ce qu’on voulait.

Niane, 5/5 :
Beau comme une nuit d’ébène. Pas son premier chef d’oeuvre (souvenez vous Clermont), mais peut-être l’un des plus parfaits.

Remplacé par Jallow (86e), non noté :
Pas vu, pas pris.



La Lorraine est Grenat, et elle le restera.

Klass & Deuch

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