OM-Auxerre (1-3) : La Canebière Académie ne voit pas le bout du tunnel
Qui aurait pu prévoir ?
Aïoli les sapiens,
Prenons une équipe, nous, deuxième de Ligue 1 après trois mois de compétition. Altitude flatteuse si on considère ses statistiques de réussite et sa défense en contreplaqué : nous sommes moins dauphins par la qualité de notre football que par un gardien touché par la grâce, certaines individualités sur-efficaces (honte à nous), et des concurrents plus irréguliers qu’un positionnement politique d’Aurore Bergé. La rouste contre le PSG aurait dû représenter un rappel à la réalité.
Prenons une autre équipe, promu valeureux, certes passé maître dans l’art du blocquéquipe Ligue 1 mais qu’il parvient occasionnellement à magnifier par un jeu de contre bien rôdé. Un adversaire faible fréquemment rousté par des clubs anonymes, mais également capable de fesser lui-même quelques inattentifs.
Prenons un match à domicile entre la première équipe et la seconde. Ce match ouvre la journée de championnat de ce week-end, avant une pause internationale. Bref, la première équipe est logiquement favorite et, pour peu qu’elle fasse preuve de l’attention et du sérieux nécessaires, dispose d’une belle occasion de consolider son classement.
Entrons enfin la dernière donnée du problème, à savoir que cette fameuse première équipe, c’est nous. Sollicitons enfin un panel d’experts pour en déduire l’enjeu de ce match :
- Didier, supporter olympien depuis 1987 : « Ça, c’est typiquement le genre de match où on va se faire piner si on se voit trop beaux au coup d’envoi. »
- Sofiane, supporter olympien depuis 2018 : « Ça, c’est typiquement le genre de match où on va se faire piner si on se voit trop beaux au coup d’envoi. »
- Gukughna, légumier bio : « Ça, c’est typiquement le genre de match où on va se faire piner si on se voit trop beaux au coup d’envoi. »
- Dromadame, épouse : « Ça, c’est typiquement le genre de match où on va se faire piner si on se voit trop beaux au coup d’envoi. »
- Albert, docteur en physique des particules : « Ça, c’est typiquement le genre de match où on va se faire piner si on se voit trop beaux au coup d’envoi »
- ChatGPT : « Ça, c’est typiquement le genre de match où on va se faire piner si on se voit trop beaux au coup d’envoi. »
- François, pape : « Id est genus paris de more pinarum quo ituri sumus si nos ipsos nimis bonos calcitrare prospicere videmus. »
- Paul, lisan al-gaib: « Hadha obicno otipe al-tackmice kote kal-aqubat al-pinaj ako te dikhas al-ra’inaa dobro n’al poshetko. ».
- Régis, analyste tactique à l’OM : « Le mieux c’est de faire tourner le ballon pépère, comme on est meilleurs qu’eux on va sans doute marquer vite, comme ça on en plante un deuxième en contre et on aura juste à gérer en évitant les cartons et les blessures ».
Les Longorious Basterds
Rulli
Lirola (Murillo, 77e) – Balerdi – Brassier (Kondogbia, 66e) – Merlin (Garcia, 46e)
Rabiot – Højberg – Luis HenriqueGreenwood (honte à nous) – Maupay (Wahi, 46e) – Rowe (Koné, 46e)
Cornelius absent pour blessure, Brassier redevient enfin titulaire à sa place préférentielle, celle à laquelle il est capable de donner sa pleine mesure, on va voir ce qu’on va voir nom de nom. A noter également l’association Luis Henrique-Rowe sur le côté gauche.
Le match
Auxerre frise le but contre son camp dès la deuxième minute : après une entame tambour battant, Lirola est envoyé à droite pour un centre tendu que le défenseur ne trouve rien de mieux à faire que d’expédier droit sur son gardien. Dans cette situation, n’importe quelle équipe se dirait « mâtin ! voici un début bien encourageant qui nous incite à maintenir nos efforts ! ». Les locaux en revanche lui préfèreront l’idiome marseillais : « super, voici un match facile que je vais gagner sans rien branler. »
Passée cette alerte fugace, les Auxerrois sortent la truelle et les moellons pour nous bâtir ce blocquéquipe, ce fleuron français que le monde nous envie presque autant que la Renault 5 électrique et l’impunité des cinéastes pédophiles. Comme nous l’avons dit en introduction, méfi méfi des contre-attaques redoutables qui peuvent nous crucifier en cas de domination stérile. Sauf qu’en l’espèce, l’AJA n’a même pas besoin d’entreprendre un effort pour nous punir : hommage au plus bourrin des footballs de district, l’action consiste en un long coup de tatane du gardien droit devant, un défenseur central (Lilian Brassier en l’occurrence) qu’a pas fini de cuver sa soirée de la veille au Bar des Amis et qui nous rejoue le lac des cygnes dans son vomi en essayant d’intercepter la balle, et l’attaquant Sinayoko qui se saisit de l’occasion pour allumer de près le gardien en rigolant (0-1, 10e).
Très dispensable, la demi-heure qui suit se limite à voir nos joueurs faire tourner le ballon en jetant des regards désespérés vers le banc : « mais-euh, coach, ils ne nous laissent pas d’espaces, c’est quand qu’on aura des espaces ? ». Et De Zerbi de répondre : « ben je sais pas moi, faites tourner le ballon en attendant d’avoir des espaces ».
La monotonie est interrompue de temps à autre par quelques centres ma foi pas dégueu du tout, qui ne servent qu’à éveiller la nostalgie du « taper, taper taper » de Tudor : tu centres, ça passe pas, tu défonces le joueur sur le second ballon, tu re-centres, et tu répètes jusqu’à ce que ça passe. On ne dit pas que c’est raffiné, on dit juste qu’à impuissance égale, on a plus de chances de quérir l’objectif avec de la sueur et du mollard qu’en récitant son tableau Veleda.
C’est que comme trop de générations qui se sont succédé avant eux, nos olympiens du jour tombent dans le piège de vouloir faire des jolies circulations de balle en oubliant que leur sport est un sport d’affrontement. Dromadame avait fait un combat de kungfu de ce genre, naguère. L’autre était une disciple de l’école de la Grue de Jade de Shaolin, ou un truc dans le genre, bref, qui lui avait fait la démonstration complète : les 38 tourniquets de feu du temple céleste, la prise du doigt wuxi, le coup de pied du sabre lunaire sacré, patin, couffin, bref tout ce qu’il fallait pour être recrutée comme doublure à l’opéra de Pékin. L’entraîneur de Dromadame, lui, avait l’avantage de ne ressortir à aucune école particulière depuis son départ du centre de formation de l’AS Montferrand : suivant ses conseils ma douce et tendre a gagné le combat en deux mouvements, plaquage aux jambes et prise-guillotine. Et l’intégralité des entraîneurs de venir se plaindre : « cette horreur n’appartient à aucun style reconnu, ce n’est pas du kungfu ! ». Ce sur quoi notre entraîneur, en vénérable maître Oowgai des monts du Bourbonnais, rétorqua : « alors d’une, c’est écrit ‘combat libre’ et que je sache on n’a enfreint aucun règlement ; de deux, j’entraîne pas mes combattants pour jouer dans le prochain Luc Besson mais pour maraver la gueule de l’autre, c’est un peu le principe des sports de combat je vous rappelle ; et de trois, si vous aviez mieux compris Bruce Lee ou Jackie Chan, vous auriez vu que le but de leurs mouvements c’est d’être stylé mais surtout efficace. Donc vous retournez vous branler sur Shen Yun avec vos potes du Falun Gong et vous lâchez la grappe à ceux qui ont une médaille à aller chercher. »
Plus proche de nous, vous aurez aussi reconnu l’éternelle histoire du French Flair face aux concasseurs sud-africains ou la scène d’Indiana Jones contre le combattant au sabre. Se battre avec style, c’est bien, mais faudrait oublier de pas savoir pourquoi on se bat au bout d’un moment.
Ainsi, lassé de nous voir tournoyer de l’épée sans être capable de trancher une pâte cuite, Auxerre sort son 9 millimètres et met un terme au débat : une passe calamiteuse de Balerdi est interceptée au milieu de terrain, et immédiatement convertie en gros surnombre. D’un appel entre nos deux centraux, un auxerrois se libère et n’a plus qu’à donner à Perrin, seul devant la cage vide (0-2, 43e).
Pour faire bonne mesure, Merlin se fend lui aussi d’une perte de balle dans notre camp, avec une sanction similaire : Balerdi est encore pris dans son dos, Lirola se fait pisser dessus par Traoré qui, dans un angle fermé, trompe un Rulli en pleine démission silencieuse (0-3, 45e).
S’il était encore possible de ternir le spectacle, une journaliste est blessée par un projectile lancé de Jean Bouin. Il semble cependant qu’elle n’ait pas été visée délibérément mais ait été victimes d’un rebond malheureux : nous ne sommes pas méchants, nous sommes justes débiles, ce qui est à la fois un soulagement et un critère de proximité avec nos joueurs.
Un triple changement dès la reprise suppose une intention de jouer le tout pour le tout, vite démentie par l’attitude indigne de nos joueurs. De les voir nuls à nuls à ne pas savoir affronter une équipe regroupée, voilà qui était déjà un peu triste sachant que l’équipe travaille depuis plusieurs mois, a été façonnée à la demande de l’entraîneur et devait précisément s’attendre à rencontrer ce genre d’adversité toute la saison. Mais de voir nos viers panés n’entreprendre ABSOLUMENT AUCUN EFFORT pour rehausser sinon leur niveau, du moins l’intensité dans les duels, paraître se contenter d’une branlée contre Auxerre comme ils se contentaient déjà de celles subie contre Paris, voilà de quoi conduire l’union pour la conservation de la nature à remettre le cyprès de Provence sur la liste des espaces menacées d’extinction.
Comme le PSG quelques semaines plus tôt, loin d’un hypothétique espoir de réduction du score, c’est au contraire l’équipe adverse qui doit nous faire la charité de ne pas continuer à enfiler les perles. Servi seul au second poteau, un Auxerrois envoie sa reprise de près sur le montant. Toujours plus, ce sont maintenant DEUX attaquants qui se trouvent sans marquage à la réception d’un centre, ce qui les conduit à se gêner mutuellement.
Une main bien merdique sur une tentative de Greenwood (honte à nous) nous offre un pénalty miraculeux que l’Anglais convertit d’un tir puissant et précis à ras de terre (1-3, 63e). La possibilité inespérée d’un retournement de situation se fait alors jour, que Wahi salope consciencieusement après avoir été lancé par Balerdi dans le dos de la défense : le gardien remporte en effet son face-à-face, et cette première vraie occasion n’est suivie d’aucune autre avant le temps additionnel. Là, c’est Murillo qui gâche un bon service de Garcia en satellisant un ballon qu’il recevait pourtant en position idéale.
Cerise sur le gâteau de la médiocrité, la conférence de presse voit De Zerbi chouiner en évoquant son impuissance et la perspective d’un départ, alors même qu’il bénéficie (pour l’instant) d’une patience remarquable de la part des suiveurs. Que je sache, on ne veut pas que De Zerbi s’en aille comme un lâche, on veut juste qu’il bosse et qu’il gagne. Il me semble que plusieurs d’entre nous sont prêts à adhérer à l’idée d’un projet sur trois ans : il faudrait simplement nous préciser un peu en quoi il consiste, ce projet, car pour l’instant il ne nous saute guère aux yeux.
Les joueurs
Rulli (2-/5) : Rulli pour l’OM c’est comme la CIA pour Kadhafi : le meilleur des protecteurs, jusqu’au moment où il nous lâche.
Lirola (2-/5) : Suffisamment insignifiant pour passer entre les gouttes de haine. Pas qu’il n’ait pas joué comme une brêle, hein, mais il y en a eu des encore pires.
Murillo (77e) : Même le plus appliqué de nos élèves a profité de son quart d’heure pour commettre un gros étron, c’est dire le niveau de la soirée.
Balerdi (1+/5) : « Vous venez de tirer moins de 2 avec un dé de 20 : vous perdez -600 points de confiance. Tirez un d20 de moral. Vous venez de tirer moins de 2 : vous perdez -600 points de moral. Testez votre résilience avec un jet de d20. Vous venez de tirer moins de 2 : votre temps de restauration des capacités est allongé de +800%. Tirez un d20 de dignité. Vous venez de tirer moins de 2 : jouez toute la fin de partie avec votre slip sur la tête. » Mais le plus beau dans tout ça c’est qu’on continue malgré tout à jouer, et même à acheter toutes les extensions en croyant qu’on va retrouver un jour la fiche de personnage qu’on avait réussi à porter au max début septembre. Le jeu de rôle Balerdi, c’est vraiment l’art de la passion ludique.
Brassier (1/5) : Rien à dire, ça vaut vraiment la peine de payer Chancel Mbemba et Bamo Meïté à ne rien faire pendant ce temps.
Kondogbia (66e, 2/5) : On ne s’attend plus à le voir mener la révolte, le voir sauver ses miches sans commettre de grosse erreur est déjà un exploit. Félicitations.
Merlin (1+/5) : Ça commence à devenir difficile de trouver suffisamment de synonymes du mot « nullité », par les temps qui courent.
Garcia (46e, 2/5) : N’apporte rien, n’enlève rien, bref n’a servi à rien.
Højbjerg (2-/5) :
– Christophe Pélissier, quel a été votre secret tactique pour battre les Marseillais ?
– Oh, j’ai juste mis un gars au marquage sur le seul qui avait un cerveau.
Rabiot (1/5) : Autant ya eu confusion capillaire et c’est Paul de Saint-Sernin qui joue milieu de terrain pendant que Rabiot fait des vannes pour DAZN au bord de la touche. C’est la seule chose qui explique que les deux soient aussi gênants l’un que l’autre.
Luis Henrique (1/5) : La consistance du prout, mais sans le son ni l’odeur, autant dire un manque total d’intérêt.
Greenwood (honte à nous, 1+/5) :
– Christophe Pélissier, quel a été votre secret tactique pour battre les Marseillais ?
– Oh, j’ai juste mis un gars au marquage sur le seul qui savait jouer au foot.
Rowe (1/5) : Greenwood (honte à nous) n’arrivait pas à faire le sauveur tout seul, mais Jonathan s’est dit que lui allait y parvenir, pourquoi pas.
Koné (46e, 1/5) :
« Koné toi toi-même. » Socrate.
« Koné déjà un peu le football, pour commencer. » Moi.
Maupay (1/5) :
– Christophe Pélissier, quel a été votre secret tactique pour battre les Marseillais ?
– Oh, j’ai juste mis un défenseur qui n’est pas Nicolas Pallois.
Wahi (46e, 1/5) : Définitivement, pour le poste d’avant-centre je veux un montant soit à un chiffre soit à trois (ceci était un communiqué pour la prohibition des transferts d’avant-centres à deux chiffres).
L’invité zoologique : Kévin Danois
Le danois, ou dogue allemand, est un chien majestueux qui ne fait pas grand-chose de sa vie, à part être posé sur son coussin. Sous ses airs de molosse, il s’agit d’une brave bête aussi affestueuse que fragile. Sauf qu’évidemment, même un gros chien à mémère, si tu viens le provoquer en t’habillant en saucisson pur porc, il va te bouffer par gourmandise.
- Les autres :
– Christophe Pélissier, quel a été votre secret tactique pour battre les Marseillais ?
– Oh, j’ai juste dit à mes joueurs qu’on affrontait l’OM.
- Le classement : Il se peut que nous restions sur le podium à l’issue de cette journée, mais rassurons-nous cela ne durera pas.
- Coming next : Place donc à la trêve internationale, encore que le mot de « trêve » ne soit peut-être pas le plus pertinent sachant que la période consistera surtout à entendre Bruno Ratacouilles squatter les médias non-stop pour insulter ceux qui pensent que jouer au football contre les représentants d’un Etat criminel de guerre c’est pas top.
- Les réseaux : ton dromadaire blatère surFacebook, Twitter et BlueSky. Didier A. remporte le concours zoologique.
Bises massilianales,
Blaah
Ce serait un peu triste que De Zerbi soit emporté par la première crise automnale venue. J’espère que les joueurs vont remettre leur slip et leur cerveau à l’endroit.
En même temps, il me faut reconnaître que les acads de défaites sont les meilleurs à lire (à l’exception des victoires sur l’OL). Entre une bonne acad et un mauvais match, j’hésite un peu…