Paris SGEL / Manchestreville (1-2) – La Porte de Saint-Cloud Académie, dernier rempart contre l’argent

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Mais on était pas censés gagner par forfait du coup là ?

Voilà enfin le vrai visage de l’Homme. Il est d’un blanc cassé, parcouru de rides, boursouflé par l’orgueil et les petits fours. Il est couvert de cheveux blancs épars, il est posé sur un cou gras et flasque, dont les bourrelets débordent d’un col de chemise trop serré, serti d’un beau costume chic payé à la sueur du front d’un autre, de milliers d’autres. C’est le même visage que ceux des conseils d’administration, des plateaux de télévision, des cabinets ministériels. C’est le visage affable, souriant, dégueulasse de l’argent, du pouvoir, du mépris. C’est le visage du bon père de famille, celui qui dirige, qui décide, qui contrôle, qui punit, qui réprime, qui viole, qui mange ce que d’autres ont cuisiné, qui s’accapare ce que d’autres ont fabriqué. Celui qui profite, qui accumule, qui récolte les bénéfices et les fait ruisseler au compte-gouttes.

C’est le même visage cynique, tordu par une grimace infecte, qui vient nous parler tout à la fois d’intérêt général, de bien commun, de responsabilité collective, de sacrifices, de charges sociales, de déficit, de restructuration, de réforme, de résilience, de flexibilité, d’esprit d’entreprise, d’union nationale, de république, de liberté, d’égalité, de solidarité. Le même visage qui, dans l’ombre, croise ses doigts bouffis de démagogie en songeant aux prochaines offrandes qu’il ira sacrifier sur l’autel du grand capital, priant la divinité de les lui rendre en avantages sonnants et trébuchants : sera-ce la santé publique ? L’éducation ? L’environnement ? Le fouteballe ?

Heureusement, on peut compter sur Nasser et Paris-Saint-Germain-en-Laye pour dire non à la Super Ligain, et porter haut les valeurs de la méritocratie footballistique vierge de tous vices. Il faut du courage pour refuser un tel paquet de thunes et préférer attendre que les instances européennes leur en fournissent un autre bon gros tas d’ici quelques années. Grâce leur soit rendue. Malheureusement, cette fidélité sans faille n’a pas été récompensée comme elle aurait dû l’être par une victoire sur tapis vert en coupe d’Europe : l’intégralité des concurrents encore en lice ayant trempé dans le complot putschiste, on aurait pu légitimement penser que nous autres, loyaux comme jamais, fayots de la première heure, aurions pu être remerciés de notre engagement sans faille dans le camp du bien.

Mais bon, on fait ça pour la beauté du sport, nous, alors ça nous gêne pas de jouer, hein. Même contre des salopards dans ce genre. Un petit coup de pouce arbitral pour les gentils (c’est nous), pour nous remercier, ç’aurait pas été de trop, mais bon, c’est le fouteballe, c’est les valeurs qu’on défend, et c’est pas le cas de tout le monde. Alors d’accord, on les accepte les deux pions dans le buffet, on se les prend de bon cœur même, pour prouver notre bonne foi. Mais quand même, au mâche retour, ce serait sympa de nous aider un peu à faire triompher le vrai football qui n’est pas encore gangréné par l’argent (c’est nous encore une fois). Parce que là, tel que c’est parti, ça risque fort d’être une finale 100% séparatiste quand même (mais que fait Darmanin ???). Et ça ferait mauvais genre.

 


LE SOVIET SEUL CONTRE TOUS


Navasse (2/5) : Il faut bien se rendre à l’évidence : contrairement à la croyance populaire, Kélore n’est pas infaillible. Il peut saloper ses relances au pied et il peut se faire avoir par un centre rentrant repris par personne et qui vient rebondir juste devant sa ligne avant de finir dans le petit filet. Sa baraka des tours précédents l’a même quitté lorsque son mur s’est troué comme une capote qui pète sur le coup franc du second but adverse. Non, décidément, Kélore n’est qu’un homme. C’est dommage mais c’est comme ça.

Alessandrorenzi (2/5) : Un des rares à ne pas avoir baissé de niveau en seconde période. Faut dire qu’il était déjà pas ouf en première.

Marquignosse (3/5) : Pour son grand retour après sa blessure au tour précédent, le grand timonier de la défense n’a pas eu grand à faire défensivement en première période, aucun avant-centre adverse de métier n’étant venu l’emmerder dans sa zone. Il en a profité pour relancer, de belle manière, et pour marquer, une nouvelle fois, d’une tête décroisée sur corner au quart d’heure de jeu, au terme d’un beau mouvement pour se débarrasser de son garde-chiourme attitré. Resté droit dans ses bottes en seconde mi-temps, il en a eu bien besoin pour patauger dans la flaque de trouille chiasseuse lâchée par ses coéquipiers face à des Citizeunes remontés comme des pendules, mais il n’a pas pu faire grand chose pour éviter la débâcle des trente dernières minutes.

Pressenelle (2-/5) : Son esquive digne d’un champion de balle au prisonnier alors qu’il était dans le mur sur le coup franc du second but adverse nous a rappelé les heures les plus sombres de nos cours d’éducation physique en primaire.

Michel la BAK (1/5) : La sacoche qu’il envoie comme à l’ancienne pour se dégager peu avant l’heure de jeu alors qu’il vient de récupérer le ballon, que son équipe mène toujours, qu’il est tout seul et que ses coéquipiers attendent de lui qu’il relance proprement nous a prouvé à quel point ce garçon était limité malgré son envie de bien faire.

 

Bien joué mon grand

 

Leredes Parandro (2/5) : Son duo avec Idrissa marchait du tonnerre, il distribuait les ballons à tout va et sautait sur tout ce qui bouge comme un chien de la casse en rut. Et puis il y a eu la mi-temps, la drogue, le sexe et l’alcool, et tous les beaux succès du début n’ont plus été que lente décadence. Purée de showbiz.

Remplacé à la 83e, donc bien trop tard, par Andrérrerra, notre seul espoir pour le mâche retour (on est pas dans la merde, tiens).

Idrissa Ganache (4 puis 0/5) : Impérial en première période, grand prince à la relance, dans la lignée de ses derniers mâches… Et puis la déroute en sept minutes douche comprise : la faute qui cause le coup franc du second but, puis la semelle bien sale comme il faut pour raboter le Turc d’en face et l’expulsion… Et de se poser une question qui n’aurait pas eu lieu d’être il y a à peine 3 mois : comment qu’on va s’en sortir au mâche retour sans Idrissa ?

Marcoco (2/5) : Comme ses camarades du miyieu, il fut beau dans le premier acte, et bien moins beau dans le second. La faute au pressing des Pep boys dont il a été tout particulièrement la cible après la pause, et à ce fichu destin qui s’acharne à manier les ficelles de nos existences avec la cruauté d’un procureur général de la République face à un gilet jaune en comparution immédiate.

Ange de Marie (3+/5) : L’autre bel homme du mâche, celui qui a empilé les centres et ouvertures (avec en prime bien sûr la passe dé pour son compère Markiki), aligné les percées balle au pied, accumulé les retours défensifs, et le seul joueur offensif surtout à avoir continué sur le même rythme en seconde période.

Remplacé à la 80e par Daniel Pereire, parce l’expulsion tsé.

Némarre (2/5) : Aficionado du poker, Néné a flambé comme il faut avec ses premières mains, et puis le petit taquet sous la table qu’il s’est mangé avant la pause lui a bien calmé la gueule et il n’a plus rien réussi en seconde mi-temps, même pas le bluff (n’en déplaise à l’autre gars avec son groupe de jus de fruit pas bon, là).

 

Cunt, cant, cunt.

 

Kiki (1/5) : Les autres d’en face avaient si peur de ce qu’il pouvait faire à leurs derrières honteusement hétéronormés qu’ils ont serré les fesses pendant toute une mi-temps. Et puis ils se sont rendus compte qu’il ne touchait pas une bille ce soir-là, alors ils se sont franchement détendus du cul pour mieux nous rendre la pareille.

 

Maurice Petitpochon (1/5) : Il nous a habitués à toujours faire les bons choix en Tchampionsse (oui bon à part pour Draxou mais ça n’a pas eu trop de conséquences), mais là, face à une équipe bien préparée et à un retournement de situation qui le place en position d’éliminable pour la première fois dans cette phase finale, il s’est retrouvé un poil démuni le Momo. Va falloir nous sortir un truc de ta petite poche magique, mon vieux. Pour gagner, pour se venger des méchants, pour sauver le football (mais surtout pas de pression, hein).

 

Comme souvent, beaucoup d’argent a gagné contre un peu moins d’argent, mais heureusement la vie c’est pas que l’argent sinon ça ferait longtemps qu’on vivrait tou.te.s dans plein de petites ligues fermées (purée, ça veut rien dire mais c’est beau c’que j’écris),

Allez, à la prochaine les classes moyennes,

Trotskanalement,

Georges Trottais

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