Galatasaray-OM (4-2), La Canebière académie sombre
Il serait faux de dire que rien ne change : c’est de pire en pire.
Aïoli les sapiens,
Des branlées mémorables, on en a vécu. Des déceptions contre des équipes de viers marins également, et plus souvent qu’à notre tour. Mais recevoir une authentique branlée contre une équipes de viers marins, même pour un OM habitué à nous décevoir, cela reste une performance relativement rare. Le pire dans tout ça ? C’est que je n’arrive même plus à en être énervé. Normalement, une telle élimination devrait être qualifiée de honteuse et faire intervenir le lapin vengeur, lance-napalm dans une main et majeur tendu vers le fion de vos mères de l’autre.
Mais non. Est-ce ce calendrier éclaté à coups de trêves internationales et de lancers de bouteilles divers ? Sont-ce les promesses de l’été, ou encore les matchs nuls frustrants de l’automne qui nous font accroire naïvement qu’un sursaut reste possible, tel Luke Skywalker contemplant son père vautré en slip dans son canapé et occupé à claquer son RSA dans du Johnny Walker et des tickets à gratter de la Française des Jeux, et parvenant à considérer qu’une lueur de bien existe encore au fond de cette déchéance ? Ou est-ce tout simplement le pire de tout, cette résignation à n’être plus qu’un club de seconde zone trouvant sans cesse des justifications à ses échecs répétés quand bien même son potentiel serait au moins égal à celui de ses rivaux ?
L’Olympique de Marseille est la version chic du marcelpiconisme, cette occasion de rappeler que la vie est une pute et que ce n’est pas du côté du football qu’il faudra chercher un quelconque réconfort, mâtiné de ces suppléments sadiques dont même les supporters de l’AS Nancy Lorraine n’ont pas à souffrir : le souvenir d’une grandeur passée et l’attente insensée qu’elle puisse resurgir un jour. Il fut un temps l’Europe devait parler Marseillais. Par la suite, nous avons rabaissé nos ambitions à devenir aux joutes continentales ce que Zeljko Ivanek est à Hollywood, à savoir une vague trogne familière squattant les plateaux, l’acteur que chacun a vu mais dont tout le monde se branle. Est venu le temps où le seul souci devenait de conserver une dignité minimale face aux ogres européens puis donc, désormais, d’espérer gratter une victoire face à des seconds voire troisième couteaux. Dans sa grande mansuétude, l’UEFA a programmé une dernière dernière dernière chance de rattrapage pour gros nullards incarnée par sa nouvelle Conférence Ligue. Il nous reste pour y avoir droit à obtenir le nul contre le Lokomotiv Moscou, avant de disputer un barrage dont l’ironie du sport exigerait qu’il nous confronte à Tottenham pour bien mesurer le niveau d’indignité dans lequel nous sommes tombés. À la suite de quoi et si le vent tourne bien, l’on pourrait éventuellement s’offrir un nouvel espoir de trophée pour animer la suite de la saison.
Les Longorious Basterds
Lopez
Lirola – Saliba – Caleta-Car – Luan Peres
Guendouzi – Kamara –Gerson – Gueye (De La Fuente, 63e)
Dieng – Milik
L’équipe se présente pour ce math crucial en mode salement dégradé, avec les suspensions de Payet et de Rongier ainsi que la blessure d’Ünder. Pour cet effectif en quête de stabilité, Sampaoli choisit avec une logique digne d’un protocole sanitaire de l’Éducation nationale de modifier une nouvelle fois son schéma pour un 442, et tant qu’à faire en y installant des joueurs ailleurs qu’à leur poste préférentiel.
Le match
Match crucial certes, mais ramenons les choses à leur mesure : si Galatasaray doit nous impressionner, c’est éventuellement par son stade mais certainement pas par son football. Dieng chipant le ballon à son défenseur central nous rappelle que défoncer cette défense turque relève certes d’une exigence sportive, mais tout simplement d’un standing minimal pour un club qui se veut ambitieux.
Las, après 10 minutes plutôt sérieuses, nos supposés valeureux guerriers se transforment bien vite en annexe du Club Mickey en période de gastro. Une première perte de Gerson se transforme en contre-attaque aboutissant à un centre en retrait repris sur le poteau. Kamara reçoit cet avertissement avec le même sens des responsabilités qu’un homme politique reçoit ceux des climatologues, et nous gratifie d’une perte de balle zamboanguissienne plein axe. Feghlouli pisse sur Caleta-Car d’un petit dribble avant de lancer Cicaldau, lequel perfore Lopez une main dans le slip (1-0, 13e).
L’OM met le pied sur le ballon de manière stérile et, si les statistiques à la pause affichent un nombre de tirs intéressant, cela dû davantage à la faiblesse adverse qu’à une quelconque construction de notre part. Le meilleur exemple en est ce tir sur le poteau de Luan Peres, action purement individuelle consécutive à une perte de balle de sa part compensée par un pressing de zébu.
Indépendamment des prestations individuelles infâmes, cette équipe affiche une absence navrante de certitude collective, qui aboutit à ce que les adversaires se baladent entre nos lignes ou les traversent sur des appels en profondeur sans se voir apporter la moindre réponse. Il nous suffit ainsi d’accuser un temps de retard sur une simple touche pour que les Turcs n’aient plus qu’à dévider ce fil et conserver ce décalage, jusqu’à la fin de l’action quand un centre de Cicaldau est repris par Caleta-Car contre son camp (2-0, 30e).
Si le match est brièvement interrompu par des jets de projectiles, les fautifs sont vites calmés par les joueurs de Galatasaray eux-mêmes, comme quoi s’il est impossible de virer tous les idiots des stades, certains clubs savent toutefois montrer des réactions un peu appropriées. Dans un jeu en plein marasme, un une-deux-éclair entre Guendouzi et Dieng envoie ce dernier fracasser la barre transversale, entretenant ainsi le mince espoir d’un nouveau retour au score de nos joueurs.
Cet espoir se ravive par – enfin – une belle action collective dès la reprise, à l’issue de laquelle Milik envoie Dieng dribbler le gardien sans malheureusement réussir à rabattre le ballon ensuite. Mais là encore, nos joueurs se montrent incapables de capitaliser sur leurs bons exemples et, là où une pression constante serait nécessaire, retombent bien rapidement dans leur ronronnement résigné. Pendant ce temps, Sampaoli attend sans doute qu’une intervention divine vienne changer les rapports de forces sur la pelouse plutôt que de tenter quelque chose lui-même. Ironie, c’est précisément alors que survient le tardif premier changement que l’OM se met au fond du seau. Saliba y va de son énième perte de balle et, bis repetita, les Turcs n’ont plus qu’à pousser leur avantage tout au long de l’action. À l’arrivée, Feghouli se trouve seul en train de fumer une chicha-pomme dans les six-mètres pendant que nos joueurs du flanc gauche se demandent encore qui était chargé de le suivre (3-0, 64e).
Seul olympien au niveau en termes d’implication et de constance, à défaut d’efficacité, Dieng obtient son pénalty tout seul comme un grand après avoir été servi sur un corner, et s’être laissé tomber comme une merde après un léger accrochage. Milik est tout près de parachever la déprime, mais parvient à reprendre son pénalty initialement repoussé par le gardien (3-1, 68e).
Pour l’anecdote, Galatasaray fait entrer en jeu le vétéran Ryan Babel. Même pas le temps pour nous d’ouvrir la fiche Wikipedia du joueur pour vérifier s’il est ou non entré dans le football avant que Michel Drucker ne commence la télévision, que le Néerlandais se rappelle déjà au bon souvenir de son dernier fist contre nous (en 2007, donc). Un long ballon est envoyé, Saliba se fait bouffer de la tête et le Stambouliote peut tranquillement aller conclure cette action à une passe 15 secondes après son entrée en jeu (4-1, 82e).
Seule éclaircie dans ce bourbier, Milik semble décidé à renouer avec son efficacité, en reprenant de la tête un centre de De La Fuente dévié par la défense (4-2, 85e). Trop tard pour le résultat, trop tard même pour sauver un honneur jeté au compost depuis longtemps, mais de bon augure en vue du match contre l’Estac Troyes dimanche.
Les joueurs
Lopez (2/5) : Débloque le badge Yohann Pelé du « je prends un but au milieu de la cage », puis s’essaie aux relances un peu plus longues que d’habitude avec un admirable insuccès, sans que l’on sache bien si cela est dû à une faiblesse individuelle ou à un plan de jeu collectif particulièrement anal. Cette interrogation s’applique d’ailleurs à la plupart des appréciations qui suivent.
Lirola (2/5) : Constat : curieusement, un joueur placé à son poste se montre plus à l’aise. Regret : même plus à l’aise, cela ne restait pas bien terrible.
Saliba (1+/5) : Commence par de remarquables galopades pour reprendre de manière autoritaire les attaquants s’échappant dans le dos d’une défense larguée, avant que le contexte général ne le rende aussi délabré que les autres.
Caleta-Car (1/5) : Impressionné par l’ancien tifo « Squid Game » des supporters de Galatasaray, Duje a cru qu’il fallait jouer ce soir à un-deux-trois-soleil. Manque de bol, les Turcs, eux, étaient passés au jeu de l’épervier.
Luan Peres (1/5) : À sa décharge, c’est pas facile de défendre pour trois quand les collègues du côté gauche disent « vas-y, on te regarde ». Quoi qu’il en soit, un très bel hommage aux meilleurs moments de Jordan Amavi, amputation de la cheville d’un adversaire comprise.
Guendouzi (2/5) : Toujours très touchant lorsqu’il reçoit un ballon entre les lignes, s’oriente vers l’avant et appelle ses coéquipiers en leur disant « mais vous êtes où, putain ? ».
Kamara (1/5) : Ah tiens, la cinquième vague de l’épidémie de prolongationnite touche de nouveau Marseille.
Gerson (1/5) : L’ennui c’est que j’ai mûri et que je sais que c’est mal de dire des gros mots, en plus je fréquente les comités d’hygiène et de sécurité au travail où l’on ne parle que de risques psychosociaux et de burn-out, or on sait toute l’importance de ne pas enfoncer un salarié dont les difficultés peuvent être dues à une réelle souffrance psychologique réelle qu’il convient d’essayer de soulager avec respect et empathie QUAND BIEN MÊME CA FERAIT QUATRE MOIS QU’IL NE BRANLE RIEN ALORS QU’IL NOUS A COÛTÉ 25 MILLIONS CE MASTRE.
Gueye (1/5) : Perdre ses repères parce que le coach a fondu une durite en le plaçant n’importe comment c’est une chose. En arriver à ne plus savoir réussir une passe quelconque c’est est une autre.
De La Fuente (63e, 2/5) : T’es arrivé en plein milieu d’un convoi funéraire, fallait pas s’attendre à ce que tu réussisses à leur faire danser la zumba.
Dieng (3+/5) : Le seul évoluant à un niveau correct, donc, ce qui est bien joli mais ne nous avancera pas beaucoup si cette débauche d’énergie aboutit toujours au total de zéro but.
Milik (3+/5) : Opposé du précédent, fantomatique à la limite de mériter des claques dans la gueule mais qui finit par facturer le petit doublé qui va bien pour la confiance. Enfin, y a intérêt.
L’invité zoologique : Ryan Baleine
Si la baleine a beau représenter une proie facile, ce n’est pas pour autant qu’on parvient à une belle prise avec un équipage de déficients armés de râteaux à feuilles mortes tenus à l’envers. Notre cétacé est donc bien l’invité approprié pour commenter cet énième moment de n’importe quoi.
– Les autres : Adroits devant mais nuls à braire derrière, constat d’ailleurs moins insultant pour eux que pour nous au vu du résultat.
– Coming next : là, logiquement, c’est le moment où on se dit « bon, dimanche il y a Troyes, là au moins ça devrait être à notre portée », ce qui devrait en toute logique être suivi du moment où l’on se dira « bon, on a tiré l’Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon en 1/32e de coupe de France, , là au moins ça devrait être à notre portée. »
– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Florent Llrns remporte le concours zoologique.
Bises massilianales,
Blaah.
« Et ça fait douze joueurs » comme dirait Marius.
Il est partout ce Payet.
Bon ben j’ai vu Marseille.
Et Marseille m’a donné du plaisir.
Merci.
Allez l’OM !!!
Nous sommes les Marseillais !