Le pouvoir des fables

La qualité d’académicien

Peut-elle s’abaisser à des contes vulgaires ?

Puis-je offrir mes vers et leurs grâces légères ?

S’ils osent quelquefois prendre un air bien malin,

Seront-ils point traités par vous de professoral ?

On en voit trop qui n’ont pour but dans leur journal

Que de démêler les débats

De l’Espagnol et l’Italien.

Lisez-les, ne les lisez pas ;

Mais empêchez que dès le matin

On nous radote sur les équipes d’Europa.

Que de quelques gens peu réguliers

Il nous vienne des mauvais papiers

J’y consens ; mais que l’ensemble de la profession

Fasse du ridicule une compétition

J’ai peine à digérer la chose.

N’est-il point encore temps que les commentateurs se repose ?

Quel autre Homme enfin ne se trouverait las

D’entendre ces chroniqueurs ? Et faut-il qu’il propose

Une nouvelle chaîne pour resservir les mêmes plats ?

Si votre esprit plein de souplesse,

D’intelligence et d’adresse,

En a marre de ces cœurs et paroles d’experts

Je vous redirigerai vers Internet ; c’est peu cher

Pour ne plus entendre de conneries.

Enfin, HorsJeu je remercie

De même que mes lecteurs avenants

Prenez en gré mes vœux ardents

Et le récit en vers que je vous dédie.

Son sujet vous plaira ; je n’en dirai pas plus :

Sur les Eloges que l’Envie

Doit avouer, de peur d’être faux-cul

C’est pout cela que je n’appuie.

Au football, autrefois sport vain et léger,

Un entraineur voyant son équipe en danger,

Ordonna un rassemblement ; et d’un art tyrannique,

Voulant faire taire les papiers journalistiques,

Il parla fortement sur le spectacle et ses attributs.

Les joueurs ne l’écoutait pas : l’Entraineur recourut

A ces figures violentes

Qui savent exciter les âmes les plus lentes.

Il fit parler les morts, tonna dit tout ce qu’il put.

Le vent emporta tout ; personne ne s’émut.

Les joueurs aux têtes frivoles

Etant faites à ces traits, ne daignaient l’écouter.

Tous jouaient ennuyeusement : il les vit s’entêter

A passer sans fin, et point à ses paroles.

Que fit l’entraineur ? Il prit un autre tour.

Vicente, commença-t-il préparait un match retour

Entre un Espagnol et un Italien :

Une Coupe est en jeu ; et l’Espagnol en passant,

Comme l’Italien en défendant,

Se disputèrent la partie. L’assemblée à l’instant

Cria tout d’une voix : Qui gagna et de combien ?

– Qui gagna ? Celle qui le mieux dissous

Beauté et efficacité contrairement à vous.

Quoi, de contes d’enfants mes joueurs s’embarrassent !

Et de la finale qui les menace

Lui seul de faire plaisir aux spectateurs il néglige l’effet !

Que ne demandez-vous pas ce que Vicente fait ?

A ce reproche l’assemblée,

Par l’Apologue réveillé,

Se donne entière à l’Entraineur :

Et mit quatre buts en son honneur.

Nous sommes tous un Ibère en ce point ; et moi-même,

Au moment où je fais cette moralité,

Si HorsJeu dans son équipe m’intégrerai,

J’y prendrais un plaisir extrême,

Le monde est vieux, dit-on : je le crois, cependant

Il le faut amuser encor comme un enfant.

Just La Fontaine

Les images illustratives proviennent de l’album panini crée conjointement par le site oldschoolpanini et les cahiers du foot. Si tu n’as pas eu la présence d’esprit de la faire avant, il n’est pas en encore trop tard pour commencer ton album.

 

2 thoughts on “Les fables de Just Lafontaine, épisode 7

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