OM-Lens (0-1), La Canebière académie est dégueulasse

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Vite, un confinement. Un gros.

Aïoli les sapiens,

Afin de prouver à Jacques-Henri Eyraud que les Marseillais savent être productifs y compris les lendemains de défaite, la Canebière Académie lui offre ce communiqué officiel prêt à l’emploi. D’expérience, ce sont à peu près les seuls éléments de langage qui ont une chance d’apaiser la situation.

« L’Olympique de Marseille a mis un terme ce 21 janvier au contrat d’André Villas-Boas, avec effet immédiat et sans indemnités, en raison d’une faute grave dont le motif sera précisé sitôt connu. La recherche d’un nouvel entraîneur est confiée à Pablo Longoria toutes affaires cessantes : par conséquent, les négociations avec Florian Thauvin en vue de la prolongation de son contrat sont suspendues jusqu’à nouvel ordre, en l’occurrence l’acceptation de sa part d’une baisse de salaire de 30 %. L’OM reste confiant sur un accord futur, rappelant l’attachement indéfectible de Florian malgré les sollicitations actuelles de nombreux clubs tels que Newcastle ou la Berrichonne de Châteauroux.

De manière générale, du fait de la crise sanitaire, le club appelle tous les joueurs à consentir à des efforts : l’OM invite entre autres Dimitri Payet à reconsidérer l’accord « Marseillais à vie » souscrit dans un contexte totalement différent de celui d’aujourd’hui, que ce soit sur le plan sanitaire, économique, sportif, psychologique ou éthylique. Cette renégociation sera supervisée par la nouvelle division « OM Homejack », mise en place pour développer et pérenniser les activités du club tout en l’enracinant encore davantage dans l’identité phocéenne.

Dans le même temps, le président Jacques-Henri Eyraud présente ses excuses pour ses dernières sorties relatives aux modes de management du club. Il confirme avoir entendu et compris les reproches légitimes des supporters quant à l’éviction des salariés marseillais . En conséquence, un poste de Chief Massilia Officer est créé au sein de l’organigramme. Recrutée à ce poste, Fanny Nessioute sera rattachée directement au Teston des affaires (anciennement : head of business) et aura pour mission d’aider les salariés du club à s’imprégner de l’identité locale. Ses premières actions consisteront en la diffusion quotidienne et automatique des chroniques de Médéric Gasquet-Cyrus sur France-Bleu Provence (que les salariés auront pour ordre de nommer Radio-France-Provence). Les pieds-et-paquets constitueront le menu unique du restaurant d’entreprise au minimum deux fois par semaine (sauf certificat médical).

Sur le modèle des bandes sonores diffusées dans le Stade Orange Vélodrome (que les salariés auront obligation de nommer « stade Vélodrome » en l’absence du sponsor dans les locaux du club), l’ambiance ordinaire des relations avec les supporters sera recréée autant que possible afin de compenser les mesures de confinement. Voilà pourquoi le tutoiement du président sera maintenu, et renforcé par l’obligation de s’adresser à lui en insultant sa mère. Dédé Fournel est réembauché avec la mission de peindre chaque matin des insultes sur les murs extérieurs du centre d’entraînement, puis de les recouvrir le soir venu. Une fois par semaine, un tirage au sort sera effectué pour désigner celui des joueurs qui verra sa voiture cassée par les agents de sécurité.

Dans le même esprit et en vue de réaffirmer les valeurs internationalistes de la cité marseillaise, les joueurs étrangers et notamment japonais sont désormais dispensés de leurs cours de français obligatoires, le temps récupéré étant mis à profit pour des cours de football.

Afin de marquer la priorité absolue attribuée aux résultats sportifs de l’équipe fanion, les salariés des divisions OM Records, OM Esport, OM Fondation, OM Hospitalité, OM Street-art, OM Underwear, OM Neuroleptics et OM Garden Centers seront tenus d’afficher une productivité en baisse de 30 % les lendemains de défaite. Tout community manager surpris à faire la promotion d’une activité hors football un lendemain de défaite sera licencié sur-le-champ et ses noms, adresse, prénom du conjoint et école des enfants seront publiés sur les réseaux sociaux.

Des excuses et réparations pour préjudice psychologique seront procurées à Kostas Mitroglou, qui consisteront essentiellement en une cure à durée indéterminée dans un pays ensoleillé et lointain pendant laquelle son salaire sera pris en charge par la Sécurité sociale. Dorénavant, une brochure de prévention des risques psychosociaux sera fournie à chaque avant-centre lors de son recrutement.

Enfin, le président Jacques-Henri Eyraud rappelle l’indispensable respect des couleurs olympiennes et se montrera particulièrement vigilant lors des échanges de maillot. Une liste noire de personnalités à qui il sera interdit de remettre la tunique du club sera établie, comprenant aux premiers rangs les joueurs du Paris-Saint-Germain et les candidats République en Marche en campagne électorale. Le président lui-même déposera en juillet prochain au pied de Notre-Dame-De-La-Garde sa carte du mouvement LREM, ainsi qu’une anthologie de ses présentations PowerPoint ; au cours d’une cérémonie solennelle, celles-ci seront déchirées, roulées en trois-feuilles et fumées en hommage à Lux B. À la suite de quoi, Jacques-Henri Eyraud quittera la présidence du club pour se lancer dans une activité qui reste à définir, mais qui respectera le ferme engagement de le tenir éloigné de 200 kilomètres au minimum de la ville.

À la suite du départ du président, les locaux et espaces extérieurs du centre Robert Louis-Dreyfus seront purifiés par un mélange d’eau de Javel et d’hydroxychloroquine. Les joueurs qui n’auront pas quitté le centre ce jour-là seront dissous sans contrepartie. Après des incantations à la déesse Erzulie, un effectif sera reconstruit sur des bases saines respectant la feuille de route assignée à Pablo Longoria, à savoir bâtir un effectif de niveau Ligue des Champions au moyen des droits télévisés recueillis par le club, estimés à ce stade à 28 euros et 74 centimes par notre Head of Compta.

Vive l’OM à tous. »

On a aussi une proposition de mascotte, je suppose qu’elle ne vous surprendra pas.


L’équipe

Mandanda
Sakai – Balerdi – Caleta-Car– Nagatomo (Khaoui, 66e)
Rongier (Cuisance, 44e) – Gueye (Perrin, 62e) – Sanson
Thauvin (Radonjic, 62e) – Benedetto (Payet, 62e) – Germain

Amavi est toujours blessé. Parmi les dégâts collatéraux de notre performance anale contre Nîmes, Kamara figure également à l’infirmerie. S’agissant d’un match en retard, Lirola n’est pas qualifié. Alvaro, lui, est bien suspendu. Ces absences, ainsi que le départ de Strootman, appellent deux jeunes sur le banc : Lucas Perrin et, pour sa première feuille de match chez les pros, Cheick Souaré.

Avec tout ça, André Villas-Boas concocte une équipe dont le principe directeur semble être : « indemnités de licenciement ».


Le match

Inconvénient : puisque l’Équipe ne paraît toujours pas, il faut bien que la Canebière Académie s’active la nuit pour que vous ayez de quoi vous énerver sur l’OM pendant votre café du matin. Avantage : vu la teneur du match, le compte rendu va être vite rédigé. Il pourrait même se résumer à au message géant affiché par les supporters sur les sièges du virage Sud : « vous êtes dégueulasses ».

Ainsi, en première mi-temps : rien. Mais c’est-à-dire rien, au sens le plus pour du terme. L’OM ne tire pas une seule fois au but, et Lens guère plus. Parmi les seuls moments d’émotion à retenir, citons pêle-mêle : l’agacement de l’arbitre contre Gueye, incapable de conclure la moitié de ses actions sans faire faute (Clément Turpin l’aurait expulsé deux fois minimum) ; le superbe tacle de Caleta-Car sauvant une relance suicidaire de Balerdi ; les blessures de Gueye et Rongier, ce dernier devant sortir du terrain juste avant la pause ; le désarroi total de Benedetto profitant d’un arrêt de jeu pour demander pendant vingt bonne secondes à Villas-Boas ce qu’il attend de lui.

Les Olympiens reviennent sur le terrain animés des meilleures intentions, si toutefois ces intentions consistent bien à ne plus rien faire en attendant que l’entraîneur se fasse lourder. Les duels sont inexistants, les passes vers l’avant n’arrivent pas (et encore, quand elles sont tentées), et le milieu de terrain laisse Lens se promener sans opposition devant notre défense. Finalement, après une nouvelle progression les mains dans le slip, nos adversaires envoient leur ailier déborder Sakai sans plus de difficulté ; à la réception du centre, Banza s’infiltre entre Caleta-Car et Nagatomo pour battre Mandanda de la tête (0-1, 59e).

Les changements apportés par Villas-Boas n’entraînent rien de significatif, si ce n’est notre seul tir cadré du match commis par Radonjic à la 85e. Lens se refuse à inscrire ce second but, attendant sans doute que nous ne le fassions nous-mêmes. Ils ratent même une énorme occasion en toute fin de match, quand après un bel arrêt de Mandanda, Kalimuendo rate le cadre depuis les six-mètres. Cela ne change rien à la démonstration  de nos joueurs, à montrer à tous les syndicats comme mouvement de grève unanime et exemplaire (sauf qu’ils n’ont pas affiché de mot d’ordre) (et qu’ils continuent à toucher leur salaire) (et qu’ils n’ont malheureusement pas subi de violences policières).

Pour ce qui est des interviews post-match de l’entraîneur, on s’abstiendra ici de les commenter, je n’ai pas envie que le site affronte un nouveau procès. Vous n’aurez qu’à vous reporter à votre comité de vigilance médiatique mardi prochain.


Les joueurs

Mandanda (2/5) : Ah Steve,que de temps passé ensemble, et que de souvenirs mémorables cette rencontre nous évoque-t-elle, comme par exemple cette académie de 2014 aux notes rédigées sur du papier-cul (détail amusant, on y parlait déjà de démission d’entraîneur, et il y est même question de Villas-Boas).

Sakai (2/5) : On va employer un barème simple pour les notes du soir : ceux qui ont eu une attitude saine, c’est 2/5 (parce que oui, manque de bol, c’est jamais les meilleurs), et les véritables connards, ce sera moins.

Balerdi (2+/5) : Un bon début de match, avant une magnifique perte de balle de bouc-émissaire à la 26e. L’action a cependant été sauvée, manque de bol pour les éléments de langage de Rudi G… de Villas-Boas, pardon (à force de les confondre, je crois qu’on va tous les deux les appeler « Dehors », ce sera plus simple).

Caleta-Car (2+/5) : L’homme du match et, oserait-on le dire, une franche satisfaction jusqu’à ce lâchage de marquage du buteur, que l’on considèrera soit comme un oubli malencontreux, soit comme une confiance encore plus malencontreuse accordée à Nagatomo pour s’en occuper. À la suite de cet incident, il a pris note des injonctions à faciliter son intégration et a donc copié les joueurs historiques : il s’est contenté d’attendre la fin en faisant la gueule.

Nagatomo (1/5) : Oui, bon, on a dit qu’on donnait des notes généreuses aux nuls de bonne volonté, mais il y a tout de même des limites.

Khaoui (66e, 1/5) : S’illustre avec Cuisance dans le geste marseillais du soir, à savoir : la charge tellement en retard qu’elle vaut non seulement un carton jaune, mais n’arrive même pas à interrompre l’action dangereuse.

Gueye (1/5) : Vu le n’importe quoi collectif du soir, on ne reprochera pas excessivement à un jeune joueur de s’être trouvé un peu perdu sur les bords. Par contre, il va falloir qu’il se mette à occuper la totalité de son corps, il est gentil mais un jour sur un duel il y aura un accident.  

Déjà au centre de formation, l’enthousiasme de Pape tendait parfois à le priver d’amis.

Perrin (62e, 2/5) : Moins cher que Strootman, mais comme il ne parle pas néerlandais il fait moins peur.

Rongier (1/5) : Excédé par les critiques qui reprochaient à nos joueurs de ne tenter des passes qu’à deux mètres de leur cible, Valentin a tenté des passes nettement plus ambitieuses. Qui ont tout de même fini à deux mètres de leur cible, on n’échappe pas à son destin.

Cuisance (44e, 1-/5) : Le Tour de France connaît « l’échappée publicitaire », quand Kévin Tiflounois (équipe Brioches Fourniret-Département de la Corrèze) passe quatre minutes en tête de peloton à l’avant-dernière étape pour voir son nom inscrit dans les comptes rendus. Michael Cuisance, lui, a inventé le carton jaune publicitaire, quand sa faute de neuneu commise à la 91e minute me donne l’occasion d’écrire son nom dans mon carnet pour la première et unique fois du match.

Sanson (1/5) : L’avantage quand on est résigné, c’est qu’on n’essaie plus de comprendre ce que Morgan essaie de faire. C’est reposant.

Thauvin (1-/5) : Manuel Valls a plus d’amour-propre.

Radonjic (62e, 1/5) : L’actualité aidant, j’ai eu du mal à ne pas crier « on ne sent pas le cul des gens » à son entrée en jeu.

Germain (1/5) : Villas-Boas, quand on lui donne un couteau suisse, il s’en sert pour faire la mayonnaise sous prétexte que ça sert à plein de choses différentes.

Benedetto (1-/5) : Top 3 de l’espérance de vie en bonne santé la plus faible à Marseille : 1°) dealer 2°) patrouilleur d’autoroute 3°) avant-centre de l’OM.

Payet (62e, 1-/5) : Il a dépassé le stade « je boude ostensiblement » pour atteindre le stade « ça ou autre chose, j’en ai plus rien à foutre », ce qui est presque l’équivalent du nirvana chez les starlettes.


L’invité zoologique : Cheick Coucouré

Poser son gros cul dans un nid qui n’est pas le sien, et se goinfrer en profitant de l’hospitalité des accueillants. Le coucou serait bien idiot de ne pas tirer avantage de ces piafs si demeurés qu’ils ne sont même pas foutus de reconnaître leur propre progéniture. Ce parasite est donc bien l’invité approprié pour parler de ce match où nous nous sommes laissé picorer à mort sans aucune réaction.

– Les autres : Une prudence qui aurait pu leur coûter cher, tant toute autre résultat qu’une victoire de leur part aurait constitué une anomalie.

Le classement : Vous vous souvenez quand on disait « avec les deux matchs en retard, on revient potentiellement à hauteur du PSG » ? C’était avant que le football ne se venge.

– Les réseaux : ton dromadaire préféré blatère sur Facebook, sur Instagram et sur Twitter. Anthony Ch. remporte le concours zoologique.


Bises massilianales,

Blaah.

6 thoughts on “OM-Lens (0-1), La Canebière académie est dégueulasse

  1. Il me plaît à imaginer JHE face caméra, une goutte de sueur parcourant son visage de sa tempe jusqu’au menton avant de perler sur ses mocassins à glands, lire cet excellent communiqué sous la menace d’un Camelus Blaah remonté et armé (d’un revolver, d’une couteau, ou d’une assiette de bouillabaisse, Cthulhu seul le sais…).
    J’ai hâte de savoir si vous allez conserver un semblant de salubrité mentale d’ici la 38e journée, M. Blaah (et aussi, si M. Lapin niveau II fera sont retour, voire atteindra carrément le niveau III).

  2. Comme toujours, j’ai hâte de vous relire, même si pour cela, il faudra bien se taper un match avant… et risquer d’être souillé une fois de plus…

  3. Je sais pas trop en ce qui concerne l’activité autre à au moins 200km pour heyraud, ça pourrait être président de la LFP (vous avez fourni la jurisprudence…).

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