Troyes-OM (0-2) : La Canebière Académie met la pression

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C’est que tout irait bien, dites donc.

Aïoli les sapiens,

On gagne des points, on ne perd pas de slip : si toutes les soirées du milieu de semaine étaient aussi sereines que celle-ci, les Canebière Académies seraient rapides à écrire, et nous aurions d’autant plus de temps pour travailler afin de cotiser davantage à la solidarité entre les générations (« solidarité entre les générations : terme apparu au début du XXIe siècle désignant essentiellement le fait de payer les retraites d’une génération de boomers dont l’accomplissement a essentiellement consisté à pourrir la planète et voter pour des enculés acharnés à nous priver des mêmes droits une fois arrivés à leur âge »). Moralité : exploser les équipes faibles, c’est plus qu’un enjeu sportif, c’est un devoir civique. Merci Messieurs.


Les Longorious Basterds 

Lopez
Mbemba– Gigot – Balerdi
Kaboré (Malinovskyi, 67e) – Rongier – Veretout– Kolasinac (Gueye, 75e)
Ünder – Sanchez (Dieng, 75e) – Guendouzi

Payet et Clauss sont forfait pour cause de blessures, tandis que Nuno Tavares et Éric Bailly sont suspendus pour avoir mis les pieds où ils veulent, Little John, et souvent dans la gueule. Si le onze de départ se tient néanmoins, le banc de touche doit donc être abondamment garni de jeunes, ainsi que de notre nouvelle recrue en provenance de l’Atalanta, Ruslan Malinovskyi.

Hormis ce recrutement, le mercato n’a pas apporté de nouvelles récentes, si ce n’est la rumeur d’un intérêt d’Aston Villa pour sensibiliser Matteo Guendouzi à son cha££enge $portif, ainsi que d’une approche de l’Ajax pour Leo Balerdi.


Le match

L’avant-match nous donne l’occasion d’admirer de multiples macarons « Troyes, capitale historique de la Champagne », une insistance sans doute destinée à régler un conflit local de type Mont-Saint-Michel dont tout le monde se branle au-delà d’un rayon de 100 km autour de la zone concernée. En tout cas, ce que l’on sait, c’est que la capitale historique de la Champagne n’a pas encore vu arriver l’ADSL, vu que les Troyens ont l’air d’avoir préparé leur match avec des vidéos datant de l’ère Villas-Boas. Aussi, quand l’OM de Tudor entreprend son « taper, taper, taper » habituel, nous voici tout surpris de voir l’ESTAC nous opposer l’énergie de moules avariées.

La conséquence en est immédiate : après un corner obtenu suite à un tir contré de Kolasinac, Ünder joue en retrait pour Veretout pour un centre du droit au premier poteau. Guendouzi devance la défence pour dévier au deuxième, où Mbemba n’a même pas besoin de désosser un défenseur pour placer sa tête (0-1, 10e). Au demeurant, parler même de « taper, taper, taper » s’avère réducteur, tant l’OM quitte ses oripeaux de bourrins sympathiques pour proposer quelques sorties de balle d’une finesse rare. Guendouzi et Ünder martyrisent les bleus dès le premier pressing, les Rongetout règnent sur le milieu de terrain, et les défenseurs ne laissent même pas les Troyens espérer récupérer une des miettes restantes.


Animé par Mbemba, Ünder et Kaboré, notre côté droit pisse sur la défense comme Elisabeth Borne sur le parlement, chaque ébauche d’action se terminant par un 49.3 imparable face auquel les adversaires nous laissent invariablement passer  en disant « maiiis, euh ». Malheureusement, la qualité des centres n’est pas à la hauteur de la domination, si bien que l’OM ne parvient pas à creuser le score. On retiendra néanmoins deux beaux tirs d’Ünder, contré, et de Rongier, mis en échec de justesse par le gardien.

Après une vingtaine de minutes de jeu, l’OM baisse logiquement en intensité, sans cependant perdre sa maîtrise sur la rencontre. On ne peut d’ailleurs guère parler de temps faible, plutôt de la nécessité de reprendre son souffle avant de remettre les Champenois au supplice dans les toutes dernières minutes de la première mi-temps.


Les vestiaires résonnent de la causerie historique de l’entraîneur aubois : « Troyens ! Nous endurons un siège douloureux, mais nous sortirons vainqueurs ! Repoussez les assaillants, donnez votre sueur et votre sang à votre peuple ! L’ennemi nous assaille sur le flanc gauche, il nous meurtrit, nous martyrise, mais il ne nous a pas tués. Moi, Patrick KingBozo, défenseur de la Cité, commandeur des forces armées, je vous le dis, fiers soldats : sur ce côté gauche, il ne passera plus. A la violence nous opposerons la violence, à la ruse nous opposerons la ruse, nous irons jusqu’au sacrifice de notre vie s’il le faut, mais devant vous, fidèles guerriers, devant nos femmes et nos enfants, sur ce côté gauche l’ennemi ne passera pas, dussions-nous ce soir dîner en enfer, CAR NOUS SOMMES LA CAPITALE HISTORIQUE DE LA CHAMPAGNE ! »

Engagement, combinaison à droite, Kaboré remet en talonnade dans la course d’Ünder, randonnée jusqu’aux six-mètres, centre tendu à ras de terre, conclusion de Veretout au deuxième poteau une main dans le slip, trente secondes de jeu merci bonsoir (0-2, 46e).


L’OM ayant ces derniers temps tendance à produire un geste de demeuré suicidaire par match, le moment paraît idéal pour se mettre à l’abri avant tout incident. Après une alerte aussi brève que modérée, les Olympiens s’y emploient tranquillement, à la manière d’Obélix assénant une série de baffes à un centurion romain tout en lui disant « meuh qu’est-ce que c’est que cette idée de vouloir nous contrarier, allons, il faut pas vouloir se créer des problèmes comme ça ». Broyés du haut en bas du terrain, les Troyens nous cèdent second ballons et espaces en abondance, seul un manque d’efficacité rageant de notre part nous empêchant de conclure l’affaire proprement. Lancé seul par Rongier après un pressing qu’il a lui-même initié, Sead croise trop sa pichenette face au gardien. A l’inverse, Ünder manque quant à lui de finesse lorsque, servi sur un plateau par Veretout à moins de 10 mètres de la cage, il envoie une sacoche précipitée au-dessus.

Après un nouvel essai d’Ünder, de meilleure qualité mais contré, les rapports de force évoluent. C’est le moment où Malinovskyi fait son apparition à la place de Kaboré, sans bien sûr que le temps faible qui débute à ce moment paraisse autre chose qu’une coïncidence. En tout cas, Troyes applique enfin le pressing qu’ils ont été infoutus de manifester pendant l’heure précédente, ce qui nous place dans un inconfort certain. Un enroulé modérément slipométrique nous rappelle qu’à 20 minutes de la fin, le score n’est pas encore acquis. Tudor en profite pour sortir son deuxième latéral au profit de Pape Gueye, l’OM quittant le mode flamboyant pour passer en mode compact. La fin de match s’en trouve apaisée, à l’exception d’un tacle autoritaire de Gigot et d’un ultime tir troyen hors cadre, tandis que l’OM voyait ses contre-attaques avortées par quelques hors-jeux. Pas de quoi claquer du fessier cependant, cette victoire entrant sans conteste dans la catégorie « soirée tranquille » dont le seul bémol, l’absence d’autres buts malgré une période de domination énorme, ne sera pas de nature à nous faire passer des nuits blanches.


Les joueurs

Lopez (3/5) : Les centres interceptés et le jeu au pied sérieux qui vont bien. On ne lui demandait pas de miracle mais juste de ne pas gâcher le travail des dix de devant, ce qui pour un studieux comme Pau Lopez ne pose aucun problème.

Mbemba (4-/5) : Un match quasi-parfait à l’exception de deux cartons jaunes causés par excès de désinvolture (à Kaboré et à lui-même). Comme quoi, jouer à la fois en défense centrale et comme ailier droit, ce n’est pas assez exigeant pour maintenir sa concentration. Peut-être que si on lui demandait de préparer une blanquette de veau et de confectionner un bonnet au crochet en même temps, il serait assez occupé pour ne pas laisser son cerveau vagabonder ?

Gigot (4/5) : En bon spartiate, Samuel n’est pas du genre à recourir aux fines ruses pour piéger les Troyens. Se planquer dans un cul de cheval, il laisse ça aux autres Grecs efféminés, lui son truc c’est de disperser les ennemis à coups de tacles qui puent le foutre voire à tirer tout droit vers la surface adverse en se frayant un chemin à la hache.

Balerdi (4/5) : Lui aussi, de lui parler d’Ajax juste avant d’affronter les Troyens, ça lui a donné des idées visiblement.

Kaboré (3+/5) : Avec la disponibilité de Mbemba et Ünder autour de lui, juste faire contrôle-passe suffisait à créer des décalages, ce dont Isa s’est acquitté à merveille. Lorsqu’il s’agit de tenter lui-même un geste décisif, en revanche (talonnade du deuxième but excepté), ça manque encore d’un peu de sucre dans la limonade.

Malinovskyi (67e) : Au charbon moins de deux jours après avoir fait le selfie avec Titi c’est toi le Boss. Au moins son entrée a-t-elle eu lieu dans un contexte pépère (rappeler ici le souvenir ému de Duje Caleta-Car envoyé au casse-pipe à Nîmes sans avoir eu le temps de poser ses bagages).

Rongier (4/5) : On chie sur Tudor avant le début de saison ? Meilleur total de points à mi-parcours devant Bielsa. On rechigne sur la sempiternelle association des Rongetout au milieu de terrain ? Ils se mettent à démonter les équipes adverses comme les CRS des camps de sans-domicile. Heureusement que Longoria a le triomphe modeste : si ça avait été Jacques-Henri Eyraud, il nous aurait déjà invités à nous enfiler des sachets de tisane dans l’anus.

Veretout (4+/5) : De la récupération, de la transmission, de la projection judicieuse. Un vrai finaliste de coupe du monde, quoi.

Kolasinac (3/5) : Tente un but en finesse alors que son but contre Toulouse a déjà épuisé son quota de subtilité pour les trois années à venir. A la différence de Gigot le spartiate et d’Ajax Balerdi, Sead n’a donc pas tenu tout le match la métaphore mythologique qui lui convenait le mieux : celle du cheval.

Gueye (75e) : Comme souvent ces derniers temps, son entrée a contribué à calmer les dernières velléités adverses. C’est bien, mais cela ne doit pas le dispenser de travailler aussi ses centres, qui mériteraient de finir ailleurs que sur le toit du stade.

Ünder (4-/5) : Provoque à droite, provoque à gauche, provoque partout, presse et revient défendre, fait marquer. La mutation vers le Cengiz que l’on a tant aimé l’an dernier semble en voie d’accomplissement : il manquait juste à ne pas rater cette occasion énorme qui aurait fait basculer le match vers la perfection.

Guendouzi (3/5) : A Cengiz l’ubiquité et la percussion, à Matteoce travail plus en retrait mais tout aussi efficace consistant à dire aux Troyens : « je vais tellement vous faire souffrir votre race dès vos premières relances que vous allez déjà être épuisés rien qu’en atteignant la ligne médiane ».

Sanchez (2/5) : Petite déception du soir,le fait qu’Alexis ne soit quasiment jamais trouvé malgré les centres à foison et la projection de la moitié de l’équipe dans la surface adverse à chaque occasion. On aurait dit ce gus qui reste tout tristounet dans son coin alors que tout le monde s’amuse à la soirée.

Dieng (75e) : Quelques appels de bon aloi dont le dernier, malheureusement hors-jeu, le prive du troisième but.


L’invité zoologique : Xavier Chevalderien

Le cheval de laboratoire a passé un pacte avec l’humain consistant à se faire injecter diverses substances expérimentales pendant plusieurs années, avant la promesse d’une fin de vie longue heureuse dans un pré verdoyant. Ce qu’on ne lui a pas dit, c’est qu’en fin de carrière, le deal serait rompu par des escrocs de passage, qui le mettraient dans la bétaillère à destination non dudit pré mais de l’abattoir sous le motif « mais si c’est de la viande propre à la consommation, y a pas de petit profit ».Toute ressemblance avec la réforme des retraites est bien sûr fortuite, de même que toute ressemblance avec la séance d’équarrissage vécue par les Troyens hier soir.

  • Les autres : Troyes, capitale historique de la Champagne pouilleuse.
  • Le classement : Rennes fait à son tour connaissance avec Clément Turpin et trébucheà Clermont, tandis que Lens et Monaco perdent également deux points. Journée fructueuse, donc, qui nous ramène à deux points de la deuxième place.
  • Coming next : Nous recevons samedi un FC Lorient plein de prétentions cette saison, avec ambition mais non sans méfiance, donc. La semaine suivante, le tirage au sort de la Coupe de France nous gâte avec la réception des Rhénais, avant celle de Monaco la semaine suivante. Il y aura sans doute quelques équipes plongées dans la morosité à l’issue de ces deux semaines, en espérant que nous ne soyons pas dans le lot.
  • Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Thibault D. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah

1 thought on “Troyes-OM (0-2) : La Canebière Académie met la pression

  1. L’intervention sur la génération précédente me semble on ne peut plus pertinente. Dire qu’en plus, ils nous font la leçon…

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