Alors ? C’était pas simple de tenir un week-end sans votre dose de Fred Viagras hein. Et bien respirez car voici un nouveau chapitre.
Et pour ceux qui ne savent pas encore de quoi on vous parle, sachez que le début est . Qu’ensuite ça continue par là, puis par là. Et qu’ensuite vous pouvez lire ce qu’il y a ci-dessous.

 

Un vent glacial se lève soudain, balayant méticuleusement les feuilles tombées jusqu’alors sur le bitume qui entoure le quartier résidentiel où Nemanja Chokapic, sa femme et ses trois enfants avaient posé leurs bagages lorsque le club s’était attaché les services du chef de famille. Chlorophylle relève aussitôt le col de sa veste et se dirige vers sa voiture.

Il n’a pas le temps de mettre le contact que son téléphone sonne. Une voix d’homme, étouffée, lointaine, se fait entendre à l’autre bout du combiné.

–       Commissaire.

–       Qui est à l’appareil ?

–       Commissaire, c’est l’un deux.

–       Pardon ? Qui êtes vous ?

–       C’est l’un des onze. Et il a aussi tué Betterave.

–       Mais des onze quoi ? Qu’est ce que vous racontez ?

–       Les onze de la veille. Il est parmi eux.

La voix étouffée raccroche alors, laissant Chlorophylle seul dans le silence pesant de sa voiture, la bouche ouverte et les yeux écarquillés, au milieu de ce vent qui commence maintenant à prendre la forme menaçante d’une tempête. Qu’est ce que cela veut dire ? se dit-il. Les onze ? Mais les onze quoi ?

Il est maintenant assis en face de Robinet dans cette sandwicherie où ils ont leurs habitudes depuis maintenant cinq ans, depuis que le jeune capitaine a été nommé dans son équipe, lui le premier de sa promotion de l’école de police. Il lui parle du coup de fil, et de ces paroles étranges que la voix avaient prononcées.

–       Bah je suppose que cela doit avoir un rapport avec le football, non ? Onze, comme le nombre de joueurs d’une équipe, non ?

Robinet énonce cette solution qui paraît tout de suite évidente à Chlorophylle comme il lui aurait expliqué la recette des pommes au four de sa grande tante. Le commissaire grogne quelque peu en voyant qu’il n’avait pas vu cette explication, lui qui est un bien plus grand connaisseur de football que son jeune équipier, plutôt porté sur le volley ball, ce qui n’avait pas franchement aidé à son intégration dans les premiers instants, ce sport étant aux yeux de Chlorophylle une pratique de filles voire d’hommes efféminés, pour rester poli.

–       Bon sang, Robinet. Alors les onze de la veille, ce sont ceux qui ont joué le derby contre les Pauvres.

–       Je crois bien.

Le commissaire se lève d’un coup, renversant son plateau sur le sol, répandant son soda sur celui du capitaine, qui regarde alors son sandwich imbibé avec un certain désespoir.

–       Si ce type a raison, cela voudrait dire, cela voudrait dire Robinet…

–       Oui.

–       Cela voudrait dire que le meurtrier est dans le onze de départ.

Mais comment vérifier les dires de cette voix qui avait paru fantomatique, presque irréelle tellement elle était faible ? Comment croire sur parole un simple appel anonyme ?

–       Dites Robinet, Betterave, ça vous dit quelque chose ?

–       Comment ça ?

–       Le type. Il a dit qu’il avait aussi tué Betterave. Le tueur.

–       Non, je ne vois pas.

–       Lancez des recherches dans la base de données. Trouvez moi un dossier au nom de Betterave.

–       Concernant quel genre d’affaire ?

–       Tous : meutre, disparition, agression, viol, délit fiscal. N’importe quoi au nom de Betterave.

Ils sortent alors de la sandwicherie, au grand regret de Robinet, qui voulait se commander autre chose, vu qu’il n’avait pu manger que la moitié de son sandwich avant que Chlorophylle ne le transforme en éponge à soda. Dehors le vent s’est arrêté, laissant tranquille les feuilles, remplacé par une sorte de brume légère qui enveloppe désormais les voitures garées sur le vaste parking partagé par deux magasins d’articles de sport, une jardinerie et la sandwicherie.

Deux heures plus tard, alors que Chlorophylle commence à s’assoupir au fond de sa chaise, le capitaine Robinet fait irruption dans son bureau. Il paraît tout excité, et pénètre dans la pièce sans remarquer que son supérieur est endormi.

–       Commissaire ! Commissaire !

L’’arrivée tonitruante du jeune policier manque de provoquer une attaque au commissaire, qui, se réveillant en sursaut, tombe à la renverse de sa chaise et se retrouve par terre. Il se relève, furieux, et dévisage le coupable d’une telle manière que celui-ci se sent comme enfoncé dans le sol carrelé.

–       Oh pardon commissaire… je n’avais pas vu que…

–       Grrrrr… Qu’est ce que vous voulez ?

–       J’ai les résultats de la recherche sur Betterave.

–       Ah ! Et alors qu’est ce que ça donne ?

Robinet révèle alors que la disparition d’un certain John Betterave avait été enregistrée il y a presque trois semaines, quelques jours avant la découverte du corps de Marmelade. C’était sa femme qui s’était rendue chez la police pour signaler que son mari n’était pas rentré chez eux alors qu’il était parti faire de simples courses. L’enquête de routine n’avait rien donné, et une équipe d’enquêteurs avait été chargée de l’affaire. Les premiers rapports notaient que Betterave s’était probablement enfui de chez lui avec une maîtresse, plus jeune que sa femme, celle-ci paraissant, en plus de tout cela, être capable d’exaspérer quiconque en un temps record.

–       Qui est chargé de l’enquête ?

–       Friteuse, commissaire.

–       Ouais, bon. Le type qui s’est fait jeter deux fois par deux épouses différentes, quoi. Et on lui donne ce genre d’affaire. Malin. Du coup, le dossier n’avance pas ?

–       Ca a l’air plutôt bouclé. Enfin, selon Friteuse.

Billy Friteuse n’est pas un mauvais policier, loin de là. Mais ses deux divorces avaient fait de lui le pire aigri que la planète ait jamais porté. Et il est évident que ces rapports n’ont pas été écrits avec une objectivité sans borne.

Chlorophylle se penche sur le dossier et cherche une information à laquelle il attachait beaucoup d’importance. Il parcourt rapidement les pages lorsqu’il trouve enfin. Ses sourcils se froncent alors. Il ne comprend pas, ou plutôt il comprend que cela ne va l’aider à avancer, voire même que cela risque de faire patauger encore plus l’enquête. John Betterave était péagiste sur l’autoroute Sud.

Qu’est ce qu’un péagiste venait faire dans une affaire de double meurtre chez les stars du football ?

A suivre…

Fred Viagras

4 thoughts on “Le meurtrier est dans le 11 de départ : épisode 4

  1. C’est toujours bien écrit, bien rythmé, merci j’adore.
    Par contre j’ai du mal à me faire aux noms de familles

  2. Ah bon ? On comprend tout ? Moi je vois surtout qu’un mec s’appelle Friteuse, qu’il pleut ==> l’action se passe dans le ch’nord.

    Péagiste sur l’autoroute du Sud ? Du coup, ça me semble loin… Je suis perdu.

  3. @Roland : Pour un Nordiste, l’autoroute du Sud c’est l’A1 direction Paris

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