Arsenal-Bournemouth (5-1) : La Gunners Academy livre ses notes
Carl Jenkinson a rejoué. Au football, oui, tout à fait.

Nous vous le disions il y a encore quelques semaines : l’hiver a été long et rude pour l’Arsenal d’Unai Emery. Mais depuis qu’elle a touché le fond à Borisov, cette équipe ne cesse de reprendre des couleurs. Entre les retours de blessure, la fin des périodes de rhume et la potentielle résolution du cas Özil, et bah forcément, ça joue mieux et ça recommence à gagner.
Le retour solide face au BATE a trouvé en écho il y a dix jours une belle prestation contre le relégable Southampton – on va enfin peut-être se débarrasser de cette plaie – pour enchaîner donc la semaine passée avec l’exécution propre et nette de Bournemouth à domicile.
Alors Bournemouth, c’est pas exactement les vainqueurs de la dernière Ligue des Champions hein, mais c’est une équipe joueuse, solide, coachée par le très bon Eddie Howe, et qui a toutes les capacités pour poser des problèmes. Pour nous poser des problèmes. Unai avait donc aligné mon 3-4-3 chéri – bizarrement décrit par certains comme pragmatique, alors qu’on a souvent été brillants en jouant dans cette formation. Pas de Mustafi dans la ligne arrière, alléluia, un milieu Torreira-Guendouzi parfaitement à la hauteur du challenge et oulala, une paire de créateurs Mkhitaryan-Özil derrière Aubameyang. Terriblement alléchant d’autant que EH, j’oublie le principal mes amis : titularisation de l’immense Carl, fils de Jenkins au poste de piston droit. Oui, vous êtes bien en 2019. Le garçon s’est laissé pousser une bien vilaine barbe pour que vous fassiez la différence entre les deux époques.
Bref, sur le papier, ça avait l’air chouette et dans les faits, bah ça l’a été. A l’exception de quelques très rares éclairs (un duel en première période, une frappe détournée sur le barre, deux-trois phases de pressing bien coordonnées, dont l’une amène la boulette de Guendouzi), Bournemouth s’est fait ouvrir dans les grandes largeurs, comme ça leur arrive pas si souvent non plus. Et pour ça il a suffi de deux entames bien tranchantes, en début de match et à la reprise, avec deux buts à chaque fois.
C’est intéressant de voir d’ailleurs que le spectre des premières périodes au diesel semble avoir disparu. En appliquant ses efforts au bon moment, notamment sur les phases de pressing – qui ne sont plus généralisées mais seulement déclenchées quand le porteur du ballon, très bas, semble esseulé – Arsenal semble devenir une équipe plus efficace et plus clinique. La preuve par exemple avec le deuxième but, celui de Mkhitaryan.
Faudra s’inquiéter à long-terme de ces passages à vide dans l’axe, avec le milieu qui s’ouvre façon mer Rouge, parce qu’on risque de les payer beaucoup plus cher contre de grosses équipes. Mais on recommence à sentir une stabilité, des schémas de jeu, un effectif qui fonctionne. On est prêts pour notre traditionnel run de fin d’année, avec la 4e place en ligne de mire.

LENO : 3/5
Un match pépouze. Un gros arrêt très tôt sur un duel, il est toujours aussi fort dans ses réflexes. Et puis bon, une relance un peu risquée, il choisit le mauvais gars – un gars qui, certes demande le ballon et dispose d’une certaine visibilité en termes capillaires, mais merde quand même – et patatras, il prend un but. De la concentration.
KOSCIELNY : 5/5
Son retour à la compétition a été compliqué, il a fallu qu’il se remette dans le bain. Mais depuis deux mois, on a droit à une sorte de Definitive Edition du Kos’, plus puissant, plus pertinent, misant sur son expérience et son intelligence plutôt que sur ses qualités athlétiques – toujours bien au-dessus de la norme quand même pour un central. Et j’avoue développer un kink sur ses tempes blanches
SOKRATIS : 3/5
S’impose peu à peu comme le complément adéquat pour Koscielny, dans sa capacité à faire assez peu de vagues et de grosses conneries. A Arsenal, c’est un atout considérable
MONREAL : 3/5
Pas sur ce genre de match qu’il va se faire déborder. Propre, incisif, solide. Cette défense à 3 pourrait je pense faire le taf contre une grande partie des équipes de PL
KOLASINAC : 3/5
Très discret si ce n’est pour son implication dans le premier but. Ca veut aussi dire qu’il a tenu son poste, donc on va brûler un cierge.
JENKINSON : 3/5
Pied de nez ultime à tout ce que le football professionnel compte de logique et de convenu, le grand Carl a refait surface. Lui, le fan devenu joueur à la faveur d’une combinaison de facteurs favorables, a de nouveau été aligné sur une feuille de match. En tant que titulaire. En Premier League. Et il a même pas été trop nul, en fait. Bon, tu sens que dès que ça va un peu vite ou que ça devient trop technique, trop compliqué, il commence à saturer comme un vieux Windows. Mais je pense que je préfère le voir cavaler avec ses grandes pieds maladroits que d’assister encore au spectacle déplorable de l’entrée en temps réel de Lichtsteiner dans le troisième âge
GUENDOUZI : 5/5
Match monstrueux d’envie, de volume, de précision et d’audace que même sa boulette n’arrive pas à entâcher. C’est une erreur de jeunesse, de naïveté un peu aussi, mais elle vient surtout de son envie de ressortir un ballon propre et de faire les choses bien. Sa volonté de tenter toujours des trucs fait sa force. Qu’il continue
TORREIRA : 3/5
Moins rayonnant qu’il y a quelques semaines, il semblerait qu’il commence à tirer un peu la langue, en témoignent ces nombreuses phases où les milieux de Bournemouth sont venus péter plein axe sans qu’on les embête outre mesure
MKHITARYAN : 5/5
Sa rémission continue. Ses cauchemars diminuent de jour en jour. Il commence à faire des nuits complètes, libéré de ses visions du “Vilain José” comme il l’appelle. Toujours inquiet lorsqu’il passe à proximité d’un banc de touche – ou même d’un canapé, ou d’une banquette de voiture d’ailleurs – l’Arménien semble se reconstruire, avec pour seule trace des sévices passés, cette double calvitie dégueulasse qui attaque ses tempes
ÖZIL : 5/5
Oui, oui, cent fois oui : pour peu qu’il soit concentré, présent aussi bien physiquement que mentalement, jouer avec Mesut Özil change radicalement le visage de cette équipe. Pas besoin d’expliquer à quel point il peut être brillant, pas besoin de faire reluire encore une fois sa technique de frappe à rebond (assez géniale quand même). J’aimerais juste évoquer sa capacité à orienter le jeu par son simple positionnement. En revanche, je refuse de voir mon club payer £350K/semaine pour le voir faire ça une fois tous les deux mois, contre Bournemouth
AUBAMEYANG : 3/5
Peu en vue, il met quand même le but qu’il faut après avoir été lancé dans l’axe par Mkhitaryan, entre Ake-Mepham. Bon, on aurait pu faire passer une deux fois six voies. Mais au moins, je l’attendais là-dessus, sur ces buts “faciles à mettre”. Pour le moment, il déçoit pas. En tout cas, jusqu’à la prochaine acad’..

IWOBI (pour Kolasinac à la 57e minute) : Passage en 4-2-3-1 après la sortie sur un petit pépin physique du Bosnien. Iwobi a maintenu la pression sans coup d’éclat
LACAZETTE (pour Mkhitaryan à la 63e minute) : Une standing-ovation pour Mkhi (on va pas se mentir, il a failli pleurer, ça a fait rejaillir des souvenirs tendres d’une époque passée dans les vertes contrées allemandes), et le premier coup-franc direct de la carrière du Laca, qui aurait pu en mettre deux easy sans une belle intervention de Boruc.
SUAREZ (pour Aubameyang à la 71e minute) : Euh… oui. Bon. Bah toujours très difficile d’évaluer ce qu’il vaut. Tu sens une aisance hein, balle au pied. Une faculté à accélérer le jeu, à changer de direction très vite. Mais c’est encore hyper timide

A quel moment exactement j’ai loupé vingt ans de ma vie pour me rendre compte que Boruc avait 39 ans, putain?!
Va falloir sérieusement surveiller la capacité de Guendouzi à envoyer des galettes façon ball-trap. A un moment, on va se réveiller, le môme, il aura posé Xhaka sur le banc.
Les cheveux d’Aubameyang. Voilà, c’est tout.
Carl Jenkinson, putain.