« La garder au chaud »

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Frantz-Christophe Van Dustgroski, bourse de Paris.

« Nous voulons construire sur la durée »
« Nous avons un vrai projet pour le club »
« La stabilité est un élément indispensable de la réussite »

7 entraîneurs. Le 1/3 des entraîneurs du début de saison, lors du coup d’envoi du premier match pour être précis, ne sont plus sur les bancs de Ligue 1. Enfin pas sur le même. Oui pas sur le même parce qu’en famille, on s’arrange. Et on ne dit rien en public. Rien sur ces bruits de couloir et ces transactions de salon, l’intérêt et garder la face sont toujours plus important. Il faut remplir, combler le vide, ne pas se donner le temps de la réflexion, de la discussion, du vrai choix intéressant, aller vite prévaut sur faire bien.

Bielsa, Courbis, Fournier, Furlan, Montanier, Printant et Renard. 7 noms, 7 entraîneurs confirmés, des titres, des styles de jeu, des hommes d’expérience, ce ne sont pas des premiers communiants, pas des vulgaires Villas-Boas. Il y a de la bouteille, il y a du projet, mais il n’y a pas de temps, pas de patience, pas de conscience. Le cynisme et la légèreté sont là, toujours là. Qu’on prenne les supporters pour des imbéciles, après tout oui, ils sont doués d’une capacité à résister à l’outrage hors du commun et pourtant ce sont les seuls à ne pas être payés dans l’histoire. Mais « le caractère, c’est avant tout de négliger d’être outragé par les siens » disait le Général. Dans la configuration d’une équipe professionnelle et de son environnement proche, finalement c’est un assez juste tableau.

Les dirigeants sont les premiers à trembler, paniquer et agir en dépit du bon sens. Virer l’entraîneur. Reculer pour mieux sauter dans le vide en plein milieu d’une saison qui, si cette décision est prise, n’est pas brillante. C’est le mauvais choix. Exactement la même manœuvre qu’en période de crise boursière, vendre ses actions lorsqu’elles ont beaucoup baissé.

Plus que cela, il y a une conséquence que personne ne voit, que l’on tait régulièrement lorsqu’on débarque ainsi l’entraîneur : la honte des dirigeants qui se sont trompés et qui reportent la responsabilité de l’échec sportif et/ou médiatique sur un seul homme. Et pas eux. Ils sont les premiers à se mettre en avant, à cancaner quand tout va bien, et que ça fait le beau et que ça fait la leçon aux autres. Et après, quand ça va mal : « oh bah oui mais vous comprenez le message de l’entraineur ne passe plus. » Alors que, quand une entreprise ne va bien, c’est l’ouvrier qu’on vire plus facilement.

Encore plus que cela, il y a un constat que tout le monde commence à voir, c’est devenu trop flagrant, impossible à cacher. Le cercle des entraîneurs français est une famille consanguine et sa principale caractéristique, c’est que son patrimoine génétique s’affaiblit de plus en plus. On peut toujours tirer sur les joueurs, les effectifs, les caprices de diva, et il y en a à tous les niveaux de ce milieu, mais finalement ne se sépare-t-on pas d’un entraîneur si facilement que le risque qualitatif de son remplaçant est faible en Ligue 1 ? En retrouvant toujours les mêmes pour un changement superficiel de méthode, pour calmer les médias et bousculer psychologiquement un peu les joueurs de l’équipe, tout en redonnant de l’espoir pour ceux qui veulent partir, ou les jeunes du centre de formation de monter d’un échelon.

Ne nous méprenons pas, ce n’est pas un appel aux entraîneurs étrangers. Le nombre d’échec est trop important pour maintenir légitimement cet argument. Quand on voit qu’un club français ne sait pas garder Ancelotti, il y a toujours beaucoup à craindre. Quand on voit que les entraîneurs les plus nouveaux ont déjà eu en charge des sélections nationales, on ne peut pas dire que la Ligue promeut les nouveaux talents sur le banc. Sans parler de nouveaux talents, à part Blanc et Deschamps, quels sont ceux qui ont résisté au-delà d’un succès avec une équipe lors des 30 dernières années ? Houllier, Wenger, Denoueix, Fernandez, Garcia et en sélections nationales Jacquet, Renard et Lemerre. C’est assez faible. Et encore on parle de réussites relatives car les titres n’ont pas toujours été au rendez-vous et il s’agit plus de surprises (Real Sociedad, Roma, Bilbao, Zambie, Maroc,…) que de performances répétées sur plusieurs années (Wenger et Blanc exceptés, un peu Deschamps aussi si la Coupe de la Ligue est une performance sur plusieurs années). Tellement d’échecs, de faux espoirs. Et les quelques uns qui restent s’échangent les sièges à la manière des conseils d’administration français. Avec un résultat assez homogène. Bravo. Ne changez rien.

 

Frantz-Christophe Van Dustgroski

 

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