Olympiakos-OM (1-0), La Canebière académie se saborde

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Pourquoi fêter le football alors que l’on peut jouer triste ?

Aïoli les sapiens,

L’OM revêt ses habits de gala pour retrouver, après sept ans d’absence, la plus relevée des compétitions européennes. La dernière fois, nous nous étions qualifiés par le biais d’une seconde place aussi triste que tirée par les cheveux, avant de réaliser un parcours inoubliable, jalonné de 6 défaites en autant de rencontres. La première partie du contrat ayant été acquise, place désormais à la seconde, à la suite de quoi il ne restera plus qu’à Villas-Boas à se raser la tête et mettre une casquette pour devenir le jumeau d’Élie Baup, avec un meilleur niveau en français cependant.

Le Covid et l’amour du pognon ont joint leurs forces pour dégénérer encore un peu plus cette compétition. En guise d’habits de gala, l’OM arbore des couleurs fluo particulièrement à chier, même si à la différence de clubs moins complexés les stylistes ont tenu à garder un semblant de lien avec les couleurs originelles (enfin, il y a une sorte de bleu, quoi). Côté sanitaire, si les joueurs voulaient connaître l’ambiance bouillante du stade Karaïskaki, c’est râpé : huis-clos oblige, nos guerriers auront subi plus de pression visuelle et auditive en regardant Mon Petit Poney avec leurs filles.

Finalement, le seul élément de très haut niveau ce soir réside dans la performance de la déesse Erzulie, capable de mitonner un sort de titularisation éternelle exceptionnellement puissant pour justifier la présence immuable de Morgan Sanson dans un onze de départ frappé de la devise de l’Éducation nationale : « pas de vagues ».


L’équipe

Mandanda
Sakai  – Alvaro – Caleta-Car– Amavi
Rongier – Gueye (Strootman, 85e) – Sanson (Cuisance, 76e)
Thauvin (Germain, 82e) – Benedetto (Luis Henrique, 76e) – Payet (Radonjic, 76e)

Pas de vagues, donc, et surtout pas de couilles. Le match contre Bordeaux avait laissé entrevoir quelques espoirs dans un 442 à peaufiner ? Qu’à cela ne tienne, revenons immédiatement au 433 qui nous procure plus de certitudes, en premier lieu celle d’être incapables de produire du jeu. Quand Woody Allen entend Wagner, il a envie d’envahir la Pologne. Quand Villas-Boas entend l’hymne des champions, il a envie de se rétracter sous sa coquille comme un bigorneau devant un poulpe. Il va falloir s’interroger sur les conséquences à en tirer (non, messieurs les lyonnais, ces conséquences ne sont pas « il faut jouer du Wagner dans les stades »).

Seul changement donc dans notre 433-coquille, la suspension de Kamara est palliée poste pour poste par Gueye.

Le match

SurtoutnepasfairelesconsSurtoutnepasfairelesconsSurtoutnepasfairelesconsSurtoutnepasfairelescons semble être l’unique pensée qui anime les Olympiens des deux pays en ce début de rencontre. Ça pose du blocquéquipe, ça s’applique sur les duels, ça titille sans trop se découvrir, bref ça ne craint qu’une chose, que le ciel leur tombe sur la tête et qu’une défaite n’oblige le perdant à affronter ensuite City et Porto en slip.

Les deux équipes tentent cependant de faire valoir quelques arguments offensifs. Côté grec, les dédoublements dans le dos de nos latéraux, Sakai notamment, amènent plusieurs centres plus ou moins slipométriques. Chez nous, on se base avant tout sur des tartines longue-portée pour Amavi ou Benedetto, sachant que nos combinaisons dans les petits espaces souffrent d’un déchet technique aussi ignoble qu’à l’ordinaire.

Une grosse occasion survient de chaque côté après la demi-heure. Caleta-Car, Amavi et Thauvin nous rejouent ainsi la copie de la dernière action de France-Croatie (ouverture laser à gauche + centre sans contrôle), si ce n’est que Florian catapulte le ballon du genou au-dessus de la cage. Puis, un ballon perdu par Sanson produit un décalage résolu in extremis par Duje sous les narines de Mandanda.


Après ces 45 premières minutes, le constat ne semble avoir effleuré personne chez nous que, tout en Ligue des Champions que l’on soit, cet Olympiakos n’a rien d’une terreur : nous pourrions le mettre en sérieuse difficulté pour peu que l’on se montre un peu plus ambitieux. De toute façon, c’est ça qui est pratique en termes d’adaptation à l’adversaire, on pourrait aussi bien jouer le Bayern de Munich que l’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon, on se caguerait dessus de la même manière. C’est pourquoi, à la pause, on peut considérer que le plan se déroule comme prévu : tenir en espérant que Payet ou Thauvin réaliseront un exploit décisif ou, de manière plus réaliste, que les autres commettront avant nous l’erreur qui fait tout foirer.

Et justement, dès la reprise, les Grecs commettent bien cette énorme boulette qui ne pardonne jamais à ce niveau de compétition. Enfin, qui ne pardonne jamais si l’attaquant d’en face n’est pas Dario Benedetto : lancé par Thauvin à la suite de la perte de balle, l’Argentin manque son face-à-face en butant sur la sortie en grand écart de José Sa.

La sanction est quasiment immédiate, puisque cinq minutes plus tard Sakai se lance dans un numéro de cirque exceptionnel. Après l’une des rares pertes de balle de Gueye, Hiroki commence par couvrir le hors-jeu avant de renvoyer le centre directement sur l’attaquant puis, après l’arrêt de Mandanda, de voir le ballon rebondir sur lui pour permettre à Masouras de conclure de près. Par miracle, l’arbitrage vidéo remarque que ce dernier se trouvait hors-jeu tout à fait par hasard.


Passés ces moments de stress, notre jeu retombe dans sa déliquescence habituelle, ne confirmant même pas les espoirs cachectiques que pouvait susciter notre intensité au duel en première mi-temps. Tandis que Valbuena se voit mis en échec par Mandanda dans un angle fermé, nous misons désormais tout sur nos contre-attaques : un pari tactique audacieux lorsque l’on constate que, lancé seul en profondeur, même Florian Thauvin dispose de la pointe de vitesse de Philippe Croizon.

Une grosse vague de changements dans le dernier quart d’heure met l’accent sur la fraîcheur et la spontanéité de Radonjic (qualificatifs suggérés par l’ouvrage de référence : « Devenir manager de CAT pour les nuls »). Luis Henrique et Germain sont aussi de la partie, pour un résultat qui nous autorise à passer directement au temps additionnel. C’est le moment que choisit Amavi pour gagner le trophée Jérémy Morel du « je ne fais qu’une seule boulette dans le match mais je vous garantis qu’on va s’en souvenir » : pressé par deux Grecs, Jordan perd la balle piteusement, ce qui permet à Valbuena de centrer une main dans le slip. Démarqué au milieu de quatre joueurs, Hassan visse son coup de tête au fond des filets (1-0, 91e).

Cet épilogue mieux qu’aucun autre permet à Villas-Boas de se vautrer dans le « à ce niveau de compétition tout se joue sur des détails », le poncif préféré de ceux qui n’ont précisément jamais rien mis en place pour éviter de s’exposer à de tels coups du sort, match après match.


Les joueurs

Mandanda (4/5) : L’hymne. Le ballon étoilé. Les matchs du mercredi. Les déplacements européens. Le match irréprochable plombé par le latéral gauche. Steve a retrouvé sa Ligue des Champions dans l’état où il l’avait laissée.

Sakai (1/5) : J’ai rêvé cette nuit que je devais remplacer au pied levé le claviériste de Mauresca en concert alors que je ne sais pas jouer de piano. Je suis quasiment certain que mon subconscient a fait un lien avec la présence d’Hiroki en Ligue des Champions.

Alvaro (4/5) : Il faudra voir ce que cela donne devant la cavalerie anglaise, mais dans un match où il s’est agi d’être en place pour évacuer des centres et duels divers à tour de bras, Alvaro s’est montré on ne peut plus solide.

Caleta-Car (4/5) : Appréciation du même tonneau pour l’ours des Balkans. Doux et rassurant ce soir, attendons de savoir s’il saura instiller la peur dans les yeux des attaquants mancuniens.

Amavi (3-/5) : Après avoir connu une très mauvaise passe et s’être vu abondamment moqué en conséquence, Jordan attendait impatiemment cette Ligue des Champions pour définitivement faire taire ses détracteurs. Il s’est conditionné chaque matin, devant son miroir, se répétant sans cesse : « ce mercredi, tu joueras 90 minutes rigoureusement parfaites ». Et il a tenu parole, hélas.

Gueye (4/5) : Il nous rappelle un peu Kamara, à l’époque où il jouait vers l’avant.

Strootman (85e) : Au prix de la minute passée pour densifier le milieu de terrain, ça fait cher le combiné bretelles-ceintures. Surtout quand il n’empêche même pas Villas-Boas de perdre son froc.

Rongier (3/5) : On a retrouvé par épisodes le bouc de la mort,dont l’haleine fétide promet les enfers au milieu de terrain qui ne lui lâcherait pas le ballon assez vite. Le problème pour l’instant c’est qu’il est encore muni de ses sabots.

Sanson (1/5) : Traverse le terrain comme le Français moyen l’existence, accomplissant des tâches dont le sens lui échappe pour accomplir un but qu’il ne connaît pas lui-même. Certains conçoivent des powerpoints pour se payer un SUV en se demandant pourquoi leur patron les paye ; Morgan, lui, constate semaine après semaine que son nom est inscrit sur la feuille de match. Il court. L’entraîneur a l’air content. Les enfants auront des cadeaux à Noël. Pourquoi serait-il à blâmer ?

Cuisance (76 e) : Hésite encore sur la stratégie à entreprendre pour devenir titulaire : déposer un poulet sacrifié à Erzulie devant le casier de Sanson, ou bien des wings de poulet panés devant celui de Payet ?

Thauvin (2/5) : Des promesses qui s’effilochent rapidement faute de constance, au point de transformer chacun de ses matchs en compte Twitter de Jean-Luc Mélenchon : on ne sait jamais à l’avance s’il sera bien luné et publiera de vibrants plaidoyers pour la justice sociale, ou s’il va être dans un mauvais jour et parler comme un pilier de bistrot sur les Tchétchènes.

Germain (82 e) : Rien de notable pour notre false nine advanced libero, le jeu à la fois offensif et défensif s’étant surtout déroulé de l’autre côté.

Payet (1/5) : Espérons qu’il a pu demander à Valbuena comment il fallait faire pour être décisif en Ligue des Champions.

2024 : des étoiles dans les yeux, les minots du centre de formation écoutent Dimitri Payet, en dernière année de contrat, narrer les exploits européens de l’OM.

Radonjic (76 e) : En un quart d’heure, un seul centre goinfré par un dribble de demeuré : Nemanja est loin de son niveau Champions League personnel.

Benedetto (1/5) : L’attaquant de Schrödinger, dont on ne sait pas s’il est nul parce que ses partenaires ne le trouvent pas ou si c’est parce qu’il ne sait pas se procurer des occasions. Ce soir, on a enfin ouvert la boîte et c’est pas beau à voir.

Luis Henrique (86 e) : Mériterait une titularisation. Promis, même si ça foire on ne l’assassinera pas, c’est juste que ça nous changera les idées par rapport aux titulaires habituels.

L’invité zoologique : Matthieu Babouina

Gaulé comme une allumette, le babouin est cependant malin, surtout lorsqu’il est en bande. Surtout, il n’a pas son pareil pour culbuter la première guenon qui se présente avec le cul un peu rouge, ce qui en fait l’invité approprié pour commenter avec nous cette fessée inaugurale.

– Les autres : Difficile de leur attribuer un niveau tant nous sommes habitués à transformer tout ce que nous rencontrons en digestat indéfinissable. Cohérent mais peu emballants, on assimilera ça dans un bon premier tiers de Ligue 1 (mais au-dessus de nous tout de même).

– Le classement : 10e défaite d’affilée en Ligue des Champions, Manchester City et Porto à venir, tous les records nous sont accessibles.

La radio : Soyez au rendez-vousce soir à 18h30 pour « Passe ton ballon » sur la radio rk13.fr, où je serai chargé d’assurer le quota d’insultes lapinesques aux côtés de gens qui, eux, savent parler de football.

– Le bonus Noël : Puisquevous avez cliqué sur le lien précédent, vous pourrez constater que Marsactu vous propose d’acquérir un bel ouvrage que nous ne pouvons que vous conseiller (ici).

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Sisko gagne le concours zoologique et nous lui faisons plein de bisous là.


Bises massilianales,

Blaah.

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