La Canuck Academy mène la revue (écriture inclusive non genrée)

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Les expendables

Dans le premier épisode, il était question des origines, d’un enfer pavé d’intentions louables et de buts de la glotte. Avec un tel destin, peut-on croire encore à une vie meilleure? Les Canadiens les plus raisonnables sont persuadés que non, les autres ont rejoint le confort illusoire d’une secte et sont convaincus que oui, Dans les deux cas, l’histoire se termine par un suicide dans les bois.

Mais malgré ces sinistres augures, les névropathes supporters avertis pourront se consoler de l’absence de compétition majeure pour les mois à venir en se disant que finalement, cette équipe ne perd plus à domicile, ou en tout cas pas trop, depuis qu’elle a complètement merdé ses qualifs pour la Coupe du Monde 2018. Après l’éviction de Benito Floro, le roi du gâteau et du 4-3-3 à géométrie variable, vient le temps de Zambrano et des fols espoirs de jeu cohérent, de passes dans les pieds et de tirs cadrés. Non pas que le bon Octavio soit un tacticien hors-pair, faut pas déconner non plus, mais le Vénézuélien a su amener un peu de fougue dans un effectif de vieilles branches vermoulues qui ne comprenaient plus vraiment ce qu’elles foutaient là. Révolution en Marche ou sursaut républicain, seule l’Histoire en jugera. En s’appuyant sur des joueurs fiables et qui savent écrire leur nom sans faire de faute, les Canucks semblent désormais armés pour partir à la guerre et tenter de surprendre le monde du foot en tapant l’Allemagne le Salvador.

Le 11 de légende (L’Arsouille approved)

Les Braves Types

Grand Prix Bersant Selina de la double nationalité pétée : Atiba Hutchinson (Besisktas JK)

Être né quelque part pour celui qui est né, c’est toujours un hasard. Et le meilleur joueur du monde n’a vraiment pas eu de chance : il est né Trinitéen du Canada. La légende raconte qu’il aurait plutôt été crée sur une lointaine planète à partir des restes de guerriers morts au champ d’honneur, puis envoyé sur Terre avec un faux passeport pour étudier les mœurs dissolues de ses habitants. Caché du monde dans la paisible région de Brampton, Ontario, il se découvre un pouvoir terrifiant encore inédit au Canada : des pieds qui fonctionnent.

La rumeur se répand parmi la foule qui se presse, curieuse, afin d’assister à cet étrange spectacle. Rapidement repéré alors qu’il évolue aux Lynx de Toronto, il s’envole pour la Scandinavie (en Suède d’abord, puis chez le voisin danois, au FC Copenhague). Rôdé aux froids extrêmes et aux modes de vie chiants, il urine littéralement sur la concurrence et sera annoncé à de nombreuses reprises du côté de West Ham avant de finalement s’envoler pour le PSV Eindhoven. Désormais oublié des perfides insulaires, le colosse d’ébène aux pieds d’airain fait les beaux jours du Besiktas depuis son arrivée en 2013, où il s’octroie régulièrement la liberté de désanusser un adversaire, entre une lulu de 30 mètres et deux passes-laser.

En choisissant le Canada en 2003, Sexy Baba hypothéqua sans doute une bonne part de son palmarès, mais au crépuscule de sa carrière, il s’impose désormais comme un cadre et un mentor dans les vestiaires. Atiba aurait pu être un anonyme parmi les puissants, il a préféré être le prince du caniveau. Pour cela et tant d’autres choses, il mérite qu’on l’aime, éperdument.

Prix Ryan Giggs du joueur imbutable qui doit constamment repousser sa retraite parce que y’a pas meilleur au poste : Patrice Bernier (Impact de Montréal)

Patrice en conférence de presse, annonçant pour la 352ème fois la fin de sa carrière

« Ah si j’étais un homme, je serai capitaine Patrice Bernier ». D’un bateau oui, mais qui prend l’eau. L’Impact de Montréal a toujours eu cette fâcheuse habitude de se faire ouvrir l’anus dès que le jeu accélère un minimum. Étrangement, cet état de fait s’inverse lorsque Bernier entre sur le terrain. Pas besoin d’avoir inventé le fil à couper la banane pour comprendre que le natif du pays a sa place dans le 11 type, tant pour dynamiser la transition au milieu que pour colmater les brèches d’une défense aussi fébrile qu’un puceau à La Jonquera. Mais le bon sens n’a jamais été le fort du staff, à Montréal. Ce serai même plutôt un frein. À 38 berges, le patron aurait pourtant vraiment autre chose à foutre et il se verrait bien siroter des camomilles peinard dans son chalet de Saint-Adolphe, à insulter les écureuils comme tout vieux débris qui se respecte. Mais chaque année, la même limonade : l’ultime baroud se mue invariablement en tournée de 30 dates à travers l’Amérique. Et il est rappelé en équipe nationale, encore et encore, parce qu’il a les crocs, l’amour du maillot et du travail bien fait. Papi fait de la résistance.

Pitbull d’Argent de Repentigny : Samuel Piette (Impact de Montréal)

« Il a été propre ». L’élément de langage est convenu, suranné même, tant il est repris par les tacticiens peu scrupuleux et les Pascal Dupraz de ce monde. « Il a été propre » pourrait être l’épitaphe de ce brave Samuel, qui s’avère être un excellent joueur de flûte à bec à un poste où tout le monde réclame une rock-star depuis des années. Mais on confond souvent travailleur et créatif par ici. Sam Piette aurait pu être poète ou hockeyeur dans les ligues mineures, il a décidé d’inscrire son destin au poste de numéro 6. Au soccer. Véritable exception hors du temps, quand ses petits camarades passaient leur samedi après-midi à se rouer de coups sur les patinoires de banlieue, lui bossait ses tacles à la carotide sur les champs de patates de Boisbriand. En 2006, ll ne peut échapper à l’appel de la nature et s’illustre dès son plus jeune âge dans les académies de Metz et Düsseldorf avant d’entamer une carrière professionnelle dans les échelons inférieurs du football espagnol (Racing Ferrol, notamment).

Après plusieurs années à subir la foire aux bestiaux du mercato, il pose finalement ses valises au pays. Et le Pitbull d’enchaîner les prestations de patron devant la défense, depuis son arrivée dans la capitale du monde libre. Gaulé comme un mini-frigo, il se démarque par sa capacité à ratisser des ballons sans se jeter, ce qui le différencie de 97% des défenseurs de MLS. Une qualité qui a tapé dans l’œil du sélectionneur : À 22 ans, le teigneux compte déjà 35 sélections. À suivre, comme diraient les plumitifs de Onze Mondial.

Michael Petrasso (QPR) Milieu de terrain de métier mais bien meilleur quand il évolue à droite de la défense (comprendre, à un poste dont tout le monde se cogne).

Junior Hoilett (Cardiff City) L’éternel espoir se voyait international anglais et pilier d’un club de Premier League. Il joue donc à Cardiff City et se fait bouffer par les défenseurs du Curacao. L’incarnation du mauvais karma.

Alphonso Davies (Vancouver Whitecaps) Attention pépite! Vous l’aurez lu ici en premier : dans deux ans, Alphonso roulera sur la Ligue 1 avec Montpellier (si Loulou Nicollin daigne répondre à mes mails mais il doit me snober). Derrière ce petit corps malingre de poussin asthmatique se cache une fusée de 16 ans, à l’aise avec un ballon et décisif dans les grands rendez-vous. Quatre matchs, trois pions en CANMNT, 34 apparitions sur la saison chez le leader de la Conférence Ouest, des dribbles assassins, de la bagarre et du bon goût : Alphonso, c’est le regen Football Manager qui apparaît dans ta partie en 2032 et emmène ton club de lâches en finale de Ligue des Champions. Sauf que là c’est pour de vrai, en 2017.

Scott Arfield (Burnley FC) Longtemps pressenti pour porter les couleurs de l’Écosse, le natif de Deschmond s’est fait pousser un destin et une solide paire de burnes en choisissant le Canada. Archétype du milieu de terrain besogneux, remplaçant désigné d’Huntchinson pour les années à venir, Arfield confirme qu’avoir une licorne comme emblème national ne pouvait pas rester éternellement impuni.

Dejan Jakovic (New York Cosmos) Toujours bon d’avoir un Croate dans sa défense.

Milan Borjan (Étoile Rouge de Belgrade) Derrière une dégaine d’animateur d’émission de rénovation sur Canal Vie, se cache un colosse et accessoirement un bon gardien. Formé à River ET Boca Junior, marié à une cadre exécutif du Partizan Belgrade (alors qu’il évolue chez l’ennemi), Milan est un adepte du dialogue et du consensus. Si il ne finit pas dans le charnier familial dans les mois qui viennent, il pourrait même devenir, sur un malentendu, le porte-étendard d’un groupe en pleine métamorphose.

Anthony Jackson-Hamel (Impact de Montréal) Au lycée, il était la star de l’équipe d’athlétisme. Doté d’une génétique particulièrement avantageuse, il courait déjà plus vite à 8 ans que Kamil Glik à 25. Sans doute aurait-il pu avoir un avenir dans son domaine de prédilection, et ainsi réaliser les rêves d’une vie : participer aux Jeux Olympiques et rencontrer Patrick Montel. Malheureusement, si le talent était là, il lui manquait encore l’envie de se faire mal. Il s’est donc naturellement tourné vers un sport où on peut être aligné tous les samedis sans trop se fouler le cul. Et ça marche. Formé à la Drogba « Big Chibron »Academy, AJH s’impose petit à petit dans une équipe qui chie habituellement sur les transfuges de son centre de formation pour privilégier des ritals cramoisis et enfile les pions comme des perles, malgré un temps de jeu famélique.


Les Salopes

Radiateur d’Or au Festival de Vilnius : Will Johnson (Orlando City SC)


Longtemps intraitable sur les terrains de MLS, Will Johnson l’est également dans la maisonnée. Pas avare en torgnole, il est rapidement passé du statut de pauvre type chouineur sur le terrain à celui de sombre merde en trois coups de cuillère à pot. Des coups de cuillère qui semblent invariablement retomber sur le museau de sa rombière, qui a dû croire que ses slibards allaient se plier tous seuls. Ce parangon de virilité traîne ses guêtres d’une franchise à l’autre (Toronto FC, Portland Timbers), au grès des blessures et des « incompatibilités » avec ses entraîneurs successifs. Avec une quarantaine de sélections au compteur, il fait pourtant partie des meubles chez les Reds. Solide artilleur, pas le dernier pour la castagne au milieu de terrain, Will Johnson est un 8 à l’ancienne comme on aime à les détester.

 Récipiendaire du M’Baye Niang de Platine   : Cyle Larin (Orlando City SC)

La preuve vivante qu’il doit y avoir quelque chose dans la flotte du côté de la Floride. Seulement deuxième international canadien à percer dans la toute jeune franchise, considéré par les observateurs comme la star que tout la nation attendait, il est aussi célèbre pour ses frasques. Rouler à contre-sens sur l’autoroute avec trois grammes dans chaque poche? Absolument! Larin aurait donc pu symboliser l’éclosion d’une nouvelle génération aussi talentueuse que portée sur la boisson si il n’était pas perpétuellement hors-jeu.

Relégué dans un rôle de faire-valoir par le toujours soyeux Anthony Jackson-Hamel, il peine encore à confirmer à l’internatianale les espoirs placés en lui. Son ratio en club est par contre impressionnant, ce qui alimente un débat qui n’en finit plus de déchirer les supporters canadiens : Et si au lieu de le faire jouer seul en pointe, on le replaçait neuf et demi? Cela aurait sans doute permis aux Canucks de battre la Jamaïque en quart de Gold Cup. Mais avec des si, on mettrait Cyle Larin en bouteille. Ce qui ne lui déplairait probablement pas.

Dans le prochain épisode, trêve internationale oblige, y’a match. Canada vs. El Henri Salvador. À Houston, Texas. Le Kamoulox est total, amenez vos gosses!

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