Brest-OM (1-4), La Canebière académie empoche
Bah voilà, c’était pas si compliqué.
Aïoli les sapiens,
Ben voilà, parfois on n’en demande pas davantage à l’OM. Juste, offrir une jolie petite fleur de victoire à cueillir au milieu des décombres de l’actualité, quand on commence son lundi entre deux rapports sur le changement climatique, une bande dessinée sur le 13 novembre, un tweet d’une agence de presse déclarant « Coucou ! vous vous souvenez de ces deux gentils Ukrainiens qu’on a pris en photo l’autre jour ? Bah là ils sont morts. Ah, et le journaliste est mort aussi d’ailleurs ». Et encore je n’ai pas cité le pire : ma femme qui me met une raclée sur le Motchus du jour.
Satisfaction aussi futile qu’éphémère et fragile, certes, mais si rarement offerte par notre équipe qu’on aurait tort de ne pas le savourer, avant des enjeux autrement plus importants cette semaine (mais non, pas la troisième guerre mondiale, juste le retour en coupe d’Europe et la réception de Nice, suivez, un peu).
Les Longorious Basterds
Lopez
Lirola – Balerdi (Caleta-Car, 69e) – Saliba – Kolasinac (Luan Peres, 69e)
Guendouzi (Rongier, 82e) – Kamara – Gueye – Gerson
Harit (Ünder, 82e)
Milik
Ménagé pour cause de gêne musculaire, Payet se voit offrir une semaine complète de récupération, presque un luxe par les temps qui courent. Pas d’ailier dans la composition du jour, mais Sampaoli soigne sa couloirophobie en alignant tout de même deux vrais latéraux. Balerdi et Harit gagnent par ailleurs quelque temps de jeu. Enfin, dans l’animation du bouzin, précisons que le binôme Kamara-Gueye voit le premier assurer plutôt les tâches de soutien et de défense tandis que le second se projette plus volontiers.
Le match
On presse, on martyrise et surtout, on n’oublie pas de marquer. Si le début de match ne fait pas tout, toujours est-il qu’attaquer de la sorte nous aurait évité bien des tracas cette saison. Après deux minutes de pilonnage, Gueye et Guendouzi broient le milieu adverse, ce qui permet à Harit de transmettre à Milik. Arek fixe habilement deux défenseurs avant de décaler Gerson qui arrive lancé comme un troisième ligne français dans un congrès de naturopathes : le Brésilien rigole de la tentative de charge à l’épaule du défenseur avant d’ajuster le gardien une main dans le slip (0-1, 3e).
Un peu plus tard, Milik voit un joli coup-franc sorti par le gardien, avant que Gueye ne s’essaie à la lourde (au-dessus), ces deux occasions résultant de combinaisons fort élégantes. Et là, lecteur, lectrice, tu te dis : « on les déboîte d’entrée, on marque, on joue bien, et vu que le score final est plutôt salé, on peut supposer que l’OM tient enfin son match référence en matière de fessée infligée à un petit. »
Nenni. Pour tout dire, à la mi-temps, on se trouve même dans une situation quasi-identique à celle du match aller : nous menons, nous dominons, mais la rencontre se déroule sur un faux rythme on ne peut plus vicieux. Quelques ballons sont perdus par désinvolture (hormis ceux de Lirola, pas désinvolte du tout mais simplement au fond du seau) et font avorter des attaques finalement très peu tranchantes au-delà du premier quart d’heure. Derrière, la sérénité n’est pas de mise. Des intervalles sont trouvés à plusieurs reprises du côté de Kolasinac tandis que Balerdi produit quelques relances slipométriques, seule leur finition d’alcooliques empêchant nos adversaires de se procurer de réelles occasions.

Heureusement pour nous, Brest ne semble pas rééditer le coup du réalisme insolent, à coups de contres favorables et de frappes de l’espace. Si Honnorat nous colle une baffe dès la reprise, c’est au sens premier du terme, et dans la figure de Kolasinac s’il vous plaît. Se rendant compte du côté suicidaire de la chose, le Brestois supplie M. Buquet de lui adresser au plus vite le carton rouge nécessaire, mais la VAR est impitoyable : pas question d’interrompre la partie de contrée en cours dans le car vidéo, l’action n’est pas revue et le fautif doit passer tout le reste du match à sentir le souffle chaud du Bosnien dans sa nuque, quand il ne l’a pas face à lui en train de mimer des gestes d’égorgement.
Le moment de bascule se produit à l’heure de jeu, quand un appel en profondeur brestois surprend notre alignement (ça se produit un peu trop souvent ces temps-ci, au fait, non ?). L’attaquant élimine Lopez, remet sur le cul notre gardien d’un crochet humiliant, mais ne trouve rien de mieux à faire que de donner sa passe en retrait directement à Gueye. S’ensuivent deux minutes de stress aux abords de notre surface si ce n’est que, à la différence d’il y a trois mois, ces fameux détails-qui-font-tourner-les-matchs jouent en notre faveur. Gueye se procure ainsi un corner d’une jolie frappe déviée : Duverne a le tort de laisser son marquage trop lâche de vingt centimètres sur ce filou de Milik, qui en profite pour zigzaguer jusqu’au premier poteau pendant que son garde-chiourme s’empêtre dans un paquet de joueurs. Adresse de l’appel, adresse du corner d’Harit, adresse de la tête décroisée pour dévier la balle juste ce qu’il faut entre le gardien et son premier poteau, et nous voici enfin autorisés à parler de RÉALISME et d’EFFICACITÉ au sujet de notre équipe (0-2, 62e).
Der Zakarian tente le tout pour le tout en remplaçant trois joueurs, Sampaoli l’imite quelques minutes plus tard, et une nouvelle fois cette partie de chess-boxing se conclut par un direct dans la gueule de nos adversaires. Gueye y va de nouveau de sa récupération autoritaire au milieu de terrain et transmet à Gerson, qui lourde derechef. Le gardien pare le boulet comme il peut, c’est-à-dire très mal, et la défense offre à Harit un espace et un temps démesurés pour appliquer une reprise que n’importe quel joueur (sauf Guendouzi) aurait réussie dans de telles conditions (0-3, 71e).
Même pour des viers marins comme nous, une remontadac’h paraît improbable, les Brestois eux-mêmes ayant cessé d’y croire. Bakambu se voit même tout près de marquer un but absolument magnifique, mais sa tête plongeante heurte le poteau à a conclusion d’une action Ünder-Gerson-Luan Peres.
Car en effet, Luan Peres vient d’entrer en jeu, ce qui motive les Brestois à lui pourrir sa race comme n’importe quel club de Ligue 1 s’en fait un devoir depuis quelques semaines. Débordé, Luan concède d’un hippopotacle carton jaune et coup-franc au piquet de corner. À la réception du centre au premier poteau, Cardona saute entre le Brésilien et Caleta-Car, lui aussi tout juste entré (1-3, 91e).
Sans effet sur le score, cette petite contrariété s’avère néanmoins assez agaçante, aussi bien du point de vue de notre incapacité à accomplir un match parfait de A à Z que de la propension de nos remplaçants à effectuer des entrées en jeu dégueulasses. Nous n’avons cependant pas le temps de marronner que Cengiz Ünder passe un coup d’éponge sur cet accroc : alors que Bakambu est au duel avec le défenseur central sur un long dégagement de Lopez, le petit malin du Bosphore part se promener derrière eux en quête d’éventuelles miettes à ramasser. C’est ce qui s’appelle avoir du flair : personne ne touche la balle, et Cengiz peut tranquillement contrôler, éliminer le gardien et conclure (1-4, 92e).
C’est ainsi qu’après un match finalement pas si différent de notre défaite de l’aller, l’OM trouve enfin cette efficacité qui lui a tant fait défaut. Le moment était pour cela bien choisi, à l’orée d’une semaine décisive qui pourra, si elle est bien négociée, nous autoriser de nouveau tous les espoirs (ce qui si les choses se passent comme d’habitude devrait se terminer par une belle douche froide dimanche, mais ceci est une autre histoire).
Les joueurs
Lopez (3/5) : Pas de la plus grande sérénité sur ses face-à-face,mais on connaît d’autres gardiens moins lucides qui seraient allés emplâtrer l’attaquant en tentant un exploit improbable. Faire du damage control en attendant le retour des défenseurs, ça manque de panache mais au moins ça évite la catastrophe.
Lirola (1/5) : Fait des pieds et des mains pour signer plusieurs années avant de craquer et démissionner sitôt installé au poste. Michèle Polirola.
Balerdi (2/5) : Spécialiste naguère de la cagade qui ne pardonne pas, Leo a cagué plein de relances, mais pour une fois toutes pardonnées. Je ne sais pas si on peut considérer ça comme un progrès.
Caleta-Car (69e) : Rien de très compliqué à accomplir, malgré un léger coup de marque-mal sur le but brestois. On en a vu d’autres.
Saliba (3+/5) : Il a bien concédé un coup-franc dangereux assorti d’un carton jaune, mais un tacle orgasmique en pleine surface dix minutes plus tard nous a ôté l’envie de chipoter sur sa performance du soir.
Kolasinac (2+/5) : Souvent pris dans son dos, parfois par mauvais placement mais surtout par surnombres adverses que l’on a eu du mal à négocier collectivement. Pourtant, après qu’Honnorat lui a collé une baffe impunie en début de deuxième mi-temps, on n’a pas trop vu les Brestois continuer à aller l’embêter sur son côté. Curieux.
Luan Peres (69e) : L’avantage de ce nouveau cataclysme, c’est qu’il sera bientôt suspendu et qu’il aura l’occasion de se retaper chez les dépressifs anonymes, en compagnie de Pol Lirola et de la moitié des joueurs et joueuses de tennis professionnels.
Kamara (3+/5) : Pas là pour briller et c’est tant mieux : de la centralinelle solide, maîtrisée et sans émotion superflue, voilà qui évite de dépenser trop d’énergie (pour les supporters, je veux dire).
Gueye (4/5) : Dans un rôle plus offensif que le précédent, une performance similaire ponctuée d’actions décisives. Au-delà des cas individuels, nom de dieu de bordel de merde, ça fait du bien de voir une équipe qui fonctionne correctement et où chacun sait ce qu’il a à faire.
Guendouzi (3+/5) : Corollaire de l’appréciation précédente, Matteo a dû se trouver tout étonné de voir les autres courir vite et juste autour de lui, et donc de ne pas avoir à se démultiplier sur le terrain pour que l’équipe tente de produire du jeu.
Rongier (82e) : « Vous êtes sûr que j’entre comme milieu de terrain, coach ? je vais pas jouer latéral-avant-centre-triple-rideau-en-faux-pied ou un truc comme ça, promis ? C’est pas que je vous fais pas confiance, mais vous pouvez me signer un papier, au cas où ? »
Gerson (4/5) : Fait subir toutes sortes de choses aux Brestois avec une décontraction que l’on n’avait pas rencontrée depuis les boites de funk des années 1970. Gerson est un émissaire du cool venu du passé pour illuminer notre triste époque : il lui a juste fallu un peu de temps pour passer des rouflaquettes et pattes d’éph à la tenue de footballeur mais là c’est bon, il est enfin en mission.
Harit (4/5) : Nul à chier, pas à la hauteur, incapable de faire fonctionner l’équipe ensemble (non, en vrai il a été très bon mais je préfère ne pas lui faire trop de compliments, c’est un coup à ce que Payet soit jaloux et vienne foutre la merde).
Ünder (82e) : Un but de petit malin comme on les aime. Lui aussi semble sortir de son trop long hiver.
Milik (4/5) : Un but, une passe décisive, soit deux bonnes raisons de se battre totalement les couilles de ce qu’il a bien pu faire ou ne pas faire le reste de la partie.
Bakambu (69e) : Lui aussi bien plus juste qu’à l’habitude, comme quoi ça tient à rien un collectif. Le mystère du football c’est comme les médecines alternatives, tiens : tu vas tout de travers, t’es pas bien, tu tentes plein de médecines sans succès pendant des mois et là, paf, tu croises un rebouteux qui un met le doigt dans le cul et dix secondes après tout est redressé sans que t’aies rien compris.
L’invité zoologique : Jérémy Le Doux Hareng.
Le hareng est un animal familier des ports de pêche et qui éveille aux plus familiers de horsjeu.net (mâtin ! quel site !) des souvenirs graphiques et piscicoles particulièrement émouvants (du 1er septembre 2014 en l’occurrence). J’aurais bien mis un lien afin d’édifier les jeunes générations, mais il semble que l’image « Lorient et son rite du merlu » ait disparu de nos archives sans doute à l’occasion d’une mise à jour du site, et ’est bien dommage. Encore une page qui se tourne…
– Les autres : ah ça, les jours où les planètes ne s’alignent pas pour téléguider leurs ballons dans nos cages, ils la ramènent moins, forcément.
– Le classement : Ça se resserre en tête (PSG excepté m’enfin on parle ici de la Ligue 1, pas de Pinder) où nous menons un peloton composé de Nice qui cale un peu, ainsi que de Rennes et Strasbourg qui continuent à faire preuve d’un manque navrant de savoir-vivre en persistant à ennuyer les grandes personnes.
– La redif : L’académie de jeudi contre Bâle est ici : https://horsjeu.net/france/lelite/la-canebiere-academie/om-bale-2-1-la-canebiere-academie-arrose/.
– Coming next : La trêve internationale approche, et on aimerait autant qu’elle se déroule dans la sérénité, vu le sprint final dantesque qui nous attendra ensuite. Ne pas se liquéfier comme des bouses contre Bâle puis Nice, pour une fois, serait du meilleur effet.
– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Anthony Ch. réussit la passe de trois au concours zoologique. C’est comme Gerson, fallait juste lui laisser le temps de démarrer.
Bises massilianales,
Blaah.