Metz – Brest (0-1) : LA METZ QUE UN CLUB Académie est triste pour vous.

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Cela faisait trente minutes que le cours avait commencé et les étudiants de l’amphithéâtre Carlo MOLINARI regardait tous silencieusement le dictaphone posé devant le micro. En lieu et place du professeur, il y avait un post-it posé sur le bureau, juste à côté de l’appareil. Enfin, ce fut Justine qui osa se lever la première et lu le mot dans une salle qui retenait son souffle :

« A lire à haute voix : Premièrement, bravo Justine d’avoir eu le cran de venir jusqu’ici. Comment je sais que c’est toi ? Peu importe. Deuxièmement, Justine, sache à l’avenir que tu n’étais pas obligée de lire à voix haute l’injonction « A lire à voix haute ». Et troisièmement, pour tous les autres, il serait temps pour vous d’apprendre à semer et cultiver un peu plus de cran. A présent Justine, lance le dictaphone, tu le remettras dans mon casier après la fin du cours où je te nique ta daronne ».

Justine, tremblante, appuya sur le bouton « play ». Alors, du dictaphone, sortit la voix froide et intimidante du professeur Legrasaully :

« Les enfants découvrent souvent l’amour du stade lors de leur première visite. Cet immense astre de béton qui rayonne de lumière. Où il y a des grands qui hurlent à pleins poumons, qui chantent, et qui insultent des grands-mères. On pourrait penser « malheureusement » mais cela a tendance à plus les amuser qu’autre chose car ils découvrent par cette transgression verbale un espace où on peut se lâcher, exploser comme des soleils et enfin se libérer.

A la fin de ce match lunaire contre Brest où on a été en dessous de tout, plongé dans ma tristesse et ma solitude infinie, je me souviens que le cri des enfants m’a réveillé de ma léthargie. Le stade se vidait. Un désert de supporters partout où l’on posait les yeux. Leur absence formant des cratères dans les tribunes qui perdait petit à petit en volume sonore. Il n’y avait plus de chants d’adultes. Plus de rage. Juste le cri des enfants.

J’observe d’ailleurs avec peine cette jeune génération de supporters. Dire que tout ce qu’elle aura vu du club de sa ville, de son département, de sa terre, c’est ce FC Metz famélique et découragé. Des lézards aux sangs froids pas foutu de faire mieux que 4 victoires, 12 nuls et 18 défaites en Ligue 1. Bande de rampeurs incompétents. Je suis dur mais ce sont des adultes, alors qu’ils assument. Joueurs, staffs, et direction. Si au moins on avait perdu avec élégance ou courage. Mais toute cette saison n’a été qu’un énorme cirque de bêtises, d’absence d’engagement et d’humiliation.

J’accepte la nullité, mais je ne pardonne pas le consentement à la défaite. Surtout quand on a un devoir d’exemplarité envers les plus jeunes qui nous regardent. Qui apprennent inconsciemment à « faire comme nous ». J’espère qu’ils vous oublieront tous. Et vite. Evoluer, et devenir meilleur, ce n’est définitivement pas dans votre ADN. »

Justine, se tenait à côté, et n’avait pu retenir un frémissement.

« Bien sûr qu’il faut reconstruire, mais avec qui et comment ? On prend les mêmes et on recommence ? Mais qu’est-ce que vous voulez reconstruire avec les centres moisis de Niane ? Qu’est ce que vous voulez bâtir avec le manque de dynamisme d’Opa ? Qu’est-ce que vous voulez bien pouvoir établir avec les boulettes perpétuelles de Pape Sarr ? Ou encore le manque de corps et de technique de Mafouta ? L’absence de percussion d’un Pajot ? Le manque de qualité de centre d’un Delaine ? L’absence de pressing d’un N’Doram ? L’absence de jambes d’un Jemerson ? L’absence de self-control d’un Oukidja ? Je m’arrête là pour la politesse, mais vous êtes tous responsables. Et quel chef pour les mener ? Celui qui est le dénominateur commun des défaites en cascades depuis presque un an et demi ? … Justine lève le dictaphone pour un effet dramatique… »

Justine, surprise encore d’entendre son prénom, se leva dans un sursaut, et souleva l’appareil sous les yeux éberlués des étudiants.

« … Vous avez – vraiment – l’impression que les joueurs ont envie de suivre Antonetti ? »

Silence pesant dans la salle.

« … Justine… Eh oh ! C’est bon là, baisse le bras et pose ce dictaphone ! Non, mais je te jure… ».

Justine, tel un robot, s’exécuta.

« Je les entends dire qu’ils ne se l’expliquent pas, ne se le pardonnent pas, ne se le comprenne pas, et je m’arrête là car ce n’est vraiment pas joli d’utiliser cette accumulation de négation. Mais j’ai passé le stade des efforts. Y compris des efforts de compréhension envers cette équipe. Comme ABSOLUMENT tous les supporters. Bravo, là-dessus, vous nous avez tous rassemblés.

Tout est fini. Le soleil s’est couché, la lune s’est cachée, la terre grenat ne veut plus de vous. Rentrez chez vous et ne revenez pas.

Le cours est terminé ».

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