Nice-OM (2-0) : La Canebière Académie passe au travers

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Il est temps de faire un STAGE DE TEAM BUILDING DE MALLEMORT.

Aïoli les sapiens,

Comme souvent, le mois de janvier est rarement des plus joyeux dans l’actualité olympienne. Peu primesautière au-delà du raisonnable, l’actualité marquée ce week-end par les commémorations de la rafle du Vieux-Port et de la découverte du camp d’Auschwitz a été égayée par la charmante banderole conçue à notre intention par les supporters niçois et indiquant, je cite « La chasse aux rats est ouverte ». Innocente méprise que celle des supporters niçois, reprenant ainsi par un hasard tout à fait fortuit, comme bien l’on s’en doute, des termes qui n’auraient pas déplu à l’Obergruppenführer Carl Oberg. Le plus ennuyeux dans tout cela c’est que personne parmi les autorités, les médias ou même les représentants de l’Olympique de Marseille n’ait cru bon de la signaler leur amusante confusion à nos hôtes inattentifs. Parce qu’après, on sait comment ça se passe, d’abord on a la flemme de mettre une petite tape sur les doigts de ces chenapans, puis de fil en aiguille on passe à autre chose, on s’agite, et à la fin, quelques années et menues contrariétés plus tard, on est obligés de les suspendre la tête en bas devant tout le monde. Du point de vue logistique, c’est beaucoup plus fatigant.

Mais bon, puisque notre club a cru bon de laisser ses représentants sur le terrain malgré une banderole usant du vocabulaire des gens qui ont envoyé 1 300 Marseillais dans les camps quelque 82 ans plus tôt, tant qu’à rester au stade, autant que ce soit pour y faire quelque chose, voyez-vous. Ou au moins essayer de manifester sur le plan sportif une dignité qu’on aurait aimé voir à d’autres altitudes au moment de l’incident. Eh bien non, en sport également, la soirée a viré au ratage.

Les Longorious Basterds

Rulli
Murillo– Balerdi – Brassier (Lirola, 60e)
Luis Henrique (Nadir, 75e) – Højbjerg– Rongier (Rowe, 60e) – Merlin
Greenwood (honte à nous)– Maupay (Vaz, 60e) – Rabiot

L’OM se passe d’Elye Wahi, cédé à Francfort dans le cadre de « l’OM Hall de gare Project ». On sait qu’argent et humanité ne font guère bon ménage, or sur cette affaire force est de constater au montant du transfert que nous sommes rentrés dans nos frais. L’effectif devient certes plus tendu que celui d’un lycée d’éducation prioritaire à Sarcelles, notamment en attaque, mais au moins aurons-nous la satisfaction de nous savoir à la pointe du management moderne.

On notera cependant qu’après avoir titillé le bouton rouge du siège éjectable, Pablo Longoria semble s’être résolu à laisser sa chance à Lilian Brassier, que De Zerbi nomme une nouvelle fois titulaire côté gauche de la défense.


Le match

D’une sérénité déjà ronaldzubarienne à la base, Brassier, justement, semble être le genre de joueur capable de commettre une erreur de l’espace à tout instant. Ce doit être pour cette raison que le Lilian Brassier sous pression, lui, ne commet pas une erreur, ni même deux erreurs, mais écoutez bien Mesdames et Messieurs, ce que je vais vous dire je ne le dis jamais à mes clients sur les autres marchés mais je le fais à vous parce que je sais que vous sur le marché de Pertuis vous êtes des clients fidèles alors approchez vous Madame vous allez voir vous êtes venue pour acheter une erreur mais je ne vais pas vous la vendre cette erreur, non, je ne vais même pas vous la vendre à deux erreurs pour le prix d’une parce que moi, c’est pas l’argent qui compte, c’est de faire plaisir à mes clients comme vous alors madame je vais vous dire cette erreur prenez-là et regardez, cette deuxième je vous l’offre de bon cœur et là Madame oui oui, prenez là je vous assure y a pas de piège c’est un cadeau c’est le marché de Pertuis et là je vous dis bien que c’est trois, oui trois, pas une pas deux mais bien trois erreurs offertes sur la même action Mesdames et Messieurs c’est du jamais vu, trois erreurs, trois erreurs offertes sur la même action parce qu’ici on aime vous gâter alors voilà regardez Madame la passe en retrait de Balerdi à heuteur de la ligne médiane, je rate mon contrôle et je donne la balle à Guessand, c’est de la bonne erreur c’est de la qualité mais ça vous êtes habitués ici à Pertuis alors tout de suite regardez regardez on vous offre la deuxième et voilà la passe du Niçois que je peux intercepter eh bien hop regardez ça va vite, et voilà je passe au travers pour lancer Guessand seul face au gardien et là je vais être honnête avec vous on est déjà sur des erreurs de beau niveau la qualité » est garantie vous pouvez regarder c’est les vrais emballages il n’y a pas d’embrouille c’est juste du destockage d’erreurs de luxe, c’est label garanti France et là écoutez bien ce qui s’est fait ici on ne l’a jamais fait, regardez ce petit piqué de Guessand au-dessus de Rulli et ce ballon qui roule vers le but et là je vais pas vous mentir d’habitude dans ce métier le défenseur qui revient il se jette pour tacler le ballon devant la ligne, ou au moins il essaie, et là c’est primis ce que je vous offre je l’ai jamais fait en trente ans de métier mais c’est aujourd’hui que je vous l’offre et c’est rien que pour vous au marché de Pertuis parce que vous êtes mes clients fidèles vous avez déjà eu deux erreurs et bien moi vous savez ce qu’on va faire ? vous le savez Madame, ce quon va faire ? Eh bien ce défenseur qui revient alors que le ballon roule vers le but, il ne va pas se jeter, non, il va vous offrir la troisième erreur, et une erreur de la même qualité que les deux autres alors voilà, vous prenez ce défenseur qui ne se jette pas et qui arrête le ballon juste derrière la ligne, si si madame vous le prenez, il n’y a pas de piège, il n’y a pas d’embrouille, c’est bien trois erreurs pour le prix d’une ce matin c’est pour nous c’est le marché de Pertuis ça nous fait plaisir (1-0, 7e).


Passée cette analité défensive remarquable même pour notre équipe pourtant pas avare de cadeaux, l’OM se livre à une possession si stérile qu’on n’oserait même pas appeler cela une domination. De fait, Nice nous laisse faire tourner la balle en bloquant toutes nos relances dès notre camp, prêt à se régaler sur n’importe quelle occasion de contre-attaque. Peu après la vingtième minute, Rulli puis Balerdi doivent intervenir in extremis après que nous avons joué le hors-jeu comme des viers. Côté offensif, le manque de tranchant se double d’une qualité technique affligeante, notamment sur les centres. On signalera quand même un atelier frappes intéressant de la part de Valentin Rongier sur corner puis, à la 40e, une double occasion née d’une ouverture enfin lumineuse d’Højbjerg pour Merlin.

Nice affole le slipomètre sur un retourné de Laborde puis, surtout, en fin de mi-temps quand Rulli doit sauver une défense endormie en s’interposeant devant Clauss.


Lilian Brassier, que l’on devine particulièrement abattu, est regonflé à la pause à la fois par ses coéquipiers (et notamment Balerdi, qui en a vu d’autres), par De Zerbi (qui n’a pas fait des stages de team building de Mallemort pour laisser tomber comme une vieille merde le premier qui fait un burn-out), et même par Benatia et Longoria (qui lui ont envoyé par SMS le comparateur des meilleurs déménageurs de votre régions sur www.casse-toi.com). L’incident de la première période étant derrière lui, Lilian peut se concentrer sur ce qu’il fait le mieux : des erreurs. Guessand commence par remporter son duel aérien devant notre défenseur, avant de lui coller cinq mètres en un sprint de trois secondes. Le décalage est fait, le Niçois peut lancer Cho entre Balerdi et Murillo : l’attaquant ajuste Rulli d’un petit tir croisé (2-0, 51e).

L’OM se procure ensuite une occasion aussi énorme qu’isolée, quand Luis Henrique remet sans contrôle un long ballon dans la surface ; au second poteau, Rabiot est mis en échec par le gardien. Le triple changement effectué à l’heure de jeu ne change rien à l’affaire : l’OM est complètement hors de son sujet ce soir, le suspense résidant moins dans une hypothétique réduction du score que dans un troisième but niçois.

Se conclut ainsi un ratage d’une lamentableté rarement contemplée cette saison. Dans l’hypothèse optimiste, ce triste janvier ne représente que l’un de ces temps faibles inévitables au cours de la saison, compte tenu des limites de notre effectif. Dans l’hypothèse optimiste, l’élimination en coupe de France a mis à nos joueurs une claque dont ils peinent à ce remettre, au risque de saloper la deuxième partie de saison comme cela s’était produit à l’époque de Bielsa. On remisera Monsieur Lapin pour l’instant et pencherons avec indulgence pour l’hypothèse passagère, sachant que de toute façon nous serons vite fixés : que l’équipe répète cette sinistre farce contre les lyonnais dimanche prochain, et c’est notre bienveillance, qui sera toute passagère.


Les joueurs

Rulli (3/5) : Deux fois moins d’exploits que d’habitude,c’est une baisse de rendement suffisante pour nous valoir la rouintade.

Murillo (3/5) : Dans un monde en perpétuelle mutation, il est bon de savoir que certains repères traversent les vicissitudes de la vie avec une stabilité admirable, étanche aux événements et aux aléas : pluie au mistral, la Bonne Mère veille sur Marseille, Manuel Valls est une merde humaine, et Amir Murillo fait des matchs corrects.

Balerdi (3+/5) : A l’identique de son homologue niçois Dante, Leo a réalisé un match de patron. A la différence de son homologue niçois Dante, Leo a réalisé un match de patron d’une défense qui a pris deux buts.

Brassier (1-/5) : Entrer dans la légende, marquer les esprits.

Lirola (60e, 2/5) : Bof, lui ou un autre, hein. 

Luis Henrique (1/5) : Du grand n’importe quoi de A à Z, sans doute la décompensation brutale de sa réussite insolente du début de saison, un peu comme Elon Musk ou Wolfgang Amadeus Quincampoix.

Nadir (75e) : Résigné.

Merlin (2+/5) : Se hisse un peu dans la hiérarchie des viers marins du soir dans la mesure où lui s’est procurer des occasions à rater.

Rongier (2/5) : Etant entendu qu’un Jean-Marie Le Pen décède à chaque fois que Valentin marque une frappe de loin, le Rongieur a multiplié les tentatives. On ne sait jamais, des fois qu’Eric Ciotti fût dans les tribunes…

Rowe (60e, 1/5) : J’hésite encore pour le calembour, entre Rowedonjic ou Rowe le sconse.

Højbjerg (2/5) : Mais dites donc mon brave, ça ne sentirait pas un peu la perte de vitesse, ces temps-ci ?

Rabiot (2/5) : Habitué à lessiver tous les milieux de terrain de Ligue 1, notre trio mériterait qu’on lui glisse un peu de Calgon dans les tuyauteries, ça s’entartre, tout ça, ça s’entartre…

Greenwood (honte à nous, 2-/5) : Devant l’impuissance collective, notre attaquant est retombé dans ses travers consistant à vouloir tout faire tout seul. Sauf défendre, faut pas déconner, non plus.

Maupay (1/5) : Va falloir vite qu’il retrouve son sens de l’humour et son sens du but.

Vaz (60, 2/5) : Ne pouvait pas faire de miracle.


L’invité zoologique : Jonathan Clam

Vague cousin de Nicolas Palourde, le clam est un mollusque bivalve dont la propriété principale consiste à bio-accumuler les polluants à force de filtrer toute la merde dans laquelle il baigne. On raconte ainsi qu’après quelques années passée dans la baie des anges une moule est capable de chanter Maréchal nous voilà en tendant le bras.

  • Les autres : Impact, rigueur et urinage sur Lilian Brassier, les trois ingrédients d’une victoire qui ne souffre aucune contestation.
  • Le classement : Si Lille trébuche également, Monaco et Nice reviennent respectivement à trois et quatre points de nous.
  • Coming next : Ce copieux mois de janvier nous voit enchaîner Lille, Strasbourg, Nice et Lyon. Programmation un peu superflue, si l’on me demande : si le but était de nous faire rencontrer un nombre record de racistes en un minimum de temps, il suffisait d’envoyer l’équipe sur n’importe quel marché ou sortie d’école de chez nous.
  • Les réseaux : ton dromadaire blatère surFacebook et BlueSky. DJ Soon remporte une nouvelle fois le concours zoologique.

Bises massilianales,
Blaah

1 thought on “Nice-OM (2-0) : La Canebière Académie passe au travers

  1. Magnifique entrée en matière qui s’appuie sur des valeurs humanistes qu’on ne croise guère que chez des personnes qui esperent encore en des lendemains meilleurs (même pour Lilian…)

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