OM-Amiens (2-2) : La Canebière Académie se fait punir

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La Somme de toutes les peurs.

Aïoli les sapiens,

A ma gauche, la Chardon à Cran Académie : injection hebdomadaire d’un concentré de pus, de merde et de jus de bubons, destinée à infuser dans tout notre être le sentiment que la vie, et tout particulièrement celle de supporter nancéien, n’est qu’une salope. A ma droite, la Porte de Saint-Cloud Académie, l’ataraxie totale : gagner ? perdre ? vaines notions pour un club qui écrase tout, et dont le moment annuel d’émotion se limite généralement à trois semaines en mars.

Et à mi-chemin : nous. On écrase, certes, mais de manière moche et jamais pour longtemps, de sorte à nous tenir perpétuellement en équilibre instable sur cette crête qui sépare l’espoir fébrile de la détresse absolue. Trop mauvais pour ne pas remettre notre vie en jeu à chaque match contre la moindre équipe de merde, mais trop bons pour ne pas conserver en ligne de mire quelque résultat sportif, nous ne bénéficions ni de la quiétude du dominant ni du sommeil de la dépression. Notre club est un stress permanent.  


L’équipe

Mandanda
Sarr (Sakai, 77e) – Kamara – Alvaro – Amavi
Rongier – Strootman
Germain  – Sanson (Lopez, 93e) – Payet (Thauvin, 80e)
Benedetto

Radonjic est toujours convalescent tandis que Caleta-Car, enrhumé, est forfait de dernière minute. Kamara glisse donc en défense et Strootman prend place au milieu. Sarr est préféré à Sakai à droite, alors que Florian Thauvin fait son retour sur le banc après 6 mois d’absence.


Le match

Cinq minutes en trompe-l’œil voient l’OM attaquer la rencontre avec une grande intensité, avant de s’en remettre à sa tactique habituelle dite du druide corse (« Il s’y prend toujours comme ça pour cueillir le gui ?  – Oui, il attend qu’il tombe ».)

Amavi y va de son hippopotacle, Payet rate des passes en faisant la gueule et prend lui aussi son jaune spécial « fête des mères arbitrales » et, globalement, les joueurs tripotent le ballon en attendant que l’un d’entre eux fasse la décision sur un exploit improbable. Après tout, cela fait des mois que cela fonctionne ainsi, donc on ne voit pas pourquoi changer des recettes si efficaces. Du reste, Morgan profite du temps additionnel de la seconde période pour recevoir un second ballon de Strootman, accélérer entre trois défenseurs et déclencher sa lourde du gauche depuis l’entrée de la surface. La trajectoire vicieuse du tir fait bugger les nerfs optiques du gardien, qui envoie ses mains à côté du ballon et encaisse plein axe comme le premier Yohann Pelé venu (1-0, 45+1).


L’OM tente ensuite de sortir de sa routine en montrant un peu plus d’allant offensif en début de seconde période. Payet réalise ainsi un véritable festival au milieu de quatre joueurs, avant d’allumer le gardien alors que le but était grand ouvert. Puisqu’il est écrit cette saison que nos succès seront bâtis sur la crasse et la sueur plutôt que dans l’élégance, c’est sur un bête tir dévié que Dimitri trouve la réussite, 10 minutes après avoir saboté un chef d’œuvre. Une excellente conservation de balle permet à Germain de décaler Sanson, qui transmet à Payet sur l’aile. Dimitri se recentre et déclenche sa frappe : plutôt que de monter au contre, Chedjou préfère se tourner et lui opposer son gros cul, provoquant un rebond qui prend le gardien à contre-pied (2-0, 56e).

Devant ce scénario idéal, qui nous voit mener de deux buts alors que les nuls d’en face ne se sont pas procuré la moindre occasion, émerge de nouveau ce rêve si longtemps enfoui de réussir enfin à gratifier un relégable d’une rouste en bonne et due forme. Moins de cinq minutes suffisent pour que deux occasions amiénoises jouent le rôle du seau d’eau froide sur la gueule, nous rappelant que le rêve, la sérénité, la volupté, nous sont définitivement proscrits cette saison.


Si encore Amiens jouait son va-tout avec l’énergie du désespoir, on pourrait alors pester contre nos craintes, nos peurs, que sais-je encore, mais en tout cas un truc moralement admissible. Mais non, les interviews du banc de touche en témoignent, à ce stade de la rencontre, les Picards n’attendent plus qu’une chose : que le match finisse, que la saison finisse, que la vie finisse, qu’on en finisse avec ces faux espoirs de maintien et que l’on se prépare dignement à endurer des déplacements à Niort ou Chambly l’an prochain. Non, si nous avons remis dans le match des Amiénois qui n’en attendaient plus rien, c’est uniquement par paresse. Les efforts ne sont plus produits, les passes ne sont plus ajustées, les placements deviennent aléatoires, bref, la perspective d’une énième fin de match au slipomètre prend rapidement de la consistance, et tout ceci parce que nous avons décidé de ne plus en branler une.

Chacun dans le stade s’attend à une réduction du score. Chacun, sauf nos joueurs, sans doute confiants dans le fait que Mandanda sortira l’exploit adéquat, ou qu’une contre-attaque victorieuse viendra clore les débats. Bah non mes connards, le principe des miracles, c’est d’être exceptionnels ; chaque victoire chanceuse devrait être une incitation à vous sortir les doigts du derche pour prendre votre destin en main avant que la chance ne tourne, mais non, vous c’est l’inverse, vous prenez nos coups de chatte pour une assurance tous risques.


C’est ainsi qu’au terme d’une action immonde nous voyant infoutus de relancer proprement puis opposer aux Amiénois des parodies de duels défensifs, Guirassy se voit trouvé dans notre surface où il se fait bousculer par ce gros lourdaud d’Amavi. Le pénalty est transformé par le même joueur d’un contre-pied et les Picards se remettent à y croire alors qu’ils étaient déjà en train de chercher leur ticket pour sortir du parking (2-1, 84e).

Dans la foulée, Guirassy, encore lui, place un coup de tête sur la barre à la réception d’un corner. Leur chance est passée, le traditionnel manque de réussite des relégables, ah là là ma bonne dame, la vie n’est pas bien facile, va… L’OM va encore gagner un match compliqué malgré un comportement parfois honteux, c’est moche mais bon, c’est la loi du genre. Bah non derechef, malgré tout, il subsiste dans le football des moments où l’on finit par recevoir les coups de pieds au cul que l’on mérite. La leçon nantaise était retenue, paraît-il ? Mon vier, tiens.


Si Thauvin fête son retour par quelques actions bien senties, en règle générale toute la production olympienne consiste à torcher des passes imbitables là où un peu de conservation de balle serait de bon aloi. Benedetto envoie Germain dans le coin du terrain gagner les quelques secondes qui nous manquent pour souffler (Valère venait de récupérer la balle et de se taper 40 mètres de sprint, mais bon il n’est pas à ça près). Or la manière dont Valère est extirpé par Chedjou n’est pas sans rappeler les charges de CRS sur des sit-in d’écologistes vegan et non-violents. « Nous ne sommes pas dans le même camp », rétorque l’arbitre à ceux qui considèrent l’intervention illicite. Une action source de quelques questionnements, mais pas autant que deux mystères proprement insondables :

– Sakai à la place de Bouna Sarr pour le dernier quart d’heure… pourquoi ?
– Hiroki, qu’est-ce que tu branles le pif collé au short de Kamara au lieu de marquer ton ailier ?

Ghoddos est ainsi lancé dans un boulevard le côté droit et adresse un centre à ras de terre. Côté opposé, Jordan Amavi se livre lui aussi au « je-renifle-l’anus-de-mon-défenseur-central challenge », et laisse Calabresi totalement libre de recevoir le ballon, puis de recentrer. Dans les six-mètres, Kamara accompagné de Sakai toujours accroché à son slip arrivent trop tard pour empêcher Ghoddos de marquer à bout portant (2-2, 95e).


M. Letexier détourne certes l’attention en se rendant détestable, omettant de siffler une ultime faute sur Sakai pourtant indiscutable, puis excluant André Villas-Boas pour des propos pourtant innocents (une sombre histoire concernant le parcours professionnel de ses aïeules, ou quelque chose dans le genre). Mais personne n’est dupe, André et ses troupes n’ont eu besoin de personne pour saboter ce match et rendre espoir à nos concurrents dans la course à la 2e place. Nous savions que ce match pouvait mal se terminer, ils savaient que ce match pouvait mal se terminer, et pourtant ils n’ont pas fait les efforts élémentaires pour se mettre à l’abri. On a eu beau louer le mental de nos joueurs dans l’adversité, après leur victoire à Lille par exemple, il faudra aussi à un moment parler de leur capacité à se comporter comme des têtes de con dès que les circonstances sont supposées plus faciles.

Allez, va, il vaut mieux que vous le receviez ici plutôt que du contrôle financier de l’UEFA.

Les notes

Mandanda (2/5) : Le même destin que Blandine Flubupte, infirmière au CHU de Beauvais. 60 heures par semaine, plus de budget pour les compresses ni même pour le PQ dans les toilettes, habituée à sauver des vies en bricolant des intubations avec les bouts de PVC laissés par les plombiers dans les couloirs. S’apprêtait avec gourmandise à passer son premier week-end avec son mari et ses enfants depuis 6 mois sans que personne ne lui demande rien, seulement voilà, 10 minutes avant la badgeuse, paf, coronavirus, réquisition, burn-out.

Sarr (3/5) : Dans la semaine, Villas-Boas a laissé entendre que Bouna pourrait éventuellement se trouver capitaine la saison prochaine. On n’aurait pas dû autant rigoler à ce moment-là car notre entraîneur a l’air de s’être vexé. « Si c’est ça, je vais le sortir avant la fin, vous verrez s’il n’est pas indispensable à l’équipe ». De fait, on ne rigole plus.

Sakai (77e, 0/5) : Entre les consignes de marquage et les consignes du ministère japonais de la Santé, Hiroki a vite choisi : hors de question de s’approcher à moins de 2 mètres de leur ailier iranien. Tu mériterais de te faire tousser à la figure, tiens.

Kamara (3-/5) : 80 minutes d’autorité élégante, avant de retomber dans ses très agaçants excès de facilité. Je ne serai pas surpris que les joueurs amiénois aient ostensiblement soupiré « oh là là, non, il est vraiment trop fort, vraiment on ne peut rien contre lui » pour lui faire relâcher la garde. Ou alors c’est parce qu’il devait faire baby-sitter de Sakai en même temps.

Alvaro (3-/5) : Lui n’est pas du genre à se voir trop beau, ce qui rend d’autant plus regrettable ces contres timides, ces piteux dégagements ou ces demi-interceptions qui nous ont fait tant de mal en fin de match. On aurait plutôt attendu de lui dans le temps additionnel qu’il envoie au mont Puget le moindre ballon qui passe, voire le ramasseur de balle avec si nécessaire.

Amavi (1+/5) : Drame de la mondialisation, les perturbations en Chine ont mis à l’arrêt les usines pharmaceutiques où était produite la footballase, cette enzyme révolutionnaire dont André Villas-Boas avait pris l’habitude d’injecter une pleine seringue à Jordan avant chaque match. Et visiblement, on est arrivé au bout des stocks ce soir.

Strootman (3/5) : Autoritaire et efficace pendant la majeure partie de la rencontre mais, comme Alvaro, on aurait d’autant plus apprécié qu’il rappelle à ces gueux qui était le patron dès leur première velléité de révolte. Avec ce qu’il leur avait mis pendant 80 minutes, si ça tombe il aurait suffi à Kevin de froncer un sourcil en leur disant « grunt » pour que les Amiénois rendent poliment la balle.

Rongier (2+/5) : Malgré quelques pertes de balle qui agitent encore trop le slipomètre, Valentin semble remonter la pente après son mois de février tout en analité.

Germain (2+/5) : Un cas d’école darwinien dans lequel l’attaquant trop faible s’adapte et mute pour survivre : d’avant-centre à second attaquant, puis false-nine-advanced-libero, Valère poursuit son évolution toujours plus proche de l’aile, vers une sorte d’hybride que l’on pourrait nommer first-fullback-forward-line-defender. En toute logique, il ne devrait pas tarder à se fixer au poste de latéral, avant de finir en défense centrale quand il n’aura plus l’âge de courir autant. En attendant, il s’est montré toujours aussi utile dans la conservation de balle en gagnant et gardant nombre de précieux ballons (sauf un).

Sanson (4/5) : Sans vouloir raconter ma vie, je dois confesser que j’ai commencé à accomplir des progrès notables au five passé l’âge de 35 ans, au moment où je me suis dit : « bon, maintenant tu vas arrêter de faire celui qui sait jouer au foot, tu vas te contenter de courir partout et de tirer fort ». On n’est jamais aussi bon que lorsque l’on est soi-même, et ça Morgan l’a bien compris.

Lopez (93e) : Pas de bol ce changement, si ça se trouve Morgan serait revenu couvrir Amavi.

Payet (2+/5) : Foire plus de la moitié de ses passes, prend deux minutes pour s’engueuler avec l’arbitre pour une question de centimètres et prend son carton jaune au passage, livre quelque coups de génie et marque sur un coup de bol. Une soirée ordinaire.

Thauvin (80e) : Pas l’entrée la plus critiquable, tant Florian a fait le nécessaire pour dynamiter la défense amiénoise, sans réussite hélas. Espérons pour lui (et donc pour nous) le meilleur pour cette fin de saison.

Benedetto (2-/5) : Bandé après une coupure, et doté d’un très gracieux bonnet de bain bleu destiné à faire tenir ses pansements. Tant qu’à faire, l’intendance aurait pu lui fournir plutôt un bonnet fuchsia avec des LED clignotantes, ça aurait aidé l’équipe à se souvenir de lui.


L’invité zoologique : Nicholas Opokussum

Sorte de rat marsupial carnivore, l’opossum est une bestiole mal définie et visiblement pas à sa place, puisqu’il ne vit pas en Australie comme tous les marsupiaux. Bref, la logique voudrait qu’on s’en tape, la seule chose utile à savoir étant qu’il ne fait pas le poids contre un pneu de Hummer en travers de la gueule. Bon, mais c’est vrai, si on a l’idée saugrenue de descendre de sa bagnole pour en caresser un, on risque de se faire mordre. Voici les observations de notre invité du soir :

– Les autres : Leur coach est charismatique, leur équipe est limitée mais gagne la sympathie par sa volonté de ne jamais renoncer même quand la défaite semble consommée. Ils sont sans aucun doute à classer dans les « gentils » (et sont d’autant plus voués à descendre comme des merdes en fin de saison).

– Le classement : Vous nous réduisez à encourager Lyon, bande de mastres.

– Les réseaux : Ton dromadaire blatère également sur Facebook, Twitter et Instagram. Sylvain C. remporte le concours zoologique.

– L’offre alléchante : N’oubliez pas de commander Superacad contre Menesis, le livre. 224 pages d’un récit épique et anal totalement à la limite du footballistiquement correct. En plus, les bénéfices serviront à financer la maintenance du site où vous pouvez lire nos si belles académies. Rendez-vous ici : https://fr.ulule.com/superacad-contre-menesis-le-livre/


Bises massilianales,
Blaah.

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