OM-Bordeaux (2-2), La Canebière académie a failli plonger

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C’est pas ce qui était prévu.

Aïoli les sapiens,

Les retrouvailles avec le public du Vélodrome se faisaient en présence du faire-valoir idéal, en l’occurrence des Girondins de Bordeaux à l’agonie sportivement et eux-mêmes disposés à se rendre à Marseille comme à l’abattoir. Malgré toute l’expérience de notre club en matière de désillusions fracassantes, on se demandait bien quels arguments pourraient trouver les Olympiens pour réussir à gâcher la soirée. C’était sans compter sur les historiques pour perpétuer la légende anale : bravo à Steve Mandanda pour s’ériger ainsi en gardien du temple, à défaut de garder quoi que ce soit d’autre.


L’équipe

Mandanda
Saliba – Balerdi (expulsé, 88e) – Luan Peres
Kamara – Gueye – Guendouzi (Benedetto, 65e)
Ünder (Radonjic, 72e) – Gerson (Rongier, 72e) – Payet – De La Fuente (Alvaro, 90e)

Seul Milik est absent, tandis que Lirola se rapproche encore un peu plus, genre il est dans les bouchons à La Penne-sur-Huveaune mais promis, là il arrive enfin. Bientôt. Normalement.

Sampaoli reconduit la compo-scorpion du premier match : étroit sur toute la longueur du corps, à l’exception de deux pinces écartées à l’avant, et un gros dard derrière (même si le provençal « vier » est d’avantage recommandé ici, et avec un r pour respecter la rime visuelle avec Madame Ollivier). Le poste d’avant-centre est ôté à la mémoire de Gerd Müller. Et puis, Jean-Pierre Papin est déjà venu donner le coup d’envoi, point trop n’en faut non plus.


Le match

Au lieu de directement rentrer dans le lard des Bordelais, les Olympiens préfèrent aborder l’adversaire avec circonspection, un peu comme un bébé jaguar fait tourner un tatou nain en se demandant comment ouvrir ce truc. Il faut dire que Samuel Kalu a beaucoup fait pour péter l’ambiance en début de match, victime d’un malaise aussi soudain qu’effroyable. Fort heureusement, le joueur est secouru et reprend ses esprits rapidement, les médecins au top des protocoles sanitaires le laissant même jouer quelques minutes de plus avant d’être remplacé.

Passée cette frayeur heureusement sans conséquence, le vrai départ du match est donné par l’inévitable Konrad De La Fuente, qui martyrise la défense girondine avant d’être séché en pleine surface. L’inénarrable Ruddy « cum » Buquet s’abstient de siffler le pénalty évident, sans que le car vidéo n’intervienne.

L’OM prend son temps, donc, mais laisse apparaître des déséquilibres assez flagrants. Il suffit parfois d’un ballon renvoyé au hasard par la défense bordelaise pour transpercer nos lignes et envoyer leur attaquant en un-contre-un avec l’un de nos trois de derrière. Rien de suffisant dans l’immédiat pour s’alarmer, du moins le pense-t-on sur le moment, mais on ne doute pas qu’en vue du prochain match contre Nice, Christophe Galtier a pris des notes la bave aux lèvres.

Et puis à un moment, tel un scorpion – la métaphore, filée, tavu – tac ! la piqûre soudaine et fatale. Ballon récupéré au milieu de terrain, De La Fuente déboule, écarte pou Gerson, débordement et centre en retrait pour Ünder sans que la défense adverse ait pu comprendre ce qu’il se passe (1-0, 34e). Alertés, les Girondins se mettent à surveiller notre ailier comme le lait sur le feu : ce faisant, ils oublient de presser Payet qui, partant lui aussi du milieu de terrain, avance tranquillement et passe en revue trois plots adverses jusqu’à l’entrée de la surface, d’où il bat Costil une main dans le slip (2-0, 41e).

À la pause, le scénario ressemble pour une fois à ce qu’on avait imaginé : l’OM laisse des espaces  mais domine suffisamment les gros viers marins d’en face pour se procurer un avantage confortable. Qui plus est, Ruddy Buquet nous a déjà prodigué son enculade rituelle, ce qui laisse d’autant moins d’arguments en faveur d’une girontada.

Thauvin se trouve à 5000 km d’ici, Princesse Rougail montre des dispositions admirables, le score semble donc préservé de tout élément toxique. Tout ? Pas si vite : Steve est toujours là et il a bien l’intention de ne pas nous laisser croire au bonheur trop longtemps. Certes, il n’est pour rien dans les déséquilibres évoqués plus haut, et qui permettent à Pembele de parcourir un couloir gauche défendu comme l’Afghanistan. Après 30 mètres sans opposition, le Bordelais déclenche son tir dévié par un Luan Peres un peu timide, au premier poteau d’un Mandanda tout occupé à battre, affalé sur son gros cul, le record du nombre de minutes disputées par un gardien de Ligue 1 sans réaliser un seul arrêt (2-1, 51e). Les Girondins se mettent à y croire comme jamais et se montrent de plus en plus pressants. Sur un corner joué à l’entrée de la surface, Oudin appose une volée plat du pied plus près de Mandanda que du poteau mais bon, apparemment notre gardien a des quadriceps catholiques qui s’interdisent de travailler le 15 août par respect pour la Vierge (2-2, 57e).

Disons-le tout net, même après des années à voir les nôtres se faire taper par des Canet-en-Roussillon ou des Association sportive forézienne Andrézieux-Bouthéon, cette égalisation reste ce que l’on peut appeler un événement inattendu. L’ennui provient du fait que l’OM ne parvient pas à se remettre en route, se montrant bien plus emprunté qu’au match précédent. L’entrée de Benedetto ne parvient guère à nous rendre plus pressants. Sur un deuxième ballon récupéré dans la surface, Ünder manque le cadre et se blesse. Son remplaçant, Radonjic, ne démérite pas et trouve même Dario d’un beau centre en retrait, sans que l’Argentin ne parvienne à se dépatouiller du ballon et de la défense. Pour une fois tout en justesse, Nemanja ajuste ensuite Costil d’une lourde pleine de sang-froid : une action remarquable si l’on excepte le fait qu’elle a démarré trois mètres hors-jeu.

La fin tourne en eau de (B)oudin quand Balerdi revit les meilleurs moments de la saison dernière en se faisant expulser pour un hippopotacle sur Mara. Pembele, à l’ultime seconde, est même trouvé seul au second poteau, mais voit revenir Luan Peres pour nous éviter un retentissant ridicule. Si l’on veut trouver du positif à cette rencontre, on peut imaginer que ces points gâchés nous éviteront de nous illusionner d’une victoire facile, en mettant l’accent sur les défauts que ne manqueront pas d’exploiter des équipes plus talentueuses que Bordeaux. Il n’empêche que, même en accomplissant une seconde mi-temps de mastres, un gardien simplement au niveau aurait permis de maintenir le score à 2-0. Toute protagoniste-offensive-loco-de-la-fuente-del-fuego soit-elle, notre équipe aura du mal à s’imposer si elle se voit coller deux buts à chacun de ses temps faibles.


Les joueurs

Idi Aman Danda (1/5) : Libérateur et héros de la nation historique, devenu ce dictateur inamovible faisant peser une chape de plomb sur la collectivité. Il y a des fois où, quand les livres d’histoires sont déjà bien remplis, il vaut mieux s’arrêter avant de devoir ajouter des chapitres moins élogieux.

Saliba (3-/5) : Solide et sans affolement, même si un ultime craquage « perte de balle + carton jaune » nous fait craindre qu’il se transforme en défenseur olympien un peu vite à notre goût.

Balerdi (2/5) : Impressionnant pendant une première période intense, avant de péter un câble dans un moment plus équilibré. Apparemment, Leo fait partie de ces nerveux capables de tenir une conversation argumentée pendant un concert de heavy metal mais qui font une attaque de panique dans une bibliothèque.

Luan Peres (2+/5) : Vous permettrez à la Canebière Académie de lui renifler encore un peu l’anus avant de se faire une opinion plus affirmée du personnage, affichant une attitude de patron tout au long du match mais jamais tout à fait franc sur les buts qu’on encaisse.

Kamara (2+/5) : On persistera à dire qu’initier les attaques, récupérer haut des ballons, surveiller le couloir droit et prêter main forte aux défenseurs, ça fait beaucoup pour un seul homme.

Gueye (3/5) : Visiblementaffecté davantage à la récupération qu’à la construction, il a accompli une première période de mammouth avec des interventions aussi viriles que remarquablement correctes.

Guendouzi (2+/5) : On n’est pas franchement tayloristes ici, mais une meilleure définition des tâches pour nos milieux de terrain ne semblerait pas du luxe.

Benedetto (65e, 2/5) : Pour une fois que Radonjic réalise une action spontanée et juste, il faut que ce soit Dario qui se fasse des nœuds au cerveau au moment de la convertir.

Ünder (4/5) : Présent sans être flamboyant, il soigne néanmoins les statistiques, d’où cette bonne note que nous lui attribuons d’autant plus volontiers qu’à la première baisse de régime, ce sera le type de joueur à se faire insulter sa mère par tout le stade.

Radonjic (72e) : Prince Fada a mobilisé toutes ses capacités au service du respect de la consigne « jouer proprement sans essayer des dribbles de tordu » : un succès indéniable, qui a cependant nécessité d’effacer du disque dur le dossier « comprendre la règle du hors-jeu ».

Gerson (3+/5) : Une montée en puissance  porteuse d’espoirs, celui par exemple que Jorge Sampaoli le fasse jouer un jour derrière un attaquant de pointe.

Rongier (72e) : Entrée en jeu honnête pour Valentin, malgré un enseignement regrettable : muscler le haut du corps n’a malheureusement pas contribué à l’équilibrer pour ses frappes au but. Note, ce n’est pas pour autant qu’il a soulevé de la fonte en vain : si ça ne suffit pas pour intégrer le Bayern, il restera toujours Fort Boyard.

De La Fuente (3+/5) : Une première mi-temps delafuentesque, infligeant bien au côté droit bordelais la séance sado-masochiste annoncée. Dommage cependant que le donjon ait fermé pour les 45 minutes suivantes.

Alvaro (90e) : Fait le boulot dans le temps additionnel pour éviter une claque plus violente encore. On prévoit d’ores et déjà d’acheter des slips de rechange en vue de sa titularisation à Nice, dans ce système qui contraint nos défenseurs à une multitude de face-à-face.

Payet (3+/5) : Ses petites antennes ont fonctionné à merveille pendant la première mi-temps face au virage Sud, et plus du tout lors de la seconde. Faut croire que c’est la proximité de la tour France 3 qui fait des parasites.


L’invité zoologique : Rémi Oursin

On salive des mois à l’avance dans la perspective de l’ouvrir pour lui bouffer les couilles, et le jour venu on se rend compte que putain, on avait oublié comme ça peut faire mal, cette saloperie : l’oursin est donc bien l’invité approprié pour narrer cette rencontre contre les Girondins.

– Les autres : Ah mais c’était pas du tout prévu qu’ils se révoltent en deuxième mi-temps, c’est pas du tout ce dont on était convenu. Permettez-moi de présenter ma plus vive indignation (oui, on a pompé le communiqué des États-Unis après leur accord avec les talibans). Profitons aussi de l’occasion pour souhaiter la bienvenue à notre nouvel académicien Ian Walter Foote (l’académie d’en face est ici).

– Le classement : Après que Lyon a pris une authentique branlée, nous pouvions finir le week-end tout sourire mais que voulez-vous, c’est un plaisir qui nous sera toujours refusé.

Coming next : Nice vient de rouster Lille 0-4. On peut penser qu’ils sont prêts. On peut même dire que le match de dimanche prochain constitue ce qu’il convient d’appeler « un véritable test ».

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Homerc remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

5 thoughts on “OM-Bordeaux (2-2), La Canebière académie a failli plonger

  1. J’ai trouvé Balerdi très imprécis en seconde période, indépendamment de son expulsion sur son tacle diawaresque. Quant à De la Fuente, il aura peut-être été le seul joueur à tenter un peu en seconde période, avant la rentrée de Benedetto.
    La rentrée de « Prince Fada » est parfaitement décrite. J’espère toujours le voir jouer cette saison, malgré les rumeurs de départ. C’est une sorte de Cabella du pauvre, ou peut-être du riche, c’est difficile à dire.

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