Salut les pitres,

à la sempiternelle question « Qu’est-ce qui nous fait tenir », j’ai souvent eu tendance à répondre par des pirouettes. Après tout, la légèreté du football face aux enjeux climatiques et géo-stratégiques devrait nous rendre, pour un instant seulement, la vie plus gaie, la ténacité plus aisée dans cette chienne d’existence trop souvent proie des vicissitudes du salariat et de la médiocrité crasse de la classe gouvernante. Las, il aura fallu que je me retrouve à supporter le Nîmes Olympique. La semaine dernière, lors de retrouvailles familiales frugalement arrosées de picholines et de pastis, j’ai devisé comme souvent avec mon con de cousin du Gard Rhodanien, énergumène déjà cité dans ces lignes, énergumène représentatif de la race maudite du Gardois supporter de l’OM. Et là, vaguement éméché, dans la douceur de la fin de journée, ce genre de fin de journée méridionale qui te permet d’ordinaire de chasser les vicissitudes susmentionnées avec un haussement d’épaule, j’ai songé un instant qu’après tout, mon con de cousin était peut-être plus heureux que moi, je me suis vu à sa place, j’ai laissé errer mes pensées dans ce qu’elles auraient pu être transposées dans les siennes. Parfois, dans ce genre de métempsycose, on voit Dieu. J’y ai vu le futur. Puis, dans une gorgée anisée, j’ai vu se poursuivre ce phénomène psychique inattendu : ce n’était pas la Mauresque de Proust, non, car mes circonvolutions mentales ne m’attiraient pas vers des instants d’ivresse passés. Il s’agissait d’une fenêtre sur avenir, j’ai vu défiler devant moi ce qui nous attendait ces prochaines années. Voici, mes frères, ce que j’ai vu :

Première Lettre de Saint Karoud apôtre au Gard Rhodanien (Extraits)

Frères,

J’ai vu l’avenir, et ce que j’y ai vu sera douloureux à entendre. J’ai vu et entendu des choses qu’il est de mon devoir de vous dire, bien que cela soit dur pour vos oreilles et vos cœurs. Vous connaissez les douleurs qui sont les nôtres aujourd’hui ; je suis venu vous dire que les douleurs de demain seront plus grandes encore si vous n’agissez pas. En vous écrivant cela, je le jure devant Dieu, je ne mens pas. Je me suis rendu dans le futur, et j’y ai vu la ruine. La ruine de tout ce qui un jour vous fut cher. Et j’ai entendu dire : « Naïfs ceux qui croient les bonimenteurs et les vendeurs de téléphonie mobile, car ils seront dupés ». Frères, je vous le dis, ce qui vous est pris sera perdu, ce qui est perdu ne sera jamais retrouvé.


Quand j’ai refait surface, le lendemain matin, je me suis aperçu avec surprise que j’avais dormi dans une flaque de vomi, et que j’étais toujours supporter du Nîmes Olympique, malgré cette énième tentative éthylique pour l’oublier. Et surtout, que Rani Assaf était toujours là.


LE MATCH

Dép’ en terre Corse pour ce nouveau « match de la dernière chance », si l’on considère que se maintenir ait encore un intérêt, et nouvelle désillusion, si tant est qu’il nous reste encore des illusions. Vous savez quoi ? Je n’ai même pas le cœur à vous refaire le film de ce match gaguesque, pourtant pas avare en nawak défensif (voire en nihilisme du côté de notre gardien), petites crottes de nez arbitrales ni même en jolis buts. Je crois qu’au train où vont les choses, Rani Assaf aura achevé de tous nous écœure<<<r avant la fin de la saison. Au train où vont les choses, il ne nous reste finalement plus qu’une chose à espérer, en tant que supporters de ce club : qu’Assaf dégage. Qu’il dégage pour tout ce qu’il a fait à notre club, pour toutes les anacondas qu’il aura réussi à nous faire avaler durant toutes ces années, pour tout le mépris boursouflé qu’il nous aura déversé à la gueule, pour tous les mensonges accumulés et tout le mal infligé à l’image de notre club.

Allez, petit florilège non exhaustif en forme de rappel pour tous ceux et celles qui n’auraient pas suivi la série depuis le début :

  • Hiver 2019, dép’ à Marseille, moment attendu par une génération entière de supporters du NO désireux de rappeler que tout le monde n’est pas aussi con que mon cousin (cf. supra). Moment gâché par la délicatesse de nos préfets et de nos forces de l’ordre, qui empêchèrent le contingent nîmois d’atteindre le Vélodrome, et raccompagnèrent même les bus jusqu’aux Costières avant de balancer des lacrymos sur tout ce petit monde, enfants compris. La direction du club, en la personne de Rani Assaf (barre-toi), non seulement ne formula aucune réserve à la Préfecture du 13 ni ne s’enquit d’éventuelles blessures dans nos rangs, mais s’empressa même de sous-entendre dans les médias qu’après tout, les supporters l’avaient peut-être cherché.
  • Eté 2021, dans la foulée d’une relégation obtenue de haute lutte, Rani Assaf (dégage) estime que l’urgence du moment est de fermer le centre de formation. Après tout, dans un club historiquement formateur, performant en Gambardella et surtout venant de vivre les 4 plus belles saisons de ses trente dernières années d’existence en grande partie grâce à un entraîneur passé par la réserve et par un groupe mené par des joueurs du cru, y avait de l’idée.
    S’en suivit un conflit tragicomique avec l’association Nîmes Olympique et un chantage au dépôt de bilan, excellente façon de préparer le club à la saison de transition qui s’annonçait. Rani Assaf (casse-toi) entreprit ensuite de se rattraper, arguant qu’on avait mal compris, il ne s’agissait pas de fermer le centre mais simplement de suspendre temporairement l’agrément, qu’on allait rester compétitif, que de toute façon la Bastide était en zone inondable et qu’il fallait trouver un autre terrain, qu’on allait le trouver fissa et que nos jeunes seraient trop contents de rester chez nous. La vérité, ce fut un imbroglio considérable et un départ massif de jeunes vers des centres agrées. Depuis, on n’a évidemment toujours pas vu la couleur d’un futur terrain à bâtir, et notre équipe réserve a été reléguée.  
  • Démarrage de la saison suivante en L2, et hausse des tarifs d’entrée, et suppression de fait des abonnements, jamais réintroduits depuis. Évidemment, le NO de Rani Assaf (mange tes morts) est le seul club pro en France (ou ailleurs ?) à agir de la sorte : nous avons vu le futur, mes frères. Ce fut à peu près le début d’une guerre ouverte avec les Gladiateurs Nîmes 1991, principal groupe de supporters du club. A la faveur d’une banderole insultante ou d’un craquage de fumigènes intempestif, les GN furent depuis le prétexte aux caprices de Rani, avec fermeture de tribune ou interdictions commerciales de stade, M. Dégage considérant depuis belle lurette (et ne s’en cachant même pas) qu’il avait toute latitude pour imposer ses vues dans le club, au mépris de tout le reste.
  • C’est un détail a priori, mais la suppression des commentaires sur les comptes officiels du club sur les réseaux sociaux intervint à cette époque, preuve d’une fermeture totale à la critique et d’un fonctionnement en vase clos délirant, qui plus est grotesque et nous faisons passer pour des caves aux yeux de la France entière.
  • La désaffection du public, parfois muée en boycott assumé, commença dès la saison 2021-22 aux Costières. La seule exception à la règle fut le dernier match dans notre stade contre Bordeaux, où l’ensemble des supporters se mobilisa derrière les GN pour un dernier adieu qui ait de la gueule, sans que le club ne daigne se bouger le cul d’une quelconque manière. Même ainsi, Rani Dégage trouva le moyen de faire chier son monde, en opposant un refus obtus d’ouvrir l’intégralité du Pesage Est aux réservations, réussissant ainsi à éviter le guichets fermés, qu’il aurait sans doute considéré comme un échec.
  • Peu de temps avant cette dernière, Rani Dehors organisa une rencontre avec les supporters, marquée par des réponses suant l’agressivité et le refus du compromis, confirmant au passage que le président avait choisi une stratégie rappelant celle de la Macronie : refusant de voir l’évidence, et se considérant comme seul légitime, au risque de paraître hors-sol, déconnecté et seul au monde. Le conseiller en communication du prince Philippe Gas résuma la chose en estimant qu’il y avait conflit « d’un côté un président rationnel qui parle avec sa tête, et d’un autre côté des gens passionnés qui parlent avec leur coeur ». A ce niveau de CSC, on songe aux dernières sorties de Véran et Dussopt sur la réforme des retraites, et on se demande pourquoi il faut faire tant d’années d’études pour sortir des phrases aussi débiles. Laissons donc là Rani et sa pensée complexe, demeurés que nous sommes, et retournons boire des bières.
  • Histoire de faire bonne mesure, la première au stade des Antonins fut marquée par une organisation catastrophique en terme de gestion des flux de personnes : tourniquets en rade, sous-effectif chronique des stadiers aboutissant à des files d’attente considérables. Rani Casse-toi nous avait averti qu’avec ce stade-de-transition-temporaire que la France allait nous envier, on allait voir ce qu’on allait voir : on a vu.

LES NOTES

MARAVAL (0/5). A chaque match sa cagade, toujours plus ridicule que la précédente. Face à la récurrence, et en forme d’hommage anal à la complémentarité dans la nullité avec son collègue Lucas Dias, nous ne dirons désormais plus « il a fait une boulette », mais « il a fait une Diaraval » (merci à Téo pour la suggestion). A ce rythme c’est plus de l’entraînement qu’il lui faut, c’est une thérapie.

GUESSOUM (1/5). Fantoum.

DE GEVIGNEY (0/5). T’aurais jamais dû quitter Versailles, grand.

DJIGA (1/5). Intérimaire parmi d’autres dans une entreprise en quasi-faillite.

LABONNE (2/5). Tu vas vite regretter la N2 aussi, va.

THOMASEN (2/5). C’était pas mal par séquence, colmateur de brèches comme une entreprise de BTP à Marioupol.

LOPY (3/5). Diantre, un joueur de foot.

FOFANA (0/5). Qui fait rien de ses dix doigts / Lui qu’est complètement cuit / Et qui s’prend pour le roi.

BENEZET (3/5). S’il y a une seule raison d’espérer encore un maintien, ce serait pour que Nico n’ait pas sacrifié sa cheville pour rien.

PAGIS (3/5). A mourir pour mourir, qu’au moins ce soit avec style.

TCHOKOUNTE (3/5). T’en vas pas, Malik.

La suite ? Que ce soit en L2 ou en National, on sera bien sûr toujours là. Si Rani Dégage ne dégage pas, alors il faudra au moins le contraindre à nous entendre. Pour paraphraser un (déjà) vieux texte du Comité invisible, « Devant l’évidence de la catastrophe, il y a ceux qui s’indignent et ceux qui prennent acte, ceux qui dénoncent et ceux qui s’organisent. » Soyons de ceux qui s’organisent.

La bise, va.
Karoud

1 thought on “Bastia-Nîmes (4-2) : La Costières Académie a vu le futur

  1. Diantre, une belle académie.
    Vous me faites penser à Nancy, et sur Horsjeu.net (purée, quel site !), c’est à prendre comme un compliment.
    Soutine néanmoins, et Rani hasta siempre dehors.

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