Irlande – France (0-1) : l’Académie Française a les semelles qui collent.

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LE CONTEXTE

Après avoir gentiment mais implacablement désossé l’autre pays du fromage, les Bleus ont pris l’avion direction Dublin pour y passer une sorte de test, un lendemain de passage à l’heure d’été. Les Irlandais ? Vue la danse qu’on a passée aux Pays Bas, décimés certes (la faute à la chatte à Dédé), mais avec de solides arguments sur le papier, ce ne sont pas quelques bouffeurs de trèfles de D2 anglaise qui vont faire de la résistance. On va leur botter le fion pis après, on se repaitra de leur dépouille dans le premier pub venu. Et puis franchement l’Irlande, c’est plus ce que c’était. Pas un rouquin,  un seul type en O. Où sont les O’Leary, O’Brien, O’Flannagan,O’Shaunessy, O’rage O’Desespoir, O’Vieillesse ennemie, que n’ai-je tant vécu que pour cette infamie ? Mais on s’égare.

Ça c’est ce que j’aurais dit si j’avais été un footix inculte et nombriliste, focalisé sur les chaussures de Kylian Mbappé et les dreads de Camavinga. Les Irlandais, on les connaît. Quand une nation est estampillée « Fighting Spirit », faut pas s’attendre à ce qu’ils entrent sur la pelouse en victime expiatoire. Ce n’est pas dans l’ADN des insulaires. Ce mardi 27 mars ne déroge pas à la règle, roux ou pas roux, O ou pas O. Et franchement, vous vous attendiez à quoi, 9 jours après le sacre des rugbymen dans le Tournoi des 6 nations et 10 jours après la Saint-Patrick ? 

Ca sent la Guinness tiède, la renversée, qui colle aux semelles dans les travées de l’Aviva Stadium, et un peu la pisse aussi. Ça sent le match piège, le bon vieux traquenard, duquel on ne peut repartir que de deux manières : la tête haute ou les pieds devant. Les gens arrivent déguisés en leprechauns, pas de doute, on est à Dublin. 

Poison Ivy chante l’hymne irlandais juste après l’apparition du professeur Foldingue et on est parti. 

à jeun.

LA COMPO

MAIGNAN

PAVARD – UPAMECANO – KONATE – T. HERNANDEZ

GRIEZMANN – CAMAVINGA – RABIOT

KOLO MUANI – GIROUD – MBAPPE

Trois changements par rapport à la raclette de gouda de vendredi dernier : Les deux (anciens) Girondins (m’en fous, on se raccroche à l’excellence comme on peut) Jules Koundé et Aurélien Tchouameni ainsi que Kingsley Coman cèdent (provisoirement) leur place à Benjamin Pavard, Eduardo Camavinga et Olivier Giroud. Faute de latéral droit de métier depuis Christophe Jallet, va falloir voir à repenser le poste. Camavinga et ses tresses reprennent l’entrejeu, et je comprends pas toujours pas qu’on l’ait fait jouer arrière gauche. Mais bon. Quant à Giroud, ces matchs de guerriers, dans les défenses resserrées, c’est un truc pour lui. Autre conséquence, Kolo Muani passe à l’aile, lui qui kiffe les grands espaces comme Emiliano Martinez kiffe les sketchs de Jean-Marie Bigard.

LE MATCH

Après trois minutes, le constat est sans appel : les Greens, avec leur attaquant de troisième division, font mieux que les Oranje et leur meilleur défenseur du monde. On n’imagine même pas le banc que peuvent avoir les Shamrocks avec un 11 titulaire pareil. On en a des frissons. La double confrontation Irlande – Pays Bas va valoir son pesant de breuvage houblonné, les places qualificatives seront chères. 

En parlant de frisson, le premier est cet appel dans la défense de Kolo Muani, servi dans la profondeur par Upamecano (sans déconner, quel nom à calembours, franchement) pour la dernière fois du match alors qu’on joue la 8e minute. A ce moment très précis de la partie, on sent déjà que ce match va être plus long que le contrôle de RKM et l’attribut qui a fait sa notoriété à Claude Makelele. La double talonnade RKM – Giroud pour personne confirme la première impression. 

10e minute et premier pas carton pour Cullen qui saccage une contre-attaque de RKM, suivi six minutes plus tard par le second pas de carton pour Egan et un séchage en règle par derrière au niveau des chevilles de Giroud. 

Fighting spirit, qu’on vous dit. Vous n’écoutez rien. Pis du coup, c’est Pavard qui va prendre la première biscotte de la partie, à la 23e, pour l’ensemble de l’œuvre des protagonistes de la rencontre. Un petit taquet sur Knight qui voulait amorcer une contre-attaque. Ca s’appelle un échange de bons procédés.

Cette première mi-temps, les Irlandais ont mis le bus, et c’est pas Ribéry qui l’a garé. Alors on joue au hand, on fait tourner le ballon. Les Irlandais proposent une grosse défense compacte et vaillante, là où on a vu des Hollandais hagards comme le regard d’une influenceuse dentifrice. Quand l’attaquant de pointe joue sur ses propres 25 m, je vous laisse imaginer les dix coéquipiers. Nikola Karabatic likes it. 

Le corner de Pinkou, Grizou n’étant plus d’actualité, fait une petite partie de flipper, ça claque le million pour une extra ball mais finalement sans réel danger dans les 5.50 irlandais. 

29e minute : rien. 

30e minute : rien. 

31e minute : rien. 

32e minute : rien. 

33e minute : rien. 

34e minute : rien. 

35e minute : rien. 

Ah, 36e, il a l’air de se passer un truc. Hernandez tente de rentrer dans la surface. Mais c’est plus serré que… je vous laisse finir la comparaison. Ah ben non, finalement rien.

Mi temps. Pas d’arrêt de jeu. Et heureusement. Parce que la vache, on se fait un peu chier quand même. Mike Maignan, si ça continue comme ça, va pouvoir ranger le pyjama sans le mettre à laver. J’en profite pour manger un truc. 

La seconde mi-temps démarre comme s’est fini la première, à savoir avec Théo Hernandez qui se fait encore bolosser par Onenga. Donc il le sèche un peu.

49.3e minute : La relance irlandaise molasse ne voit pas le pressing de Pavard aux trente mètres, deux pas, frappe de bâtard, barre rentrante et ça fait 0-1 ! Pavard, ou la symbolique de la réforme des retraites. Vous pouvez essayer de résister tout ce que vous voulez, si ça ne passe pas en douceur par les côtés, ce sera en force plein centre. Faites pas chier. 

Oh non, 58e minute, Maignan salit son pyjama pour rien. Le mouvement irlandais joli a fini hors jeu. Mais fallait justifier le salaire du pressing. Tout comme pour Kylian MBappé quelques minutes plus tard, tombé de manière douteuse dans la surface irlandaise. Bon. Il dit trop rien, le tirage de maillot ne devait pas être trop voyant.  

On attaque la 65e et Olivier Giroud se fait remplacer par Moussa Diaby. Un M. Diaby qui rentre avec le numéro 19, faudra pas bégayer s’il ressort blessé avant la fin du match. Et il se met en évidence de sa seule frappe à la 69e, qui offre à Bazunu une belle horizontale. Insuffisant néanmoins pour figurer en poster du prochain Onze Mondial. 

Rabiot s’y tente aussi à la 75e, sans plus de succès. Bazunours veille au grain. 

Le changement qui fait plaisir et qui sent bon la chocolatine. 81e. Koundé et Tchouameni remplacent Pavard et Rabiot, poste pour poste. Parlez pas de Madrilène et de Barcelonais, je veux rien savoir. M’en fous, je ne vous écoute pas, je vis dans le déni ! 

Plus que six minutes à jouer et Maignan plonge enfin pour de vrai et dévie en corner. Sur le corner, il sort des deux poings. J’ai cru ne jamais pouvoir le noter. Les Irlandais inversent la polarité des hémisphères, poussent pour égaliser, ce qui est au moins aussi bien que de pousser sur les toilettes. Et ça commence à chauffer sérieux pour les plumes de nos poulets bleus.  

Et c’est maintenant que tout se joue : sur un corner de Cullen, Koundé devance Collins et catapulte un missile sous la barre de Maignan qui claque. Il n’y a pas que Maignan qui claque, nos fions aussi jouent des castagnettes. Car re-corner. Cullen la joue comme Beckham, dépose la gonfle sur la tête de Collins un peu trop seul, un coup de boule magistral et le reste se passe de commentaire. Collins a marqué un but, mais Maignan l’a arrêté, d’une main ferme comme les seins siliconés de la première pornstar venue, un arrêt réflexe qui consolide la victoire des Bleus et leur première place dans cette poule. IL EST LA, LE POSTER D’ONZE MONDIAL !

Fin du match

LES NOTES

MAIGNAN (5/5) : 5 comme le nombre de minutes où il a eu besoin de jouer. après son péno arrêté face aux Pays-Bas, il fait un sans-faute, le garçon. Et si Aréola voulait prétendre à la place de numéro 1, ben elle n’est plus à prendre !

PAVARD : (3+/5) : Si le côté droit a été fort, c’est qu’il a quand même assuré, quand il enlève la caravane. Et son but a le mérite d’être le seul de la partie. remplacé par KOUNDE, qui aurait pu mettre un joli but aussi.

UPAMECANO / KONATE (3/5) : Pas franchement inquietés, solides sur les appuis. Un match de première ligne de rugby. Vaillants. 

HERNANDEZ (2/5) : Pas mieux. Il s’est fait plier comme un cartable par Onenga en première période. Si le côté droit des Bleus a globalement été pas mal, c’est aussi grâce à lui. 

CAMAVINGA (3+/5) : On le sent plus à l’aise qu’en latéral. Une rentrée camavingagnante. 

RABIOT (2+/5) : Si la récup a été pas mal, la projection vers l’avant a fait défaut. On peut pas marquer en coupe du monde et être bon contre l’Irlande. Probablement que si, mais pas chez les Bleus. Le Baron ne sera pas inquiété pour autant si jamais Pogba revient. Remplacé par TCHOUAMENI, sans relief. Ca doit être l’air iodé. 

GRIEZMANN (2/5) : Sa grosse activité au milieu ne suffit pas quand le milieu adverse est un bloc de fonte. Pinkou de mou.  

MBAPPE (2/5) : Pris à deux, voire à trois, on ne l’a peu ou prou pas vu du match. Rien, même pas une petite praline, même pas un penalty provoqué. Foutus maillots moulants. 

GIROUD (1/5) : il y a dans le football ces magiciens capables de disparaître au cours d’un match. La définition même de ne pas toucher une bille. remplacé par DIABY, qui a frappé, lui. et cadré. 

KOLO MUANI (2+/5) : A essayé, s’est engouffré, a pris la ligne, a pris des coups, a fait ce qu’il a pu, mais le bus irlandais avait bien serré le frein à main. Remplacé par M. THURAM à la 89e, parce que Deschamps a le sens de l’humour. Une super Jurietti, il a fait, Marcus.

CONCLUSION

Cette victoire aux airs d’un 32e de Coupe de France va permettre aux Bleus d’attendre tranquillement le mois de juin et les prochaines Académies à Gibraltar le 16 juin puis contre la Grèce le 19. Battre Gibraltar, il n’y a rien de tel pour faire chier les Anglais. 


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Lilian Laglande

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