OM-Lorient (3-2), La Canebière académie est lente à la comprenette
Au moins on ne s’ennuie plus.

Aïoli les sapiens,
Notre gentille tournée de fin de saison se poursuit, dans l’objectif modeste de prendre enfin du plaisir à assister à quelque chose qui puisse ressembler à du football, voire à une qualification européenne si affinités.
L’équipe
Mandanda
Perrin (Luis Henrique, 45e) – Balerdi – Sakai
Cuisance – Kamara – Gueye
Payet
Lirola – Milik – Thauvin
puis, en 2e mi-temps :
Mandanda
Kamara– Balerdi – Sakai
Thauvin – Gueye – Cuisance (Khaoui, 76e)
Payet (Nagatomo, 94e)
Lirola – Milik – Luis Henrique
Alvaro et Caleta-Car sont suspendus après avoir effectué leur visite de routine auprès de la commission de discipline. Quant à Amavi et Rongier, la date de leur reprise représente l’un des plus grands mystères de la médecine moderne après l’obtention du diplôme de Renaud Muselier.
Sampaoli bricole une défense avec les jeunes moyens du bord (Balerdi et Perrin pour l’aspect « jeunes », Sakai pour l’aspect « moyen »). Thauvin occupe ce poste de latéral gauche où personne n’a jusqu’ici réussi à se fixer, tandis que Cuisance est titularisé au milieu. Le fait que nous ayons dû présenter une seconde équipe ci-dessus pour la deuxième période, révélant des changements assez profonds du coach, laissera augurer au lecteur averti bien des choses sur le contenu de notre première mi-temps.
Le match
Brisons-là le maigre suspense : nous avons effectivement pué la merde pendant ces quarante-cinq premières minutes. Or on peut supposer que Sampaoli n’a pas donné pour consignes à ses joueurs de ne pas tenter une passe en première intention vers l’avant, de presser un par un, et d’ignorer le grand mec avec le maillot n°19 qui n’arrête pas de gesticuler devant eux en parlant bizarrement. Autant Villas-Boas, on pouvait avoir des doutes, autant Sampaoli non, il ne peut pas avoir dit ça. Il est même fort probable qu’il leur ait enseigné que le type en question, c’est ce qui se nomme un avant-centre, et que sa manière de gesticuler se dit dans le jargon : « appeler le ballon ». Mais bon, il faut croire que nos joueurs partent de loin pour assimiler de telles notions en un claquement de doigt. Reconnaissons de plus que devant un discours de Sampaoli traduit par Pancho Abardonado, n’importe quel humain a pour priorité de chercher un abri et d’appeler sa mère pour un mot d’adieu avant même de savoir de quoi ils parlent.
Bref, si le style argentin se veut très différent de Villas-Boas ou Larguet, le résultat est le même : on se fait copieusement chier. La vie, cette salope, refuse même à notre équipe ces petits miracles du début de saison si riche en miracles ignobles. Là non, Lorient se procure une occasion, et c’est la bonne. Tout part d’un pressing olympien en forme d’union de la gauche, c’est-à-dire chacun pour sa gueule. En bonne logique, la moitié de l’équipe se fait éparpiller sur une touche de balle, et Wissa peut se lancer à l’assaut de notre défense. Sakai joue le hors-jeu avec la rigueur du Métronome – mais pas l’ustensile, le livre de Lorant Deutsch : Moffi peut donc aller relever le défi que Mandanda impose à chaque attaquant lancé en face-à-face, à savoir si celui-ci choisira de l’humilier par un tir entre les jambes ou bien en le contournant pendant qu’il s’affale comme un phoque à capuchon. Le Breton choisit la deuxième option, qui présente l’avantage ludique de pouvoir crier « honk honk » au passage du gardien (0-1, 19e).
C’est sur cet événement que s’achève la description de notre première période, les vingt-cinq minutes suivant l’ouverture du score n’étant que pertes de balle, pressing inexistant, absence d’occasions, et sorties de balles menaçantes de l’adversaire.
Au changement de côté, Sampaoli se met en devoir de replacer Thauvin à droite : au mieux, Florian sera plus à l’aise, au pire l’entraîneur l’aura encore loin de lui pour le reste du match. Luis Henrique entre à gauche et Kamara descend en défense, Perrin faisant les frais du changement.
Il semble rapidement que ces fameuses consignes soient enfin parvenues au cerveau de nos joueurs, aidées par ces changements et sans doute par la menaces de sévices physiques dans les vestiaires. Les combinaisons s’ébauchent bien mieux et aboutissent tout d’abord à un centre de Thauvin dans le dos d’un Milik idéalement placé, puis à un une-deux Gueye-Thauvin finissant enfin par trouver Arek, pour un tir sur le gardien. Nos joueurs se comportent avec le Polonais comme des hommes face au clitoris : ils ne sont pas doués pour le trouver mais une fois que c’est fait, ils découvrent que ça peut être sympa de jouer avec. Kamara envoie ainsi une balle longue distance vers Arkadiusz, qui s’impose à son défenseur pour jouer une remise de la tête parfaite dans la course de Payet, et sa somptueuse volée certifiée « rhaâââ lovely » (1-1, 53e).
Disons-le tout net, en ce début de seconde période, nous voyons enfin du football ! du vrai, celui avec des passes redoublées et tout et tout ! Après un pressing haut de Gueye, Milik décroche à l’entrée de la surface pour remiser à Thauvin, lequel lance Lirola en profondeur : une combinaison toute belle-toute propre qui permet à Pol de marquer son premier but avec nous (2-1, 56e).
Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, nos joueurs éclatent méthodiquement des Bretons soudain tout perdus, infligeant enfin le traitement que nous sommes en droit d’attendre vis-à-vis des inférieurs. La VAR nous refuse un pénalty sur une main lorientaise de la catégorie « involontaire mais vu que l’arbitrage vidéo a accordé des pénos pour moins que ça, on aimerait bien croquer aussi ». Une anecdote au milieu d’un flot d’occasions, qui ne peuvent que se concrétiser. D’ailleurs, après une interception de Gueye, Payet sollicite le une-deux avec Milik mais se croit obligé de faire le cacou au moment de conclure, ajoutant un dribble superflu qui le conduit à tirer sur le gardien. Pas de quoi s’inquiéter dans l’absolu, au vu de notre domination outrageante, mais tout de même : à tout moment il peut nous arriver de redevenir nous.
Le signal du retour à l’anal est ainsi donné par Thauvin, soudain frappé du phénomène d’illusion de réorientation visuelle. D’habitude cela se produit plutôt dans la Station spatiale internationale mais ici, son simple changement d’aile semble avoir flingué le cervelet de Florian. Confondant sa droite et sa gauche, il envoie en guise de transversale une improbable saucisse dans la direction de notre camp. Wissa le remercie de l’offrande et, tout notre bloc pris à revers, envoie son compère Moffi souiller Hiroki Sakai avant d’ajuster Mandanda (2-2, 70e).
D’accord, l’entraîneur a dit que l’important était davantage de préparer la saison prochaine que d’obtenir des résultats immédiats. Mais bon, elle nous fait quand même de l’œil, cette Conference Ligue et ses déplacements (au demeurant plus sexy que la Ligue des Champions) qui fleurent bon le foot désuet à Séville, Fenerbahce, au PAOK, au Partizan, ou encore Tottenham. On a beau se dire que la saison n’a plus d’intérêt, on se surprend à garder encore un fond de rage à l’idée de devoir dire adieu dès ce soir à cet espoir. Mais l’OM est assommé, désabusé, réduit de nouveau à l’impuissance après l’égalisation. Lorient a serré les boulons au milieu, nos erreurs techniques s’accumulent, et la résignation se fait sentir même dans nos replacements défensifs, qui autorisent nos adversaires à espérer un peu plus.
Dans le temps additionnel cependant, Milik se mue de nouveau en déménageur à la réception d’un ballon aérien aléatoire. Gêné par un défenseur, Payet peut quand même pousser le ballon vers Lirola, lequel montre à certaines couilles molles de l’effectif ce que « prendre ses responsabilités » signifie. Le Catalan s’avance et, de l’angle de la surface, croise un tir aussi sec qu’imparable (3-2, 91e). Nous trouvons certes le moyen d’affoler le slipomètre à l’ultime seconde, sans cependant gâcher cette fin de match inespérée. Du jeu et des (beaux) buts, des victoires… alors certes, tout n’est pas parfait et l’on pourrait même persister à dire qu’il y a des claques qui se perdent parfois ; toujours est-il que pour une fin de saison supposée moribonde, l’agonie s’avère pour l’instant plus agréable que prévu.
Les joueurs
Mandanda (2/5) : Certains disent qu’il a régressé sur ses sorties en face-à-face, je trouve au contraire qu’il y a un progrès : avant, il courait assez vite pour emplâtrer l’attaquant et recevoir un carton rouge.
Perrin (3/5) : Cruel de voir du banc de touche ses camarades se mettre à bien jouer, alors que Lucas était l’un de ceux qui avaient le moins démérité en première mi-temps.
Luis Henrique (45e, 2/5) : Participe bien à notre début de seconde période, avant de sombrer dans l’anonymat.
Balerdi (1+/5) : On se dit, rétrospectivement, que l’on a jugé apte à affronter Manchester City un jeune homme à qui l’avant-centre de Lorient a fait faire deux fois la danse du slip.
Sakai (1/5) : Les tricératops étaient bien, pépouses dans leur marécage, ils ne faisaient chier personne et personne ne les faisait chier et puis là, paf, comète, cataclysme, extinction. Pour Alvaro et Hiroki c’est pareil, sauf qu’eux ont vu tomber Sampaoli qui leur a annoncé « maintenant, on va devoir jouer au football ».
Kamara (2+/5) : Une première période que nous n’aurons pas peur de qualifier d’abominable, avant d’être exfiltré dans nos lignes arrières où il a pu retrouver ses esprits.
Gueye (3-/5) : Idem. J’aime bien cette attitude consistant à admettre quand on fait de la merde et qu’il faut changer de comportement ; les Sampaoli’s boys devraient animer des séminaires chez LREM, pour leur montrer que c’est possible.
Cuisance (1/5) : C’est bien simple, Michaël n’a rien tenté et encore moins réussi, si ce n’est apposer quelques tampons de plus sur sa carte de fidélité chez Domino’s perte de balle (pour dix ballons perdus, un ballon perdu collector offert).
Khaoui (76e) : Entrée aussi tardive qu’insignifiante à notre goût.
Payet (3+/5) : Fait étalage de tous ses talents pour une égalisation somptueuse, avant de ne plus se sentir et de gâcher une nouvelle occasion aussi royalement amenée. C’est un peu comme si Indiana Jones, tout content d’avoir réussi l’épreuve « le pénitent est humble, le pénitent s’agenouille », allait fêter ça en faisant l’hélicobite dans la caverne du Saint-Graal.
Nagatomo (94e) : Entré pour une durée de 22 secondes, au cours desquelles il aura tenté autant de choses que Cuisance (et moins raté).
Lirola (4+/5) : Pour Lirola, l’arrivée de Sampaoli tient davantage du monolithe noir. On se trouve peut-être à l’aube de quelque chose, là.
Thauvin (3-/5) : Comme pour mieux payer son époque où il sauvait des matchs infâmes par un but statistiquement précieux, Florian peut faire désormais des matchs très corrects que l’on oubliera incontinent pour ne retenir que sa bourde spectaculaire.
Milik (4-/5) : Une seule occasion, qu’il aurait d’ailleurs pu bien mieux conclure. Pour le reste, Arek a passé son temps à labourer, biner, sarcler, la défense bretonne, pour permettre à ses copains de faire une bien belle récolte (à partir du moment où ils ont daigné remarquer le travail du Polonais).
L’invité zoologique : Enzo Le Féennec
Tu es tout mignon, ami fennec, mais ici il fait bien trop chaud pour toi, tu ferais mieux de retourner vite t’enterrer à des profondeurs plus adaptées à ta constitution.
– Les autres : si Wissa et Moffi produisent ce genre de performance à chaque match, la Ligue 2 ne devrait pas être un souci pour eux l’an prochain (au cas très improbable où le mercato ne viendrait pas les en sauver).
– Le classement : Le génésiome rennais étant actuellement dans sa phase proliférative, nos concurrents bretons voient leurs points enfler : cette victoire était donc essentielle pour rester au contact d’eux et des Lensois.
– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Atmane A. remporte le concours zoologique.
Bises massilianales,
Blaah.
Michaël Cuisance mérite sa note. Ce qui est plus grave c’est que Michaël Cuisance mérite aussi son commentaire.
Allez L’OM !!!
Mon Saîf-Eddine sûr !