Entretien avec Gérard Houillier dans Le Parisien du 9/07/13

source : le Parisien.

 

En quoi consiste votre nouveau travail ?

The Spooner : « Bah je vends des glaces sur la plage pour mater des petits jeunes intéressants, je la fais à la Wenger jusqu’à mon prochain infarctus. »

 

GÉRARD HOULLIER. J’ai été nommé par Dietrich Mateschitz (NDLR : PDG et fondateur de la marque Red Bull) pour assurer la liaison avec les cinq structures qui composent le projet :

TS : La diversité et la précision sémantiques de cet ancien professeur est à noter, car il faut placer « projet » à la place de groupe ou d’entreprise, même si le projet est bien le même : gagner de l’argent.

 

Salzbourg, en Autriche, Leipzig, en Allemagne, New York, une académie au Brésil et une autre au Ghana.

TS : Les clubs pro pour les pays riches, les structures avec des joueurs non payés dans les pays pauvres.

 

Je dois fixer des challenges, donner la philosophie générale et m’occuper du recrutement. J’ai signé en juillet 2012 un contrat d’un an avec une année optionnelle. Comme cela se passe bien, je repars donc pour un an.

TS : Ah ? Mais le service public ne vous manque pas, la structure fédérale, les jeunes, la coupe de France, les sélections?? Moi qui vous croyais désintéressé. Mais si le projet est beau.

 

Quelle est la finalité de ce projet ?

Au début, je pensais que Red Bull faisait tout cela pour de la visibilité et du marketing.

TS : Il faut se poser la question sérieusement : a-t-on vraiment envie d’entendre les excuses bidons qui vont justifier l’engagement sociétal, quasi-philanthropique, d’une marque qui tue des gens en les faisant un jus à base de couilles de taureaux ?

 

En fait, pas du tout.

TS : Et voilà.

 

Mateschitz a racheté Salzbourg pour dépanner un copain.

TS : Toi, pour dépanner, tu prêtes 20 euros, tu offres un pot. D’autres se dépannent en rachetant des clubs. Que reprochez-vous alors à Dumas, Woerth ou Messier, ils dépannent des potes !! C’est ce que disent également les dealers. On est plus proche de cette situation finalement.

 

Leipzig, c’est un pari assez malin sur l’avenir. New York, c’est ce qui ressemble le plus à une opération marketing. Au Brésil, il s’agit d’une opération locale avec recherche de visibilité sur le marché brésilien.

TS : Donc un « pari sur l’avenir », en termes de quoi, on ne sait pas, jeunesse, titres, revente, tête de gondole européenne de la marque… un « opération marketing », là c’est clair, et un « recherche de visibilité », sous-entendu de la marque Red Bull au Brésil. Il semble peu probable que ce soit l’inverse, une visibilité du Brésil en Autriche.

 

Donc, il s’agit bien d’un projet marketing…

Non. Si c’était seulement cela, Red Bull aurait acheté un club européen en ayant pour but de l’amener le plus haut possible en Ligue des champions.

TS : « MAIS NON NON NON MONSIEUR !! Absolument pas, ce n’est pas seulement un projet marketing, c’est TROIS projets marketing sur trois continents économiques différents !!! Vous vous trompez lourdement. Et on va nourrir les pauvres et éradiquer le cancer. »

 

Red Bull pourrait-il racheter un club français ?

Je ne pense pas, cela ne correspond pas à la philosophie du projet pour l’instant.

TS : J’aurais aimé une réponse développée ou une relance de la question, parce qu’on en aurait su sur la philosophie du projet. Ne pas qualifier de tels noms, c’est laisser l’imagination divaguer : une société idéale Red Bull, des camps de nazis, combattre la surpopulation en créant plein de crises cardiaques partout, nous ne saurons jamais.

 

Quelle perception avez-vous du PSG version Qatar ?

Je trouve cela formidable que les Qatariens aient autant investi. Ils achètent un club, se donnent les moyens et, dès la deuxième année, ils gagnent un titre et arrivent en quarts de finale de la Ligue des champions. Entre leurs intentions et leurs actes, il y a beaucoup de cohérence.

TS : Et du coup par rapport à vos intentions et vos actes, on peut comparer ou il y a une version longue de l’entretien où on a les réponses qui concernent Houillier et non le PSG ??

 

Le départ d’Ancelotti et la difficulté à trouver son successeur peuvent-ils fragiliser durablement Paris ?

Non. Ce qui compte, c’est d’avoir une bonne équipe. Les propriétaires du club ont beaucoup investi sur le marché des transferts.

TS : Ah bon ??? Vous avez lu au moins une fois la presse en deux ans ?

 

Ont-ils bien investi ?

Il est encore trop tôt pour le dire.

TS : Laissez-moi vous guider dans les méandres de cet entretien, la réponse est deux questions plus haut.

 

Que pensez-vous d’Edinson Cavani, dont l’arrivée au PSG serait imminente ?

Avant de l’observer pendant la Coupe des Confédérations (NDLR : Cavani a participé à cette compétition en juin avec la sélection uruguayenne), je pensais que c’était juste une star qui restait devant. En fait, il travaille énormément pour son équipe. Il bosse comme un fou, à droite, à gauche…

TS : Cela doit rassurer vos dirigeants de vous lire découvrir Cavani il y a 15 jours. Sinon vous pensez que Del Piero peut retrouver une place de titulaire à la Juve ?

 

Quel est aujourd’hui le principal défi de Laurent Blanc ?

Le PSG ne peut pas gagner n’importe comment. Le PSG doit gagner et plaire en assurant un spectacle de qualité. C’est indispensable. Pas forcément à chaque match, bien sûr, mais le plus souvent possible. En France, on n’aime pas trop cette idée. On pense peut-être que seul le résultat compte.

TS : Ah oui mon grand, là tu marques un point, en bon Français, cette notion du spectacle me fait vomir. Pourtant Guardiola en a parlé la semaine dernière. Et permets-moi de te dire, oui je tutoie pour dénoncer la bêtise, que pendant des dizaines d’années, les Français étaient contents d’être des beaux perdants, que « l’important, c’était de participer », mais ferme-la !! On veut gagner, peu importe qui on supporte. Nous ne sommes pas encore au cirque, ni Maximus, ni Zavatta.

 

Pourquoi le caractère spectaculaire du jeu est-il aussi important à vos yeux ?

Tout simplement parce que le football de haut niveau est en concurrence avec d’autres sports, d’autres spectacles audiovisuels et d’autres loisirs. Aujourd’hui, si une équipe propose un football ennuyeux, elle finira par être délaissée par ses propres fans. Avant, ce n’était pas le cas.

TS : Que dalle. Dans ce cas, les supporteurs sont en carton et c’est se fourvoyer que de penser de la sorte. Parce que le foot n’est pas non plus qu’une histoire de droit TV.

 

Quel regard portez-vous sur le joueur qui a marqué la saison passée du PSG, Zlatan Ibrahimovic ?

Quand il veut jouer, il est le meilleur au monde. C’est un super joueur. Quand on a un joueur comme lui dans une équipe, c’est une très bonne chose. Quand on en a deux, en revanche…

TS : Les journaliste ne sont pas sérieux, Aurélien Philippe-Gérard et Ronan Folgoas, il laisse pépère les points de suspension, c’est au lecteur de terminer la phrase : « c’est mieux », « c’est moins bien », « c’est la teuf », « c’est la cata », « c’est de la bombe bébé on va se faire des soirées mousse pour fêter chaque ballon touché tellement on va se la jouer coupé/décalé » ?? Mystère.

 

Vous rencontrez souvent des observateurs étrangers. Leur regard a-t-il changé sur le football français avec l’émergence du PSG et de Monaco ?

A l’étranger, les gens restent fixés sur l’image laissée par l’équipe de France lors de la Coupe du monde 2010. Le football français, pour eux, c’est toujours Knysna.

TS : Non mais non, ce n’est pas vrai. Ou alors diriez-vous que les transferts depuis deux ans et encore plus cette année sont passés inaperçus ? Je ne crois pas.

 

Quelles sont les raisons profondes de cette dégradation de l’image du football français ?

L’une des erreurs du football français, c’est d’avoir fabriqué des bons joueurs de football, mais pas des bons joueurs d’équipes de football. Nous avons été très bons sur le plan de la formation technique mais pour le reste…

TS : Houillier a été DTN, hein, forcément.

 

Notre approche était individuelle et donc individualiste.

TS : Bravo !! Superbe. Peut-on dire que c’est une FDPuterie ?

 

Tout est parti du modèle de Clairefontaine. Mais les choses sont en train de changer. Le bon parcours et le bon état d’esprit des U20 qui jouent actuellement la Coupe du monde sont un bon signe.

TS : Ouais enfin faut les envoyer en Turquie pendant le ramadan pour qu’ils soient sages, ça restreint les options, non ?

 

Quels sont les postes les plus importants dans une équipe de haut niveau ?

Une grande équipe est déterminée par le talent de ses attaquants et de son gardien. Ensuite, les latéraux jouent un rôle de plus en plus important. Un défenseur latéral a du temps et de l’espace et peut donc créer des différences s’il dispose des qualités nécessaires. Le joueur qui est devant la défense a aussi une fonction primordiale. C’est Busquets avec la sélection espagnole, Gustavo au Brésil. Mais le plus important, c’est le gardien et l’avant-centre.

TS : Coucou les milieux !!!! Coucou les N°10 !!!!! Tout le monde a compris que Houillier se foutait bien de nous donc. Ou alors il est revenu à l’essence première du sport, mettre des buts et ne pas en prendre. Profonde réflexion !

 

Il y a de quoi être inquiet pour l’équipe de France alors…

Non. Les Bleus peuvent compter sur un grand gardien, Lloris. Et Karim (Benzema) va enfin se retrouver seul à la pointe de l’attaque du Real avec le départ programmé d’Higuain. Cela ne peut qu’être positif pour sa confiance et donc pour son rendement en équipe de

France.

TS : Ouais ça va être chaud mon cochon, on a un gardien en France et un attaquant, c’est TOUT !

 

La sélection de Didier Deschamps va-t-elle se qualifier pour la Coupe du monde ?

Elle aura beaucoup de mal à éviter les barrages. Après, c’est une histoire de chance et de réussite.

TS : J’imagine que tu veux parler de ton expérience personnelle de 1993, où la malchance n’était pas en question puisque Ginola avait tout foiré tout seul. Pourtant c’était un attaquant et on avait un gardien. Bref.

 

En tout cas, il est vraiment important que les Bleus se qualifient pour le Mondial. Cette compétition donnera une formidable expérience à la jeune génération de joueurs en vue de l’Euro 2016 en France.

TS : Tu permets, je la note, j’en ferai une légende d’une photo.

 

Quel est le favori du Mondial 2014 ?

Le Brésil, probablement. Cela dit, jamais une équipe qui a remporté la Coupe des Confédérations ne s’est imposée dans le Mondial. Mais s’ils sont capables de défendre encore un peu mieux, ils ont une main sur la coupe.

TS : Et l’autre ? Elle se gratte. Ouais je connaissais aussi la blague. Tu remarqueras que tu fais de ton favori l’équipe qui ne gagnera la Coupe du monde. Si tu te respectais, tu aurais changé cette réponse.

 

@TheSpoonerWay

 

7 thoughts on “Gérard Houllier et la grande aventure Red Bull

  1. Exceptionnelle démonstration de la part d’un ex sélectionneur et ex DTN. Fantastique prestation sur CAVANI ou Benzema, une conception du foot de haut niveau qui en laissera plus d’un sur la carreau (il a dû adoré la Grèce de 2004).
    Bref tout simplement magique. Ceci explique peut être cela…

  2. Gérard Houiller est un ancien prof d’anglais. Quand on voit son niveau dans sa spécialité (notamment lors d’interview de Ferguson pour Canal +), on se dit que son incompétence footballistique était prévisible…

  3. Il est un peu rouillé Gérard. Il sait même pas qu’Higuain est déja dans Carnaby Street.

  4. Félicitations aux journaliste plutôt qu’au rédacteurs.
    C’est selon moi un mauvais papier à partir d’un bon.
    C’est dit! Depuis le temps! Mais merci pour ces indications de lecture renouvelées, pauvres de nous, incapables de lire entre les lignes.

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