Présentation : Le Ghana

Indépendante depuis 1957, la république du Ghana est un des seuls pays anglophone du Golfe de Guinée. Coincé entre le Burkina, le Togo et la Côte d’Ivoire, ce pays tire son nom de l’ancien empire qui s’étendait sur la grande majorité de l’Afrique de l’Ouest. Heureusement aujourd’hui le Ghana n’est plus connu seulement pour la grande qualité de ses contrefaçons (je me souviens avec tendresse de ces longues heures passées à jouer à ISS 98 sur la PlayStation ghanéenne du poto de l’époque).  Le Ghana retrouve aujourd’hui une place déterminante dans le paysage footballistique africain grâce à la plus talentueuse génération que le pays n’ait jamais connu.  Toute l’équipe est prête à relever le plus incroyable défi jamais réalisé par une équipe africaine : gagner la Coupe du Monde. Pour vous accompagner j’ai choisi une sympathique vidéo sur le Ghana histoire de faire un peu le guide touristique mais bon il faut dire la vérité tout le golfe de Guinée est magnifique (surtout la Cote d’Ivoire, il faut absolument voir Sassandra et San Pedro si vous y allez un jour et que vous aimez la mer. C’est le paradis !).

Cependant avant de penser au futur et à la coupe du monde revenons un peu sur le passé des Blacks Stars qui ont souvent représenté le cliché parfait des équipes africaines : beaucoup de talent mais un manque de sérieux et de rigueur (et/ou un excès de confiance) qui les empêcha souvent de gagner.

Les années 60 : The African  Sunshine

Rendez-vous compte, le Ghana fut déclarée indépendante en 1957 et entre 1960 et 1970 le Ghana a gagné 2 coupes d’Afrique des Nations auxquelles il faut ajouter 2 finales perdues (contre le Soudan au Soudan et contre la grande équipe du Congo qui ira à la coupe du monde 1974). Autant la victoire de 1963 est due à un collectif  soudé et à une réelle soif de victoire,  mais par la suite, le Ghana décida de se reposer sur ses individualités et même si cela lui permis de remporter la CAN 1965 grâce à un Osei Kofi du feu de Dieu (marquant dans chacun des matchs du Ghana, et permettant aux Black Stars d’accrocher les prolongations en finale en égalisant à la 80^ème, avant qu’Odoi ne crucifie les Tunisiens pour la victoire finale). Malheureusement malgré cette domination continentale le Ghana ne réussit jamais à se qualifier pour la coupe du Monde à cause de matchs largement à leur portée mais abordés avec un excès de confiance trop préjudiciable.

A partir de cette finale perdue de 1970 (contre le Congo donc) l’équipe nationale du Ghana disparait du paysage footballistique mondial ne réussissant pas à se qualifier pour la CAN 3 fois d’affilée (72, 74 et 76)

78-84 : Back in the game Baby !!

Après la CAN 76 arrive 1978 et la première CAN organisée par le Ghana. Complètement hors du coup d’un point de vue sportif, l’équipe connait une grande pression populaire au fur et à mesure que la compétition se rapproche. L’entraineur alors en place va tenter un coup de poker en prenant beaucoup de jeunes joueurs du Kumasi Asante Kotoko Football Club. Ce club est un des plus grands clubs ghanéen et africain et il a notamment remporté une ligue des champions africaine (+ 2 finales), deux championnats ghanéens, ainsi que quelques coupes entre 1970 et 1976. L’entraineur du Ghana décide donc de s’appuyer sur les joueurs de cette équipe et notamment la superstar Opoku Afriyie. Après 2 ans de préparation le Ghana est donc prêt à remporter SA CAN.  En phase de poule le Ghana rencontre tout d’abord la Zambie qui ouvre le score à la 8^ème minute. Si Afriyie égalise à la 21 ème les Ghanéens peinent et c’est un jeune joueur alors âgé de 17 ans qui va sauver sa nation : son nom est Karim Abdul Razak mais sa réputation n’est pas encore faite… Le match suivant se déroule contre l’ennemi nigérian. Ces deux équipes étant les favoris du groupe le match nul satisfait tout le monde. Pour le 2^ème match les Ghanéens battent platement le Burkina Faso (le Pays des Hommes Intègres était alors appelé Haute Volta). La demi-finale se déroule face à une surprenante équipe de Tunisie qui sort invaincue de la phase de poules. Le match est âpre, la moiteur d’Accra ajoute à la tension du match. Aucune des équipes n’arrive à prendre l’avantage quand surgit … Karim Abdul Razak le buteur providentiel du premier match. A 17 ans il réussit à marquer le but de la victoire et devient  l’idole de la nation, le « golden boy » (surnom qui lui est resté). La finale face à l’équipe du Mozambique est une formalité et Afriyie marque les 2 buts de la victoire, finissant par la même occasion meilleur buteur de la compétition. Mais la vraie star de cette CAN c’est bien sur l’enfant prodige qui est sacré dans la foulée meilleur joueur africain de l’année et promis à un avenir radieux dans une grande équipe européenne. Son nom commence à dépasser les frontières et un club dont l’ambition est de réunir les meilleurs footballeurs du monde vient alors le chercher au Ghana : Le New York Cosmos de Beckenbauer, Carlos Alberto ou encore Chinaglia. Le club lui propose de remplacer un certain Pelé dans l’équipe car ce dernier est parti à la retraite. Cependant il devra laisser derrière lui les Black Stars.  Peu lui importe, une vie dorée s’offre à lui et il réalise à partir ce moment une véritable carrière de mercenaire entre les Etats-Unis, le Qatar, l’Egypte et son club de cœur le Kumasi Asante Kotoko Football Club dans lequel il revient de temps en temps faire une pige. A chaque fois il est accueilli comme une rock-star et aujourd’hui  encore il fait partie des joueurs ghanéens les plus adulés. Le seul point noir de sa carrière restera sa dernière pige à l’Africa Sport d’Abidjan remportant 2 championnats et 3 coupes nationales (entre 88 et 91) au dépend de l’ASEC Mimosa. Heureusement depuis l’ASEC s’est bien rattrapé !

2008-2010 : Road to the final

Pour en revenir à la sélection nationale celle-ci gagne en 82 sa 4^ème CAN chez l’ennemi juré, le Nigéria (avec dans le groupe un jeune joueur prometteur, un certain Abedi Pelé…). Mais encore une fois les Blacks stars n’arrivent pas à concrétiser cette domination en se qualifiant pour une coupe du monde.  Depuis 1982 les ghanéens n’ont gagné aucune compétition majeure et il est temps que cela change. C’est prévu pour 2010 et je vais vous expliquer pourquoi :

– L’entraineur : Milovan Rajevac est à la tête de cette sélection depuis 2008. C’est l’homme de confiance de l’ancien sélectionneur Ratomir Dujkovic qui mena le Ghana en 8^ème de finale de coupe du monde.[1]La filiation Ghana-Serbie est d’ailleurs une totale réussite puisque sous sa coupe le Ghana a connu une demi-finale et une finale de CAN avec une équipe extrêmement jeune puisque les cadres sont souvent en repos à cette période de la saison. Cet entraineur a aujourd’hui la confiance de ses joueurs et de ses supporters ce qui est rarement le cas en Afrique (cf Le Guen qu’aucun joueur camerounais n’écoute et Eriksson qui n’est là que pour Drogba…). Et le plus important c’est qu’il a réussi à inculquer une vraie culture tactique à cette équipe. Aujourd’hui seuls les Egyptiens et les Ghanéens ont un vrai fond de jeu sur le continent.

– Le milieu de terrain : j’ose le dire le Ghana a le meilleur milieu de terrain du monde. Essien, Muntari, Appiah, Kwandwo (l’héritier de Razak) et Boateng DAMNED !!!! Les milieux espagnols ont intérêt à récupérer le médecin de Nadal parce que sinon… Ce n’est pas seulement la puissance physique de ce milieu qui le rend aussi impressionnant mais plutôt la technique de chacun de ces joueurs qui  fait de chacun d’eux un possible buteur ou passeur décisif. Que ce soit en phase offensive ou défensive c’est dans ce secteur de jeu que le Ghana doit construire ses victoires.

– Gyan Asamoah : Il n’est jamais aussi performant que lorsqu’il porte le maillot de la sélection nationale.  19 buts en 37 matchs ses stats parlent pour lui. Sa coupe d’Afrique 2008 est tout simplement hallucinante. Il sera la révélation du mondial.

– Richard Kings(t)on (à ne pas confondre avec Kofi Kingston, la star ghanéenne de la WWE, ou avec Sean Kingston, qui a clairement le physique pour faire partie des gros membres du comité): En plus d’avoir un nom qui me rappelle la Jamaïque et mes rêves de voyage Richard est un vrai taulier de l’équipe. Présent depuis 1996 dans l’équipe nationale il est de toutes les aventures. Après une carrière réussie en Turquie il a un peu de mal a trouver du temps de jeu en Angleterre mais son niveau reste plus que correct ses bourdes restant exceptionnelles (ce qui est rare pour une équipe africaine qui part généralement avec un but de retard dû au goal…). Le risque : qu’il nous fasse une Jean-Jacques Tizié et s’effondre complètement avec la pression. Cependant il a déjà connu une coupe du monde et a accumulé assez d’expérience pour éviter une telle catastrophe.

– Enfin dernier argument : l’identité nationale. Mis à part Boateng, tous les joueurs de la sélection sont nés au Ghana, ont été formés sur place jouent ensemble depuis les équipes de jeunes et rêvent depuis leur tendre enfance des Blacks Stars. Leur engagement est sans limites et cet évènement représente quasiment la seule opportunité pour cette nation de remporter la coupe du monde avant longtemps, une génération de cette qualité étant unique. Comme le Cameroun de la grande époque, le patriotisme est exacerbé et est la base de la cohésion de cette équipe.

En poule après avoir tapé la Serbie et l’Australie,  le Ghana mettra son équipe B contre l’Allemagne et finira 2eme de son groupe avant de rencontrer l’Angleterre en 1/8^ème pour un match qui sent la poudre face à l’ancien colon. Ça va être CHAUD !! Ça va être BON!! Après ça va dérouler jusqu’en finale. IZI !

Tactiquement le Ghana adopte une philosophie de jeu très simple. Ils exercent un pressing énorme pour récupérer le ballon le plus haut possible, ensuite le but est de conserver la balle au milieu de terrain en attendant soit un appel de Gyan dans le dos de la défense soit un exploit individuel d’un des milieux. Les milieux ghanéens ont également de très très bonnes frappes de loin (notamment Appiah qui se régale dans cet exercice) et peuvent ainsi faire remonter le bloc adverse vers ses milieux pour offrir des espaces à Gyan. Cette équipe est très rigoureuse tactiquement, les rôles sont prédéfinis et tous les joueurs s’y tiennent. C’est une équipe très agréable à voir jouer ce qui ne l’empêche pas d’avoir une défense de fer puisque les baby black star n’ont pris qu’un seul but à partir des ¼ de finale de la CAN 2010. Le leader de la défense sera bien entendu John Mensah qui quand il le veut, peut être un vrai monstre (je pense que Roazh pourra confirmer). Malgré le capitanat historique de Stephen Appiah, le vrai leader du milieu est bien sur Michael Essien, peut être le meilleur milieu de terrain au monde, qui joue à la fois milieu récupérateur, meneur de jeu et attaquant de soutien en sélection. Un joueur unique, indispensable, et qui sera forcément la clé du succès ghanéen.

La principale source d’inquiétude pour cette équipe vient de la forme physique de ses joueurs. Essien a été blessé une bonne partie de la saison mais je ne doute pas que « le bison » sera prêt pour le plus grand évènement de sa vie. Ma principale inquiétude concerne Appiah qui a connu une année difficile à Bologne et qui revient à peine de blessure. Son remplaçant serai Haminu qui est certes un très bon joueur mais qui n’a pas la frappe de balle et le charisme du capitaine. La perte d’Appiah serait vraiment très préjudiciable car l’autre point faible de cette équipe c’est la faiblesse de son banc. En effet si l’équipe type peut rivaliser avec n’importe quelle sélection les remplaçants ne sont clairement pas au niveau. Espérons donc ne pas connaitre de problèmes de santé important même si je ne doute pas que les coiffeurs seront mentalement à bloc.

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Pour ceux qui ont un peu de sous à placer la cote du Ghana est à 60… C’est cadeau. Si vous voulez assurer, jouez la demi mais cette équipe est programmée pour aller au bout.

Edit : le Ghana vient tout juste d’annoncer le forfait de Michael Essien

Adieu veaux, vaches, cochons, adieu rêves de victoire, aujourd’hui toute l’Afrique est en deuil pour ce forfait qui change complètement la donne de cette coupe du monde. Non, sans son leader et meilleur joueur le Ghana n’a plus aucune chance de gagner la compétition. L’objectif sera maintenant de se hisser en 1/8^ème et de faire bonne impression. Quel gâchis pour cette sélection qui était l’équipe l’africaine la mieux armée pour aller au bout. Je suis dégouté.

La liste (en gras les probables titulaires)

Gardiens de buts :
Richard Kingson (Wigan/ ANG)
Daniel Agyei (Liberty Professionals)
Stephen Ahorlu (Hearts of Lions)
Stephen Adams (Aduana Stars)

Défenseurs :
Samuel Inkoom (FC Bâle/SUI)
Eric Addo (Roda JC/HOL)
Jonathan Mensah (Grenade/ESP)
Lee Addy (Bechem Chelsea)
Rahim Ayew (Zamalek/EGY)
Hans Sarpei (Bayer Leverkusen/ALL)
John Mensah (Lyon/FRA)
Isaac Vorsah (Hoffenheim/ALL)
John Pantsil (Fulham/ANG)

Milieux de terrain :
Sulley Muntari (Inter Milan/ITA)
Derek Boateng (Getafe/ESP)
Anthony Annan (Rosenborg/NOR)
Emmanuel Agyemang-Badu (Udinese/ITA)
Kwadwo Asamoah (Udinese/ITA)
Andre Ayew (Marseille/FRA)
Michael Essien (Chelsea/ANG)
Stephen Appiah (Bologne/ITA)
Haminu Draman (Lokomotiv Moscow/RUS)
Quincy OwusuAbeyie (Al Sadd/QAT)
Bernard Kumordzie (Panionios/GRE)
Laryea Kingston (Heart of Midlothians/ECO)
Kevin-Prince Boateng (Portsmouth/ANG)

Attaquants :
Matthew Amoah (NAC Breda/HOL)
Asamoah Gyan (Rennes/FRA)
Prince Tagoe (Hoffenheim/ALL)
Dominic Adiyiah (Milan AC/ITA)

Tactique probable

A bientôt pour la suite des aventures des Black Stars.

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[1]un match perdu contre le Brésil à cause d’un arbitrage tout simplement honteux, il n’y a pas d’autres mots, mais bon cette fois comme la coupe du monde est en Afrique on va enfin voir les équipes africaines jouer sur le même pied d’égalité parce que c’est bon y’en a marre de se faire tout le temps entuber.