Rennes-OM (0-1) : La Canebière Académie rebondit

0

Des performances sinusoïdanales.

Aïoli les sapiens,

Autant démarrer cette académie sur une note d’espoir, celle qui laisse à notre praticien la perspective de passer notre ordonnance de Lexomil à huit comprimés par jour au lieu de douze : malgré tout, cette année l’OM montre des signes de progrès. On se fait toujours démonter les deux-tiers du temps contre le PSG, certes, mais on arrive quand même à les battre désormais. On prend toujours des claques aussi monumentales qu’humiliantes, certes, mais on arrive désormais à les faire suivre de victoires contre des clubs de haut de tableau au lieu de s’effondrer comme des vieilles merdes. Le test ultime consistera à déterminer en fin de saison si nous sommes capables d’accrocher un deuxième podium consécutif en championnat, ce qui de mémoire n’est plus arrivé depuis un temps où Deschamps était entraîneur et Anigo directeur sportif, et où la gauche marseillaise était incarnée par Jean-Noël Guérini. Bref, le Moyen-Âge ou presque ; en tout cas, pas le Siècle des Lumières.

Bien sûr, il ne fait aucun doute que notre bande de pervers va encore nous faire miroiter la perspective d’un redressement et d’une fin de saison digne, pour mieux nous poignarder dans le dos une fois les espoirs mûrs à point. Bref, on ne condamne pas, on continue à suivre avec attention, et surtout on n’oublie rien. On n’oublie pas non plus les déclarations fatalistes d’Igor Tudor à la suite de l’élimination en Coupe de France (« On ne peut pas l’expliquer (…) c’est le football, c’est comme ça ») : chez des supporters frustrés de titre depuis 10 ans, cela ne peut être perçu autrement que par « ouais bon, c’est pas grave, on s’en bat les couilles », même si on se doute bien que l’intention du propos n’était pas celle-ci. Bref, voilà qui mériterait presque un « point dehors », si seulement l’on arrivait à retrouver le tiroir dans lequel on a rangé le carnet en début de saison.


Les Longorious Basterds 

Lopez
Mbemba– Balerdi – Kolasinac
Tavares – Rongier – Veretout– Clauss (Kaboré, 80e)
Ünder (Ounahi, 85e) – Sanchez (Vitinha, 85e) – Guendouzi (Malinovskyi, 46e)

A l’exception de Gigot, toujours blessé, Tudor prend acte de l’échec de ses compositions précédentes pour revenir aux fondamentaux du début de saison : les trois brutes derrière, les Rongetout au milieu, Ünder et Guendouzi derrière Sanchez et les recrues de l’hiver pour décorer le banc. Seule concession de cette composition old school, l’inversion des latéraux.


Le match

Retour aussi, dans le style de jeu, aux fondamentaux qui ont fait la réussite de l’OM cette saison : ne pas trop réfléchir et taper, taper, taper. Après 26 secondes de jeu, Sanchez percute à droite, son centre repoussé revient sur Veretout dont la reprise est miraculeusement déviée hors du cadre par un défenseur.

Rennes passe dix minutes en apnée, concédant au passage une nouvelle occasion d’Ünder. La reprise de souffle est néanmoins spectaculaire, quand Spence part du milieu de terrain, slalome entre nos plots côté droit, et voit sa percée interrompue par une intervention autoritaire de Rongier en pleine surface. Comme on dit « en Angleterre, ça se siffle pas », et apparemment chez Eric Wattelier non plus, pas davantage que chez ses assistants vidéo.  Si Clauss réplique d’un face-à-face bloqué par Mandanda, ce coup de semonce initie néanmoins une période hautement slipométrique, à base de pertes de balle dans notre camp ou de pressing troué au milieu de terrain. Tir à côté, tir sur la barre, Rennes nous fait ici admirer sa force de percussion autant que son légendaire manque de réalisme. Deux retours in extremis de Nuno Tavares puis de Kolasinac sauvent encore les meubles, le second étant d’ailleurs fatal au Rennais Jérémy Doku qui avait cru possible de dribbler notre défenseur bosnien sans recevoir une armoire normande sur la figure dans la seconde qui suit.

L’OM continue à courir dans le vide et à se faire transpercer au milieu de terrain, où Rongier comlater les brèches comme il peut, c’est-à-dire en commettant beaucoup de fautes. Sur un coup-franc, une tête rennaise contraint ainsi Lopez à la parade. Pau récidive à la demi-heure, parant par miracle un face-à-face avec Toko Ekambi lancé sur nos grands boulevards. Par chance, Rennes se met au cours du dernier quart d’heure à servir une ration de bouillie identique à la nôtre, pour une rencontre désormais équilibrée mais d’un ennui mortel comme on n’en avait pas connu depuis que la LFP avait décidé de nommer le championnat la Ligue des Talents.


A la pause, Tudor remplace Guendouzi par Malinovskyi, tout en incitant son groupe à revernir à un pressing coordonné au lieu de continuer à faire les onze sguegs gigotant dans tous les sens. Le danger Rennais s’en trouve éloigné, sans que l’OM ne produise grand-chose de bien enthousiasmant. Il faut attendre dix minutes pour qu’un centre de Sanchez trouve Nuno Tavares seul à droite de la surface : Nuno élimine habilement son défenseur et arme son pied gauche, avant de subir la quinzième crise d’épilepsie de son match et de ne pas tirer. Pas de chance, pour la seule fois de sa rencontre où dans une telle position, le jeu commandait de ne surtout pas se servir de son cerveau et d’envoyer une grosse sacoche. Le ballon renvoyé, Mbemba réalise l’une de ses rares montées du soir et glane un coup-franc.

Les Rhénais placent leur mur en faisant « rrrou, rrrrou », pendant que nos attaquants leur jettent du grain. Dans le même temps, Veretout joue vite pour Ünder à droite, pour un centre à ras de terre que Kolasinac reprend une main dans le slip (0-1, 57e).

Revoyons l’action au ralenti : Balerdi occupe les défenseurs rennais tandis qu’à l’arrière-plan, ünder et Kolasinac combinent à merveille.


A ouverture du score « so Rennes », fin de match sereine ? L’adage aurait pu se vérifier si, un quart d’heure plus tard, l’arbitre et ses assistants n’avaient pas omis de signaler le pénalty qui s’impose sur un authentique déboîtage d’Alexis Sanchez en pleine surface. Ce joker autorise Rennes à reprendre des couleurs au cours du dernier quart d’heure, plaçant en deux minutes deux têtes hors cadre sur coup de pied arrêté. Nous souffrons notamment sur notre côté droit, où s’infiltre Majer pour expédier une lourde une nouvelle fois à côté. Quand Rennes parvient à cadrer, c’est Mbemba qui se jette pour contrer et sauver la patrie, si bien que l’OM parvient à conserver jusqu’au bout l’avantage de son but de filou.

Au rang des satisfactions, on retiendra surtout la volonté olympienne de ne pas sombrer, couronnée d’un joli coup au classement. Il restera certes à redire de la manière, bien plus lourde et brouillonne qu’à l’accoutumée. Si le fait de voir nos joueurs incapables d’enchaîner les séquences de pressing de mammouth nous rassure sur leur côté humain, il reste que ce paramètre devra être pris en compte. Les victoires tirées par les cheveux sont certes les ingrédients indispensables d’une saison réussie : à Igor Tudor de ne pas se renier en en faisant une habitude, comme Sampaoli en son temps. Or, pour continuer à taper, taper, taper comme nous savons si bien le faire, une intégration accrue des recrues semble nécessaire pour nous rendre un peu de sang et d’esprit frais.


Les joueurs

Lopez (4/5) : Si on les facture en émotions, les parades de Pau ne valent certainement pas un deuxième tir au but arrêté contre Annecy ; en revanche, comptées en millions d’euros, elles pourraient valoir cher en fin de saison.

Mbemba (3/5) : On avait quitté le colosse mercredi comme un pilier Géorgien que la lecture de Mon Petit Poney aurait suffi à transformer en serpillière imbibée de larmes : une dissonance profondément dérangeante, que sa première mi-temps très délicate ce soir n’a guère permis d’apaiser. Heureusement, Tudor s’est chargé au vestiaire d’extirper tous ces mots superflus tourbillonnant sous le crâne de Chancel, pour n’y laisser que le verbe « détruire ».

Balerdi (4/5) : Oui, c’est un bon match et oui, je te hais. Faire une série de bonnes performances, nous laisser croire que tu n’es pas un saboteur, et nous planter un poignard dans le dos dès qu’on est remis en confiance, ça ne prend plus. Je te hais.

Kolasinac (4/5) : Déjà auteur d’un but ultra-précieux à Monaco avant la coupe du monde, Sead Colchimax révèle de nouveau ses propriétés anti-inflammatoires.

Nuno Tavares (1/5) : Les vieux, vous vous rappelez les tests de sélection au service militaire, et ce jeu vidéo destiné à évaluer la coordination psychomotrice des appelés ? Il fallait commander un vaisseau entre les météorites tout en éteignant les alertes incendies intempestives et, quand tu avais enfin réussi à maîtriser les commandes, ces vicieux les inversaient sans prévenir. Le jeu était tellement compliqué que les évaluateurs avaient parfois du mal à faire le tri entre les gens normaux mais maladroits, et les réformés P4 en puissance qui mettaient des coups de boule à l’écran et bavaient sur les manettes. Bah Igor Tudor c’est pareil, on se demande si c’est nécessaire de faire autant d’essais pour prouver que Nuno Tavares n’a pas les neurones nécessaires pour piloter un Rafale, vu que ça fait longtemps qu’on s’en doute.

Rongier (3/5) : Le Rongieur s’est efforcé de colmater des brèches innombrables avec l’intelligence de jeu qu’on lui connaît, laquelle intelligence recommandait plus souvent qu’à l’accoutumée de recourir à la bonne vieille faute de porc. Valentin s’en sortant sans carton ni pénalty concédé, il ne nous reste qu’à applaudir l’artiste.

Veretout (3/5) : Un coup-franc joué avec subtilité, intelligence et discernement : autant de qualités qui n’avaient jamais trop sauté aux yeux de son beau-père (pour le plus grand bonheur de ce dernier), mais qui se manifestent avec éclat ce soir (pour notre plus grand bonheur aussi).

Clauss (3/5) : Lui aussi moins productif que sur son côté préférentiel, ce qui à la différence de l’âne bâté de la touche opposée ne l’a pas empêché de réaliser un match plutôt digne.

Kaboré (80e) : Dans la lignée de ses prestations précédentes, sans fioriture mais très convenables.

Ünder (2+/5) : Toujours cette impression de le voir jouer sa partition sans être pleinement intégré à l’orchestre. Après, les soirs où ledit orchestre n’est composé que de Schtroumpfs musiciens qui font « pouêt », c’est un peu moins préjudiciable.

Ounahi (85e) : « Maître Igor, aurai-je de nouveau le droit de faire mes preuves ?
L’impatience est l’ennemie de l’ambition, petit scarabée, es-tu seulement apte à relever le défi ?
Quel défi, maître Igor ?
Vois Sead, là, bas, et frappe ta tête trois fois contre son front en criant « taper, taper, taper »
*paf*
Tu n’es pas encore prêt, petit scarabée. »

Guendouzi (1+/5) : L’éthologie du Guendouzi est une science excessivement fine, un peu comme Robert Redford quand il arrive à analyser les états d’âme d’un bourrin par l’incliaison de son oreille droite . Ce n’est même pas une science, d’ailleurs, c’est plus une question d’intuition, d’alchimie, inexplicable mais toujours infaillible. Là, par exemple, le profane aurait pu dire que Mattéo a passé son temps à marronner, comme d’habitude, alors que non : l’expert sait que ce soir, ce n’était pas du bon marronnage, celui qui consiste à gueuler sur tout le monde d’une voix suraigüe avant de retourner défoncer l’adversaire au pressing. Ce soir, c’était du mauvais marronnage, celui qui celui qui consiste à gueuler sur tout le monde d’une voix suraigüe parce que Mattéo s’énervait de voir toute la ligne d’attaque faire de la merde, lui le premier. Mais j’ai toute confiance en Igor Tudor pour le remettre dans le droit chemin, je l’ai lu dans L’homme qui murmurait à l’oreille des cheveux.

Malinovskyi (46e, 3/5) : Un rouleau de scotch pour relier l’attaque et le milieu de terrain. C’est bricolé et il faudra forcément renforcer l’ensemble plus tard, mais dans l’urgence ça fait le boulot.

Sanchez (2-/5) : Il a au moins eu la présence d’esprit de raser sa moustache avant sa baisse de forme, ce qui lui a évité de se faire appeler Alexis Dirty Sanchez.

Vitinha (85e) : Ça arrangerait assez mes ulcères de nous voir cesser de jour aux 32 millions de Schrödinger, et de savoir une fois pour toutes si on a fait un bon investissement ou bien si on a fumé notre compte bancaire dans un NFT footballistique.


L’invité zoologique : Benjamin Bourricot

Sympathique et dur au mal, l’âne est lesté d’une réputation d’imbécile que d’aucuns considèrent comme injuste. Il faut dire pourtant qu’à certains moments, on jurerait qu’il le cherche, l’animal.

Tiens, c’est rigolo, à Rennes ils mettent le lapin d’abord, nous c’est plutôt en conclusion.


  • Les autres : Du mal à être cohérents tout au long de la rencontre, mais vu que nous n’étions pas mieux qu’eux sur ce match, la décision s’est jouée sur le réalisme et le goût de la victoire. Alors forcément, Rennes…
  • Le classement : Monaco et Lens continuent à patiner : si en termes de dynamique, notre victoire représente un soulagement, sur le plan du classement c’est carrément le jackpot. Nos deux rivaux sont rejetés à quatre points et Rennes à neuf.
  • Coming next : Strasbourg, Reims, Montpellier, Lorient, Troyes. La suite idéale de ce match à Rennes pour refaire un complexe de suffisance et de nouveau tout saloper comme des merdes engranger de précieux points avant le sprint final.
  • Bonus APAB : En vue de la grande journée de demain, Inti et Drac ont consacré leur grand talent musical à déclarer leur amour aux préfets en général, et à celui de l’Hérault en particulier. C’est beau et c’est une production Erau Dub Sound.
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Didier Soon remporte le concours zoologique avec une proposition si évidente qu’il me surprend beaucoup de ne pas l’avoir vue gagner précédemment.


Bises massilianales,

Blaah

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.