« Nothing changes ‘cause it’s all the same, The world you get’s the one you give away » – The Offspring

Après le match nul frustrant contre Sainté, le Stade Rennais retrouve la coupe d’Europe à domicile contre l’adversaire le plus prestigieux du groupe, le Dynamo Kiev. Actuel 2e du championnat ukrainien, il n’en est pas moins en difficulté en Europa League avec deux points en autant de matchs. Solides en défense, peu inspirés devant et nonchalants (à chaque fois rejoints après avoir ouvert le score), nos adversaires sont prenables. Pour ça, il faudra être sérieux et mettre de l’engagement. Autant dire qu’avec nos errances défensives chroniques et notre mental digne d’un tennisman français, on n’a pas encore le cul sorti des ronces.

La compo :

Bien que les soirées étudiantes s’enchaînent à un rythme effréné, le barista Lamouchi sort un nouveau cocktail de son shaker : 433 avec Johansson titularisé pour la première fois en pointe basse, Grenier et André devant lui, Sarr et Del Castillo sur les ailes pour servir Niang en pointe.

Le match :

Il ne fallait pas être parti pisser au moment du coup d’envoi. Non seulement on serait revenu en courant devant la télé, le slip sur les chevilles, la bite à la main et de la pisse plein les chaussettes, mais on aurait loupé une tête de Gélin à côté sur corner, une barre ukrainienne puis une frappe trop molle de Da Silva encore sur corner. La partie a commencé depuis cinq minutes, les deux équipes se donnent comme si elles étaient au bout du temps additionnel d’une finale de Ligue des champions.

Kiev, en bonne équipe habituée à subir, ne s’affole pas et finit par poser le pied sur le ballon. Sans développer un football champagne, ils mettent les Rennais en difficulté, notamment au milieu où Johansson est laissé trop seul. L’équipe semble coupée en deux et subit de plus en plus, jusqu’à prendre un but. Sur une percée côté gauche, un joueur adverse alerte un coéquipier laissé seul dans l’axe à 25 mètres. Celui-ci se troue complètement sur sa frappe, mais le ballon poursuit sa course jusqu’à Kedziora. Le latéral droit de Kiev envoie la lourde de sa vie dans la lucarne de Diallo, impuissant.

Rennes 0-1 Kiev.

Le but est extraordinaire mais logique, tant les Bretons se sont laissé endormir par leurs adversaires. Les dix minutes suivantes se poursuivent sur la même tendance. Les Rouge et Noir sont incapables de presser collectivement et sont fébriles défensivement. Puis, passé la demi-heure de jeu, ils reprennent progressivement le contrôle du ballon et se montrent plus entreprenants. L’équipe varie bien les attaques, soit par les ailes avec de bons dédoublements de Bensebaini, des percées de Sarr, ou encore dans l’axe avec Grenier ou André. Et sont récompensés à la 40e minute sur un coup franc que Grenier expédie sur le gardien d’une frappe sèche. Le portier ukrainien nous gratifie d’une magnifique Zubizarreta (ou Arconada pour les anciens) et savonne le ballon.

Rennes 1-1 Kiev.

Le début de deuxième période voit les Rennais retomber dans leurs travers, avec une absence d’engagement et de solidarité collective dignes d’un congrès du PS. En face, le Dynamo se contente de gérer son avance, sans se fouler. Heureusement, les joueurs de Lamouchi s’aperçoivent enfin que le match a repris et qu’ils ne mènent pas. Là encore, point de quoi faire s’évanouir les hommes et bander les femmes (ou l’inverse), mais plus d’intensité, des récupérations de balle plus hautes et quelques mouvements offensifs intéressants. La domination bretonne est de plus en plus forte et les actions se multiplient.

Problème : nos joueurs rivalisent de maladresse dans l’avant-dernier geste et s’en remettent trop souvent à un exploit de Sarr ou à un coup de pied arrêté, la plupart du temps tirés comme une prostituée par un jeune puceau : mal et dans la précipitation. Pourtant, plus le temps passe et plus la sensation que la victoire est inéluctable envahit nos corps et nos slips. Si seulement on mettait le « petit quelque chose en plus » (That’s what she said)…
Vœu exaucé à la 84e, où Shepelev est exclu pour un deuxième carton jaune. Chouette !, se dit-on. Nous allons avoir droit à dix dernières minutes de folie au bout desquelles un fier guerrier gallo délivrera le Roazhon Park dans une ambiance digne des plus grands fest noz !

Mais le Stade Rennais est le Stade Rennais. Et rien n’est plus staderennesque qu’un match du Stade Rennais. Souvent imité (big up à Bordeaux et Marseille), jamais égalé. En supériorité numérique, dans un temps fort, ayant la possession de balle, trois fois plus de tirs et de tirs cadrés (24-8 et 6-2), le Stade Rennais Football Club encaisse le but de la défaite à la 89e minute. Sur un ballon de merde. Sur une cagade de merde de Diallo. Puis rate une égalisation de merde à la 92e minute de merde.
Fin de ce match de merde.

Rennes 1-2 Kiev.

Défaite terrible pour les Rennais. Par le scénario déjà, avec ce but encaissé en supériorité numérique au bout du temps réglementaire. Mais terrible surtout par le fait que les Rouge et Noir ont livré un match plus que correct, face à un adversaire plus expérimenté et qui, sans être génial, a su faire le dos rond pendant nos temps forts et être réalistes : deux buts sur leurs deux seuls tirs cadrés. Le Stade Rennais a joué un bon match de coupe d’Europe, mais a payé plusieurs choses : une trop grande fébrilité, dont la faute de main de Diallo est le symbole. Sans doute rendus nerveux par l’enjeu et le contexte, ils ont également fait preuve d’une trop grande maladresse dans les phases offensives. Enfin, ils ont payé cher pour apprendre.
Sachez que cette conclusion a été écrite après une nuit de sommeil, j’aurais sans doute été moins empathique hier soir. Mais en y repensant, c’est loin d’être le pire match du club cette saison. Reste que parfois, nous aussi on aimerait bien gagner sur un but de raccroc et contre le cours du jeu.

À l’issue de cette 3e journée, le Stade Rennais perd une place au classement :

Rien n’est joué, mais une défaite en Ukraine dans deux semaines hypothéquerait grandement nos chances de qualification.
En attendant, il faudra relever la tête dimanche au Roazhon Park face à Reims, ce qui est loin d’être acquis tant cette défaite a dû faire mal.

Les joueurs :

Diallo : 1/5
C’est bon, on peut remettre Koubek maintenant ?

Traoré : 2/5
Il en a bavé défensivement, sans faire les bons choix devant, avec quelques bonnes phases gâchées par des frappes incongrues.

Gélin : 2/5
Un match majoritairement fébrile et des relances ratées, avant de se reprendre dans la dernière demi-heure.

Da Silva : 3/5
Bon match, un peu attentiste sur le premier but.

Bensebaini : 2+/5
Il a été très actif, de nombreuses offensives sont venues de son côté. Sinon, bel entrainement en spécifique « mauvais pied » sur environ 25483 frappes en fin de match.

Johansson : 3/5
Il a souffert pendant le temps fort ukrainien en première période, et il faudra qu’il apporte plus à la construction du jeu à l’avenir. Mais Jakob a réalisé un bon match pour une première titularisation, je crois en lui pour stabiliser notre milieu dans notre 442 de prédilection.
Remplacé à la 90e par Léa-Siliki : plus on est de fous plus on rit.

Grenier : 2/5
Il échappe au 1 grâce à son but et à quelques belles offensives. Mais les CPA au premier poteau à 50 cm du sol vraiment ce n’est plus possible. Soit il est nul, ne sait pas les tirer et c’est très grave. Soit c’est une consigne et c’est encore plus grave.

André : 3/5
Toujours aussi hargneux qu’un troll Insoumis sous un tweet de Mediapart. Sa présence dans la surface adverse est absolument frustrante : on est contents parce qu’il se projette bien, mais sa nullité chronique à la finition nous coûte une fois de plus un but : ce soir, c’était l’égalisation dans le temps additionnel, une paille.

Del Castillo : 2/5
Je l’aime bien, il ne manque pas de combativité ni d’envie de bien faire : juste de talent.
Remplacé à la 60e par Bourigeaud : la percussion de Del Castillo ne fonctionnant pas, Sabri a tenté la technique et les centres de Benji. Pas une franche réussite, mais ça nous aura permis de voir quelques CPA correctement tirés. Mais on est encore loin du Bourigoal de la saison dernière. Rendez-nous sa coupe de starlette de téléréalité !

Sarr : 3/5
Il a multiplié les mauvais choix en début de match, à l’instar du reste de l’équipe. Fébrile, trop mécanique, avant de se remettre à l’endroit et de poser beaucoup de problèmes à la défense ukrainienne, en témoigne une nouvelle fois le nombre de fautes subies. Mais il n’enverra pas une lourde dans les anus adverses à chaque match pour nous sauver.

Niang : 1-/5
J’ai promis à un pote de lui mettre cette note, pas totalement imméritée. Non pas qu’il soit si nul : il a eu peu de bons ballons, il était très isolé dans ce 433, on est bien plus performants avec un joueur en soutien de l’attaquant. Mais encore une fois, quelle nonchalance. S’il avait un tant soit peu de jugeotte, il comprendrait qu’il ne peut pas avoir cette attitude sur le terrain, pas quand on est menés, pas quand on traverse une période aussi compliquée. Il se fera vite siffler par le Roazhon Park à ce rythme-là, ça sera dommage, mais on ne viendra pas pleurer.
Remplacé à la 73e par Ben Arfa : pas sûr qu’il ait touché plus de ballons que le QI foot de Niang.

 

ALLEZ RENNES

 

Marco Grossi

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