Costa Rica – Etats-Unis (4-0) : la Ticos Académie remet les boules au milieu du pré.

3

L’ami américain.

Rhhhââââââârrhrâââârhglaf.

Oh mes chéris, mes trésors, OH MES AMOURS, QUEL PIED !

Mais qu’est-ce qui leur a pris, mes aïeux, mes aïeux, MES AIEUX ! Dire qu’il y a 5 mois à peine, c’est nous qui subissions pareille correction. Mais qu’est-ce qui a donc changé, depuis ?

Eh bien en premier lieu, malgré l’ampleur du score en juin dernier, nous n’avions pas si mal joué, offensivement parlant, c’est sur des attaques rapides adverses que nous nous étions laissés transpercer sans vergogne. El Machillo Ramirez, qui débarquait à l’époque, a aujourd’hui dépassé le stade des expérimentations et maîtrise désormais ce 541 aussi identitaire du Costa Rica que nos boules en pierre. Le milieu de terrain s’en est trouvé stabilisé, et par répercussion notre la défense a moins d’occasions de montrer ses limites. Si, de plus, les adversaires livrent des prestations de poliomyélitiques, notre équipe revit alors ses plus belles heures. Ce mardi soir, ce phénomène s’est traduit par une rouste inédite infligée à nos amis gringos qui, s’ils avaient pris l’habitude ces 10 derniers matchs de nous rendre visite sans rien gagner en retour, ont cette fois-ci laissé jusqu’à la peau des fesses sur la pelouse de l’Estadio Nacional.

Voici comment, en sept minutes, Johan Venegas a fait comprendre à John Brooks que son match n’allait être qu’un long film pornographique, et qu’il n’allait pas le vivre dans la position la plus agréable qui soit.

 

Le match

Salvatierra remplace Gamboa suspendu, Umaña remplace quant à lui Calvo, blessé au cours du dernier match (on notera les places interchangeables des trois centraux en cours de match). Après la prestation quelconque d’Ureña contre Trinidad-et-Tobago, Ramirez tente Venegas en pointe : Joel Campbell reste cantonné à son rôle de défonceur de la dernière demi-heure.

Navas

Salvatierra – Waston – Acosta – Ureña – Matarrita

Borges – Azofeifa (Tejeda, 70e)

Ruiz (Wallace, 83e)                                                 Bolaños

Venegas (Campbell, 67e)

 

Après le viol introductif cité plus haut, le Costa Rica impose sa marque de fabrique : une alternance d’accélérations et de temps calmes avec, pendant ces derniers, un bloc très organisé et surtout un pressing intense et coordonné des trois offensifs. A la différence de Trinidad-et-Tobago qui assumait de se parquer en deux lignes compactes, les joueurs de Klinsmann ébauchent un jeu en profondeur mais sans y mettre les moyens : pressing très faible, absence de soutien, enchaînements peu imaginatifs. C’est-à-dire l’exact dosage des ingrédients qui placent Ruiz et consorts dans les meilleures dispositions pour casser des reins et ruiner mon canapé.

Et alors là mes enfants, ça y va à la manœuvre, je peux vous dire que le service après-vente de Conforama m’a entendue redéfinir la notion de « revêtement imperméable », quand je les ai appelés pour me faire rembourser mes sièges. Et vas-y que je te presse de partout, et vas-y que je t’enchaîne du grand-pont-passe-en-profondeur-contrôle-poitrine-retourné-acrobatique, et vas-y que je te saute à la gorge de chaque Yankee qui vient mettre un tampon parce qu’ils sont trop dépassés pour faire autre chose…

Boules submergées.

Les fragilités qui nous avaient valu d’être transpercés par les Etatsuniens en juin, à savoir un milieu trop vite franchi lors des transitions et une défense prompte à la panique, sont à deux exceptions près invisibles cette fois-ci. Nous ne laissons presque jamais nos adversaires exprimer leur jeu, et quand ils le font, ils sont nuls.

Tout ceci est bien joli, mais la mi-temps s’achève et le score est toujours vierge. Qu’à cela ne tienne, nous ouvrons la marque une minute avant le repos : je vous laisse prendre connaissance de l’intégralité de l’action du but, qui est vraiment emblématique de notre façon de jouer sans fioritures mais cohérente, intense et adroite. En plus, ça me laissera le temps de me masturber, je vous retrouve tout de suite après.

 

Rhâââââââ, ça fait du bien. Je ne sais pas vous, mais moi je ne peux pas voir et revoir ces images sans éprouver un frisson érotique impérieux. Je sais qu’à mon laboratoire certains collègues scientifiques me regardent de travers à cause de cela ; mais depuis que j’ai appris que des politiciens français éprouvaient la même chose devant une ponceuse à ruban, je culpabilise encore moins. De toute façon je ne culpabilisais déjà pas.

Où en étais-je ? Ah oui, 1-0 à la pause et, au-delà du score, déjà la sensation que le Team USA n’a pas fini de se faire ouvrir par les Latino-Américains, comme un symbole aurais-je envie de dire.

Après la pause, le match s’enlise dans une sorte de flou assez intrigant : les Etats-Unis sont toujours mauvais, le Costa Rica gère toujours le match à sa main, mais un je-ne-sais quoi dans le rythme des échanges trahit un certain attentisme… chacun semble attendre que l’autre prenne l’initiative ou au contraire soit victime d’un assoupissement fatal.

Boule à zéro.

C’est Oscar Ramirez qui décide de mettre un terme à ces tergiversations, en préparant peu après l’heure de jeu l’entrée conjointe de Campbell et Tejeda. Un bug du panneau d’affichage diffère l’arrivée de mon Tejedounet, qui peut faire son entrée quelques minutes plus tard ; il disposera donc d’un alibi si des juges décident d’examiner le viol subi par l’équipe étatsunienne entre-temps : un coup-franc vite joué par Borges suivi d’une combinaison Campbell-Azofeifa-Salvatierra-Ruiz suffit à éparpiller les gringos. L’extérieur du pied de mon Bryan d’amour fait ensuite le bonheur simultané de Bolaños et de mon clitoris.

2-0 à la 68e, puis 3-0 cinq minutes plus tard quand un grand coup de tatane de Matarrita est réceptionné par l’inénarrable John Brooks – oui, encore lui. Joel récupère le contrôle à quatre mètres du défenseur, lui colle son second petit-pont de la soirée pour l’hygiène, et ajuste le pauvre Guzan. En pleine dépression, la Team USA se ridiculise un peu plus à la 77e entre relances abominables et alignement indécent : Campbell récupère l’ouverture de Matarrita et y va de son doublé sous les hurlements d’un stade partagé pendant le dernier quart d’heure entre l’extase et un soupçon d’hilarité.

Alors oui, j’exulte ; d’accord, c’était beau, c’était même TRES beau, mais j’éprouve quelque réserve à crier au chef d’œuvre, tant cette équipe des Etats-Unis – que je redoutais sans doute plus que de raison – a offert une opposition indigne d’une candidate à la qualification.

Si vous êtes un parent, un ami ou un partenaire de club de M. Brooks, ne regardez pas cette vidéo. Dans le cas contraire, savourez, le résumé dure 8 minutes mais ça les vaut : outre les facéties du clown sus-cité, on y voit aussi et surtout du bien beau football.

Les notes :

Keylor Navas (3/5) : Son intervention la plus décisive fut de ne pas toucher la balle, lorsqu’il retira sa main pour éviter de transformer un centre vicieux en but contre-son-camp. C’est dire si l’on fut sevré de parades spectaculaires.

Kendall Waston, Jhonny Acosta, Michael Umaña (3/5 individuellement, 4/5 collectivement) : Note commune aux trois centraux, dont la coordination et l’efficacité sont à saluer. Pris séparément, chacun ne fait pourtant pas étalage d’un talent exceptionnel, d’autant que le jeu ne leur a demandé ni relances posées ni projections vers l’avant.

José Salvatierra (4/5) : A semblé sur quelques gestes confirmer le poste de latéral comme maillon faible de la Sele, avant de faire comme tout le monde et de marcher sur la tête des Etatsuniens. Directement impliqué sur les deux premiers buts.

Ronald Matarrita (4/5) : Rarement passé, passeur décisif et récupérateur ardent au milieu de terrain : lui aussi, dont je médis par le passé, affiche une jolie montée en puissance ces derniers temps.

Celso Borges (5/5) : Rangez vos starlettes survitaminées, vos dribbleurs m’as-tu-vu, vos vedettes clinquantes. Celso fait partie de ces joueurs qui n’ont pas besoin de se mettre en scène car ils SONT le football.

Boule épurée.

Randall Azofeifa (5/5) : Vous allez dire que j’exagère sur les notes, mais que voulez-vous que je vous dise, ils ont tous été quasi-parfaits.

Remplacé par Yeltsin Tejeda (70e)  pour protéger le score d’1-0, et finalement de 2-0 le temps que l’arbitre ait manipulé son panneau. Un contexte plutôt facile pour mon Tejedounet, soit, et quelques beaux gestes qui laissent tout espoir quant à un retour prochain à son meilleur niveau.

Bryan Ruiz (4/5) : On connaissait déjà les créationnistes, mais il se trouve des Etatsuniens pour exprimer des croyances encore plus rétrogrades : figurez-vous qu’en 2016, ces gens-là pensent encore qu’on peut s’abstenir de presser Bryan Ruiz au milieu de terrain.

Remplacé par Rodney Wallace (78e), qui n’est pas parvenu à élargir davantage l’Union.

Christian Bolaños (5/5) : MONS-TRU-EUX. Et là, je ne parle pas de son allure physique ; si je mentionne son immonde bandeau, c’est pour qu’il m’attache avec et me fasse toute la nuit ce qu’il a fait aux USA.

Johan Venegas (5/5) : Honnêtement, ce qu’il a fait subir aux Etatsuniens, même moi cela m’a choquée. A envoyer un Montréalais à nos adversaires, je suis certaine qu’ils auraient préféré Luka Rocco Magnotta.

Remplacé par Joel Campbell (65e, 5/5) : je ne sais pas pourquoi, l’entrée de Joel m’a fait penser à cette blague, qui doit exister chez vous aussi : c’est un routier qui rencontre un homme nu, attaché à un arbre au bord de la route après que des voleurs l’ont battu et dépouillé. Le routier dégrafe alors son pantalon en disant « eh bien, ce n’est pas votre jour de chance, mon vieux. ».

Le groupe

Le Honduras bat Trinidad-et-Tobago 3-1. Peu nombreux seront les cocus à perdre des points contre les Antillais : il ne faudra pas en être. Panama et Mexique se neutralisent 0-0 : une bonne affaire à court terme, puisque ce nul nous laisse seuls en tête, mais qui confirme que le Panama n’a pas du tout l’intention de céder sa place en Russie.

Cette image est dédiée par les Centre-Américains à Donald Trump. Que son pays songe déjà à nous barrer l’accès à ses buts, ils verront ensuite pour le Rio Grande.

 

Rendez-vous en mars pour la suite, que la fin de l’année vous soit douce comme un extérieur du pied de Bryan Ruiz.

Kimberly GutiérrezYigüirro

 

3 thoughts on “Costa Rica – Etats-Unis (4-0) : la Ticos Académie remet les boules au milieu du pré.

    1. Je ne le connaissais pas, mais il m’a positivement fascinée. La présence de cet homme dans une sélection visant la qualification en Coupe du Monde est un mystère.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.