Costa Rica – Grèce (1-1 ; 5-3 tàb) : la Ticos Académie jouit goulûment

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Qualifiés au boule du suspense.

Oui ? Quoi ?

 

Ah, pardon, vous êtes déjà là !

Excusez-moi, je ne vous attendais pas si tôt, j’étais plongée dans mon analyse du match. Je suis à vous tout de suite. Pourriez-vous me passer mes dessous, là, juste derrière vous, je vous prie ? Merci, vous êtes charmants.

Huitièmes de finale, donc. Après s’être brillamment sortie du groupe de la mort-sûre, notre sélection affrontait les Grecs, quant à eux qualifiés d’extrême justesse. Un match pour l’Histoire, pour la gloire de compter pour la première fois parmi les huit meilleures équipes du monde.

Si l’opposition, comme vous le savez déjà, s’est conclue pour ma part dans un récital de castagnettes labiales, la libération ne fut acquise qu’au terme de 120 minutes on ne peut plus crispantes. En résumé, un match courageux mais très moyen de notre part, face à une équipe grecque appliquée à faire contredire sa réputation défensive.

 

La composition

Le héros dans les buts : Keylor Navas

Les héros en défense centrale : Umaña, González et Duarte

Les héros des couloirs : Díaz et Gamboa (Acosta, 76e)

Les héros au milieu du milieu : Tejeda (Cubero, 65e), Borges

Les héros sur le devant du milieu : Bolaños (Brenes, 83e),Ruiz

Le héros de l’avant : Campbell

 

C’est-à-dire, l’équipe-type de la première phase, avec ses certitudes dans le jeu mais aussi une fraîcheur physique et mentale en question, après un dernier match plus difficile contre l’Angleterre.

 

L’avis préliminaire d’Eduardo

Figurez-vous mes amis qu’Eduardo ne m’a pas laissé son avis avant le match. Il s’est rendu précipitamment en France pour je ne sais quelle « affaire urgente à régler ». Par contre, il m’a envoyé un message que je découvre en même temps que vous.

 

« Ca doit sûrement être une bonne destination pour partir en vacances. Mais niveau foot, je vous avoue humblement que je n’y connais rien. Et je ne suis pas loin de m’en foutre un peu, qui plus est. Mais sur le papier, il y a fort à parier que le Costa Rica va surtout faire ce qu’il peut pendant le Mondial. »

 

Le match

Pfff… rien que de m’en souvenir, j’ai les sphincters qui rejouent l’anaconda en rut. Supposée meilleure que son adversaire, pour la première fois de la compétition, notre formation n’a pas su imposer son jeu. Pire, elle n’a même pas pu se reposer sur son style défensif habituel, tant les joueurs grecs l’ont malmenée balle au pied. Erreurs grossières de transmission, balles trop rapidement perdues, duels largement perdus en un-contre-un… Jusqu’ici, les seuls sportifs à se montrer aussi tétanisés contre des Grecs, c’étaient vos tennismen face à Rolangaros.

Certes, le Costa Rica propose quelques mouvements, mais subit en majeure partie la loi des Européens. Comme elle avait commencé à le montrer face à l’Angleterre, notre défense souffre dès lors que le pressing des milieux et des latéraux se relâchent. Malgré des duels délicats et des alignements douteux, nous ne concédons cependant que peu d’occasions, lesquelles sont brillamment annihilées par Navas.

Le début de seconde période nous laisse craindre le pire, tant nos joueurs ne semblent toujours pas entrés dans la rencontre. C’est alors que se produit une rupture dans l’espace-temps hellène. Les Costariciens développent une action posée, qui amène tranquillement Bolaños à l’angle de la surface. Curieusement, malgré la lenteur de l’action, le pressing des Grecs est inexistant. Bolaños peut facilement donner à Ruíz, placé aux 16 mètres tandis que Campbell attire la défense. Le petit intérieur du pied instantané de notre meneur roule…

roule…

roule…

roule…

…et vient se poser dans le petit filet avec la délicatesse du ciseau olmèque sur le bloc de granit. Les millénaires passés à polir leurs sphères trouvent leur aboutissement cosmique dans la caresse de Bryan Ruíz. Le cuir se glisse dans le filet avec la douceur du serpent fécond, tandis que je chevauche le lézard céleste en riant au chant des planètes.

Je suis fille de la boule, mes larmes rondes s’unissent à celles du jaguar et du tapir pour fertiliser la terre-mère.

Bryan, rends-moi ronde, jouissons ensemble en mangeant des dendrobates, pilonne mon cercle sacré, que la jungle suinte en toi, en moi, en nous, que nos boules explosent en myriades de papillons électriques.

Ballon, tu es un bradype tu rampes maladroit et gracieux à la fois. Tu m’atteins et tes griffes me pétrissent quand ta truffe plonge dans la moiteur de la terre sacrée tu t’immisces au fond de mes filets pour n’en jamais ressortir reste lové à jamais au fond de moi boule au creux de mes rondeurs sphère parmi les sphères, restons posés sur notre boule qui roule au bal des boules et nous tourneboule, boules, boules, boules

Je crois qu’elle nous a échappé, Jack.
J’en ai peur, elle nous a quittés.

 

[NOTE DE LA REDACTION

Notre académicienne vient d’être victime d’un malaise, heureusement sans gravité. Elle se trouve actuellement en train de bénéficier d’une pause-fraîcheur. Dans l’attente de son retour, horsjeu.net vous offre cet interlude]

 

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Hrm. Brft.

Pardonnez-moi. Mrf, mal au crâne, là. Je me suis laissé emporter.

Bon. Où en étions-nous. Ah oui, le Costa Rica mène à la 52e minute. Punie de sa déconcentration, la Grèce met quelques minutes à s’en remettre, et se voit tout près d’encaisser le second but lorsque Torosidis enlève de justesse le ballon devant Ruíz. Anodine en apparence, l’action vue au ralenti révèle une magnifique main volontaire du défenseur grec. Le pénalty s’imposait, mais difficile de reprocher à l’arbitre d’avoir été victime de la cécité générale à cet instant.

C’est alors que Duarte, trop souvent dépassé dans ce match, commet une faute grossière qui lui vaut un second carton jaune. Les 25 dernières minutes sont dès lors un supplice. Pinto affiche des testicules qui n’ont rien à envier à mes objets de recherche en maintenant une composition relativement offensive. Succès mitigé pour cette tactique, puisque les Grecs parviennent trop souvent à éviter notre pressing au milieu de terrain, pour se retrouver par conséquent à égalité numérique face à notre défense. L’équipe tient entre tacles miraculeux et sauvetages de Navas, mais finit par craquer comme les premiers Mexicains venus lorsque, sur un long ballon, Gekas remporte son duel dans la surface et voit sa frappe détournée par Navas puis reprise victorieusement par Papasthatopoulos.

Dans la foulée, Keylor Navas rejoue l’arrêt de Buffon face à Zidane en 2006 et nous permet d’obtenir la prolongation.

Ce temps supplémentaire voit nos héros admirables de combativité pour résister aux assauts grecs. Seule une incursion de Brenes nous voit (très légèrement) menacer la surface de Karnesis. Un gros coup de chaud survient à la 113e minute. Un corner de Campbell traverse la surface pendant que les défenseurs bleus se livrent à des activités mal définies sur nos joueurs. Pas de pénalty, mais la moitié de notre équipe éliminée sur la simple sortie de balle adverse. Les Grecs peuvent donc négocier un contre à cinq contre deux mais, sans doute eux-mêmes surpris, ne savent pas comment gérer cet avantage inespéré et se contentent d’une frappe sans angle que Navas repousse en se curant les narines.

Notre portier doit s’employer bien plus dans le temps additionnel, lorsqu’il effectue une sortie thermonucléaire au-devant de Mitroglu. Quelle sortie, mes amis, comme une boule de feu s’élevant dans le ciel brésilien pour atteindre

[NOTE DE LA REDACTION : nous interrompons ici cette académie pour octroyer à titre préventif une seconde pause fraîcheur à Madame Gutiérrez-Yigüirro.]

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Nous voici aux tirs aux buts :

Borges : en force, 1-0.

Mitroglu : contre-pied, 1-1. Merde.

Ruíz : une mine, 2-1. Si on les tire tous comme ça, c’est tout bon.

Christodoloupoulos : deuxième contre-pied, 2-2. Pourvu que Navas ne doute pas.

González : au milieu, mais assez haut pour que ça passe : 3-2, ouf.

Holebas : rien à dire, 3-3. Ca tire beaucoup mieux qu’à Brésil-Chili.

Campbell : héroïque, épuisé, donc tension slipale à son apogée. Petit contre-pied, 4-3. Ouf.

GEKAS : MAIN OPPOSEE ! KEYLORGASME !

 

UMAÑAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA AAAAArgharglegloprhâââââlovely.

 

Les notes Mon dieu, qu’il serait vulgaire de réduire nos héros à un simple chiffre.

K. Navas : Un pays qui a Keylor Navas n’a pas besoin de défense nationale.

M. Umaña : (Relatif)maillon faible de la défense centrale pendant les premiers matches, il s’est ici montré plutôt correct. Courageux au même titre que ses collègues, voir plus lorsqu’il a fallu transformer la « balle de match ».

G. González : Des interventions parfois désespérées, mais qui ont contribué à nous maintenir à flot. Et la lucidité sur son tir au but.

Ó. Duarte : Pas toi, Óscar, pas après tout ce que tu as fait.

J. Díaz : La menace grecque l’a très vite limité dans ses ambitions offensives. Il a souffert comme ses camarades.

C. Gamboa : Devant, derrière, parfois à travers. Hommage à la Grèce traditionnelle.

C. Borges : Le sage. Pas de bruit, pas d’exploit, mais du sérieux.

Y. Tejeda : De l’activité mais aussiquelques gros courants d’air. A part l’auteur du blog loszetassonmaricones.mx, difficile de trouver plus carbonisé que lui en Amérique.

C. Bolaños : Il a contribué à maintenir un semblant de jeu offensif chez nous tout au long de la partie. Précieux.

B. Ruíz : Que la lenteur est belle quand c’est Bryan qui l’incarne. Cet intérieur du pied délicat et précis, délicieux comme un coup de langue. Ce ballon porté nonchalamment sur 20 mètres pour obtenir la faute qui nous permettra de gagner trente secondes de plus. Cette marche vers le point de pénalty, avec la patience de celui qui sait déjà. Bryan ne réussira sans doute pas toujours, ni partout, mais il restera celui qui a dicté son rythme au monde, pour un soir et à jamais.

J. Campbell : L’élégance de Joel, c’est la sueur et la testostérone. Il s’est accommodé sans rechigner de la faible production offensive de son équipe et s’est battu jusqu’au bout contre les Grecs et contre son corps, pour grappiller un ballon par-ci, un peu de temps par là. Nous craignions pour sa réussite aux tirs au but, avant de nous rendre compte que sa course était moins entravée par ses crampes que par ses couilles de taureau.

 

Les remplaçants : Très belles entrées de Brenes, Cubero et Acosta, pas toujours adroits mais tout aussi combatifs.

 

La suite

Alors que nous avons achevé cette partie au bord de l’épuisement physique et mental, c’est désormais l’équipe des Pays-Bas qui se dresse face à nous. Handicap supplémentaire, la blessure de Roy Miller l’empêchera de pallier la suspension de Duarte. Nous risquons de payer cher notre manque de ressources sur le banc, mais qu’importe. Avec la confiance, de l’engagement et, espérons-le, un complexe de supériorité des Néerlandais et la fin de l’impunité arbitrale pour les chauves à l’équilibre incertain, il n’est pas interdit de rêver.

On ne peut en tout cas que conseiller aux Bataves de jouer dans leur seconde tenue, et à Huntelaar de développer un peu sa pilosité, tant la présence dans les rangs adverses d’une icône gay barbue et vêtue de bleue semble être un gage de succès pour nous.

Bises Kimberly

Bises mes coquins,

Kimberly Gutiérrez Yigüirro

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