France – Côte d’Ivoire (2-1) : L’académie française poursuit sa Seri
« C’est l’Académie Française…
-Une superbe tranche de pachyderme !
-Non plus. Pardon, Monsieur Roussel mais on parle football, ici. Jouer la Côte d’Ivoire est certainement un beau programme mais cela n’est en rien une recette pour mener une bonne campagne.
– Mmh… De la terrin…
– Oh bon sang. Vous arrivez à me filer la gerbe alors que je m’appelle Nausée. Bon, j’ai du boulot alors fermez derrière vous en partant, s’il vous plaît. »
L’académie démarre à peine qu’elle enchaîne les problèmes à résoudre. En l’espace de quelques instants, il a fallu écarter l’encarté (mais qu’est-ce qu’il est venu faire ici d’ailleurs ?) et remplacer le grand Didier Décampe. Pas de blessure ni de suspension, rassurez-vous. L’excellentissime et habituel propriétaire des lieux s’est vu contraindre d’honorer des sponsors, fournisseurs de 8.6 et de fish and chips. L’évènement est mal tombé mais il était de sa responsabilité de s’assurer que l’alcool et la malbouffe se rappellent aux lecteurs horsjeuïens. Ne sommes-nous pas en pleine préparation de la Coupe du Monde ?
La composition :
Deschamps poursuit dans son 3-5-2. Hormis les défections que nous allons détailler, il semble se dégager une équipe-type. La défense Lucas-Varane-Koundé et les pistons Théo et Coman, en plus de leurs talents respectifs, peuvent bénéficier de l’appétence du sélectionneur pour la stabilité défensive et de la nécessité de créer des automatismes.
Quelques absences sont à noter : Benzema est blessé, Kanté a dû quitter le rassemblement pour raisons personnelles et Mbappé est atteint par une infection ORL, sans doute contaminé par les mots susurrés par la coalition présidentielle pour le convaincre de rester à Paris.
Giroud à été appelé en renfort et se retrouve même titulaire. A partir du moment où il est présent, on peut comprendre qu’il passe devant Ben Yedder mais sa non-convocation initiale pose question, du coup. Et le Monégasque voit même Nkunku passer devant lui. Pas le même rôle ? Même pas drôle. Tchouaméni va pouvoir poursuivre sa mutation (il prend la forme d’un titulaire).
Une absence est annotée : Dubois. Mais celle-ci était attendue : le plan de restructuration ne comportait pas de poste pour lui.
Le match :
Dix secondes de jeu et Seri envoie le ballon en touche (certains se demanderont pourquoi, les autres savent). Dans la foulée, Pogba est l’auteur d’une mauvaise passe latérale. Gradel a intercepté le ballon avant de servir Pépé mais l’attaquant a vu sa frappe contrée. Les noms changent mais pas la façon de faire : votre serviteur est voué à la déchéance.
Non, restez, les joueurs sont lancés ! Pogba, sans contrôle et en rupture, envoie un ballon par-dessus la défense pour Griezmann mais sa reprise passe à côté. Les Bleus enchaînent par une sortie rapide, plein axe. Nkunku sert Théo mais la tentative du piston est contrée.
Ah. Sept minutes de jeu et premier carton jaune pour Seri pour un tacle en retard sur Griezmann. Sébastien, lui, est Haller et réalise une talonnade aussi magnifique que bien sentie pour la course de Pépé (on ne penserait pas dit comme cela mais un Pépé ça court vite). Tchouaméni arrête l’action au prix d’un retour dans les pieds de Kessié qui s’apprêtait à tenter sa chance après avoir été touché par l’attaquant d’Arsenal.
L’ailier est en forme, il prend Lucas de vitesse avant de tenter un centre-tir facilement stoppé par Lloris. Les Bleus ne sont pas en reste en terme d’ailiers, ou pistons, c’est selon. Et Coman trouve Griezmann dans l’axe. D’une subtile déviation de l’extér’, il prolonge jusque Théo qui envoie une demi-volée au-dessus. On ne s’ennuie pas !
Sur un ballon en profondeur, Théo se troue ce qui permet à Pépé d’être esseulé dans la surface lorsqu’il reçoit le ballon. Ses passements de jambes ont eu raison de Lucas et son tir au premier poteau bat Lloris, pas exempt de tout reproche (0-1, 19e).
Les Ivoiriens n’ont même pas le temps de fêter ce but d’avance que les Bleus égalisent ! Théo, décidément plus porté sur l’attaque, arme une lourde frappe repoussée sur Pogba. Le milieu trouve le piston sur la gauche qui envoie un amour de centre pour la tête de Giroud, qui marque de près (1-1, 22e) !
Le rythme de la rencontre ne faiblit pas. Coman tacle Konan. Euh, attendez.. Si, c’est bien cela : corner pour la Côte d’Ivoire, dégagé par Tchouaméni. La France réplique par un coup-franc excentré, sorte de mini-corner. C’est fort logiquement qu’il a été repris de la tête par le mini-joueur Nkunku.
La dernière alerte pour les Bleus dans ce premier acte est venu d’un centre d’Aurier qui filait sous la barre. Pas fou, Lloris s’est bien douté de l’issue et a claqué le ballon.
C’est la pause. Quarante-cinq minutes très agréables à suivre. La Ligue des Nations Francophones, franchement, c’est sympa.
Dès la reprise, grosse occasion française ! Enfin presque… Théo est lancé à tout allure par Griezmann. Il file au but mais ne tire pas. Ne centre pas non plus. Il ne tente…rien. Ballon perdu. Les Ivoiriens répondent par l’intermédiaire de Konan. D’un tir tendu, il oblige Lloris à se détendre. Tout comme Aurier, quelques minutes plus tard après avoir envoyé une lourde aussi surprenante que bien placée.
A l’heure de jeu, Pogba trouve Coman d’une passe claquée. Le Munichois centre au cordeau, Griezmann se jette pour reprendre mais le gardien se couche et détourne en corner, lequel sera repris par Saliba mais la tête piquée manque de puissance.
Saliba ? Oui, oui. Cette rencontre est en fait un match de préparation (nous nous sommes renseignés depuis la pause) et comme nous l’avons indiqué au paragraphe précédent, le moment des multiples changements est venu. Voilà pourquoi plus grand-chose ne se passera… jusqu’aux ultimes minutes.
Giroud est proche du doublé sur un centre de Coman puis sur un ballon envoyé au deuxième poteau par Guendouzi. Oui, aussi.
On se dirige vers un match nul qui ne l’est pas. Vraiment pas, puisque sur le dernier corner de la partie, Guendouzi envoie le ballon aux six mètres et Tchouaméni, le beau et fort milieu au potentiel que nul ne peut prétendre déterminer avec précision tellement sa progression est impressionnante et semble sans limite, marque de la tête pour ne pas offrir les trois points de la victoire (2-1, 93e) !
Les notes des Bleus :
Lloris (3/5) : De belles envolées sur des frappes d’Aurier mais pas décisif sur le but de Pépé, en étant battu au premier poteau. Sûr qu’en réalité, Hugo est supporter d’Arsenal.
Koundé (3/5) : Un match propre défensivement même s’il s’est fait mettre dans le vent par l’appel contre-appel de Zaha qui s’est ainsi offert une opportunité de tir. Bon, Zaha rive. On a parfois eu l’impression qu’il avait envie d’aller de l’avant tout en se restreignant. Quelqu’un lui a dit qu’il pouvait y aller, que Dubois n’était pas là ?
Varane (3/5) : Une heure de bonne facture mais sans exploser tous les records. C’est donc cela, le plafonnement des produits de première nécessité ?
Lucas (2/5) : Mangé sur le but, il n’affiche plus un visage aussi conquérant qu’on l’aimerait. Cela ne fait que deux matchs que cela dure mais on voit déjà Ducul dans son bureau, prêt à envoyer « Le cas Hernandez ». Alors bouge-toi, tu mérites mieux.
Coman (3/5) : Plutôt bon, on l’aurait imaginé prendre plus souvent l’avantage sur son latéral. Surtout avec les conseils avisés de DD.
« Coman, varie sur Konan !
-Comment ?
-Oui, c’est ça ! »
Tchouaméni (5/5) : Quel match ! Il a été impressionnant du début à la fin. Fort dans les duels, le joueur formé par les Girondins (désolé, c’était obligé) a le plus souvent possible essayé de jouer vite vers l’avant, dès la récupération. Il a, en sus (non, pas ici), offert la victoire d’une jolie tête sur corner. Aurélien semble à l’aube d’une belle carrière en Bleu.
Pogba (3/5) : Peut-être moins influent que dans un passé récent mais il a toujours cette capacité de donner des ballons incroyables. Paul Pagbo « mais aussi et surtout un joueur hors-normes » disent les lexiques.
Théo (4/5) : Il a « motocculté » le côté gauche. Il a tout labouré en occultant les principes de sécurité. Cette vanne est le fruit d’un dur labeur, pourtant la production reste bien maigre. La pratique Deschamps n’est pas donnée à tout le monde.
Griezmann (3/5) : Un match correct de sa part, sans rayonner. Son entente avec Giroud fait toujours plaisir à voir tout comme son habitude pour s’arracher sur des ballons défensifs.
Giroud (4/5) : Titulaire un peu à la surprise générale (vraiment ?), il a fêté son retour avec un but. Inoxydable, inarrêtable, incroyable Olivier Giroud !
Nkunku (2/5) : Christopher a attendu son heure et s’il n’a pas toujours eu la précision d’un horloger suisse (heureusement que Kylian est sourd comme un pot), il en a sûrement fait assez pour avoir le droit de revenir faire un coucou en juin.
Les entrants :
Les Marseillais Saliba et Guendouzi ont pu recevoir l’amour de toute une ville. Le défenseur s’est contenté d’être bien appliqué et le milieu a offert le deuxième but sur corner. Une belle soirée pour eux.
Le Lensois Clauss a eu droit à son dépucelage et cela s’est bien passé. On n’en doutait pas : l’équipe de France, c’est une famille.
L’ex-Parisien Rabiot est entré en toute fin de match pour faire souffler Pogba et siffler le Vélodrome. Polyvalent.
Le Monégasque Ben Yedder a pu jouer son rôle de supersub du supersub. Et il a encore réussi à sourire alors qu’à sa place, beaucoup auraient eu un super seum.
Pour conclure :
Une victoire au terme d’un match plaisant (surtout la première heure), Deschamps a de quoi être satisfait. Didier Décampe un peu moins, il n’a pas pu assister au premier but en Bleu du bel Aurélien. Mais il a très bien suivi la seconde rencontre de la semaine face à l’Afrique du Sud. Cela, vous le savez puisque vous avez lu l’Académie qu’il a écrite. Non ? Alors c’est ici. Les choses sont faites à l’envers mais Didier m’a donné soif avec ses spots publicitaires. Pas sûr qu’ils y soient publiés, mais suivez @décampe et l’Académie Française sur Twitter, vous ne le regretterez pas.
Allez les Bleus !