Les chroniques marcelines, deuxième.

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La suite tant attendue des aventures de notre académicien.

Continuation des tribulations marcelines, votre serviteur a sorti ses tripes à l’air libre pour les poser sur le guéridon. La fatigue se fait sentir jusque dans le bout des cheveux mais Marcelin continue vaille que vaille à suivre la présaison des petits.



9 juillet : le loup dans la bergerie.

On a tondu les moutons. La transhumance, c’était samedi, les bêtes ont hurlé à plus en pouvoir. Six dans la mouille ça fait mal, même s’il y a autant de divisions d’écart que de fautes de français dans la bouche du joyeux gai-luron Laurent Luyat, délégué à la dégustation des pires merdes des pires régions, celles qu’on a choisies de « mettre à l’honneur » en faisant poireauter dix heures au soleil des poivrots. Une fois bien cuits, la troupe des tarlouzes cyclistes sans selles passe plus vite que le tracteur de Marcelin sur les routes cantonales. Le frère de Marcelin était le mécanicien de Fausto Coppi, l’homme qui a monté le Tourmalet avec la courante au cul (véridique, allez vérifier si vous le croyez pas, bande de gros jésus), alors c’est vous dire s’il s’y connait, le Philibert.

Les régions de merde à l’honneur donc, mais cette année y en a une qui s’est faite entuber jusqu’au fémur, le tout en criant « à l’aide Maman ». Cette même région qui s’est pris six pions dans la mouille par les petits. Bon ok y en a un qui a réussi à battre Pionnier. D’ailleurs, la terre a tremblé à Mende et réveillé dix habitants permanents de même que son millier de moutons. Le coco qui l’a planté est même devenu star nationale, il s’est fait décorer par contumace. Marcelin emploie ce superbe mot digne de Nanard Pivot car le gugus est aux abonnés absents depuis qu’il est parti garder ses moutons dans le Causse Méjean. On soupçonne la bête du Gévaudan ou Maïté.

Marcelin sait bien qu’il ne parle pas de foot, mais le voulez-vous vraiment ? Un peu de respect pour la Lozère. On va même faire une minute de silence pendant l’apéro avec les copains. Nous autres dans le Sud, on est de mauvaise foi mais on commémore, tous les prétextes sont bons pour se mettre à l’envers.


12 juillet : normalisation de l’état intrinsèque de nature ambidextre.

Ça sent bon la ligue 1, le retour des scores fleuves et des matches dantesques, les affiches aussi alléchantes qu’une vieille merde jaunie qui force sur les pédales pour monter un col roulé. Là, on se la jouait mi figue-mi raisin, histoire de trouver une excuse au cas où on aurait un match de merde. Et ben ça n’a pas loupé mes aïeux. Et l’envie de se dire qu’après tout c’était un club de ligue 2 en face est passée, laissant place à une envie de se prendre pour le roi de l’anal en allant au trône.

Marcelin n’a pas la télé alors Marcelin a fait le trajet en stop avec sa meilleure vache, Paulette. Il aurait bien aimé l’emmener à bicyclette comme un symbole chansonnier, mais comprenez bien que le poids de l’amie bovine empêchait toute envie Montandiste. Finalement, les deux comparses furent pris en charge par un car de bonnes sœurs de Saint-Jean de Cuculles qui s’en allaient gaiement en sortie champêtre s’égayer la rondelle dans les herbes folles. Tout un programme.

Arrivés à Mèze, la décision apparue franche et nette comme une coupure de silex que Rahan infligea à sa douce pour l’avoir trompé avec un Mammouth : l’estomac de Marcelin criait famine si fort que les Somaliens l’entendirent et s’inclinèrent devant plus fort.

Parlons peu mais parlons bien de ce match pourri où les ballons trop mous furent regonflés après dix minutes de jeu, chose surprenante quand on connaît la qualité de gonflage des Mézois, autochtones habitant les pieds dans l’eau dans le plus grand étang d’eau salée de la côte languedocienne. C’était l’instant Jean-Paul Ollivier. Vous pouvez vous réveiller. Enfin pas trop, vous risquez de vous faire mal aux yeux. Ou de vous prendre un peu de merde, histoire de finir en eau de boudin.

Même en temps de paix, il a fallu l’aide des hommes en noir pour gagner. Un pénalty généreusement accordé et Camara ont suffi à planter un but. Le spectacle en prend un coup. Mais tout de même, point positif, Marcelin a retrouvé Gros-cul, ça faisait longtemps et ça commençait à lui manquer de défourailler l’énergumène au postérieur quadruple XL.


15 juillet : rififi dans les calanques.

Ça pue le poisson et la vieille rombière à Martigues, le fric sent le merlan et l’inverse se vérifie par tous les trous. C’est une petite bourgade assaillie par les vieux riches qui rêvent d’en faire un Nice bis, tous en chœur et en glisse.

« La revanche » titrait Midi Libre la veille. Marcelin s’estouffe avec ses cacahuètes et rigole en se resservant. On ferait n’importe quoi pour enrichir encore plus les vieilles morues martégales, même maquiller un match amical de préparation en revanche d’une coupe nationale.

Mais ce fut intense nom d’un p’tit bonhomme ! ça cognait sec dans tous les recoins du carré vert, et les tafioles olympiennes en prenaient pour leur matricule. Les frères Ayew échangèrent des cornets de frites avec le moins tata des Nîmois, l’orange sanguine du méridien Cyril Jeunechamp et notre toujours-et-espérons-à-jamais-pailladin Mapou Yanga-Mbiwa. René Girard parla claquettes et bibliothèque Arlequin avec DD pour le mettre à l’aise et tout ce beau petit monde joua au foot comme tout le reste du beau petit monde du football français : à la vitesse d’un escargot qui rentre chez lui avec huit pintes dans le nez et qui glisse en zigzag.

Et dans ce joyeux bazar, l’ami Belhanda choisit de sortir son plus beau pied de sa collection pour caresser tendrement le cuir et l’expédier dans les filets mandandesques. Marcelin adore les substantifs bigarrés, notez-le bien et appréciez, c’est l’effet du bon vin, parce qu’avec la piquette, il fait trop de digressions et de comparaisons et il noie son pastis.

La victoire s’apprécie comme un muscadet, on laisse fondre et on gueule après. Viva Belhanda ! Avec un peu de musique flamenco, ça ferait très gaz pacho. Au lit Stambouli ! Sa cheville sur l’épaule et sa coupe de cheveux sous le coude, l’homme au nom de plat de supions va cirer le banc de l’infirmerie pour un bon bout de temps.

19 juillet : une hirondelle monégasque ne fait pas le printemps, le déluge est son refuge.

Comme si la crique de Monte Carlo n’était pas assez humiliée de voir ses riches enfants couler comme des lingots au fond de la mer, comme si la douloureuse certitude de déplacements à Sedan ou Amiens où la populace vit dans la fange et la mélasse n’était pas suffisante, on les envoie dans des endroits où le PIB par habitant ne dépasse pas celui de leurs estrongs. Même le MHSC n’échappe pas à cette spirale péripatéticienne.

Le choix était vicieux. Pierrelatte, dans la Drôme. On aura beau mettre tous les accents circonflexes de la création, Marcelin prononcera « Draume », jusqu’à la tombe, jusqu’au caveau. Ça fait très lyrique, ça sent les pâquerettes et les filles sont nues dans le chiendent mouillé par la rosée. Sauf que du lyrisme à Pierrelatte, y en a autant que de bouteilles Actimel dans le frigo de Marcelin. Alors, Dieu en soit témoin, c’est un peu cruel pour les Monte Carla.

Ceci expliquerait cela, les services météorologiques du prince Bébert, pédale douce fraîchement mariée avec une potiche afrikaners, ont annoncé qu’une alerte météo allait s’abattre sur le rocher. Et pendant ce temps là, Evelyne Dhéliat montrait de son doigt fripé comme un gant de toilette intime pour nonagénaire un joli petit soleil au niveau de Nice. Coïncidence ? Marcelin ne le croit pas. Evidemment cette terrible annonce chahuta la bourgade et l’équipage du jet privé de l’équipe fraîchement débarquée en ligue 2, comme un symbole, dissuada les joyeux drilles d’embarquer pour se faire tringler par les Pailladins dans la « Draume » donc.

Vous voyez bien que les petits font peur ! On va même jusqu’à créer un microclimat sur dix km² pour avoir une excuse. Marcelin finira cette bafouille sur Monaco en saluant la piètre performance d’acteur de Pierre La grosse tata Menès en secrétaire du club monégasque dans le chef-d’œuvre du septième art « Les Tuches ». Tu sais au moins où te placer Pierrot, ce qui n’est pas donné à toutes les choses de ton poids. Gros bisous.

Marcelin est bourré, crevé, s’en va à la pêche avec Loulou la Fraîche et vous salue bien.

Le bisou vigneron, Marcelin.

5 thoughts on “Les chroniques marcelines, deuxième.

  1. « Clap clap clap clap clap »

    Y a pas à dire, le Marcelin, il représente un peu mieux le pays que cet affreux label de mierda qui s’est greffé sur les maillots pailladins (« Sud De France », …)…

    Bravo et merci à l’ami vigneron.

    PS : Soyez tranquille, Loulou et toi, vous pouvez laisser tomber votre collection de Camara : le gros a envoyé chier (à contre-cœur) les parigots pour Zoumana, ça trainait trop à son goût et il aime pas trop non plus qu’on le prenne pour un con..

  2. « Le moins tata des nîmois ». L’hôpital, la charité, enfin, vous savez…

    La bise quand même aux « cousins ».

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