Chili – Argentine (1-2). L’apprenti footballologue livre son analyse.

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Il est beau comme un symbole.

Etre attractif c’est bien, gagner des matches c’est mieux. Problème, les deux ne vont pas toujours ensemble. Le Chili le sait mieux que quiconque, lui qui enchaîne les rencontres spectaculaires sans parvenir à trouver une régularité dans les résultats. En face, l’Argentine fait dans sa sobriété. Pas question de vouloir tenir le ballon à tout prix, des éclairs offensifs peuvent suffire.

 

Chili : Entre folie et faiblesses

Ces cons n’ont pas mis la compo, je vous laisse l’imaginer avec ce que je vais écrire en-dessous.

                Pinto

Isla Jara Gonzalez Beausejour

            Medel  Diaz

Sanchez Fernandez Gonzalez

              Pinto

Le 3-3-1-3 de Marcelo Bielsa n’est plus une référence, mais on retrouve par moment ce système offensif un peu fou. Avec les blessures, l’équipe s’organise plutôt en 4-3-3, avec Isla et Beausejour en guise de latéraux. Des latéraux plus ailiers qu’autre chose, dont les montées étaient compensées par Diaz pour passer sur une défense à trois. Devant, Mark Gonzalez et Alexis Sanchez prennent les couloirs, même si le Barcelonais se balade un peu partout sur le front de l’attaque, et Matias Fernandez évolue en numéro 10 en soutien de Pinto. Un duo qui pourrait être efficace, mais qui l’est moins que celui composé de Humberto Suazo et Valdivia.

Le premier problème du Chili concerne la capacité à concrétiser. C’est malheureusement souvent le cas, la sélection a un faible taux de conversion de ses actions offensives. Plus qu’un problème tactique, c’est avant tout un problème humain. Chupete blessé et de plus en plus âgé, Pinto un peu tendre à ce niveau, Vargas trop irrégulier… Les buteurs sont corrects, mais aucun ne peut se muer en tueur. A ce niveau c’est très problématique, surtout quand les autres joueurs offensifs,  à l’image d’un Sanchez loin de son réalisme italien, peinent dans le dernier geste.

Sur ce match, le deuxième concerne les deux latéraux, si on peut les appeler ainsi. Isla est impressionnant offensivement mais n’est pas toujours aussi précieux de l’autre côté du terrain. Quant à Beausejour, il a vite retrouvé les réflèxes de son vrai poste, ailier gauche, aidant plus souvent Mark Gonzalez que la charnière Jara-Marcos Gonzalez. A ce niveau, on ne peut abandonner sa défense qu’à une seule condition : capitaliser sur ses périodes de domination offensive, et retrouver un style plus conservateur lors des coups de moins bien physiques. Le Chili n’a pas su marquer pendant son gros temps fort de la première demi-heure et a été sanctionné dès que le rythme s’est ralenti. Difficile ensuite de mettre de la folie, d’autant que l’Argentine verrouille très bien le jeu.

 

Argentine : Jeu rapide plutôt que possession

S’il y avait un pays du numéro 10 classe, au physique pas impressionnant et à la vitesse de course suspecte, mais aussi à la technique et vision du jeu acérée, ce serait celui-là. Pourtant, l’Argentine version 2012 a définitivement abandonné ces chefs d’orchestres qui n’ont jamais réussi à jouer des partitions sans fausses notes en sélection. Exit donc les Veron, Riquelme ou Aimar, et bonjour le jeu rapide.

Concrètement, dans ce duel face au Chili, cela donne un 4-3-3 un peu étrange, où les rôles de certains joueurs sont très flottants. En défense, rien à signaler. Au milieu en revanche, le papier affiche un trident Gago-Mascherano-Di Maria. Soit un relayeur, un récupérateur et un ailier. Le terrain nuance évidemment ces positions figées, et la clé réside dans les mouvements de chacun. Mascherano joue comme d’habitude en sélection le rôle de pur milieu défensif pouvant éventuellement renforcer la défense si les latéraux, notamment Zabaleta, décident d’aller apporter le surnombre. Gago se recentre et fait office de meneur reculé quand il faut poser le jeu, à l’image de ce que font Pirlo et Xavi, à la différence près qu’il ne cherche pas forcément à faire la différence avec ses passes mais simplement à permettre aux joueurs déséquilibrants d’être mis en bonne position. Ce qui ne l’empêche d’ailleurs pas d’être décisif, en témoigne sa passe sur le premier but. Di Maria enfin joue dans une position basse, mais sans réellement défendre. Il suit en réalité les déplacements d’Isla dans son couloir, avec plus ou moins de talent, mais se prépare à contre-attaquer.

Devant, le duo Higuain-Agüero évolue devant un Messi en totale liberté. Pas question de lui demander de participer au jeu, ce que voulaient faire les sélectionneurs précédents, l’effectif est construit pour que Gago depuis l’axe et Di Maria depuis l’aile puissent servir les attaquants. Messi joue simplement sur son intelligence tactique et sa polyvalence pour créer divers surnombre et perturber la défense.

Difficile de louer les qualités tactiques de l’Argentine sur ce match puisque le Chili aurait pu mener largement à la mi-temps sans un réalisme totalement absent. Il n’empêche, certains points laissent à penser que cette équipe peut aller loin. En donnant les clés du jeu à Gago et une totale liberté aux attaquants, Sabella laisse Messi en autonomie sur le terrain, avec des résultats très probants offensivement. Peu d’occasions et d’influence certes, mais un danger permanent qui menace continuellement et frappe presque à chaque match. Quant au positionnement de Di Maria, il a les qualités de ses défauts. Face à un joueur offensif comme Isla, c’est un quitte ou double permanent, chacun partant dans le dos de l’autre. La différence se fait alors sur le talent des attaquants, domaine où El Kun excelle, et où Higuain peut parfois être décisif. L’entrée du bourrin Guinazu à la place d’Higuain en deuxième mi-temps et le passage en 4-4-2 qui s’en est suivi sont clairs : on n’est pas là pour empiler les joueurs classieux mais pour être réaliste des deux côtés du terrain. Le jeu ne fait pas forcément vibrer, mais l’efficacité est là.

 

L’apprenti.

1 thought on “Chili – Argentine (1-2). L’apprenti footballologue livre son analyse.

  1. Efficacité oui. Sur le papier le Chili me fait bien plus envie, je veux voir la Roja au Brésil.

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