Chers lecteurs,

Quelle semaine ! Depuis mon intervention catastrophique déguisé en Pikachu dans le vestiaire des Samurai à la mi-temps, contre la Côte d’Ivoire, j’ai l’impression de porter la poisse à l’équipe. Les 45 minutes suivantes ont été terribles, le Japon a faibli physiquement, s’est mis à reculer et a été bombardé de centres ivoiriens. La suite vous la connaissez. Mais laissez moi vous conter la suite de la suite.

Évidemment personne n’en menait large dans l’avion au retour, moi encore moins que les autres. Zaccheroni quant à lui restait seul dans son coin et dessinait des cubes et des flèches au hasard sur une feuille blanche… peut être se doutait il des critiques qui s’abattaient déjà sur lui de l’autre côté de l’océan Pacifique ? Pourquoi Osako ? Pourquoi la défense ? Pourquoi Kagawa ? Por qué Por qué Por qué comme le disent si bien les brésiliens dans leur langue chantante…

siteLe lendemain du match nul, la Une de la JFA est sans appel

La nuit même je dormis à terre d’un sommeil agité, empli de cauchemars : les mascottes des autres pays se moquaient de moi avant de faire l’amour entre elles… submergé de jalousie et de honte je m’avérais incapable de réagir jusqu’au moment où je me rendis compte que je n’étais pas une mascotte, mais bien moi, Hitoshi ! Je me réveillais en sursaut au petit matin et m’élançais dans la salle de bain pour me regarder dans la glace : j’y vis Pikachu !

J’étais encore dans mon costume !

Je le retirais, non sans difficulté et non sans avoir reçu une ou deux décharges d’électricité statique et revins dans la chambre pour le jeter par terre. C’est alors que je vis, là, à même le sol, une trace noire, de brûlé, partant en étoile depuis l’exact endroit où j’avais dormi.

vomitoL’état du sol de ma chambre au petit matin, un mystère signé Pierre Bellemare

Pendant que je réfléchissais à une explication plausible je jetais un coup d’œil à ma fenêtre et vis, en contrebas, une équipe du Japon moribonde qui trottinait en baissant la tête autour d’un terrain au milieu duquel trônait un Zaccheroni blafard, qui mâchouillait pensivement son panini.

Choqué par cette attitude défaitiste, je suis rentré comme un seul homme dans mon costume et c’est en Pikachu que je débarquai au rez de chaussée pour motiver les troupes. Malheureusement, l’équipe venait juste de partir pour prolonger la séance de footing dans l’immense parc de l’hôtel et je dus me résoudre, après 20 mn de course harassante, à retourner dans le hall afin de les accueillir au moment du déjeuner.

La semaine s’est déroulée ainsi, entre séances d’entraînement d’une équipe en plein doute, entraîneur mutique face aux critiques des médias nippons et moi, au milieu, tentant d’insuffler l’esprit de la victoire à chaque membre de la délégation : depuis Shinji Kagawa – accusé par tous d’avoir mal défendu contre Serge Aurier – jusqu’à l’intendant chargé de l’approvisionnement en yaourt de Kobe.

comptableMoi à la cafétéria apportant un peu de réconfort à Yoshi, la comptable

Au bout de quelques jours de cet acabit, je me suis trouvé un peu par hasard à proximité de Zaccheroni qui tripotait la version anglaise du Japan Today… Nous sommes restés longtemps l’un à côté de l’autre sans rien dire quand soudain le Zacc’ s’est tourné vers moi : « … toi qu’est ce que t’en penses ? Les Grecs vont défendre à onze : comment est ce qu’on va les avoir ? » sentant que j’avais l’opportunité de rattraper mes erreurs et de sauver un pays tout entier, je me mis à réfléchir à mille à l’heure. C’est alors que je pensais au film 300, que j’avais vu à sa sortie. Et je lui réponds : « il faut les surprendre ! Nous devons créer la surprise totale ! » J’ai vu le visage de Zaccheroni s’illuminer « Tu as raison putain ! Et pour les surprendre il faut se surprendre soi-même !! »

Je n’ai pas trop compris ce qu’il a voulu dire à ce moment là, mais le soir même, à 5 minutes du coup d’envoi, Zaccheroni annonçait la non-titularisation de Kagawa. Tous les joueurs se sont immobilisés, les yeux ronds comme des billes…

 

L’équipe

compo

Konno, plus rugueux, remplace Morishige et Okubo, plus buteur et peut-être moins dans le doute, remplace Kagawa. Osako reste sur le terrain. La surprise est totale de tous les côtés. Au pire, ça rate.

 

Le match

La première mi-temps nous a apporté de sérieux motifs d’espoirs. Malgré l’absence de Shinji Kagawa, le Japon se montre dominant et même parfois dangereux. C’est à dire dangereux au point d’offrir une occasion sérieuse à son avant-centre Yuya Osako. Le ballon tourne bien, vite, et les Grecs n’ont rien de mieux à faire que défendre à la limite, au point de perdre Katsouranis sur carton rouge à la 38e.

La seconde mi-temps voit les Grecs mieux jouer à 10 qu’à 11 (preuve que le foot est peut-être encore un peu trop compliqué pour eux) et le Japon incapable de déstabiliser l’adversaire malgré l’entrée de Kagawa (plus proche d’un joueur de foot qu’Osako) et de Endo (plus créatif qu’Hasebe).

 

Les notes

Kawashima (3/5) : Pas de bourdes comme la dernière fois. A montré qu’il savait arrêter les missiles. Bon ok : les missiles grecs. Anecdote : ses gants ressemblent à des pitas.

Nagatomo (2/5) : Dans un match comme ça ses qualités offensives étaient encore plus attendues que ses qualités défensives. On a eu beau siffler sur la colline elles ne sont jamais venues.

Uchida (3/5) : Mine de rien ce type se crée une grosse occasion sérieuse par match. Il en aura des trucs à raconter à ses petits enfants.

Konno (3/5) : Konno a défendu comme un sauvage ce qui fut utile contre les Grecs mais niveau relance c’était plutôt Konno le barbant.

Yoshida (3/5) : Maya a semblé fatigué sur ce match. Étonnant pour un défenseur. Maya naze ?

Hasebe (3/5) : A défendu et organisé le jeu sur une jambe, aurait pu motiver ses troupes mais vous connaissez la pudeur des japonais. Remplacé par Endo à la 46e : plus offensif mais quand même du poste pour poste de la part de Zaccheroni qui me fit un petit clin d’oeil au moment de le faire entrer : « surprise ! » me fit-il…

Yamaguchi (2/5) : A ratissé, n’a rien créé, la moitié d’un jardinier, donc.

Okubo (3/5) : Titularisé à la place de Kagawa, pas à son poste de prédilection, et des ballons qu’il fallait donner à Yuya Osako. Désespoir ! Le Japon a commencé avec Okubo, je me suis fini au cubi. Je mets 3 parce que le rosé n’était pas mauvais..

Okazaki (2/5) : Lui aussi il aurait été pas mal en pointe. En pointe comme le centre. Je sais bien que pour certains le centre c’est forcément le centre-droit mais là il méritait d’être essayé vraiment au centre. Je sais pas comment le dire. Au centre ?

Honda (2/5) : Magnifique joueur. Si le football se jouait sans marquer de but il serait 18 fois ballons d’or.

Yuya Osako (1/5) : Il a essayé et franchement ça a été nettement mieux que lors du dernier match. Voilà c’est bon on l’a bien vu, ça va aller maintenant… Remplacé par Kagawa à la 57e qui est passé à gauche et Okubo au centre. Shinji étant au fond du trou, Zaccheroni a su trouver les mots et les gestes pour l’enfoncer encore plus. Prend ça, David Moyes !

Le coach (0/5) : Il existe un jeu où 100 % des gagnants ont tenté leur chance en faisant n’importe quoi. Malheureusement, ce jeu n’est pas le foot.

8 thoughts on “Japon-Grèce (0-0), l’académie du soleil levant livre ses notes

  1. Les images du match sont à voir avec la Raie du Jour du 20 juin. Enjoy ! Quant à nous il ne reste plus qu’à battre la Colombie 2-0 et ça devrait être bon

  2. « l’approvisionnement en yaourt de Kobe »
    Serait-ce le début d’un semblant de piste pour envisager la possibilité d’une éventuelle solution?
    La spécialité de Kobe, c’est le boeuf. Le yaourt, comme pratiquement tous les produits laitiers, c’est plutôt Hokkaido.
    C’est LE problème! Ce ne sont pas les joueurs avec une intelligence de jeu niveau Kyoto Sanga J-League 2 forever, ni les tagada-tactiques de Zac.
    Non!
    C’est la provenance du yaourt qui a perturbé tout le monde.

  3. Les kanji ne passent pas et, pour faire un parallèle, c’est vrai que les yaourts sont de Kobe mais ne sont pas Brillants.

  4. Pour le voir jouer tous les jours à l’entraînement je peux t’assurer que Kagawa est un joueur extraordinaire. Et le Japon produit l’un des plus beaux jeux de cette coupe du monde. Je crois simplement que les joueurs devraient s’interdire de pleurer de peur avant chaque match…

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