OM-Lyon (3-2) : La Canebière Académie surmonte l’adversité

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N’en déplaise aux brisards de rêves

Aïoli les sapiens,

Ergophobie. Du grec ergos, travail, et phobos, phobie. La phobie du travail. A la différence du branleur (du grec branlos, branleur), l’ergophobe dispose d’une capacité de travail tout à fait passable, voire parfois supérieure à la moyenne. Cependant, son trouble se manifeste par une incapacité aussi irrationnelle que totale à accomplir des tâches pourtant tout à fait anodines. L’ergophobe, c’est ce salarié qui repousse sans cesse le traitement du bon de commande d’un client chiant, le bon élève qui n’arrive pas à se colleter à sa dissertation avant la vielle du rendu, le socialiste qui n’arrive pas à censurer un gouvernement où figure Bruno Ratacouilles, bref que des choses qui vont de soi, qui s’accomplissent rapidement et sans effort démesuré, mais qui demandent pourtant au sujet victime d’ergophobie d’affronter violemment ses démons pour arriver à les accomplir.

De longue date, l’OM souffre d’ergolyonnophobie. Battre Lyon exige des efforts disproportionné au regard de la banalité du travail, des cris, des pleurs, des arrachages de cheveux, des drames, puis une fois la tâche accomplie, l’ergolyonnophobe reprend ses esprits, un peu honteux, et se dit : « c’est vrai que ça ne valait quand même pas la peine de faire tant de foin pour torcher une mission pareille, quand même ».


Les Longorious Basterds

Rulli
Murillo– Balerdi – Cornelius
Luis Henrique– Højbjerg– Rongier– Merlin (Lirola, 80e)
Rabiot – Nadir (Gouiri, 58e)
Greenwood (honte à nous, Garcia, 89e)

Arrivé à l’intersaison, Lilian Brassier repart déjà, transféré à Rennes dans le cadre de l’OM Hall de gare project. La Canebière Académie ne peut que regretter cette tendance à se débarrasser des joueurs sans leur laisser le temps de faire leurs preuves : si nous avions mené une telle politique à l’époque, des légendes comme Jérémy Morel ou Kassim Abdallah n’auraient jamais existé.

Amine Gouiri effectue quant à lui le chemin adverse, la faiblesse de l’effectif en attaque le bombardant dans le groupe sans même qu’il ait eu le temps de déballer sa brosse à dents.

Petite innovation dans le 11 de départ, Greenwood (honte à nous) est aligné en pointe, soutenu par une paire Rabiot-Nadir, des fois que Rongier-Højbjerg ça fasse un peu juste au milieu de terrain.


Le match

Pour faire court, en cette première période, l’OM ne fait pas grand-chose tandis que Lyon ne fait rien. La possession de balle est comme d’habitude olympienne, mais les percussions offensives sont minimalistes. Des décalages sont bien trouvés, avec notamment un Merlin très actif sur son côté gauche, mais se terminent la plupart du temps par des centres maîtrisés par la défense. Seul un coup de savonnette d’un lyonnais offre une balle de but à Murillo qui, en déséquilibre, ne peut toutefois pas cadrer sa frappe.

Ce n’est donc pas que l’OM soit mauvais, mais l’équipe se montre trop appliquée, trop scolaire, là où n’importe quel match contre Lyon impliquerait de monter au combat la bave aux lèvres et le blason des FFI sur le brassard. Avec l’exil de Greenwood (honte à nous) en pointe, l’équipe perd une capacité de création que Nadir est bien en peine de recréer au milieu de terrain.


Il se confirme après la pause que l’OM, à la différence des sinistres exercices précédents, est dans une certaine mesure capable de se remettre en question. Le passage au vestiaire semble ainsi avoir été placé sous le signe du sortage de doigts, comme en témoigne la première belle remontée de balle collective dès la reprise. Murillo transmet à Luis Henrique, dont la remise en une touche ouvre un boulevard à Nadir devant la surface. Des multiples possibilités qui s’offrent à lui, Bilal choisit judicieusement la frappe, mais ne parvient à produire qu’une petite frappe pérave dans les bras du gardien.

L’OM met enfin un impact digne de ce nom dans le camp adverse. De la même manière que les rombières varoises auront passé 85 ans à la messe sans jamais avoir rien bité à la Bible, les Olympiens accumulent les corners sans en tirer un seul convenablement. C’est alors qu’une combinaison « pressing en retard de Rongier » + « Højbjerg qui s’arrête après sa faute alors que l’arbitre laisse l’avantage » exhale très fort l’odeur bien connue du bon gros pâté lyonnais dans nos faces. Pourtant, la contre-attaque menée à deux contre cinq s’avère peu menaçante au-delà du raisonnable : mais Tolisso déboule de son camp sans avoir été suivi par dégun, passe devant Nadir sans plus de réaction de ce dernier, puis appelle la balle tout droit dans le dos de Cornelius, qui est quant à lui si lent que réagie ou non ne change rien pour lui de toute façon. Servi par Cherki, le lyonnais ajuste Rulli (0-1, 53e).

Ce coup sur la tête est suivi de ce qui ressemble fort à une démission collective, Lyon passant très près du 0-2 à plusieurs reprises. C’est d’abord un balerdisme de fort bon aloi qui manque de nous faire couler dans la minute qui suit, quand Leo perd comme un gros vier son duel face à Tolisso. Deux actions sans miracle, ce serait trop pour Geronimo, qui réussit cette fois-ci l’exploit, tandis que Rongier contre la reprise de Cherki. Le slipomètre se maintient au niveau « écarlate avec morceaux » quand dans la continuité de l’action, Tolisso profite d’une défense en pleine attaque de panique pour adresser un tir trop croisé, de peu.


Greenwood (honte à nous) essaie bien de sauver le monde tout seul, mais son enchaînement de dribbles est conclu par une frape non cadrée. De Zerbi replace alors l’Anglais dans sa position préférentielle, à l’occasion du remplacement de Nadir par Gouiri. Dans l’immédiat cependant, c’est encore sur le plan défensif que l’OM doit s’employer, avec une nouvelle RAIE de Rulli alors que le tir lointain de Nuamah prenait la direction de la lucarne.

Malmené, l’OM n’en garde pas moins certains automatismes : sur le corner suivant sa parade, Rulli capte la balle et relance rapidement pour Højbjerg, qui décale instantanément Rongier. Cette sortie de balle « tableau noir » permet à Gouiri d’aller défier une défense lyonnaise tellement sur les talons qu’elle donne l’impression d’être perchée à Saint-Joseph-du-Redon. C’est finalement un milieu rhodanien qui vient contrer de justesse la tentative de notre recrue : pas de bon pour eux, le ballon prend une trajectoire ignoble, roulant tout doucement hors de portée d’un gardien en pleine imitation de Steve Mandanda dans sa période lamantin obèse. A la différence de son défenseur, Greenwood (honte à nous) a parfaitement flairé l’occasion et se trouve seul au second poteau pour conclure une main dans le slip (1-1, 61e).


Coutumiers de ce genre de buts dégueulasses encaissés contre le PSG, entre autres, nous nous trouvons comme revigorés d’en être pour une fois les bénéficiaires. L’OM libère enfin son côté de Zerbi en nous proposant des actions collectives dignes de ce nom, aidé en cela par l’entrée de Gouiri et le replacement de Greenwood (honte à nous) : profitant de sa position plus reculée, celui-ci envoie une délicieuse louche dans le dos de la défense pour Højbjerg. Les lyonnais sont dépassés, et la remise de la tête de Pierre-Emile dans les six-mètres n’a aucune difficulté à trouver Rabiot pour la conclusion, lui aussi de la tête (2-1, 64e).

S’ensuit un corner lyonnais : cela n’a l’air de rien, en soi, mais Rabiot sait combien ce genre de situation, à un tel moment d’un tel match, se prête par excellence à l’enculerie arbitrale. Je veux dire, avec le temps qu’il a passé à la Juventus, c’est pas à lui qu’on va lui apprendre comment ça marche. Alors que la balle navigue aléatoirement dans la surface, Adrien prend soin d’aller au duel en levant les mains derrière la tête pour bien signifier à l’arbitre « wopopopop, regardez, je fais l’effort de pas mettre les mains, essayez même pas de siffler péno ». Peine perdue, la balle rebondit sur la jambe d’Adrien pour aller précisément percuter son coude. Alors là vous allez me dire « pas de souci, la main est évidemment involontaire, d’autant qu’Adrien manifeste explicitement le geste d’ôter ses bras, en plus la règle dit que si le ballon touche une autre partie du corps avant… » ouais mais ho, on vous arrête tout de suite. Il paraît que le football il a changé, et bah hier on a appris que la règle aussi elle a changé. Maintenant ça fait péno. Evidémment, cela ne va pas sans inciompréhension du public ni même des joueurs, comme en témoigne cet échange entre Jérôme Brisard et Adrien Rabiot :

  • non mais Monsieur l’arbitre c’est n’importe quoi de siffler pénalty, là, la règle elle dit que…
  • ah non mais Monsieur Rabiot vous parlez de l’ancienne règle, ici, moi je vous parle de la nouvelle règle IFAB, celle qui est entrée en vigueur dans le cadre d’une expérimentation en valable de 21h30 à 22h45 sur tout le territoire des Bouches-du-Rhône
  • mais vous vous foutez de moi, c’est incroyable de siffler pénalty sur une main involontaire pareille là, enfin !
  • ah vous m’emmerdez, hein. Je siffle pénalty parce que vous êtes Marseillais, ça vous va, là ? Si vous vouliez en avoir pour vous fallait rester à la Juve, merde quoi, à la fin !
  • aaaah, bah voilà, là d’accord, c’est pas la peine de vous énerver, moi je demande juste qu’on m’explique simplement, c’est tout.

Cette mise au point effectuée, Lacazette peut ainsi transformer le pénalty, tandis que dans les tribunes Pablo Longoria serre ses petits poings, fermement attaché à l’idée de ne surtout pas faire de sacandale et de se laisser passer la bite au cirage à la prochaine réunion de la Ligue comme à l’accoutumée. Je veux dire, on a déjà dû attendre une journée pour avoir droit à un communiqué gentiment indigné quand une tribune entière nous envoie une banderole raciste, faut pas s’attendre à voir notre président se réincarner en Claude Bez ou Bernard Tapie sur une bête histoire d’enculerie arbitrale. On regrettera juste dans cette histoire le mois de suspension supplémentaire qui s’ajoutera aux trois mois déjà infligés par la commission de discipline à Mehdi Benatia, coupable d’avoir murmuré « mes couilles maintenant » en tribune présidentielle au moment du pénalty (2-2, 68e).


Ce qui est appréciable en revanche, c’est que sur le terrain les joueurs font le nécessaire pour gagner le respect, se démenant pour arracher la victoire en fin de match. Les lyonnais présentent ainsi le point commun avec les rugbymen anglais, outre le fait d’être foncièrement antipathiques, de payer physiquement les 80 premières minutes passées dans l’essoreuse adverse. Greenwood (honte à nous) percute de plus en plus souvent dans la surface, le ballon ne quitte quasiment plus les 40 mètres adverses, les centres se multiplient, et, comble de tout, nous devenons même dangereux sur corner. A la réception du coup de pied de coin, Greenwood (honte à nous) remet ainsi à Cornelius, qui allume à bout portant un gardien lyonnais miraculeusement sur la trajectoire. Rabiot sert ensuite Gouiri, dont le déboulé dans la surface et lui aussi mis en échec par Perri.

Sonnés, désorientais, les lyonnais ne savent plus où donner de la tête et finissent par commettre l’oubli de marquage fatal sur Luis Henrique, seul au deuxième poteau à la réception d’un centre parfait du nouvel entrant Lirola. De près, le Brésilien pladupiésécurise sa volée et met le feu au stade (3-2, 86e). C’est même l’OM qui passe près d’ajouter un auttre but dans les dernières minutes, les dernières tentatives lyonnaises se résumant à quelques longs ballons vaguement menaçants.


Les joueurs

Rulli (4/5) : Avec une défense pareille, il a réorienté ses objectifs à la manière d’un gardien de handball : l’important ce n’est pas d’arrêter seulement un tir sur trois, c’est de les arrêter au bon moment.

Murillo (3+/5) : Tellement indispensable que Donald Trump a parlé de l’annexer.

Balerdi (3-/5) : Jouer aux balerdises avec Rulli derrière soi, c’est comme jouer à la roulette russe avec une balle au lieu de cinq : ça reste aussi stupide, mais au moins ça redevient un jeu de hasard.

Cornelius (2/5) : Toujours admiratif de ces sportifs humbles qui arrivent à déployer des montagnes de combativité sur chaque geste pour réussir ce que des joueurs plus doués parviennent à faire en se curant le nez.

Luis Henrique (4-/5) : Nul en première mi-temps, monte en puissance en seconde, héros absolu à cinq minutes de la fin. Dommage qu’on ne lui ait pas laissé dix minutes de plus en fin de match, il aurait parachevé sa montée en puissance par un truc inédit, genre résoudre le conflit israélo-palestinien ou faire une coiffure correcte à Martine Vassal.

Merlin (3-/5) : En langage des transports, on dit qu’il a circulé en contre-pointe : il a roulé sur son côté gauche pendant que tout le reste du terrain était dans les embouteillages, puis il a tranquillement traîné sa caravane sur le retour vers Arcachon alors que les lyonnais attaquaient le travail à 110 km/h.

Lirola (80e) : Écœure les lyonnais à l’aller et au retour, rien que pour cela ça valait le coup de le garder dans l’effectif.

Rongier (3/5) : Imaginez Sandra Bullock chargé de maintenir la performance de son bus pour ne pas qu’il explose. Rappelez-vous par ailleurs le conducteur de feue la ligne 26, celle qui passait par Saint-Louis et la Cabucelle, chargé d’anticiper à chaque seconde d’où surgira la prochaine dinguerie d’un piéton, d’un scooter, d’un automobiliste, d’un chien, ou d’un passager du bus. Maintenant imaginez Sandra Bullock au volant de la ligne 26 et vous aurez une idée partielle de la concentration dont doit faire preuve le Rongieur entre la défense et le milieu de terrain.

Højbjerg (4/5) : Alors qu’on était tous en train de se lamenter après l’ouverture du score, Pierre-Emile a posé les mains sur les hanches et il a dit : « bon ». Et en tant qu’adversaire de l’OM, vous n’aimez pas ça, quand Pierre-Emile Højbjerg pose les mains sur les hanches et dit : « bon ».

Rabiot (4/5) : Si à la Ligue vous vous faites dessus dès que Mehdi Benatia vient se plaindre de l’arbitrage, vous n’êtes clairement pas prêts pour le moment où on vous enverra Véronique Rabiot.

Nadir (2/5) : La fausse bonne idée de De Zerbi : si Bilan a pris toute sa part à la récupération de balle à grand coups de mettage d’épaule dans les gencives, son positionnement juste derrière Greenwood (honte à nous) a nui à la créativité de l’ensemble.

Gouiri (58e, 4/5) : Ah ? on va peut-être attendre un peu plus que six mois avant de le retransférer, lui.

Greenwood (honte à nous, 4/5) : L’histoire ne dit pas s’il a échangé son maillot avec Thago Almada (honte à eux).

Garcia (89e) : À un défenseur près dans le temps additionnel, il réussissait le même défi que Lirola :  ne rentrer que pour pisser sur les lyonnais, aller et retour.


L’invité zoologique : Ernest Nuammamouth

Le mammouth laisse dans l’imaginaire collectif l’image d’un mastodonte dangereux et intimidant. Les corps quasiment intacts retrouvés congelés en Sibérie font beaucoup pour maintenir vivace cette image, au risque d’omettre l’enseignement majeur de ces découvertes : ça fait 40 000 ans qu’ils sont bel et bien crevés. 

  • Les autres : Clairement, le départ de Jean-Michel Aulas a fait s’évanouir le mojo surnaturel qui nimbait cette équipe, lui autorisant des performances incohérentes même avec un niveau de viers marins. Le match de ce soir présentait ainsi certaines réminiscences avec celui d’il y a quelques années, où Lyon était venu s’imposer au Vélodrome malgré la moitié de son effectif souffrant de la chiasse. Ces temps semblent aujourd’hui révolu et désormais, des lyonnais médiocres obtiennent juste des résultats médiocres. Il ne leur reste plus qu’à vainement tenter de nous copier, comme à l’heure habitude, par exemple en recrutant eux aussi un agresseur sexuel au dernier mercato.
  • Le classement : La victoire était essentielle après les réussites de Lille et Monaco. Petit bonus, la cinquième place de Nice est repoussée à 6 points
  • Coming next : Après toutes ces émotions, l’enchaînement Angers-Saint-Etienne-Auxerre-Nantes doit absolument confirmer que nous sommes repartis de l’avant.
  • Les réseaux : ton dromadaire blatère surFacebook et BlueSky. Max von Thb remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,
Blaah

1 thought on “OM-Lyon (3-2) : La Canebière Académie surmonte l’adversité

  1. roooo Cornelius c’est 3- quand même. Je sais pas pourquoi mais je l’aime ce Cornelius, il serait à Reims toute l’Angleterre en voudrait pour 20 miyons.
    En plus il a une belle coupe à la Djib ‘Cissé.
    Merci pour l’acad !

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