Aïoli les sapiens,

On l’a dit et répété : le sprint final est lancé. Faut juste voir la gueule du sprint. On aura l’air fins à lever les bras au ciel en passant la ligne, alors que les quatre équipes de tête seront déjà arrivées, célébrées, douchées. M’enfin, bon, il existe un enjeu. Soit.


L’équipe

Mandanda
Balerdi – Alvaro – Caleta-Car (expulsé, 62e)
Lirola – Thauvin (Ntcham, 88e) – Kamara – Gueye – Payet (Cuisance, 82e) – Luis Henrique (Perrin, 65e)
Milik (Benedetto, 88e)

Amavi et Rongier viennent de faire renouveler leur ALD. Ils sont accompagnés à l’infirmerie par Sakai, Nagatomo, Rocchia et Pelé. Caleta-Car revient de suspension, tandis que Luis Henrique est de nouveau aligné à gauche.


Le match

Nous qui avions raillé l’OM sur sa frilosité, nous sommes bien obligés de reconnaître que nos joueurs attaquent ici la rencontre pied au plancher. Dès le coup d’envoi, ils se ruent dans le camp héraultais, et se trouvent donc cinq d’un coup éliminés à la perte de balle. Les Pailladins en profitent pour nous montrer ce qui s’appelle une transition rapide, en remontant le ballon sur trois passes, aboutissant à une ouverture superbe de Ferri en une touche de balle. Delort s’échappe et lobe un Mandanda qui, en hommage au deuil de la famille royale britannique, s’interdit de sprinter plus vite que le prince Philip. Le drapeau de l’assistant réduit d’abord l’alerte à l’état de simple plaisanterie, mais la VAR vient prouver que Balerdi couvrait le hors-jeu : le but est parfaitement valable (1-0, 1re).

Lancée sur ces bases parfaitement anales, la première mi-temps permet ensuite à l’OM de se livrer à un jeu très amusant : envoyer le ballon partout sauf là où l’appelle Milik. Il faut dire qu’un attaquant de pointe qui bouge partout, c’est plus difficile à viser. Ajoutons à cela cette légendaire passivité qui nous conduit à effectuer trois touches de balle avant d’oser transmettre le ballon vers l’avant, et Montpellier peut gérer son avance une main dans le slip, profitant de chacune de nos pertes de balle pour tenter de nous planter. Seul Lirola parvient assez régulièrement à faire la différence sur son côté droit tandis qu’Arek, bon an mal an, parvient à se procurer quelques situations de frappe.

Passablement agacé, le Polonais revient lui-même demander un ballon au milieu de terrain, qu’il rend à Alvaro en le fixant droit dans les yeux. Sans être expert en polonais, il me semble l’avoir vu lui prononcer quelques mots qui doivent signifier quelque chose comme « et maintenant tu joues vers l’avant ou je t’encule ». Alvaro s’exécute et progresse enfin avant de transmettre à Kamara dans le cœur du jeu. Bouba contrôle et passe dans la course d’Arkadiusz, qui exécute Hilton d’un petit pont avant d’aller battre Omlin et de déclarer « c’était quand même pas bien compliqué, putain de merde » (1-1, 43e).


Comme un doigt dans le cul d’un amnésique, le but agit comme un choc remémorant à l’OM des choses enfouies, par exemple le fait que lorsqu’on presse haut, bah on a des chances de se procurer des occasions. Balerdi vient ainsi chercher une première fois le relanceur montpelliérain, ce qui aboutit à un nouveau tir de Milik. C’est ensuite Bouba Kamara qui, après un contrôle moyen, se fend d’une récupération virile face à Savanier. Le joueur adverse se jetant au sol en criant « Maman » avant même d’avoir été touché, l’arbitre ne siffle pas et Thauvin peut lancer Lirola dans une défense désorganisée. Seul au second poteau, Payet donne en retrait à Florian, qui salope l’occasion comme n’importe lequel de ses gestes ce soir. Heureusement, repoussée sur sa ligne par Hilton, la balle revient sur Gueye qui pladupiésécurise (1-2, 45e+1).

L’avantage à la pause est inespéré et, sensibles à la notion de mérite sportif, nos joueurs se mettent en devoir de l’anéantir dès la reprise. De son camp, Ferri lance ainsi Laborde dans le dos de Luis Henrique et Caleta-Car, l’attaquant plaçant le ballon entre les jambes d’un Mandanda toujours aussi décoratif (2-2, 47e).

L’affaire est d’autant plus mal engagée que Balerdi concède peu après un coup-franc idiot. C’est alors que, sur le ballon renvoyé par la défense, Luis Henrique d’un seul contrôle sublime transforme l’occasion adverse en contre-attaque à trois contre un. Ce criminel de Dimitri Payet gâche alors l’affaire, en adressant en guise de passe décisive une saucisse dans les bras du gardien. On le voit, cette rencontre peut être cataloguée dans la rubrique « match à rebondissement » et, à l’heure de jeu,  Caleta-Car fait tout pour le confirmer. De manière aussi gratuite qu’imbécile, Duje détruit Sambia qui tentait de démarrer au milieu de terrain, et consolide ainsi ce record de cartons rouges qui fait notre fierté en Europe.


Montpellier est bien décidé à nous faire passer une sale demi-heure, et Mandanda doit bien vite claquer un tir menaçant de Laborde (mais toujours sans sauter, faudrait pas déconner non plus). Nos adversaires oublient cependant le Dimitri-time : comme contre Dijon au match précédent, Payet a soudain envie d’embellir un peu son match d’escroc, et se procure un coup-franc. Il se charge lui-même de déposer la balle sur la tête de Perrin : plutôt entré en jeu pour pallier l’expulsion de Duje, Lucas serait bien bête de ne pas exploiter le marquage de viers marins de la défense adverse, et croise sa tête hors de portée d’Omlin (2-3, 71e).

En supériorité numérique mais menés, les Pailladins pourraient se préparer à machônner leurs couilles (avec du fenouil au barbecue, c’est meilleur) toute la soirée en repensant à ce match gâché. Ce n’est cependant pas le genre de la Paillade, dont les joueurs repartent à l’assaut de notre camp. Les espaces qu’ils nous laissent pourraient alors nous permettre de plier la rencontre, si seulement Thauvin ne se présentait pas chez nous dans sa version « Dark Florian ». Mauvais choix ou maladresses le conduisent à vendanger trois situations qui, dans son état normal, n’auraient pas manqué d’enrichir ses statistiques.


Dans le temps additionnel, Mandanda repousse de manière spectaculaire une tête à bout portant de Congré. Un arrêt-réflexe en forme de trompe-couillon, certes, mais indéniablement salvateur. Nullement découragé, Montpellier mise tout sur les fondamentaux, à savoir un long ballon dans le dos d’une défense qui n’a toujours rien compris. Ntcham laisse ainsi partir Souquet, qui effectue un centre sans contrôle parfait au point de pénalty. Laborde est plus prompt que Kamara pour expédier une tête plongeante, forçant Mandanda à solliciter ses ischios-jambiers et ses quadriceps avec les conséquences que l’on imagine (3-3, 93e).

On n’oubliera pas d’avoir à ce moment une pensée émue pour Alvaro et son sprint initial pour repousser ce ballon qui venait de sortir en touche, dans le but de faire s’écouler les dernières secondes avec pour résultat un battage de couilles total :

– de la part de l’arbitre, qui n’a pas voulu couper le jeu pour donner un carton ;
– de la part du ramasseur, qui a immédiatement transmis un autre ballon pour effectuer la touche ;
– de la part des Montpelliérains, remerciant Alvaro pour ses deux mètres de retard généreusement offerts et qu’il conserve pendant tout le reste de l’action.

Le mieux étant l’appel du ramasseur de balle à son joueur : « laisse donc courir ce con, j’ai un ballon de rechange ».


Au final, c’est donc nous qui nous récupérons le plat de gonades à mastiquer consciencieusement, au risque de nous faire oublier que, dans l’absolu, un nul à Montpellier en marquant trois buts et après avoir passé une demi-heure à dix, ce n’est somme toute pas si mal.


Les joueurs

Mandanda (2/5) : Noté 2/5 ici pour ses services rendus à l’équipe. Noté 7/10 ailleurs pour ses services rendus à l’Équipe.

Balerdi (3-/5) : Sa regrettable couverture de hors-jeu de la première minute ne suffit pas à le rendre plus tête à claques que ses deux compères défensifs.

Alvaro (2+/5) : Il était bien à Marseille, il était aimé, avait un bel appartement avec vue sur la mer et là, paf, le drame, arrive un entraîneur qui demande à son équipe de jouer au football.

Caleta-Car (0/5) : Pas foutu d’attendre son transfert à Liverpool 6 mois sans bouder. Au mercato d’été, vous m’enverrez ça végéter deux ans à Crystal Palace, ça lui apprendra la patience.

Lirola (3/5) : Bosse bien et beaucoup pour un résultat pas à la hauteur. De quoi enrager en voyant ces branleurs de Payet ou Mandanda se sortir les doigts une fois par match et réussir à coup sûr un geste décisif.

Kamara (3+/5) : À l’image de cette rencontre bordélique, il aura moins brillé par sa maîtrise que par deux beaux coups d’éclat sur nos premiers buts.

Gueye (3+/5) : Mis à part le fait qu’il semble se branler toujours trop le cortex avant de jouer vers l’avant, Pape s’est montré efficace et qui plus est buteur. Si l’on ajoute à cela le fait qu’il a enfin mis la pédale douce sur les fautes de barbare, on peut parler de satisfaction.

Payet (3-/5) : Une pensée émue pour ma prof de math qui était dégoûtée de devoir me mettre des bonnes notes alors que je ne branlais rien. Madame Piécourt, je vous comprends enfin (mais c’est pas pour ça que j’en fous une ramée de plus).

Cuisance (82e) : Quelques moments de présence sur contre-attaque, sans rien de très tranchant.

Thauvin (2-/5) : Reconnaissons-lui une chose : s’il a autant raté, c’est qu’il a beaucoup tenté. Le problème, c’est qu’avec Radonjic, on avait droit après chaque foirade à un gros plan sur ce sourire niais qui nous donnait au moins autant envie de rire que de lui coller des baffes. Dans le même cas, le gros plan sur la tronche de Florian nous indique que l’aversion qu’il suscite s’est ancrée jusqu’aux tréfonds de notre cerveau reptilien. C’est injuste, on en convient.

Ntcham (88e) : Conserve un ballon sur 20 mètres et dix secondes avant de le perdre, laisse s’échapper Souquet sur l’égalisation. En constatant son apport, André Villas-Boas a repris deux fois des moules.

Luis Henrique (2/5) : La justice commande la même appréciation qu’à Mandanda : un bon gros match de merde, dont les réécriveurs d’histoire ne retiendront qu’un coup d’éclat aussi spectaculaire que sans incidence sur le résultat final.

Perrin (65e, 3+/5) : Quelques phases défensives tendues du slip, qui n’effacent pas le plaisir de le voir marquer son premier but professionnel.

Milik (4/5) : Tout n’était certes pas parfait, mais sonabnégation à retourner le match à un moment où tout le monde se consacrait à faire de la merde est à saluer.

Benedetto (88e) : Rien de notable.


L’invité zoologique : Jordan Ferrisson

Le hérisson est un animal imprévisible et aux multiples facettes : tout plat sur une départementale, tout mignon sur les pages Facebook culcul, rôti en papillote chez les gastronomes camarguais, provocateur de plaies purulentes dans la truffe des chiens trop cons… Il est donc bien l’invité approprié pour narrer ce match aux mille rebondissements.

– Les autres : Si seulement ils savaient défendre, on en serait à compter les points de retard sur eux aussi. Remercions-les de ce qui restera peut-être le dernier affrontement intéressant de cette fin de saison (bah ouais, il reste certes le déplacement à Saint-Étienne mais bon, sans le public…).

– Le classement : Bonne affaire que ce match nul chez un concurrent direct, mauvaise affaire si l’on considère que Lens et Rennes ont ce week-end l’occasion d’engranger des points.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Le fils de Padls remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

3 thoughts on “Montpellier-OM (3-3), La Canebière académie foisonne

  1. On a pris Sampaoli pour vivre des émotions comme celles là. J’ai pris mon fils pour gagner. Chacun ses priorités.

    Il est très content merci. Il a un peu le melon quand même.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.