OM-Nantes (3-2), La Canebière académie se donne chaud
Trop dégaine.
Aïoli les sapiens,
Nantes, Reims, Lyon, Rennes, Strasbourg, avec des morceaux de Feyenoord voire de Roma au milieu : le profil de notre fin de saison n’a rien à envier à celui de la Flèche wallonne, comme le remarquait hier mon camarade Luke Seafer dans son message envoyé depuis le mur de Huy.
Une fois achevée la confrontation avec notre traditionnel complexe d’infériorité au Parc des Princes, l’heure n’est plus à se poser des questions : « qui veut du soleil en mai, se met de longue au taquet ».
Les Longorious Basterds
Lopez
Lirola (Rongier, 86e) – Saliba – Caleta-Car– Luan Peres (Gueye, 86 e)
Guendouzi – Kamara – Gerson
Harit (Kolasinac, 90 e) – Bakambu (Milik, 69e) – Payet
Ünder prend le chemin de l’infirmerie et y croise Milik, de retour dans le groupe. Rappelons que Saliba, Guendouzi, Caleta-Car et Payet restent sous la menace d’une suspension contre Lyon en cas de carton jaune, ce qui explique peut-être certaines attitudes au duel pendant le match.
Le match
On ne sait pas si de nos jours Desproges serait en prison, mais ce qui est certain, c’est qu’il serait ennuyé – sans doute très légitimement d’ailleurs – par les diverses associations de défense des porteurs de chromosomes surnuméraires, dès lors qu’il se livrerait à l’une de ses fameuses analogies humoristiques suggérant le mongolisme tapi derrière quelque acte ou parole particulièrement débiles. En conséquence de quoi on peut imaginer, réseaux sociaux aidant, ce grand homme se débattant dans des justifications impossibles face à une cancellation de toute façon impitoyable, avant de se replier dans des positions toujours plus réacs promptes à mettre le feu sur Twitter, voire à écrire des éditos insultant d’un même élan les féministes et les voilées dans Charlie Hebdo. Bref, on ne sait pas si Desproges serait en prison, mais à notre époque il aurait toute les chances d’être devenu un gros con ; comme quoi le crabe et les 36 tonnes chez les humoristes, c’est comme l’héroïne chez le club des 27 : un moyen de garder la légende intacte.
Pourquoi cette digression ? Eh bien tout simplement parce que, pendant plus de la moitié du match, nous-mêmes avons éprouvé les pires difficultés à ne pas crier « Coriiiiiiiiiiiiiiiine » à chaque intervention défensive commise d’un côté ou de l’autre. Après 7 minutes de réglages, l’OM entreprend une domination quasi-totale et matérialisée par de nombreuses situations dangereuses (dont notamment un face-à-face d’Harit mal conclu). Sauf que, sur une relance absolument anodine, Caleta-Car manque sa passe pour Peres qui, pour sauver une touche au milieu de terrain, ne trouve rien de mieux à faire qu’un tacle désespéré et expédie le ballon en corner 40 mètres plus bas. Appel/contre-appel, Girotto échappe à Kamara et profite de cette occasion offerte pour placer une tête imparable (0-1, 26e).
Qui dit « match pour défenseurs demeurés » dit forcément « Nicolas Palourde ». L’inénarrable n’allait pas manquer d’ajouter une contribution mémorable à l’œuvre collective : quand Harit lance Kamara dans la surface, Pallois opte pour le plus beau choix défensif qui soit, à savoir un magnifique coup de savate dans les tibias de Bouba. Payet transforme le pénalty d’un tir puissant à ras-de-terre (1-1, 39e).
On pensait que le Maître avait ici mis un terme au débat pour savoir qui est le plus con de tous ? Nenni : d’une part, soirée électorale oblige, il restait toujours sur Twitter Christophe Castaner et Renaud Muselier pour se montrer des concurrents redoutables. D’autre part, sur le terrain même, nos joueurs n’entendaient pas être en reste. Plus que de la bêtise d’ailleurs, c’est la suffisance la plus crasse qu’ils affichent deux minutes après l’égalisation, songeant sans doute que le plus dur est accompli et qu’il leur suffira de dérouler le reste du match une main dans le slip. C’est ainsi qu’une série d’innombrables duels perdus (et encore, ça voudrait dire qu’ils eussent été disputés) maintient le ballon aux abords de la surface, y compris après un corner mal repoussé. Resté en attaque, Nicolas Palourde est servi seul à gauche et se prend pour Quaresma en centrant de l’extérieur du pied : le ballon est timidement dévié par Lopez, puis mollement renvoyé plein axe par Saliba, avec pour sanction une volée déviée de Coco nous replongeant la tête dans le seau (1-2, 42e).
Maintenant que nous nous sommes mis tout seuls dans la mouise, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour en sortir. Ah, en fait non, on peut aussi compter sur les défenseurs nantais, à qui il restait visiblement encore un petit morceau de cerveau à lobotomiser. Après une récupération autoritaire* de Lirola (* autoritaire : adj., se dit d’une charge de gros bourrin au sujet de laquelle on préfèrera crever plutôt que d’admettre qu’il y avait faute), Gerson est lancé à droite de la surface nantaise. Isolé, le Brésilien est obligé de crocheter avant d’attendre qu’une solution se présente : cette impuissance relative n’émeut pas Fabio, qui se jette comme un âne pour nous offrir un deuxième pénalty encore plus gratuit que le premier. Payet ne change pas de côté et prend le gardien à contre-pied (2-2, 55e).
Le combat d’infirmes semble alors se calmer, et l’OM assoit une domination totale seulement entachée d’une finition de parkinsoniens (merde, une deuxième association au cul). Dimitri et Gerson se chargent alors d’offrir enfin un peu de classe à ce match qui en a tant manqué jusqu’ici : sur la gauche, Gerson remet à Payet, qui lui rend la balle d’une magnifique louche. Lancé seul, Funky G. temporise à merveille pour adresser le centre en retrait parfait à Harit, qui glisse la balle au milieu des défenseurs (3-2, 75e).
Ce dernier quart d’heure se déroule évidemment avec un manque absolu de sang-froid, compensé cependant par une solidarité à toute épreuve, comme en témoigne le retour-tacle de Payet après un ballon perdu. Le slipomètre explose lorsqu’un Nantais lancé seul tente de lober Lopez, notre gardien écartant le danger du bout des doigts en deux temps. Pau doit encore sortir in extremis après un duel aérien perdu par Caleta-Car. Finalement, sur la dernière occasion, Coco commet une faute sur Kamara, qui lui vaut un deuxième jaune sévère : trois buts, trois points, il ne nous reste plus qu’à tendre le gobelet pour récupérer le jackpot qui s’offre à nous après les défaites de Rennes et Nice.
Les joueurs
Lopez (3+/5) : Pas franchement fautif mais quelque peu douteux, il nous sauve néanmoins les miches dans les dix dernières minutes.
Lirola (3-/5) : Si notre avant-centre s’appelait « dégun », les statistiques de Lirola sur ses centres auraient un visage plus flatteur. Ceci dit, Pol a enfin donné l’impression d’appartenir à la même équipe que les autres, ce qui est déjà un progrès notable. Ajoutons à cela des interventions décisives en toute fin de match, et on passe l’éponge sur son erreur de marquage sur le premier corner (erreur qui n’est pas du tout de son fait mais si je demande, vous allez encore tous me répondre que c’est sa faute, de toute façon).
Rongier (86e) : Une économie d’énergie bienvenue en vue du sprint final.
Saliba (2/5) : Alors oui, talentueux et débordant de facilité, on sait. Mais justement, s’il continue à se regarder défendre, et donc à se faire bouffer au duel dès qu’il faut faire du sale, quelque chose me dit que l’arrivée en Premier Ligue va s’avérer un peu violente. Non, moi je dis, un an de plus chez nous pour s’aguerrir et être prêt pour l’Angleterre, c’est le minimum.
Caleta-Car (2/5) : L’art de se trouver dans tous les mauvais coups sans jamais en être le principal responsable.
Luan Peres (2-/5) : Un tacle héroïque pour sauver une touche au milieu de terrain, à l’image du U7 qui se relève tout content de lui en se demandant pourquoi son entraîneur s’arrache les cheveux.
Gueye (86e) : A apporté de l’ordre à défaut de sérénité.
Kamara (3+/5) : Hormis le marquage lâché sur Girotto (mais de doute façon on est d’accord pour dire que c’est la faute de Lirola), Bouba a montré de très belles choses, notamment en n’hésitant pas en première mi-temps à se projeter très haut. Il était supervisé par Steven Gerrard qui, manque de chance, est sans doute l’un des seuls recruteurs au monde à ne pas être intimidé lorsqu’on lui explique patiemment dans les caves du Vélodrome que Kamara n’est pas encore prêt à partir cette saison.
Guendouzi (3/5) : Très intéressant balle au pied mais parfois dangereusement faillible dans le duel défensif. Si l’on considère que cette prudence est uniquement due à la volonté d’éviter le carton pour pouvoir se farcir les lyonnais prochainement, on lui pardonne.
Gerson (4/5) : « C’est bon les comiques, vous avez fini ? Je peux faire mes trucs, maintenant ? Allez DJ, envoie le groove, j’ai envie de faire des une-deux et des passes décisives, on a trop attendu le cool ce soir. »
Harit (4/5) : Passé son premier raté où l’on sentait l’étonnement de voir un défenseur le laisser debout, pour une fois, Amine a fait perdre leur slip aux deux-tiers de l’effectif nantais. Fautes provoquées, passes bien senties, et un plat-du-pied adroit pour boucler la victoire. Le plus dur maintenant, ça va être de ne pas rendre Payet jaloux, avec ces conneries.
Kolasinac (90e) : Remplace Balerdi dans le rôle de la rétractation gonadique de dernière minute.
Payet (4/5) : Deux pénaltys sereins et un gestechnique tout brillant à l’origine du troisième but. Sans scintiller pendant 90 minutes, reconnaissons que sur le plan du rendement, on reste dans le pas dégueu du tout.
Bakambu (2/5) : Il faudrait un jour qu’un psychiatre de renom se penche sur le cas de ces attaquants qui mettent tout leur talent à se procurer des occasions dans le but unique de les saloper.

Milik (69e) : Quelques ballons vite convertis en grosses frappes, à défaut de buts. La faim semble être grande en tout cas.
L’invité zoologique : Samuel Moutonssamy
S’il est capable de se défendre à coups de boule, pouvant ainsi causer à l’imprudent de redoutables dommages, en général le mouton est un ruminant paisible et à l’intelligence suffisamment limitée pour ne pas trop gêner qui veut le tondre ou le bouffer. Il s’agit donc de l’invité approprié pour commenter avec nous ce match, en compagnie bien sûr de Nicolas Palourde que nous n’oublions pas.
– Les autres : jouer le blocquéquipe en offrant autant de cadeaux défensifs c’est un concept particulier.
– Le classement : resserrement général avec Rennes, Monaco et Strasbourg six points derrière nous, puis Nice à huit. On remercie nos rivaux pour ce joker, qui n’est lauirement pas superflu vu ce qui nous attend.
– Coming next : Reims, Feyenoord, Lyon, Feyenoord, Lorient, Rennes, Strasbourg. Force est de constater que les autres prétendants au podium de la Ligue 1, Monaco surtout, connaissent un calendrier bien moins dantesque.
– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. François X. remporte encore le concours zoologique.
Bises massilianales,
Blaah.