Le meurtrier est dans le onze de départ : Episode 01

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Votre saga de l’été pour la reprise

–       Hé, réveille toi ! Réveille toi !
–       …hmm…
–       Allez, je vais pas te coller des tartes jusqu’à demain, ouvre tes yeux !
–       …oh ma tête… Vous êtes qui putain ? Pourquoi je suis attaché ?
–       C’est toi John Betterave ?
–       Hein ?
–       Ton nom, c’est bien John Betterave ?
–       Oui… pourquoi ?
–       Pour vérifier que je tue bien le bon cette fois.

 

 *          *           *

 

Le téléphone le tira de ses rêves en tombant de la table de chevet. Les vibrations avaient dû l’emporter jusque sur le plancher de sa chambre. Il se saisit de l’appareil d’une main encore engourdie par le sommeil, et décrocha.

Il tenta de se concentrer sur la voix au bout du fil, et sur le flot de paroles que celle-ci déversa en direction de ses oreilles. C’était le capitaine Logan Robinet, son jeune second, qui tentait de rassembler lui aussi ses esprits, sans que cette difficulté soit dûe tout comme son supérieur au sommeil interrompu de manière précoce. Non, la raison de la torpeur du jeune policier était d’une toute autre nature, il paraissait sortir d’un colloque de spectres où il n’aurait été que l’observateur mortel incongru.  Il dut s’y reprendre à deux fois avant de parvenir à formuler une phrase fluide et compréhensible.

–       Il faut que vous veniez, commissaire. C’est urgent. Le patron est même en route.
–       Le patron ? Qu’est-ce que vous racontez Robinet, ne me dites pas que…
–       Si, commissaire. Le directeur en personne va arriver d’une minute à l’autre.

Il n’en revenait pas. Pourquoi Trevor Chandelier, directeur des services de police, prenait la peine de se déplacer sur une scène de crime, qui plus est à presque trois heures du matin ? Qu’est-ce qui pouvait bien avoir tiré ce paresseux notoire de son lit ?

–       Commissaire ? Vous êtes encore là ?
–       J’arrive dans une petite demi-heure.  Planquez-moi deux beignets dans un coin, avant que l’autre ventre sur pattes ait tout englouti.

Il se leva péniblement, alla vers la salle de bain d’un pas lourd, alluma le robinet et s’arrosa copieusement le visage pour tenter de se réveiller. Il se regarda dans le miroir. Voilà maintenant deux semaines qu’il n’arrivait pas à fermer l’œil, et son visage se faisait un malin plaisir à le lui rappeler. Les cernes sous ses yeux paraissaient désormais gravées sur sa peau et il avait un petit air ahuri qui lui donnait 10 ans de plus. Et ça, cela ne l’aidait pas à affronter la quarantaine qu’il venait de passer. Mais devant ce miroir, arrêté quelques instants avant de s’en aller encore une fois découvrir pourquoi une prostituée avait reçu trois coups de haches en pleine tête ou pourquoi un chauffeur routier s’était fait planter après une turlute, il voyait un vieillard, plus proche de la fin que de la force de l’âge. Il se brossa énergiquement les dents pour tenter de faire disparaître le tartre accumulé avec les nombreuses cigarettes qu’il avait fumées et l’haleine chargée de toutes ces bouteilles de whisky bon marché ingurgitées ces derniers jours.

Après avoir enfilé une chemise froisée qui pendait négligemment sur les portes de sa penderie et un pantalon roulé en boule sous son lit, il tenta de se faire un café. Mais il ne trouva ni les filtres, ni le paquet de café, ce qui acheva de rendre son humeur exécrable. Il entreprit, dans un ultime effort, de remplir la bouilloire d’eau en vue de boire du thé, mais il en renversa la moitié sur le carrelage. Il envoya donc la bouilloire rejoindre l’eau d’un revers de main, et se dirigea vers le hall. Il chercha un temps les clés de sa voiture, tout en sentant sa mauvaise humeur atteindre des sommets, mais les retrouva en enfilant sa veste. Il descendit les deux étages qui le séparaient de la rue et sortit de l’immeuble.  Sa voiture étant garée à une centaine de mètres, il en profita pour allumer sa première cigarette de la journée. Il se fit même la réflexion qu’il était incroyablement tôt pour une première cigarette, et que lorsqu’il était beaucoup plus jeune il lui arrivait d’allumer la dernière de la journée à la même heure. Il sourit à cette pensée mélancolique et sortit de sa poche les clés pour ouvrir sa voiture à l’aide du bouton d’activation à distance. Les phares du véhicule s’illuminèrent quelques secondes dans la nuit noire. Il écrasa sa cigarette contre le bitume du trottoir et ouvrit la portière pour se glisser sur le siège. Il démarra, alluma les phares et manœuvra pour s’extirper de la place.

Il y avait trois voitures de police garées devant l’adresse qu’avait indiquée Robinet au téléphone, et toutes avaient laissé leur gyrophare allumé. La nuit était balayée par ces faisceaux rouges, ce qui donnait un côté psychédélique au décor qui lui apparut lorsqu’il se gara devant la maison. Il aperçut également deux énormes voitures noires, d’habitudes affectées au transport de personnalités importantes, comme les ministres ou les chefs d’État en visite protocolaire. Il pensa que ce devait être le directeur et sa cour de lèche-pompes en costume trois pièces qui étaient déjà arrivés sur les lieux. Il n’y avait pas encore de camions de chaînes télévisées ou de journalistes de grands quotidiens, l’affaire ne devait donc pas encore avoir fuité.

Il montrait sa carte au planton en faction à l’entrée du périmètre de sécurité quand il entendit un véhicule arriver. Il se retourna et reconnut tout de suite un mini van blanc appartenant aux services scientifiques de la police. La voiture qui suivait ce dernier était tout aussi reconnaissable. C’était bien le docteur Philip Jambonneau qui venait de débarquer avec sa Talbot beige, pot de yaourt aussi infatiguable que son propriétaire. Jambonneau lui adressa un petit signe de la main en le voyant et s’approcha de lui.

–       Ce cher Gary Chlorophylle ! Comment va mon commissaire préféré ?
–       Salut Philip. Je te répondrai quand je saurai pourquoi on m’a tiré du lit.
–       Personne ne sait. J’ai demandé à mes gars, on les a appelés pour qu’ils rappliquent sans leur dire quoi que ce soit.
–       Je crois que la mention “urgent” doit être un facteur commun.
–       Tout juste, Gary. Tiens, voilà le petit qui se ramène, on va sûrement savoir.

Le capitaine Robinet était en effet en train de se diriger vers eux. Mais quelqu’un derrière lui appela son nom et il s’arrêta.  L’homme qui le rejoignit était le directeur Chandelier, cinquante ans et très bien portant, à en juger par l’immense ventre qu’il dissimulait à peine en remontant son pantalon jusqu’à l’excès. Il posa sa main grassouillette sur l’épaule de Robinet et se dirigea vers les deux hommes. Il s’avança à l’encontre de Chlorophylle en lui tendant la main.

–       Ah commissaire ! Vous êtes enfin là, nous allons pouvoir commencer.
–       Ravi de voir que les enquêtes nocturnes vous intéressent autant, monsieur le directeur.
–       Elles m’intéressent surtout lorsqu’il s’agit d’une affaire de la plus haute importance.
–       C’est à dire ?
–       Eh bien, voyez-vous Chlorophylle, la personne qui se trouve désormais être un cadavre est elle-même de la plus haute importance.
–       Qui est-ce ?
–       Bruce Marmelade.
–       Le footballeur ?
–       Lui-même.

 

A suivre…

Fred Viagras

10 thoughts on “Le meurtrier est dans le onze de départ : Episode 01

  1. Crimes et châtiments, quelle culture… Le meilleur roman de Jules Verne après le Rouge et le Noir!

  2. La fin, on la connait tous, Brandao récidive en sortant de boite. Cette fois la fille survit. L’entregent du grand patron, Dussier, n’y fera rien et l’inspecteur Labrune devra se séparer de son transsexuel néandertalien qui deviendra casseur de gueule pour le milieu corse. Tombé dans un piège tendu par un agent pauliste de la branche quatariote de la Camora, il finira écroué à la prison des Baumettes.

  3. Putain, elles ont changé les académies du PSG !
    Mais pourquoi on parle pas des matchs ?

  4. D’ailleurs, le meurtrier serait pas passé par Lyon, mais a fait à moitié son boulot 8 fois?

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