France – Danemark (1-2) : l’Académie Française déclenche une petite sirène

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Seuls les naïfs croyaient la saison footballistique terminée. Après très exactement 16 578 rencontres jouées cette saison en Europe, le monde du ballon rond nous offre de nouveaux matchs palpitants : ceux de la Ligue des Nations.

Car non ! la Ligue des Nations n’est pas morte. Pire, elle revient chaque année. Plusieurs fois. Sans qu’on y comprenne quelque chose. Tout ce qu’on sait, c’est que les Bleus sont tenants du titre ; tout ce dont on se souvient, c’est qu’on avait battu Espagnols et Belges, plaisir toujours renouvelé par la mémoire. Et maintenant ?

La compo :

Qui dit rassemblement de juin veut dire joueurs sur les rotules au bout d’une saison plus ou moins réussie en clubs. Le potentiel de blessures est revu à la hausse pour les quatre rencontres à venir et c’est con, car les places sont chères et la Coupe du Monde impie dans moins de 6 mois…

Concernant la liste, pas grand chose à dire hormis que Giroud n’y est pas (malgré son titre de champion d’Italie avec le Milan AC), que Jonathan Clauss est reconduit, que Paulo Pogba est absent pour blessure et que le marseillais Kamara connait son premier appel en A.

Le derrière : dans ce désormais schéma préférentiel en 3-5-2, Koundé et Lucas Hernandez sont alignés respectivement axe droit et axe gauche, encadrant l’ancien taulier devenu chiffe molle à Manchester à côté d’Harry Maguire.

Le milieu : ceux qui devraient être pistons dans ce système sont effectivement pistons ce soir, aussi nous sommes contents. Théo Hernandez et Coman, pour ne pas les nommer, devront courir partout pendant que la paire Kanté-Tchouaméni devra elle aussi courir partout mais avec des intentions différentes.

Le devant : LE MONDE ENTIER NOUS LES ENVIE Y COMPRIS LA SUISSE OKAY ???

L’avant-match :

Dans son fauteuil en cuir noir dernier cri (assises réglables d’une seule pression de l’auriculaire, roulettes made in Dassault inspirées directement des designs de chars de la Muette, repose-képi dernier cri, franges et lanières en cuir de paupières de gilet jaune), Didier Lallemanach assiste, tendu, les yeux rivés sur son Mégazorécran, à l’entrée des supporters français et danois dans l’enceinte du Stade de France.

« – Comment ça se passe ?

– Nickel chef, aucun incident pour le moment, répond un sous-fifre arborant le style réglementaire du gars de la préfectorale qui s’est trompé de métier (bottes, bomber, crâne rasé).

– on en est où de l’entrée dans l’enceinte ?

– À vue de nez, 98% des gars sont déjà dedans. Y’a le reste de la troupe qui arrive, le RER B déconne encore.

– C’est calme… trop calme. J’aime pas ça.

Le talkie-walkie de Didier se met à grésiller.

« – Allô, Didier ? Ici Gérald. Tu vois la même chose que moi ?

– Ouais, c’est bizarre tout ce manque de bordel. L’ambiance est naze.

– Ecoute moi bien Didier : je suis pas là pour faire le margoulin, le zouave, serrer des pinces à trois connards dans chaque caserne qui votent facho pour de mauvaises raisons (tu connais comme moi les bonnes raisons). Je suis là comme Sarko était là, même pire. Toi, t’es mon Hortefeux, mon Guéant.

– C’est un honneur.

– Mon Kadhafi même.

– Oui bon euh là…

– T’es grosso modo le même sac à merde que lui, les cheveux doux et ondulés en moins.

– Je suis pas dictateur…

– T’es le plus puissant préfet du pays, c’est tout comme.

– Ouais mais les Français sont pas tous des arab… Oh, I see what you did there, ajoute Didier de son accent michellebbien. Sacré Gérald : ok, je comprends, je suis ton Kadhafi.

– Voilà, donc, mon Didier, si tu veux t’amuser ce soir, va falloir m’allumer tout ça. Fais dans le feutré. Là, rien déconne donc tout déconne. Sors la panoplie.

– Je peux mettre ma meilleure unité sur le coup.

– Prends pas les mêmes qu’il y a quelques jours hein, joue-la propre.

– T’inquiète, je manque pas de main d’oeuvre. Quand je suis un peu court sur les crânes rasés volontaires, je demande au Squale des calvities précoces passées par ses mains et j’y trouve toujours mon compte. Tout autour du stade, aux accès et équipés comme Robocop. Je te rajoute par là-dessus dix pauvres gars qu’on a chopés pour vol de Granola hier et quelques gars à nous habillés comme le premier supporter venu mais avec des opinels… je te balance tout ça entre le stade et les tourniquets, ça va être du beau.

– Nickel. Bon, pour les chiffres…

– On calme le jeu peut-être non ? Même mon pote d’Alliance m’a dit qu’on y était allés fort !, s’esclaffe Didier tout en clignant de l’oeil vers le sous-fifre.

– Plus c’est gros, plus ça passe ! C’est la base Didier. Si 50% nous crachent à la gueule, 50% se lâchent complètement, déculpabilisent. C’est ça le fachisme décomplexé mon Didier.

– Quand tu vois que Rico et Marinou reprennent notre action et mettent ça sur les bronzés de la cité d’à côté…

– Disons donc 50 000 Danois sans billets et 50 000 jeunes sans billets.

– Des jeunes ?

– Tu vois ce que je veux dire.

– Moi oui, mais…

– T’en fais pas. Depuis 30 ans au moins que c’est en place, ça entre dans les têtes. C’est comme « entreprise » et « charges », « chômeurs » et « assistés » ou « CFDT » et « syndicat de gauche » : ça va pas ensemble et pourtant…

– Bien. 100 000 sans billets, c’est noté dans mon filofax. Merci Gérald.

– Je compte sur toi. Et la récompense sera belle…

– Oh ?

– De source sûre, dans dix jours, contre la Croatie, on aura un invité de marque…

– Un gauchiste ? Genre Bayrouiste ?

– Pire.

– Un socialo bien-pensant écolo-conscient ?

– Pire.

– Un perruquier ?

– Pire.

– Je sèche.

– Ils sont rares. T’en as encore jamais rencontrés.

– Un honnête homme ?

– Un Horsjeuïen.

– Un quoi ?

– Un Horsjeuïen. Je pense qu’une rencontre matraque-à-face sera utile. Il s’appelle Décampe. Je t’expliquerai.

Le talkie déconnecte, laissant Lallemanach pensif. Activant son chausse-képi, le préfet, couvre-chef posé sur le crâne, quitte son siège, ajuste ses lunettes, son veston décoré des plus belles médailles de l’Etat Français, et son rictus de circonstance avant d’annoncer, solennel : « Au boulot les gars ».

Le match :

Après un poteau danois d’entrée de jeu à cause notamment d’un Koundé dilettant, Griezmann, qui s’est coupé les cheveux, rassure l’équipe et lance Benzema en profondeur qui ne peut malheureusement conclure. Le but de Karim quelques minutes plus tard est quant à lui refusé pour hors-jeu. Mais KB9 semble en jambes.

La première demi-heure du match n’est pas déplaisante. Elle n’est pas plaisante non plus, me faites pas dire ce que j’ai pas dit. C’est pas la sieste immédiate ni la fiesta, quoiqu’on soit plus proche de la première que de la dernière. Les Danois pressent haut mais on s’en sort sans trop de soucis. Une fois dans leur camp, les Bleus sont face à un mur en 4-5-1. Bien huilé le mur. Fautes d’accélérations et combinaisons bien senties, la France ne fait pas la différence. Faute de justesse et de grosse ambition, le Danemark non plus.

Et puis Karim Benzema étant un cochon, il fait l’amour à la défense danoise et ouvre le score (1-0, 50e) au retour des vestiaires. De là, ça se ramollit et ça se blesse à tour de bras (Mbappé était sorti à la mi-temps, Varane l’a suivi). Un rayon de lumière jaillit du pied de Pierre-Emile Hojbjerg qui ouvre magnifiquement vers Andreas Cornelius (Fudge), lequel reprend plat du pied en volée et trompe un Hugo pas loin de la sortir (1-1, 68e). L’égalisation donne le moral aux Danois et les chocottes aux Bleus : une agressivité inexistante et notre passivité laisse le Danois Skov Olsen frapper tranquillement des 20 mètres et oblige Hugo à une belle parade.

Les Bleus peinent devant et derrière, notamment sur les longs ballons dans leur dos, la faute à un alignement disons… perfectible. A ce jeu-là, Théo Hernandez n’est pas sans imperfections. Après que Kanté a trouvé le poteau sur une frappe de loin et cru renverser la vapeur, ce sont bien les Danois qui prennent l’avantage en toute fin de match, l’éléphant Cornelius envoyant une minasse en lucarne malgré l’angle fermé (1-2, 89e).

Une défaite pour commencer, c’est pas top. La suite : trois matchs à venir dans les 10 jours, sans Mbappé et Varane a priori. Heureusement, on est qu’en juin…

Les notes :

Lloris (4/5)

Ohé, ohé, capitaiiiiiine aaaabandonnééééé.

L. Hernandez (2/5)

Chien de casse méritant littéralement son surnom.

Varane (3/5)

Sobre et relativement au niveau jusqu’à la cinquantième blessure de sa carrière. Remplacé par W. Saliba (non noté).

Koundé (2/5)

A défaut d’avoir le même surnom que son collègue à gauche, le Julot en a pris toutes les caractéristiques dans ce match. Remplacé par M. Diaby (non noté).

T. Hernandez (0/5)

Impact offensif plus proche de celui de Layvin Kurzawa que du Marcelo de la grande époque. Impact défensif énorme, mais à contre-sens. Deux alignements à chier qui laissent Cornelius en jeu.

Kanté (4/5)

Légèrement surnoté car un des seuls au niveau. Il a fait du Kanté et même un peu plus. Remplacé par C. Nkunku (non noté).

Tchouaméni (3/5)

Toujours intéressant dans l’activité défensive mais a manqué d’éclairage vers l’avant.

Coman (2/5)

Sans carburant, c’est pas la même. Aussi brouillon qu’un scénario de Marc Lévy avant (et après) relecture et réécriture par 300 personnes. Remplacé par J. Clauss (non noté).

Griezmann (1/5)

Une qualité technique en première période digne de Mamadou Sakho. Deux-trois inspirations en seconde mais c’est largement insuffisant. Remplacé par A. Rabiot (non noté).

Benzema (4/5) :

Seul Bleu ayant eu la classe que son statut impose.

Mbappé (1/5) :

Le déchet et les ratés d’un homme qui n’a plus de jus après sa finale de Ligue des Ch… Ah non, il a juste été mauvais, ça arrive. Remplacé par C. Nkunku (non noté).

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