Lyon – Rennes (1-2), la Breizhou Académie ne comprend plus grand-chose au football pour être honnête

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Braquage à l’autocar.

Salut les moches,

Mai 2069. Cela fait désormais 56 ans que Philippe Montanier est à la tête du Stade Rennais Football Club. Malgré ses succès incessants à un niveau national comme européen, l’ancien gardien de but n’a jamais réussi à faire l’unanimité dans le microcosme du football. Alors que ses dernières heures approchent, la confusion règne quant aux conclusions que l’on doit tirer de son œuvre. « 39 titres de Champion de France et 22 Ligue des Champions, tout de même, ça force le respect » clament les pragmatiques, « Non mais le 8-1-1, dans Football Manager, c’était marrant, mais là ça fait passer Mourinho pour Zdenek Zeman, on est au bout du rouleau » sanglotent les romantiques. Derrière cette sempiternelle opposition de styles footballistiques, somme toute pertinente, de deux visions opposées vis-à-vis de ce que l’on doit tirer de ce fantastique sport, la valse des retourneurs de veste concentra malheureusement une grande partie de la classe journalistique. Alors qu’en 2015 certains nous promettaient un anonymat des plus profonds et clamaient fièrement face à la plèbe qu’ils préféraient visionner les aventures d’un inspecteur allemand aux joues tombantes plutôt qu’un match de Rennes, le changement de discours fut des plus prompts une fois que les résultats suivirent : « Ah non mais z’lavait dit, hein, Bielsa c’est une pipe hein regardez c’que fait Montanier pis lui il parle français hein et il s’habille pas en survêt hein. » Honni par les entraîneurs et médias étrangers pendant plus de 50 ans pour ses innombrables victoires sans panache, il est érigé en héros dans l’Hexagone. Une statue gigantesque à son effigie trône à Clairefontaine, son record de 0-0 en phase éliminatoire de Champions League est gravé en lettres d’or au QG de la FFF, sa devise « la meilleure attaque c’est la défense » ancrée dans les esprits de tous les jeunes espoirs français.

Je vois la question brûler vos lèvres, n’imaginez pas être subtils. Qu’en pense Laezh Dour, du haut de ses 75 printemps, de cette folie furieuse de la mainmise de Philippe Montanier sur le football mondial ? Et bah il a bien fermé son cul, ce pseudo-amateur de beau jeu de merde. Il était super content. Déjà, ce fut jouissif pour le gaucho bien-pensant qu’il est de voir le Stade Rennais planer sur la Ligue 1 devant les Qataris du PSG, les Saoudiens du Paris FC et les Chinois du Red Star. Ensuite, quand on supporte un club qui se vautrait permanemment sans apparente perspective d’avenir, chier sur le football en remportant chaque championnat en marquant moins de 50 buts fut un plaisir malsain pendant toutes ces années. Voir le Stade Rennais devenir une référence, avec 10 joueurs sur 11 à plus de 2 mètres et 110 kilos, voir le Stade Rennais révolutionner le football, voir le Stade Rennais faire un bras d’honneur à tous ceux qui ont osé médire à son sujet, votre serviteur aura vécu ça comme le retour de bâton bien mérité de l’Histoire.

Oui mais voilà. Victoire il y eut, maintes et maintes fois. De rachitique, l’armoire à trophées est devenue boulimique. Du mépris est né le respect, voire l’admiration. Mais au crépuscule de mes jours, affaibli par le tabac, l’alcool et la détresse, mon estomac ne peut que se serrer. Qu’avons-nous fait de ce sport, autrefois si beau, et désormais si triste et stéréotypé ? L’ivresse de la victoire est-elle si importante qu’elle doive surpasser la jouissance de la beauté du geste ? Une seule chose est sûre, c’est qu’en ce soir de printemps 2069, je crèverai en Mordelles, entouré de jeunes pousses qui n’ont jamais connu Alexander Frei, fumigène éclaboussant ses langues de flammes sur mon maillot usé par les années, avec comme derniers mots : ALLEZ RENNES, BORDEL DU CUL DE CON.

 

Le coeur meurtri de Laezh Dour devant une victoire mal acquise
Le coeur meurtri de Laezh Dour devant 56 ans de victoires mal acquises, allégorie.

 

AR MATC’H

 

Mais dites moi, mais n'est-ce pas un bien joli autocar que je vois là ?
Mais dites-moi, mais n’est-ce pas un bien joli autocar que je vois là ?

 

Ô samedi après-midi morose, ô gueule de bois pas piquée des hannetons, ô composition génératrice d’urticaire. La sérénité n’est pas le maître mot, une fois encore devant les 11 hommes alignés par le génie incompris. La victoire arrachée aux sudistes la semaine passée ne nous a visiblement pas servi de leçon : c’est d’une seule voix que toute la sphère reptilio-rennaise honnit cette disposition aussi défensive qu’incompréhensible. Un seul minuscule joueur peut vraiment être désigné comme à vocation offensive, ce bon vieux Pedro Henrique, qui plus est absolument pas placé dans sa position préférentielle. Des latéraux droits deviennent ailiers gauche, des milieux défensifs ailiers droit, et pour couronner un tout déjà bien difficile à avaler, Moreira est encore titulaire. Comme la semaine passée, mes mots sont durs. Comme la semaine dernière, j’aurais mieux fait de fermer ma gueule.

 

Encore une fois, je repousse les limites humaines. JE SUIS FIER. OUI FIEEEER.
Encore une fois, je repousse les limites humaines. JE SUIS FIER. OUI FIEEEER.

 

Du match en lui-même, plus de bonnes choses que de mauvaises à retenir, malgré l’apparent hold-up. Sur séquences, notamment en tout début de match et en deuxième mi-temps, on observe un bloc très haut, avec un pressing efficace qui arrive à récupérer des ballons dangereux. Ce même bloc arrive de plus (quasiment) tout le temps à bien coulisser sur une défense à 5 quand les Lyonnais avaient la possession dans notre camp. Et c’est sur un pressing de Zeffane (pour ne pas dire une offrande de Yanga-Mbiwa hein, mais restons positifs) que Rennes récupère un bon ballon aux 30 mètres. Le petit Mehdi lance Pedro Henrique sur le côté gauche, qui croise parfaitement sa balle pour tromper Lopes. 1-0 pour Rennes. Seulement quelques minutes plus tard, sur une des seules erreurs d’alignement de la défense, un gros espace est ouvert à Rafael qui centre fort devant le but. La balle est contrée mais revient sur Fékir dans l’axe qui allume un Costil masqué. 1-1 après 12 minutes de jeu. J’espère que l’épisode de Derrick est vraiment sympa.

Le reste du match est une longue session infructueuse de possession pour Lyon. L’attitude et le pressing des p’tits gars fait plaisir à voir, mais la qualité technique de l’OL empêche un nombre trop important de récupérations. Toutefois, il arrive de rares fois où Rennes est en possession du ballon (oui, oui) et même qu’on arrive à bien être dangereux putain de bite. Sur un de ces précieux moments, Sylla envoie une soyeuse transversale à Mehdi Zeffane sur le côté gauche. Le contrôle est parfait. Le latéral droit/ailier gauche repique au centre, frappe au premier poteau, ficelle. 2-1 pour le plus grand club de l’histoire. Lyon se montrera bien ronronnant pour le reste du match, n’arrivant pas vraiment à se montrer dangereux. De toute manière, on savait très bien de notre côté que le match était terminé à partir du moment où Rachid Ghezzal avait posé le pied sur la pelouse.

 

GNA GNA GNA GNA ON A GAGNE GNA GNA GNA
GNA GNA GNA GNA ON A GAGNÉ GNA GNA GNAAAAAA

 

LES NOTES

Benoît Costil : 2+/5 : Certes bon dans les sorties, mais il aura fallu attendre la 71e minute pour voir son premier arrêt de la saison. Tu files un mauvais coton, Billy.

Edson Mexer : 3/5 : Tranquille. A l’aise. Presque impérial. En même temps gagner des duels de la tête contre un Lacazette tout chagriné, j’en attendais pas moins.

Fallou Diagne : 3/5 : Pas toujours très serein balle au pied, mais comme il a dû supporter Valbuena qui se jetait à terre dès qu’il approchait à moins de 3 mètres, je saurai me montrer indulgent, voire grand seigneur.

Sylvain Armand : 2+/5 : A chaque fois qu’il y avait une erreur d’alignement et/ou de coulissement de la défense, c’était de son côté. Quand le trio d’attaque lyonnais a décidé d’être aussi inoffensif qu’un chaton jovial, ça va, si c’est le PSG, c’est 4 bubuts dans la musette. ALORS ON VA SE CALMER LE CUL, MONSIEUR ARMAND.

Ludovic Baal : 3/5 : Même remarque qu’Armand. Toujours très disponible offensivement par contre. Je porte toujours Cheikh dans mon cœur comme au premier jour, mais le gros Ludo me fait du pied, et je vais pas résister bien longtemps.

Steven Moreira : 1+/5 : Ah bah oui bah il pourra se plaindre que tout est passé du côté de Baal hein. Bah merde. Montre-toi un peu. Autant la dernière fois t’as éteint Mounier, là, bon, que dalle. Si c’est pour prendre la place du Captain Armorica je vais finir par piquer une sacrée colère, ça va ruer dans les brancards.

Gelson Fernandes : 4/5 : *GRRRRRRRR* *AHOU AHOU AHOU* *GRRRRRRRR* (Bruit de déchirement de la gorge de Jordan Ferri) *AOUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU*

Yacouba Sylla : 4+/5 : Eh bah putain, on le vendait comme un gros boucher. C’est pas pour faire mon gros gauchiste de base, mais ça sent le racisme ordinaire tout ça. Pas parfait techniquement, mais quel engagement, quelle présence, et surtout QUEL PUTAIN D’AMOUR DE TRANSVERSALE SUR LE BUT DE ZEFFANE.

Benjamin André : 2+/5 : Tu ne donnes que de l’amour, et on ne te rend que du fiel. De ton affection nous ne faisons que de la frustration. Quel dommage. Mais jamais mon cœur ne cessera de t’aimer.

Mehdi Zeffane : 5/5 : Plutôt nul en latéral droit la semaine dernière. Parfait en ailier gauche aujourd’hui. Va comprendre. Harceleur idéal en phase défensive, opportuniste comme pas trois quand on avait la balle. Rien à redire.

Pedro Henrique 2-/5 : Infatigable mais atrocement nerveux. Je comprends qu’il soit frustré mais au bout d’un moment IL FAUT SE CALMER, PEDRO, MERDE. Il y a un jour où ça va nous retomber sur la gueule et je vais pas être content content.

Philippe Montanier ??/5 : Coup de génie ou coup de chatte, j’ai ma préférence mais je ne me prononcerai pas. Attendons 2069 pour être sûrs de quoi que ce soit.

AR KLOZADUR

Encore une fois difficile de tirer de vraies conclusions de ce match-là. Oui d’accord, l’important c’est les trois points blah blah blah, y’avait plein de bonnes choses blah blah blah, mais ma crainte principale c’est que ce ne soit qu’un one shot. Pis encore, l’espoir est de retour dans les rangs, cette sale race. Je sens qu’on va encore se rétamer de haut et que ça va bien picoter le uc. Enfin bon, 6 points en 3 matches sans Paul-Georges, je vais pas faire ma connasse, cracher dans la soupe c’est pas dans les habitudes de la maison. On est satisfait. Maintenant j’attends de Montanier quelque chose de plus ambitieux. J’attends aussi des joueurs d’être capable de faire le jeu contre des équipes proches de notre niveau technique, surtout à domicile. Ça tombe, bien, on joue Toulouse à la Route de Lorient la semaine prochaine. Faites pas les cons, les gars, je vais encore pleurer.

 

Contre Toulouse, il faudra "surfer" sur la vague du succès à Gerland ! PTDR ! Tu l'as ?
Contre Toulouse, il faudra « surfer » sur la vague du succès à Gerland ! PTDR ! Tu l’as ?

 

Kenavo bande de palmipèdes bedonnants,

Votre Laezh Dour vous aime.

5 thoughts on “Lyon – Rennes (1-2), la Breizhou Académie ne comprend plus grand-chose au football pour être honnête

  1. « malgré l’apparent hold-up »

    Je te trouve sévère : avoir le ballon ne signifie pas mériter de gagner. A partir du moment où on a été incapable de se mettre en position de frappe, et où la défense paniquait comme une pucelle à la vue du loup dès que vous arriviez dans nos 30 mètres, je vois au contraire un côté presqu’inéluctable au résultat final.
    Notre seul espoir aurait été de mener à un moment, là je suis curieux de voir comment vous auriez réussi à revenir.

    On cherchait la bifle depuis le début, on y a échappé grâce aux poteaux contre Lorient et Guingamp, on y a eu droit cette fois.

    Bien joué à vous, même si c’est vrai que le match était bien sale, mais on y a contribué également.

  2. Comment s’est passé le triple hélicobite, Laezh ?

    Sinon, profitons-en tant que les compos défensivo-incompréhensibles fonctionnent, parce que des matches comme ça qui finiront par une défaite, ça va nous calmer le cul comme il faut.

  3. @HubertFourniret Quand je disais « apparent » hold up, je parlais du mec qui voit les compos, qui voit le score et qui se dit « merde ». C’est vrai que Lyon dans le jeu a eu très peu d’occasions, parce qu’il faut le dire, on est quand même solide derrière (ce qui nous sauvera de la descente si on commence à chier), mais nous non plus. On a fait preuve d’un certain opportunisme. Si le match terminait sur un 0-0 dégueu, ça n’aurait étonné personne.

    @Marco : Autant de stabilité, plus de maniabilité que le double, mais on fait difficilement plus de 10 mètres. Pour le reste, je pense que Toulouse et le retour de PG nous donnera plus d’informations quand au réel niveau de l’équipe.

  4. Par contre c’est Sylla qui fait le pressing sur le premier but et qui permet à Zeffane de lancer Pedro !
    Beaucoup d’amours pour Sylla qui en calme plus d’un je pense.

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