PSG-OM (4-0) : La Canebière Académie sur la corde raide
Walking football vs Walking dead

Aïoli les sapiens,
A la base cette soirée ressemblait à un moment de vérité. Invaincu en championnat après des prestations pourtant navrantes, l’OM de Marcelino allait enfin prouver devant la première adversité digne de ce nom que les intentions du géomètre pourraient nous mener au-devant d’une saison de triomphe et non suicide.
En cas de rouste, le Géomètre aurait été définitivement prié d’aller ranger ses équerres et ses compas là où je pense, et Longoria se serait trouvé placé devant ses choix merdiques de l’intersaison. C’était sans compter sur nos primates locaux qui, en déclenchant l’incendie sur des prétextes bidons (voir notre épisode précédent), ont nappé la situation d’une bonne couche de fumée de type tarasconnaise (celle qui fait que toute la ville sent la merde par mauvais vent).
Nous voici donc dans la position paradoxale de devoir, au nom de la stabilité et surtout d’un espoir inédit d’en finir avec les pratiques mafieuses dans autour du club, accorder un certain soutien à un président qui nous procure pourtant une envie spontanée de lui planter des cyprès dans le fondement, après cette intersaison qui se présente de plus en plus comme un gâchis monumental.
C’est que, malgré les lourds défauts présentés par l’équipe l’an dernier, le club semblait enfin pouvoir se reposer sur des acquis. Pour la première fois depuis la visite du pape (celle de Clément VII, en 1533), l’OM a atteint le podium deux saisons de suite. Surtout, l’équipe a souvent montré un visage conquérant, basé sur une dépense d’énergie et une volonté offensive salutaires. « Tant que vous montrez cet état d’esprit, on sera plus enclins à vous pardonner un certain nombre de choses », écrivions-nous alors. Nous pensions que Pablo Longoria l’avait compris, d’où notre stupeur à le voir choisir pour succéder à Tudor un entraîneur au style totalement opposé, dont la seule audace a résidé dans le fait d’avoir un jour pris deux fois du ketchup à la cantine. Il s’est tout de suite confirmé, devant les premiers matchs du Géomètre, que si les résultats ne s’avéraient pas bien vite concluants, ce n’est pas avec le spectacle produit qu’il pourrait s’acheter de la patience.
Rajoutons à cela le fait d’avoir complètement bouleversé l’effectif alors que l’échéance cruciale de la ligue des champions s’annonçait pourtant dès août. Des personnalités (Sanchez, Guendouzi) ont subi des départs évitables, sans que la qualité du recrutement ne s’avère pour l’instant à la hauteur de la perte. Des recrues achetées à prix d’or sont reparties aussi sec, envoyant à tous les joueurs le message clair selon lesquels ils ne sont que des mercenaires de passage et seraient par conséquent bien idiots de manifester quelque attachement au club, a fortiori un club entourés de jobastres comme le nôtre ; le genre de dispositions d’esprit qui n’aide pas pleinement à saisir les enjeux d’un PSG-OM pour les supporters, par exemple.
Dans cette tempête, où Pablo Longoria devra affronter à la fois les récriminations légitimes des supporters inquiets et celles des parasites effrayés à l’idée de ne plus pouvoir faire entrer le fils du cousin du beau-frère au centre de formation (et à qui la victoire parisienne a dû procurer une érection monumentale), une seule urgence paraît s’imposer : trouver l’entraîneur qui parviendra à faire rejouer en confiance et avec esprit d’initiative des joueurs qui, à la base, ne sont tout de même pas supposés être des branques.
On l’a vu en effet contre l’Ajax jeudi, même en quasi-autogestion ces joueurs ont les qualités pour assurer un service minimum au moins contre les équipes de pedzouilles. Après, soyons clairs, ça ne garantit pas grand-chose d’autre qu’une dixième place, mais a priori le successeur du Géomètre aura quelques briques solides à disposition dans son travail de reconstruction. Toutefois, le match d’hier soir vient apporter une sévère nuance aux maigres espoirs de jeudi : quand l’opposition s’élève, nos joueurs se sont montrés des putains de victimes. Eu égard au contexte, on ne s’attendait guère à autre chose qu’à une défaite, voire une lourde défaite. Les joueurs le savaient sans doute, mais s’ils avaient pleinement saisi les enjeux du match, ils auraient au moins montré la fierté désespérée des Spartiates prêts à dîner en enfer les tripes à l’air et le cul en feu, certes, mais l’honneur et le panache intacts.
Au lieu de cela, il faut se rendre compte que le PSG nous a massacrés en marchant. Les mecs se sont laissé porter à la mort comme un fox-terrier de 15 ans qu’on euthanasie, en se disant qu’à résultat égal, le meilleur moyen de ne pas souffrir serait de ne pas lutter. Bombardé entraîneur intérimaire, Pancho nous avait promis « une équipe à son image, agressive et surtout qui joue au foot » (sic), pour finalement nous sortir une compo en forme de hérisson peureux devant les roues d’un Ford Ranger. En son temps, Rudi Garcia avait procédé de la sorte pour obtenir un 0-0 honteux mais salutaire : si Pancho a pris ce match en référence, il en a cependant omis une composante essentielle : pour empêcher les adversaires de se faire des passes ou de centrer, nos joueurs bougeaient. Même pas « se » bouger, ou autres antiennes à base de matchs d’hommes et de grosses couilles, non, juste bouger. Même ça, hier soir, c‘était trop demander aux nôtres, qui aux côtés des dirigeants et de certains responsables de groupes, ont largement leur part de responsabilité dans le merdier actuel.

Les Longorious Basterds
Lopez
Clauss (Nadir, 83e) – Mbemba– Gigot– Balerdi (Meïté 83e) – Renan Lodi
Rongier– Ounahi (Harit, 46e) – Veretout
Vitinha (Ndiaye, 46e) – Aubameyang (Correa, 75e)
Pancho annonce la couleur dès la composition, on n’est clairement pas venus pour monopoliser le ballon. Cinq défenseurs, un seul milieu offensif mais tout de même deux attaquants pour exploiter les contre-attaques. Sur le papier le schéma se tient, reste à en constater l’animation.
Le match
L’animation, donc. Pour la situer auprès des personnes n’ayant pas assisté à la rencontre, disons qu’en comparaison, ce documentaire sur la vie du concombre de mer avec ses séquences animées à quatre images par seconde, à côté c’est du Michael Bay.
D’un côté le PSG de Luis Enrique et ses 98% de possession de balle à trois kilomètres/heure, de l’autre des Olympiens plantés devant leur surface, les yeux fixés sur le chrono en priant pour que le supplice ne dure pas trop longtemps. Il suffit finalement d’une accélération de Mbappé (enfin, accélération, il a juste fait deux pas) pour que Balerdi commette la faute naïve à l’angle de la surface. Hakimi prend le ballon et s’adresse à Lopez : « il est placé, ton mur, là ? Non mais en vrai, t’as le temps de le placer si tu veux. T’es sûr ? Tu veux rester là, ton mur est bien, y a pas de souci ? Bon bah j’y vais, alors ». La lourde dans la première lucarne est d’autant plus imparable que Pau avait anticipé un enroulé au deuxième poteau (1-0, 8e).
Surprenante équipe que ce PSG, apparemment sûr de sa force mais également capable de laisser des boulevards monstrueux en défense. Un ballon gagné au milieu offre ainsi un surnombre immédiat, que Clauss bonifie en trouvant Vitihna dans la surface. Le tir de mule de notre attaquant est contré par un Marquinhos revenu de nulle part. Peu après, un nouveau duel gagné au milieu envoie Jonathan sur une autoroute, au terme de laquelle il centre délicieusement pour Vintinha. Incapable de rabattre sous la barre ce ballon pourtant idéal, Victor gagne ici le droit de réaliser trois heures de gainage supplémentaire par jour.
Ces deux grosses occasions tirent définitivement le rideau sur la performance olympienne. Jamais contestés dans leur possession de balle, y compris aux abords de notre surface, nos adversaires jouent dans un fauteuil. La défense centrale écope comme elle peut des multiples situations qui lui parviennent, mais ne peut rien quand Hakimi tire des 25 mètres, gêné par absolument dégun. Lopez gagne le droit de rejoindre Vitinha à la salle de muscu pour quatre heure de quat quotidiennes, son impulsion ne servant qu’à dévier piteusement le ballon après que celui-ci a heurté le poteau. A l’affût, Kolo Muani marque, alors que les images montrent une situation à la limite du hors-jeu. En soi, la validation du but n’est pas un scandale. En revanche, que l’OM et d’autres clubs aient par le passé eu à souffrir de buts refusés pour des hors-jeu encore moins évidents laisse songeur quant aux critères employés par ceux qui, dans le car vidéo, choisissent de placer opportunément la ligne révélatrice un millimètre devant ou derrière le dernier défenseur (2-0, 37e).
Plutôt que d’adjoindre une aide à Ounahi ou aux milieux défensifs, Pancho choisit de conserver ses cinq défenseurs. Pourtant auteur de nos deux seules occasions, Vitinha est quant à lui remplacé en compagnie d’Azzedine pour établir un système à deux offensifs (Harit et Ndiaye) au soutien du seul Aubameyang.
Cette tentative d’influencer le score s’avère pathétique, sans que l’on ne définisse très bien si elle tient au système employé ou au manque total de combativité de nos joueurs. Sans surjouer le registre gonadique et guerrier propre aux PSG-OM, on se contentera d’avancer que, contre n’importe quel adversaire, essayer de conserver le ballon ou d’empêcher les adversaires de l’exploiter représente un général un pré-requis.
Bref, le PSG poursuit sa séance d’amiable footing sans opposition, sans oublier de nous coller un but dès la reprise pour bien sceller le score. Dembélé ne montre ainsi aucune considération pour le cadavre de Renan Lodi déposé au coin de la surface dès le début du match (deux croque-morts l’ont juste changé de camp à la pause, dans le cadre d’un rituel funéraire que je ne connaissais pas mais qui paraît très intéressant d’un point de vue anthropologique), et centre une main dans le slip pour Gonçalo Ramos, dont la tête plongeante devance Mbemba (3-0, 47e).
La sortie de Mbappé sur blessure représente sans doute l’émotion la plus forte vécue par les Parisiens, tant l’intensité de la rencontre s‘apparente à celle d’un jeu des sept familles avec triche autorisée face à la petite sœur de quatre ans. Toute la seconde période ne sert qu’à montrer que nos joueurs n’ont absolument aucune fierté, à l’image de Veretout humilié par un ultime sprint de Kolo Muani. En rigolant, l’attaquant parisien délivre en fin de course un caviar à Ramos, qui délivre ses dernières gouttes d’urine d’un petit piqué devant Lopez (4-0, 89e).
Les joueurs
Lopez (1/5) : Si seulement il était stupide, il ne se rendrait compte de rien et il ne serait pas malheureux. Hélas pour lui, à la différence d’Aurore Bergé, non seulement il ne sert à rien mais en plus il en a conscience.
Clauss (2/5) : A l’origine des deux seules actions olympiennes et l’un de nos meilleurs défenseurs puisqu’il a obligé ses adversaires directs à faire des efforts pour le pourrir (ils y sont bien parvenus, mais là n’est pas la question).
Nadir (85e) : Dans la même situation qu’un jeune invité à la garden party du 14 juillet à l’Elysée : d’un côté c’est un souvenir inoubliable, de l’autre on va peut-être pas aller jusqu’à mettre la photo avec Emmanuel Macron et Narendra Modi dans l’album de famille.
Mbemba (2/5) : Au sein d’un effectif chamboulé, Mbemba représente une poutre maîtresse. On a juste oublié de la passer au Bondex pour qu’elle ne se fasse pas ronger par les champignons.
Gigot (2/5) : Passable sur le plan de la combativité, il lui a manqué de mettre des paires de claques à ses équipiers pour les réveiller.
Balerdi (1+/5) : Pas si catastrophique dans l’attitude, mais force est de constater qu’il a failli à son double rôle : verrouiller l’axe gauche de la défense, où il a offert le coup-franc du premier but, et faire l’aide soignant d’EHPAD, où il n’a jamais pu empêcher Renan Lodi de se chier dessus.
Meïté (85e) : éprouve soudainement une profonde nostalgie de la Bretagne.
Renan Lodi (0/5) : Vous voudriez pas nous le prêter au centre équestre ? Les monitrices cherchent des décorations, pour la prochaine fête d’Halloween. Je me disais, tu l’entoures de bandelettes, tu le mets dans un coin et paf, t’as une momie parfaite à moindres frais pour 13 millions seulement. Bon, au Poney prolétaire pertuisien la fête dure toute la journée mais si c’est trop dur de rester immobile pendant tout ce temps on peut la réduire à 1h30, ça on a vu qu’il savait faire.
Rongier (0/5) :
– Ceci est un communiqué des forces unifiées d’autodétermination du football, en direct du Parc des Princes. Nous détenons actuellement l’ancien capitaine de l’Olympique de Marseille, Valentin Rongier. Les forces unifiées d’autodétermination du football tiennent à préciser qu’il ne s’agit aucunement d’un coup d’État mais d’une prise de pouvoir nécessaire et légitimée par l’intérêt populaire. Constatant l’incapacité de Valentin Rongier à assumer efficacement le capitanat et l’absence totale d’exemplarité dont témoigne sa nullité abyssale, nous le relevons de sa charge avec effet immédiat. Par la volonté du peuple, nous remettons le destin de l’équipe dans les mains de Son Excellence Kylian Idi Amin Mbappé. Son Excellence Kylian Idi Amin Mbappé a fait la preuve de sa capacité à porter le brassard de capitaine en toutes circonstances. Son dévouement total à la cause du football, sa générosité ainsi que sa capacité de travail hors du commun que lui a confiée le Seigneur font de lui le Guide idéal pour assumer le capitanat de toutes les équipes de Ligue qui le nécessiteraient, avec un engagement total à faire le boulot
– Comment ça « à faire le boulot » ? C’est toi, Kylian ? Putain, enlève cette cagoule et relâche Valentin qu’on puisse rentrer. Aller, vire, c’est déjà assez le bordel comme ça chez nous.
– Ah merde, grillé.
Veretout (1/5) : Surnommé « Air » Jordan pour sa capacité à se diluer aussi vite qu’un pet.
Ounahi (1/5) : Niveau : difficile. Aide de jeu : aucune. Stratégie indiquée : démerde-toi. Il est comme ça Pancho, quand il commence un nouveau jeu c’est toute de suite au niveau hardcore.
Harit (46e, 1/5) : « Putain game over. Fait chier, je change de perso, mon premier il était nul. Attends, il redemande les réglages, alors… Niveau : difficile. Aide de jeu : aucune. Stratégie indiquée : démerde toi. Allez, start.«
Vitinha (1+/5) : If you had one shot, one opportunity…
Ndiaye (46e, 1/5) : Amoureux transi de l’OM, du type « je m’enfuis quand ma femme se fait défoncer par un voleur à la tire mais par contre je lui offre des fleurs tous les jours ».
Aubameyang (0/5) : Son nom est écrit plus souvent dans cette académie que ce qu’il a été prononcé par les commentateurs du match.
Correa (75e) : Non mais vraiment, vous ne voulez pas nous dire qui vous êtes et ce que vous faites ici Monsieur ? On n’a même pas droit à un petit indice pour nous aiguiller ?
L’invité zoologique : Gonçalo Ramier
Le ramier est une variété de pigeon qui se caractérise avant tout par le fait d’être deux fois plus grosse que les autres, et par conséquent de chier sur son environnement en proportion. Il occasionne des dégâts énormes mais tout le monde le trouve joli, alors…
- Les autres : Supérieurs à nous dans tous les domaines, y compris dans celui de la magouille. Alors que nos mafieux à nous s’avilissent dans des coups de pression d’une autre époque, chez eux c’est carrément le royaume du Qatar qui envoie un courrier à la ministre des affaires étrangères françaises disant en substance : « Coucou, c’est juste pour vous dire que le dernier Français qui a fait chier Nasser, on vient de le condamner à mort. Bisous. ». Ce qu’on va faire par conséquent, c’est se concentrer sur notre merdier à nous, qui nous accapare déjà suffisamment, et inviter presse et supporters français (voire instances judiciaires, rêvons donc un peu) à se pencher pour une fois sur les dossiers parisiens, histoire de garder un minimum le sens des proportions quand on évoque des « pratiques qui gangrènent le football ».
- Le classement : Notre dérive à la durée incertaine nous fait glisser pour l’instant à la septième place.
- Coming next : le calendrier immédiat nous offre un déplacement à Monaco, la réception de Brighton et un déplacement au Havre. Il serait donc bienvenu que le sujet du nouvel entraîneur soit positivement résolu avant la trêve internationale d’octobre.
- Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Julien R. remporte le concours zoologique.
Bises massilianales,
Blaah