Remplacé le café par un thé, puis le gin de 9h par une bière. Une clope à la place du crack. J’avais même un petit gazouillis qui m’asticotait l’entrecuisse, mais n’exagérons rien : finalement c’était juste une envie de pisser. Il y avait un peu de soleil au sortir du carton, de ces lueurs printanières à la fraîcheur espiègle qui vous pique et vous fait vous rétracter sous la couette pour encore cinq minutes, s’il te plaît fais moi ce plaisir. Il y avait moins de circulation que d’habitude sur le pont qui sert de toit, si bien qu’on entendait presque le croassement lugubre d’une famille de choucas qui se disputait un bout de viande de rat. Un moment bucolique seulement interrompu par le concert des marteaux-piqueurs qui commençait imperturbablement à la même heure tous les matins. C’est habituellement ce qui me réveillait, c’est pourquoi je me suis demandé ce qui avait pu me tirer du sommeil si tôt. Pas de démangeaison, pas de goût de fer dans la bouche, qu’est-ce que c’était que ce truc ? Il y avait là un vestige d’une époque révolue qu’une mémoire très ancienne se plaisait soudain à me faire apprécier comme une légère saveur sucrée après avoir ingéré de la poussière d’amiante toute la journée. Le grelot d’une chasse d’eau de gogue de chantier comme le glouglou délicat du ruisseau ; le freinage d’urgence et le crissement de pneus qui l’accompagne comme le cri d’éveil de la belette dans le sous-bois, tandis qu’on évacue les dépouilles des enfants imprudents vers la morgue ; une impromptue envie de douceur.


Les notes

Valette 3/5
Étrangement, il n’a pas encaissé de but. Est-ce à dire qu’il est sur le chemin de la rédemption, au seuil d’une amende honorable qui lui permettra d’admettre qu’il est une raclure de violeur sortie tout droit des couilles du diable et un gardien pas top en sus ? On en doute.

Karamoko 3/5
Il se plaît moins bien dans ce système à quatre défenseurs : ça ne lui permet pas de fuir les responsabilités qu’il n’aurait de toute façon pas en temps normal, quand il est sur le banc en train d’observer un vrai latéral de métier faire son boulot mieux que lui.

Seka 3/5
C’est vraiment ce joueur de carnaval qui va te coûter un but et en mettre un d’une reprise délirante. Niveau schizophrénique pour poste primordial : c’est une tarte au poireau appelée « quiche » dans une boulangerie lorraine.

Wooh 4/5
Le jeune enchaîne et ce n’est pas le moindre cadeau que puisse faire Garcia à cette équipe avant de la quitter (sachant qu’on perd aussi un central qui part attiré par des décors de type Amérique). Un match comme celui-ci était ok pour lui accompagné d’un précepteur plus proche de Mort à crédit que de la Symphonie pastorale : ça aurait pu finir dans la pédophilie, ça devrait seulement être de la médiocrité triomphale.

Ciss 5/5
Le revoilà avec ses déboulés sauvages, ses frappes les yeux fermés et sa réussite insolente. Passerons-nous pour des gros cons nostalgiques si l’on admet que cela nous avait manqué ? On prend le risque.

Haag 4/5
En défense ou devant elle, c’est toujours notre crush de la saison, vos jérémiades sur ses quelques sautes de concentration ne changeront RIEN à notre statut Tinder.

Rocha 3/5
le petit nerveux à côté du grand balaise, ça lui donne des airs de Joe Pesci et c’est rigolo. Si en plus ça fait peur aux milieux adverses, c’est bien.

Bassi 2/5
Superbe match « popup pas tout à fait espéré sur site de streaming au moment où tu veux initier ton petit neveu aux délices du football » pour dissuader tous les acheteurs potentiels de miser un kopeck sur lui cet été.

Triboulet 3/5
Un superbe début de match puis il s’est un peu estompé au fur et à mesure du match, au contraire de notre amour.

Biron 3/5
Il est très énervé, il veut son but et court partout mais au final, il s’emmêle plus dans les jambes des autres en jappant, au risque de finir par prendre un coup de latte en traître sous la nappe du déjeuner dominical.

Scheidler 3/5
N’a de cesse de ne pas se contenter d’être grand et de s’efforcer d’être un vrai footballeur, une chose devenue rare dans le football moderne.


Note artistique de l’équipe : 4/5

Ce ne serait pas au milieu de cette bouillie de foot servie tiède à la terrasse envahie d’enfants débiles de la cafétéria du Cora du coin, on appellerait ça un match maîtrisé de bout en bout. En dépit des frayeurs quasi-métaphysiques et du n’importe quoi défensif auquel on a assisté en se mordant parfois les couilles de peur, on a fini sur un rythme presque relax en plantant nos deux buts de manière que partiellement logique.

Nonobstant le style digne du trophée Andros, c’est comme ça que font les vraies équipes de ballon-pied pour triompher des difficultés. C’est ce qu’on n’a quasiment jamais fait cette saison. Ça valait bien un peu d’apaisement.

Marcel Picon

2 thoughts on “Nancy-Ajaccio (2-0) : La Chardon à Cran Académie le nez au vent

  1. Rhalala, on y est avec vous sous ce pont routier champêtre, là, c’est délicieux ! Et que Valette aille se faire couler de la Maximator brûlante dans son infâme gosier.

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