Metz – Monaco (1-2) : LA METZ QUE UN CLUB Académie baratine de la donzelle.

0

« J’avoue avoir eu quelque mal à produire un cours décent. Et comme me disait mon grand-père : « Dans la vie, il faut apprendre à baratiner. Comme ça, même si tu ne parviens pas à te chopper la donzelle, tu peux toujours te la faire gicler dans ta cervelle ».

Je t’aime papy.


Ainsi, pour m’aider, j’ai décidé que j’allais articuler le résumé du match entre le FC Metz et l’AS Monaco autour d’une histoire personnelle. Alors on pose les stylos, on sort les doudous et on écoute papy Legrasaully.


Le regard au loin, une bière à la main, le derrière posé dans une chaise blanche d’extérieur en plastique, je contemplais le royaume de mon ami Dédé. A savoir : Deux bières, deux chaises en plastique, un cendrier plein de mégot, un lit, une vieille photo poster de Sarah Michel Gelar pas très bien découpée dans un magazine, une télé à tube cathodique, et tout ça dans un appartement en location au rez-de-chaussée d’une propriété qui sentait la moisissure. Ce mec avait tout compris à la vie. Il venait de me dire : « Faut jamais rien garder ni aimer. Ni chien, ni chat, ni rien. Pas de zouz non plus. Ça évite d’être malheureux. »

C’est à ce moment-là d’ailleurs que j’ai posé les yeux sur lui. Quel poète, la vache ! Du coup, je me redresse, et je le regarde :
– Tu viens de dire quoi là ?
– Quoi ? A l’instant ? Genre là, mes derniers mots ?
– Oui, juste-là…
– Bah que l’autre pouliche de la boulangerie, avec ses chouquettes, qu’elle a même pas voulu que je la raccompagne chez elle, alors j’ai chié sur son paillasson « Bienvenue à Poudlard ! ». Eh, quelle essaye même pas de le laver le bourzin, il a changé de couleur définitivement !
– Ah… c’est ça que tu as dit…
– Bah oui. Bah quoi que tu as toi ? Bah tiens, que reprends une bibine, va. »

Encore une fois. C’est dingue.

Encore une fois j’entends des gens me dire des choses profondes alors que vraiment, mais vraiment, mais VRAIMENT, pas du tout. Je crois que mon subconscient essaye de me dire quelque chose depuis la défaite contre RENNES… Oui, c’était là, cette première fois…


Le regard au loin, une bière à la main, le derrière posé dans une chaise blanche d’extérieur en plastique, je contemplais le royaume de mon ami Alain. A savoir : Deux bières, deux chaises en plastique, DEUX cendriers plein de mégot, un lit, une photo de Isabelle Hupert tout habillée découpée dans GALA (jamais compris) et une télé à tube cathodique, le tout dans un appart au rez-de-chaussée. Ouais, les nazes vivent au rez-de-chaussée, tenez-le-vous pour dit les jeunes. Alain venait de me dire : « Moïse il avait dix commandements, mais c’était trop. Jésus, il est arrivé alors avec son « aime ton prochain ». C’était simple. Mais même ça c’était trop demander pour les gens. Alors moi j’ai juste envie de ramener la barre au minimum. Au minimum, les gars. Tiens, juste ça : Essayez de ne pas être la cause du malheur de votre prochain. »

Je me redresse d’un coup, comme tiré par les cheveux, et je le regarde, complètement soufflé :
– Qu’est ce que tu viens de dire, sérieux ?
– De quoi que j’viens de dire ? Là, juste avant de lâcher mon pétou ?
– … Oui, là, juste avant de lâcher ton pétou.
– Que l’autre vieille ridée dégueu d’en face, que même elle que j’ai essayé de l’inviter chez moi, cette mocheté-là, et tout, et tout, et que c’est là qu’elle m’a craché dans les cheveux. Te rends compte, toi ?
– Ah… c’est ça que tu as dit…
– Bah oui. Bah quoi que tu as toi ? Tiens, reprend une bibine. »


Une force supérieure essaye de me dire quelque chose. Et je sentais que le lien se trouvait dans le match contre Monaco. Parce que dès la fin du match, j’ai noté une dissonance. Un double son de cloche. Comme si je voyais le monde à travers un miroir, ou sous l’eau. Vous voyez ?

Je le sentais notamment parce qu’à la différence de beaucoup de mes amis, j’ai trouvé que l’on avait pas « mal » joué. Ne venez pas me faire dire ce que je n’ai pas dit non plus : on n’a pas non plus « bien joué ». Mais en vrai, j’ai trouvé ça propre comme défaite.

Monaco n’a pu tant d’occasion que ça. Il y avait du jeu. On a essayé de revenir. On a plutôt bien défendu. Et on a perdu sur de tous petits détails : un mauvais contrôle par un Bronn surpris, un Ben Yedder bien placé, et qui a ajusté au millimètre pour trouver le poteau rentrant… Et l’autre but c’est sur phase arrêtée et il ne manquait rien pour que Boadu ne se retrouve hors-jeu.

Il nous manquait de l’impact physique et plus de talents techniques. Clairement, avec un jeu plus agressif sur le porteur de balle, je pense que l’on aurait pu faire la différence. Mais j’ai trouvé Amadou trop en retard dans son rôle défensif, et N’Doram trop souvent en retard tout court, trop souvent en train de marcher, ne faisant les efforts que lorsque son vis-à-vis avait « déjà » la balle. C’est là où un retour de Maïga aurait fait du bien.

Être un poil plus combattif. Mais vraiment. Ce n’est pas juste des mots. Ce n’est pas juste courir pour courir. C’est combattre pour faire quelque chose. Pour empêcher l’adversaire de progresser. Courir pour l’empêcher de faire une passe, de s’ajuster ou de prendre son temps. Car je les vois se dépenser. Et en termes de km parcouru, statistiquement, on est proche. Mais c’est juste très souvent dans le vent… Et c’est dommage.

Et c’est ça que je ressens tout au fond de moi…

Une conclu toute sentimentale.


C’est dommage de voir nos joueurs aussi frustrés et peinés sur le terrain. Parce que j’ai l’impression, peut-être à tord qu’ils ont une volonté de bien faire, mais pas le bon état d’esprit. Trop d’angoisse. Trop de doute. Trop de peur. Trop de colère. Trop de déception. Trop de désillusion. Je ne sais pas. J’espère qu’en les accumulant ainsi, j’aurais raison au moins pour un. Car au fond, ce n’est que du foot les gars…

Jouez comme vous savez faire. Donnez-nous du plaisir à vous voir jouer car on vous regarde que pour ça. On est le FC Metz… C’est sûr, ce serait triste de redescendre, mais je ne pense pas qu’il y ait un seul supporter grenat à qui la Ligue 2 fait peur. C’est un peu notre deuxième maison depuis dix ans. Par contre, être humilié, ne pas jouer les derbys à fond, et se faire chier au stade ou devant notre écran. Ça, ça nous pèse.

On paye pour vous voir jouer. On perd du temps pour vous voir jouer. Mais ce n’est pas grave parce que l’on veut bien payer et perdre notre temps pour vous supporter. En échange : juste donnez-nous du foot. Alors oubliez la descente, jouez, et offrez-nous un magnifique baroud d’honneur. Pour nous, pour vous, pour Carmelo.

Arrêtez de nous baratiner et faites-nous gicler la cervelle, comme aurait dit mon papy. On est attaché à vous, à ce club, alors on ne peut pas s’éviter la tristesse de le voir ainsi piétiné, comme aurait pu dire Dédé s’il était moins alcoolisé. Vous, joueurs, avez cette seule responsabilité de ne pas être la cause de notre malheur prochain, comme n’a pas dit Alain, car il devait se laver les cheveux.

Le cours est terminé. »

Et le professeur Legrasaully sortit. Comme ça. Sans un mot de plus. Laissant même le rétro projecteur encore allumé. Les élèves de l’amphithéâtre Carlo Molinari se regardèrent en silence, se questionnant du regard avec cette même pensée unanime : « Mais enfin, nous ne sommes pas des joueurs de foot, alors à qui parle-t-il ? »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.