Nancy-Châteauroux (0-1) : La Chardon à Cran Académie renoue avec d’antiques sentiments

0

la nuit des bons blaireaux

Dans une vie trouble percluse de doutes, de compromissions, de tergiversations et de velléités et de tout un tas d’autres termes que l’on croyait réservés à un autre âge, un sentiment bien net, lui, n’a jamais cessé de nous hanter. C’est celui que Jean-Sol Partre pointe quand il détecte le regard de l’autre sur lui. Oh mince, que n’étais-je point en train de me chatouiller la cave à crème du slip, ceci alors que je me croyais seul dans l’intimité de ma piaule douillette ? Hélas c’est trop tard : la culpabilité s’abat sur moi comme la matraque sur la tronche du manifestant pacifique au moment où je comprends que seul, je n’étais plus un homme et qu’entouré de mes semblables, je me suis avili de la plus crue des manières. Ce sentiment auquel personne n’est étranger, c’est la honte.

La honte, ce sentiment très noble en ce qu’il illustre notre capacité à envoyer valser gratuitement les principes fondamentaux qui font de nous des êtres humains dignes d’exister, c’est un affect un qui se partage autant qu’il se vit personnellement dans l’intransigeance du for intérieur. Les animaux, pourtant infiniment plus dignes, le connaissent aussi. Même un brin d’herbe, pour peu qu’il constitue une pelouse à Marcel-Picot ou dans le jardin de l’Élysée, est en mesure de renifler l’odeur âcre de la honte.

Mais nous ne compatirons pas en ce jour pour le gazon. Nous prenons le parti égoïste de nous épancher, tant pis pour les éclaboussures. Et il n’y a pas de métaphore ici car la honte est un fluide très visqueux auquel nos personnalités diverses sont plus ou moins perméables. Par exemple, votre serviteur, jamais loin du romantisme (mais il se soigne), apprécie la symbolique des couleurs et juge à son goût de porter du bleu marine. Hélas, l’appropriation de cette belle nuance sombre et profonde par divers corps politiques ou armés détenteurs d’une violence prétendument légitime (et il arrive qu’on les confonde, allez savoir pourquoi) le confit régulièrement de honte jusqu’à l’auto-censure. Pendant ce temps, certains fomentent des projets de mort à grande échelle en étendant un pouvoir sans limites sur la conduite des corps au travail, mais eux restent imperméables à toute honte comme s’il n’y avait pas le moindre espace creux en eux où porter le regard. Ces vampires font profession de nous diriger tout en s’aventurant régulièrement loin, très loin des cadres de l’humanité qu’ils cherchent à imiter à l’aide d’artifices. Ils ont autant de substance qu’un contenu de cours d’HEC et l’habileté d’un mec prénommé Trevor dans un roman de Steinbeck mais se tiennent prêts à casser le dos de leur prochain sous le poids de leur morgue. Ils sont la honte, l’accablement qui nous pèse quand on voit son équipe perdre à domicile contre un énième adversaire facile, ils ont le goût du renoncement et l’odeur de la victoire mal acquise.

Alors si toi aussi lecteur tu ressens la honte de partager le titre peu glorieux de bipède pensant avec cette engeance de fieffées salopes, si chaque nouvelle dépêche te couvre de l’envie de mourir comme d’une gangue sordide d’excréments, si tu te découvres une haine, une colère et une rage de crime jour après jour à mesure que l’autorité publique te défèque ouvertement au visage, rassure toi : tu es probablement soit un supporter de l’AS Nancy Lorraine, soit un être humain tout ce qu’il y a de plus conventionnel.


Le match

La démocratie a perdu à domicile.


Les notes

49.3 pour tout le monde qui feront 2 ans sur 5 de plus, le compte est bon, circulez y a rien à voir et prenez donc ce coup de matraque pour rentrer, ça me fait plaisir c’est offert.

Marcel Picon

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.